Bush à la retraite - Adios Bush ! | |
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Bush peut partir avec le sentiment du désastre bien fait
Fernando la Guarda, qui m’a raconté cette histoire est un militant démocrate de Washington. Avocat, il a un peu délaissé son job les derniers jours avant les élections pour aller chercher les électeurs, en faisant du porte-à-porte, dans des quartiers modestes de Virginie. Pour lui, l’enjeu de cette élection était avant tout de mettre clairement un terme à l’épisode Bush. De le fermer comme on claque une porte. Comme des centaines de milliers d’autres démocrates américains, ce n’est donc pas tant contre McCain que Fernando a milité : c’est contre Bush. Pour qu’avec une nette victoire d’Obama, il n’y ait pas de « troisième mandat ».
Comment un président peut-il afficher un bilan aussi calamiteux ?
Georges Bush a profondément marqué l’histoire des Etats-Unis en ce début du XXIe siècle. Mais alors qu’il rêvait d’ouvrir une nouvelle ère politique, sa présidence n’aura été qu’une parenthèse pitoyable. Sa guerre en Irak a terni durablement l’image des Etats-Unis dans le monde. Sa croisade pour la « ownership society » (société de propriétaires) se termine par la crise immobilière et financière la plus grave de tous les temps… Et les Etats-Unis ont perdu huit précieuses années, dans les batailles qui s’imposent pourtant à eux : changement climatique, couverture santé, pauvreté…
Pourquoi tant de décisions ont échappé au sens commun ? Le contexte historique du moment -ce mélange délétère de globalisation et d’unipolarité du monde- n’explique pas tout. Une partie de la réponse réside dans les tréfonds de la psychologie du « président par accident », dans sa « boîte noire », pour reprendre l’expression de Jacob Weisberg, auteur de « The Bush Tragedy », qui compare cette présidence à un crash aérien. George W. Bush est un homme pris dans un complexe nœud familial. C’est un personnage shakespearien, dont le destin voisine celui du prince Hal devenu Henri V.
J’ai pour la première fois découvert George W.Bush en 2000 à travers le mobilier de son bureau texan. Je venais d’arriver aux Etats-Unis, où je devais reprendre la correspondance de Washington pour le journal Libération. Il fallait alors préparer un portrait du gouverneur du Texas, en cas de victoire de ce dernier à la présidentielle. A l’époque, personne n’y croyait vraiment : Al Gore était le grand favori des sondages.
Le vilain petit canard d’une des plus puissantes dynasties politiques
Ce jour-là, à Austin, le gouverneur du Texas n’était pas là, il était quelque part sur les routes de la campagne. Une de ses proches collaboratrices m’a ouvert son bureau. Elle m’a laissé un moment seul à l’intérieur. J’ai un souvenir très précis du mobilier, qui m’avait frappé : c’était celui d’une chambre d’enfant.
Houston à la Bataille de San Jacinto (Wikipédia).
Des tableaux représentant des scènes de western ; un fauteuil entièrement fait de cornes de vaches ; une armoire vitrée contenant des dizaines de balles de baseball dédicacées, ainsi que le maillot jaune de Lance Armstrong. Et un portrait de Sam Huston, président de la République du Texas, puis sénateur des Etats-Unis, enveloppé dans une sorte de toge. J’avais interrogé mon hôtesse sur ce drôle de tableau : « Le gouverneur l’aime, car il lui rappelle qu’on peut avoir eu des problèmes de boisson et être un grand homme », m’avait-elle répondu sans ambages. Ce que je prenais pour une toge était en réalité une serviette : Sam Huston, sur ce tableau, est en cure de désintoxication.
