Les liens financiers occultes des Bush et des Ben Laden
A QUI PROFITE LA GUERRE ?
À qui profite le crime ?Les liens financiers occultes des Bush et des Ben Laden
Les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 et les personnes informées de leurs intentions pouvaient anticiper certaines retombées économiques de cette attaque. Dès lors, ils pouvaient engager des manœuvres spéculatives sur les compagnies aériennes propriétaires des avions détournés, sur les sociétés ayant leur siège social dans les tours jumelles du World Trade Center, et sur les assurances concernées. Ils pouvaient aussi anticiper une probable baisse générale de l'ensemble des valeurs cotées en Bourse. Pour ce faire, ils devaient spéculer à la baisse en achetant non pas des actions, mais des "puts", c'est-à-dire des "options de vente".
L'identification des initiés ne représente pas seulement un enjeu en matière de fraude boursière, mais surtout un moyen d'établir, directement ou indirectement, l'identité des auteurs des attentats et de leurs complices.
Délits d'initiés
Au lendemain des attentats, des manœuvres caractéristiques du " délit d'initié " ont été constatées dans les six jours précédents l'attaque [1]. L'action United Airlines (compagnie propriétaire des avions qui se sont écrasés sur la tour sud du WTC et à Pittsburg) a artificiellement chuté de 42 Celle d'American Airlines (compagnie propriétaire de l'appareil qui s'est écrasé sur la tour nord du WTC, et de celui qui se serait écrasé sur le Pentagone) a chuté de 39 Aucune autre compagnie aérienne dans le monde n'avait fait l'objet de manœuvres comparables, à l'exception de KLM Royal Dutch Airlines. De sorte que l'on peut déduire qu'un avion de la compagnie hollandaise avait probablement été choisi pour faire l'objet d'un cinquième détournement.
Des agissements identiques ont été constatés sur les options de vente des titres de Morgan Stanley Dean Witter & Co qui ont été multipliées par douze dans la semaine précédant les attentats. Or, cette société occupait vingt-deux étages du WTC. De même pour les options de vente sur les actions du premier courtier en Bourse du monde, Merrill Lynch & Co, dont le siège social se trouve dans un immeuble voisin menacé d'écroulement, qui ont été multipliées par vingt-cinq. Et surtout pour les options de vente sur les actions des assureurs impliqués : Munich Re, Swiss Re et Axa.
La Commission de contrôle des opérations boursières de Chicago a été la première à donner l'alerte. Elle a constaté qu'à la Bourse de Chicago, les initiés avaient réalisé 5 millions de dollars de plus-values sur United Airlines, 4 millions de dollars sur American Airlines, 1,2 millions de dollars sur Morgan Stanley Dean Witter & Co et 5,5 millions de dollars sur Merrill Lynch & Co.
Les autorités de contrôle de chaque grande place boursière recensent les plus-values réalisées par les initiés. Les investigations sont coordonnées par l'Organisation internationale des commissions de valeurs (IOSCO) [2]. Le 15 octobre, elle a tenu une vidéo-conférence où les autorités nationales ont présenté leurs rapports d'étape. Il apparaît que les plus-values illicites porteraient sur des centaines de millions de dollars, constituant le " plus important délit d'initié jamais commis ".
Il a été possible d'établir que la majeure partie des transactions avait été " portée " par la Deutsche Bank et sa filiale américaine d'investissements, Alex. Brown [3]. Cette société était dirigée, jusqu'en 1998, par un personnage haut en couleurs, A. B. Krongard. Capitaine des Marines, féru de tir et d'arts martiaux, ce banquier est devenu conseiller du directeur de la CIA et, depuis le 26 mars, numéro trois de l'Agence de renseignement américaine. Compte tenu de l'importance de l'investigation et de l'influence d'A. B. Krongard, on aurait pu penser qu'Alex. Brown aurait coopéré sans difficulté avec les autorités pour faciliter l'identification des initiés. Il n'en a rien été.
De même, on aurait pu penser que la révélation par Ernest Backes [4], il y a quelques mois, de l'existence d'enregistrements des principales transactions interbancaires par deux organismes de clearing aurait facilité la traque des enquêteurs. Là encore, il n'en a rien été.
Tout se passe donc comme si, malgré les déclarations bellicistes des dirigeants occidentaux, on avait renoncé à mener les investigations jusqu'à leur terme et que l'on avait rapidement déclaré forfait : même lorsque la paix du monde est en jeu, l'opacité des paradis fiscaux ne permettrait pas de " tracer " les transactions et de remonter aux criminels.