George Bush, vilain petit canard d’une des plus puissantes dynasties politiques américaines, est un grand malade qui s’est soigné par le pouvoir. Sa maladie est classique : c’est une relation mal dénouée avec son père, son écrasant homonyme. Père étudiant brillant, père absent après la mort de sa petite sœur, père roi du pétrole, père président mais père méprisé par la droite dure pour ne pas avoir « terminé la guerre » du golfe. Père qui n’a jamais pris trop au sérieux son « first son » (son premier fils), préférant de loin le cadet Jeb…
Bush, qui honore et déteste son père, a sans cesse mis ses pas dans les siens (études, pétrole, Maison-Blanche, Irak), mais en trébuchant sans cesse. Devenu président, son obsession était d’être digne de son père, de le dépasser, de l’oblitérer. Papa était modéré ? Je serai radical. Favorisait-il les équilibres internationaux ? Je ferai de l’unilatéralisme mon cap. N’avait-il pas osé pousser la guerre jusqu’à Badgad ? Je finirai le boulot !
Bush a entraîné le monde dans sa cure sanglante. A Washington, je l’ai observé pendant six ans. Je ne l’ai croisé que de très loin, à l’occasion de conférences de presse ou de brèves déclarations dans le bureau ovale. Mais il m’a tenu compagnie tous les jours ou presque, parce que je devais relater, quasi quotidiennement, sa guerre au terrorisme, sa guerre à l’anthrax, sa guerre en Afghanistan, sa guerre en Irak, sa guerre aux impôts, sa guerre aux juges libéraux, sa guerre contre le mariage gay, ses guerres perpétuelles…
Un second mandat qui lui permet enfin de « tuer le père »
La folie semblait souvent aux commandes de ce pays. L’image la plus névrotique, sans doute, fut celle d’un Bush sortant d’un avion de chasse, sur le porte-avion USS Abraham Lincoln, le 1er mai 2003, devant cette bannière grotesque, « mission accomplished ». Il avait expliqué aux journalistes qu’il avait lui même piloté l’engin et que cela l’avait botté. Pour comprendre son excitation, il faut chercher le père, encore : ce dernier était un as, un pilote émérite, ayant accompli 116 vols pendant la Seconde Guerre mondiale, à partir d’un porte-avions. A travers cette représentation théâtrale sur le pont de l’USS Lincoln, Bush fils envoyait un message clair : regarde Papa, mission accomplie, j’ai écrabrouillé Saddam, j’ai fait mieux que toi, et me voilà dans ta tenue de héros !
(Voir la vidéo)
Un an et demi plus tard, George W. Bush a réussi à se faire réélire, effaçant l’image du président par accident léguée par les résultats controversés du scrutin de 2000. Pourquoi cette réélection, alors que le chaos régnait en Irak ? Mon sentiment, c’est que les Américains se sentaient encore « en guerre » et n’ont pas voulu changer de général au milieu de la bataille, fût-elle désastreuse. Ce fut en tout cas un second grand moment de jubilation pour Bush : enfin son destin sortait des rails tracés par le paternel qui, lui, n’avait pas réussi à se faire réélire en 1992. Cette fois, pour la première fois, le fils avait surpassé le père, se détachant de son ombre.
Cette réélection a achevé de donner au monde le sentiment que le « bushisme » avait gagné l’ensemble des Américains. De mon expérience, pourtant, ce pays n’a cessé de rester vivant et contrasté pendant les années Bush. La lumière médiatique portée sur le président, sur la droite chrétienne ou sur les néoconservateurs a éclipsé de multiples évolutions encourageantes au sein de la société américaine entre 2000 et 2008. Moins visibles, elles étaient tout aussi puissantes et l’élection de Barack Obama permet enfin de les révéler.
Le conservatisme le plus pur, le nec plus ultra de la modernité, selon lui
En 2004, juste après la réélection de George Bush, j’avais écrit une tribune pour prendre le contrepied de l’impression générale qui prévalait en France. Non, écrivais-je, la victoire de Bush ne reflète pas une poussée des « valeurs » de droite dans ce pays : la religion recule plutôt, de même que l’homophobie, le soutien à la peine de mort, le racisme. Les préoccupations concernant l’environnement ou la couverture santé progressent. L’image d’une Amérique se recroquevillant uniformément autour de valeurs réactionnaires ne correspondait pas à la réalité : celle-ci était bien plus complexe. Dès 2004, malgré la défaite de Kerry, le balancier avait commencé son mouvement de retour. Un mouvement qui n’a cessé de s’amplifier depuis, gagnant le champ économique et social.