Au demeurant, les initiés ont prudemment renoncé à percevoir 2,5 millions de dollars de plus-values sur American Airlines qu'ils n'avaient pas eu le temps d'encaisser avant que l'alerte ne soit donnée.
La fortune d'Oussama Ben Laden
Parallèlement, des investigations poussées ont été conduites pour déterminer l'étendue de la fortune d'Oussama Ben Laden, commanditaire présumé des attentats, et pour repérer les sociétés qu'il contrôle. Diplômé en management et en économie de la King Abdul Aziz University, Oussama Ben Laden est un homme d'affaires avisé. Dès 1979, il fut sollicité par son tuteur, le prince Turki al-Fayçal al-Saud (directeur des services secrets saoudiens de 1977 à août 2001), pour gérer financièrement les opérations secrètes de la CIA en Afghanistan. En quelques années, la CIA investit 2 milliards de dollars en Afghanistan pour faire échec à l'URSS, faisant de ces opérations les plus coûteuses jamais engagées par l'Agence.
En 1994, alors qu'il était devenu l'ennemi public des États-Unis et qu'il avait été déchu de sa nationalité saoudienne, Oussama Ben Laden hérita d'environ 300 millions de dollars, correspondant à sa part au sein du Saudi Binladen Group (SBG) [5].
Cette holding, la plus importante d'Arabie saoudite, réalise la moitié de son chiffre d'affaires dans le bâtiment et les travaux publics, et l'autre moitié dans l'ingénierie, l'immobilier, la distribution, les télécommunications et l'édition. Elle a formé une société suisse d'investissements, la SICO (Saudi Investment Company), qui a créé plusieurs sociétés avec des filiales de la National Commercial Bank saoudienne. Le SBG détient d'importantes participations dans General Electric, Nortel Networks et Cadbury Schweppes. Le SBG est représenté aux États-Unis pour ses activités industrielles par Adnan Khashoggi (ex-beau-frère de Mohammed al-Fayed), tandis que ses avoirs financiers sont gérés par le Carlyle Group. Jusqu'en 1996, les montages des filiales du SBG étaient préparés à Lausanne par son conseiller, le banquier nazi François Genoud [6]. Le SBG est indissociable du régime wahhabite, au point d'avoir longtemps été le contractant officiel et unique pour la construction et la gestion des lieux saints du royaume, Médine et La Mecque. De même, il a remporté la majorité des marchés BTP de construction des bases militaires US en Arabie Saoudite et de reconstruction du Koweït après la guerre du Golfe. Le groupe a été fondé en 1931 par le patriarche, cheikh Mohammed Ben Laden. Après son décès accidentel, en 1968, son fils aîné, Salem, lui a succédé. Celui-ci est décédé à son tour dans un " accident " d'avion survenu au Texas, en 1988. Désormais, le SBG est dirigé par Bakr, le deuxième fils du fondateur.
Bien que le SBG déclare avoir rompu tout lien avec Oussama Ben Laden depuis 1994, de nombreux auteurs, distinguant le droit positif du droit coutumier, prétendent que le leader intégriste continue à exercer une autorité morale sur lui et à percevoir des dividendes.
Oussama Ben Laden [7] a investi son héritage dans la création de plusieurs banques, sociétés agroalimentaires et de distribution au Soudan. Parmi celles-ci, il a placé 50 millions de dollars dans l'Al-Shamal Islamic Bank, dont la Tadamon Islamic Bank (logo ci-dessous à droite) est l'autre actionnaire de référence. Par ce biais, Oussama Ben Laden est le partenaire financier du ministère des Affaires sociales des Émirats Arabes Unis et de la Dar al-Maal al-Islami (DMI, cf. logo ci-contre à gauche) que le prince Mohammad Al-Faisal Al-Saud utilise pour financer au nom de l'Arabie Saoudite l'ensemble des mouvements wahhabites dans le monde. Oussama Ben Laden est également réputé détenir des parts dans la Dubaï Islamic Bank de Mohammed Khalfan Ben Kharbash, ministre des Finances des Émirats Arabes Unis. D'abord avec l'appui du colonel Omar Hassan el-Béchir, puis d'Hassan el-Tourabi, il développa diverses compagnies au Soudan, construisant un aéroport, des routes, installant un pipe-line et contrôlant la majeure partie de la production de gomme arabique. Malgré ces réalisations, il fut expulsé du Soudan en 1996. Par ailleurs, Oussama Ben Laden aurait été actionnaire du laboratoire pharmaceutique d'Al-Shifa, suspecté par les États-Unis de préparer des armes chimiques et bombardé à ce titre, en 1998. Enfin, il est suspecté de jouer un rôle central dans le commerce international de l'opium dont l'Afghanistan est le premier producteur mondial.