Si le 11-Septembre a façonné le premier mandat de Bush, donnant à ce dernier la boussole qui lui manquait, le second mandat, lui, a été marqué par une autre catastrophe, plus nationale, mais tout aussi décisive : l’ouragan Katrina, qui a dévasté la Nouvelle-Orléans sous les yeux hébétés des autorités. J’ai vécu sur place ce moment bouleversant. La situation humanitaire à la Nouvelle-Orléans était une abomination et Bush n’a pas été à la hauteur. Je me souviens qu’une consœur, reporter d’un journal modéré, m’avait dit alors, d’un air abattu :
Katrina a exposé à la lumière ces deux blessures profondes, réveillant du même coup une réaction salutaire de l’opinion. Obama aurait-il réussi le parcours qu’il a fait sans cet ouragan ? Je ne le pense pas. Un fil lie Obama à Katrina. (Voir la vidéo : les excuses de Bush)
Depuis, un réalignement critique est à l’œuvre aux Etats-Unis, au point que certains parlent même d’une « troisième révolution » (les deux première étant le « welfare state » (Etat-providence) de Roosevelt et le néolibéralisme de Reagan). Les sondages montrent clairement que sur la question du rôle de l’Etat dans l’économie, ou des impôts, il y a un « avant » et un « après » Katrina.
Par exemple, selon une enquête du Pew Center (« Trends in political values and core attitudes, 1987-2007 », ci-contre), les Américains qui jugent que « le gouvernement a la responsabilité de prendre soin de ceux qui ne peuvent pas le faire pour eux même » est passé de 51% en 2002 à 69% en 2007… Pendant le second mandat de George W. Bush, tant sur leur rapport au monde que sur leur rapport à l’économie, les Américains se sont remis en cause.
L’un d’entre eux, pourtant, n’a jamais douté, jamais questionné ses convictions : c’est George W. Bush. Il a vissé sa vie politique sur le conservatisme le plus pur, y voyant le nec plus ultra de la modernité. S’est-il rendu compte, lorsqu’il assistait à l’enterrement de Ronald Reagan dans la cathédrale de Washington, que c’était aussi cette vision du monde qu’on enterrait ?
Résultat de cet entêtement : Bush risque de rester dans l’histoire des Etats-Unis comme l’un des pires présidents que ce pays ait jamais eus. Il lègue une dette faramineuse, un chaos en Afghanistan et en Irak, des inégalités effroyables, une image du pays dégradée, et pour couronner le tout, une crise financière qu’il a favorisée en appelant tous les Américains à devenir propriétaires (thème de sa « ownership society »).
L’environnement et les consommateurs sacrifiés sur l’autel de l’industrie
Mais rien ne dévie jamais la course de George W. Bush vers le mur. Avant de quitter la Maison-Blanche, et alors que le modèle économique néolibéral fait eaux de toutes part, il entend passer une dernière loi de dérégulation, qui aura pour objectif, au nom de l’efficacité, d’affaiblir les règles protégeant l’environnement et les consommateurs. Les industriels applaudissent une nouvelle fois, avec le même entrain que mettait l’orchestre du Titanic.
Son œuvre ainsi parachevée, George W. Bush pourra alors retourner dans son ranch. Il a atteint son objectif, gommer son père. Le « George Bush » qui restera dans les livres d’histoire ne sera pas le 41e président, mais le 43e.
Photo : Sam Houston à la Bataille de San Jacinto (wikipédia). La famille Bush (Wikipédia). Mai 2003 : Bush sur le porte-avions USS Abraham Lincoln (Larry Downing/Reuters).
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Bush à la retraite - J'aime cette histoire | |
APRES SON DEPART DE LA MAISON BLANCHE
Le 21 janvier 2009, un petit homme souriant se présente devant les grilles de la Maison-Blanche et demande à l’agent du « secret service » qui monte la garde : « Dites, est-ce que George W.Bush est là ? » « Non, répond l’agent, il n’est plus président vous savez ? » L’homme part. Le lendemain, il revient : « Dites, est-ce que George. W. Bush est là ? » « Je vous ai déjà répondu que non, il n’est plus président. » L’homme sourit et remercie poliment. Le troisième jour, le revoilà : « Dites… » Le garde s’énerve : « Pour la troisième fois, IL N’EST PLUS PRESIDENT ! » Le petit homme répond alors : « Oh oui, je sais, mais j’aime tellement l’entendre dire ! » |
Bush à la retraite - Le film W. d'Olivier Stone | |
http://www.rue89.com/la-bande-du-cine/2008/11/03/w-le-film-doliver-stone-qui-fait-presque-aimer-bush
« W », le film d'Oliver Stone qui fait (presque) aimer Bush
Est-ce le film, ou... le sujet ? Toujours est-il que « W. », le film d’Oliver Stone sur le futur ex-président des Etats-Unis, n’a guère séduit les Riverains de Rue89.
Signe de cette ambiguïté entre le film et l’objet de son attention, le commentaire laissé par Hélène Crié-Wiesner, vivant aux Etats-Unis où elle tient (entre autre) le blog American Ecolo sur Rue89, et qui raconte :
Pour polka_dots, difficile également de conseiller d’aller voir le film :
Manuzan en rajoute une couche :
Dussauge tente une ‘autopsie’ du film qui l’a déçu :
Un point fort : le casting
Mais, si la déception des riverains est palpable sur le fond, comme le soulignait déjà Hélène, le casting s’en sort bien. Ce que souligne polka_dots :
Même réaction de Manuzan, qui n’a pas aimé le film, mais a trouvé :
Tout le monde n’est pas totalement négatif non plus sur le film, qu’Alex Engwete a même trouvé ‘très beau’. Quant à notre ami Jacques Rosselin, qui a trouvé le temps d’aller au cinéma malgré le lancement de son hebdomadaire ‘Vendredi’, il porte un jugement plus que nuancé :
zephire, ne s’est ‘pas ennuyée’ non plus :
Et Zephire d’ajouter en conclusion :
Reste l’enthousiasme de la jeunesse. NicolasB, riverain de la première heure, a trouvé le film :
Et par ailleurs...
Laissons quand même le dernier mot à l’un de nos riverains/critiques, avecInSitu qui détourne la proposition en faisant la critique ... d’un autre film. pas de souci, l’important c’est d’aimer le cinéma. La revoici :
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Bush à la retraite - Les républicains ne veulent plus de Bush | |
http://www.huffingtonpost.fr/2012/08/30/lombre-de-bush-plane-sur-romney_n_1843964.html?utm_hp_ref=france
Romney et le fantôme de Bush à la convention républicaine
Publication: 31/08/2012 07:03 Mis à jour: 31/08/2012 09:09
ÉTATS-UNIS - Georges W. Bush avait annoncé clairement depuis plusieurs moisqu'il ne participerait pas à la convention nationale républicaine cette semaine à Tampa. Mais plus que physique, son absence est métaphysique.
En effet, l'existence même de Bush vient contredire deux des arguments les plus cruciaux du candidat républicain Mitt Romney: que baisser les impôts pour les riches crée de l'emploi, et que Romney apporte une approche nouvelle pour remetre le pays sur le droit chemin.
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"Ce vers quoi ils veulent revenir est exactement ce que Bush a fait et qui n'a pas marché", a constaté Robert S. McElvain, historien des présidentielles et enseignant à Millsaps College. Les propositions économiques de Romney " sont exactement le genre de choses qui ont donné lieu à la crise économique en 1929 et 2008."
"Ils veulent refaire la même chose, mais ne souhaitent pas que les gens s'en rappellent en voyant Bush."
Durant l'ère Bush, les réductions d'impôts et le relâchement des régulations ont conduit à des déficits records et à un effondrement de l'économie, augmentant au passage la pauvreté et les inégalités de façon spectaculaire. Une politique étrangère belliqueuse mena, elle, à deux guerres aux coûts faramineux, et laissées inachevées.
Mieux vaut-il donc faire comme si cela n'était jamais arrivé. "A en croire la convention républicaine, il n'y aurait jamais eu de second mandat pour Bush," a confié au Huffington Post, Fred I. Greenstein, professeur émérite en sciences politique à Princeton University.
Jérémy Mayer, professeur de politique publique à George Mason University, a déclaré que Romney n'était pas parvenu à distinguer sa politique de celle de Bush : "Réduire les impôts, déréguler l'économie, laisser les créateurs d'emploi faire leur travail, c'est vraiment du 100 % Bush", a-t-il dit. "Nous savons que les Américains ont apprécié ce message en 2000, mais qu'ils ne l'aimaient plus huit ans plus tard."
Lire aussi : » Mitt Romney fait son "Bourget" à Tampa
Selon Tom Cronin, professeur de sciences politiques au Colorado College et auteurd'un manuel sur la présidence américaine, l'équipe de campagne de Romney voit en Bush un handicap : "Ils aimeraient que le pays pense que Romney est l'homme de la reprise et du redressement".
Quant à la politique étrangère, Romney semble aussi suivre les traces de Bush. Sean Wilentz, historien de Princeton University et écrivain et auteur, a écrit par mail au Huffington Post : "bien qu'il soit difficile de connaître vraiment les idées de Romney en matière de politique étrangère (admettant qu'il en ait), il semblerait que les néo-conservateurs si influents au temps de Bush aient repris des forces et soient prêts à prendre le commandement sous une administration Romney."
"La position néo-conservatrice semble être devenue la position par défaut au parti républicain" a fait remarquer Bob Merry, éditeur du National Interest et auteur de"Where they stand : The American presidents in the eyes of voters and historians". "Cela me déconcerte assez, surtout au regard des maigres résultats sur la politique étrangère républicaine sous cette orientation."
Romney "a l'air d'avoir intégré la rhétorique pure du courant néo-conservateur", a poursuivi Merry, " et s'il a l'intention de gouverner selon ses principes strictes, l'Amérique va avoir de nouveau une politique étrangère belliqueuse, ce qui ne serait probablement pas dans son intérêt."
Merry soutient que les Etats-Unis sont déjà sur le chemin de la guerre avec l'Iran. Selon lui, Romney est moins susceptible qu'Obama de changer de cap.
Et c'est un sujet d'importance. Selon Cronin,"Nous ne pouvons pas nous permettre une autre guerre, ne pouvant pas déjà assumer les deux précédentes."
Alvin Felzenberg, historien des présidents républicain et conseillé informel de la campagne de Romney, se montre moins dur avec Bush, même s'il est prompt à souligner ce qui différencie Romney de ce dernier.
S'agissant de politique étrangère, Felzenberg compare plutôt Romney à Ronald Reagan qu'à Bush. Il a ainsi fait remarquer qu'en 1981, l'Iran avait libéré les otages américains, juste après l'intronisation de Ronald Reagan, par peur de représailles nucléaires. "Je pense qu'ils ont cru que Ronald Reagan rayerait l'Iran de la carte" a-t-il déclaré, avant de suggérer que les dirigeants iraniens actuels seraient plus enclins à capituler devant Romney qu'Obama, évitant ainsi la guerre.
"Romney écoute de nombreuses voix autres que celles des néo-conservateurs", a ajouté Felzenberg." Je ne pense qu'il sera du genre à n'avoir qu'un seul gourou en matière de politique étrangère."
Et alors que Bush et Romney soutiennent tous les deux les réductions d'impôts, ce dernier "les feraient peut-être autrement" argumente encore Felzenberg. " Je ne sais pas s'il fera exactement ce que nous avons déjà fait. "
Wilentz considère Bush et Romney comme des âmes soeurs à d'autres égards. "Bien sûr, ce sont des hommes très différents." a-t-il écrit au Huffington Post. "Et pourtant, Bush était un président faible qui a donné bien trop d'autorité à son vice-président et à d'autres personnes de son exécutif, jusqu'au deux dernières années de son mandat, où il a changé d'approche. Or la façon dont Romney s'est aligné progressivement sur les positions de l'aile droite de son parti, pour finir par choisir Paul Ryan comme colistier, n'apparaît pas vraiment comme une preuve de solidité. "
Il y a une autre raison pour laquelle les chefs républicains ont balayé Bush hors de l'album familial : il n'était pas assez radical et impitoyable aux yeux du Tea Party, qui constitue désormais la branche dure mais aussi le coeur spirituel du parti.
"Bush était le président d'une époque sans Tea Party", a déclaré mardi au Huffington Post, Grover Norquist, avocat militant contre l'impôt.
Merry a, pour sa part, avancé que les membres du Tea Party étaient particulièrement furieux de ce que Bush n'ait jamais exercé son droit de veto pour freiner les dépenses. "Il n'est pas très fréquent de voir un président durant deux mandats si peu en adéquation avec son parti juste après avoir quitté son poste."
"Je pense que ces jeunes républicains, et Paul Ryan en est l'archétype, considèrent à titre personnel Georges Bush comme un désastre en termes de politique économique" ajoute Merry. "En choisissant Paul Ryan, Romney a surtout montré qu'il partageait leur opinion."
Mais H.W. Brands, historien à l'université du Texas, estime quant à lui, que c'est de toute façon difficile pour n'importe quel président républicain de répondre aux standards anti-gouvernement du Tea Party.
"Bush n'était pas assez anti-gouvernemental pour le Tea Party" dit-il, mais il ajoute : " Aucun président ne peut l'être. Si les gens du Tea party se penchent de plus près sur Ronald Reagan, ils verront qu'ils ne l'apprécient pas vraiment non plus."
Et Wilentz de remarquer que "les alliés de Bush, et surtout Karl Rove, restent des membres influents du parti républicain, ce qui signifie que les intérêts de la branche moins extrême, plus traditionnelle du parti, sont toujours pris en compte."
Mayer déclare de son côté que l'héritage de Bush sera central dans la campagne entre Romney et Obama, que Romney le veuille ou non. La question importante selon lui est de savoir si "Bush est un Truman, un Carter ou un Hoover". Bush aime à se voir comme un Harry Truman qui quitta son mandat impopulaire, mais fut finalement félicité pour ses réussites ; Jimmy Carter est généralement considéré comme inepte ; quant à Herbert Hoover, la simple mention de son nom suffit à faire bondir les démocrates, presque 80 ans après son mandat.
En repensant à l'exercice de Bush, il y a de quoi y voir un autre Hoover.
Il ressortit d'un sondage non officiel d'historiens, vers la fin de la présidence de Bush, que 61 % d'entre eux le considéraient comme le pire président de l'histoire.
Et alors que Bush n'a cessé de répéter qu'il n'a laissé aucun problème majeur à ses successeurs, il hérita en fait d'un surplus budgétaire mais laissa tant de situations critiques à Barack Obama qu'essayer de les résoudre à été le défi de toute sa présidence. Avoir su gaspiller l'élan formidable de solidarité tant national qu'international après le 11 septembre est peut-être tout ce qui restera de Bush.
"Il n'y a rien de bon à dire au sujet des années Bush" a dit Brands. "La baisse des impôts et l'acroissement des dépenses n'ont conduit qu'à des déficits. Quant au krach boursier, il a donné l'impression que personne ne surveillait Wall street"
Mais Felzenberg a énoncé d'autres raisons moins graves pour expliquer l'absence de Bush. "Je pense que Bush n'est pas là parce que Romney voulait se projeter dans son avenir, et non pas chercher à réhabiliter le passé."
Cronin a fait remarquer que Bush devait avoir ses propres raisons de ne pas être là. "Les élections de 2006 et 2008 ont été des référendums contre l'Irak et contre le duo Bush/Cheney, ce qu'il a mal vécu." Je ne pense pas qu'il souhaite être la pinata"
Dans une interview en juillet, Bush a expliqué qu'il en avait assez de la politique : "Je suis sorti du marécage et je n'y retournerai pas."
Bush avait à peine participé à la campagne républicaine ratée de John McCain pour lui succéder. En 2008, lorsque ce dernier fut désigné, il n'avait même pas été convié, se contentant d'un message vidéo enregistré depuis Washington. Il n'y eut d'ailleurs aucun hommage à ses succès.
L'homme qui réussit tout au long de sa présidence à imposer au congrès son agenda - en brandissant le spectre de "la menace réelle" du terrorisme sur la nation - était déjà une "menace réelle" sur son propre parti.
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