Oussama Ben Laden exerce une autorité spirituelle sur de puissantes associations caritatives musulmanes, dont principalement l'International Islamic Relief Organisation (IIRO) et la Fondation du beau-frère du roi Fahd, Abdul Aziz al-Ibrahim.
Si l'on ajoute à ces avoirs des stocks d'armes de la première guerre d'Afghanistan qu'Oussama Ben Laden aurait pu conserver, sa fortune peut être évaluée dans une fourchette de 300 à 500 millions de dollars. On est donc bien loin des 6 milliards de dollars évoqués par certaines personnalités politiques.
Quoi qu'il en soit, aucun élément n'a été relevé qui permette de relier les sociétés contrôlées par le leader intégriste aux délits d'initiés du 11 septembre.
Les partenaires financiers d'Oussama Ben Laden
Deux personnalités de premier rang paraissent omniprésentes dans les sociétés d'Oussama Ben Laden : Cheikh Khaled Salim Ben Mahfouz et Saleh Idris.
Selon la revue Forbes, Khaled Ben Mahfouz détient la 251ème fortune mondiale, évaluée à 1,9 milliards de dollars. Son père avait fondé la principale banque saoudienne, la National Commercial Bank (photographie ci-contre : le siège de la NCB à Djeddah), qui a créé diverses sociétés avec la SICO du Binladen Group. Sa sœur a épousé Oussama Ben Laden [8]. Jusqu'en 1996, les Ben Mahfouz, comme les Ben Laden, recouraient aux conseils du banquier nazi François Genoud pour les montages de leurs filiales. Khaled Ben Mahfouz dispose d'une résidence à Houston (Texas) et, avec le soutien de la famille Bush, a acheté une partie de l'aéroport de la ville pour sa convenance personnelle. Il possède des sociétés dans le monde entier.
Bien que partenaires réguliers d'Oussama Ben Laden, Khaled Ben Mahfouz est un homme d'affaires respecté sur les places financières internationales. La chose est d'autant plus troublante, qu'il fut au cœur du principal scandale bancaire du début des années 90, le crack de la BCCI [9].
La Bank of Credit and Commerce International (BCCI) était un établissement anglo-pakistanais présent dans soixante-treize pays. Elle était conjointement détenue par trois grandes familles : les Gokal (Pakistan), les Ben Mahfouz (Arabie saoudite) et les Geith Pharaon (Abu Dhabi).
Elle fut utilisée par Ronald Reagan pour corrompre le gouvernement iranien pour qu'il retarde la libération des otages américains de l'ambassade de Téhéran et saboter ainsi la fin de la présidence de Jimmy Carter (opération dite " October Surprise "). Puis, sous l'impulsion de l'ex-directeur de la CIA et vice-président George Bush (père), l'administration Reagan utilisa encore la BCCI pour faire transiter les dons saoudiens aux Contras du Nicaragua, et pour faire transiter l'argent de la CIA vers les Mujahidines en Afghanistan. La BCCI est également impliquée dans les trafics d'armes du trader syrien Sarkis Sarkenalian, dans le scandale Keatinga aux USA, dans les affaires du trader Marc Rich, dans le financement du groupe Abu Nidal, etc. En définitive, la banque sombra lorsqu'il fut établi qu'elle blanchissait aussi l'argent du Cartel de Medellin. Elle grugea un million de petits déposants lorsqu'elle ferma ses portes.
Le fait que la BCCI a pu être manipulée, sinon créée, par la CIA ne doit pas surprendre. Il existe une longue tradition bancaire dans les services secrets américains depuis la fondation de l'OSS par des juristes d'affaires et des courtiers de Wall Street. Deux anciens directeurs de la CIA, Richard Helms et William Casey, ont travaillé à la BCCI, ainsi que deux prestigieux agents d'influence de la CIA, Adnan Khashoggi et Manucher Ghobanifar (les principaux traders de l'Irangate). Sans parler de Kamal Adham (beau-frère du roi Fayçal et chef des services secrets saoudiens jusqu'en 1977), du prince Turki al-Fayçal al-Saud (chef des services secrets saoudiens de 1977 à août 2001) et d'Abdul Raouf Khalil (directeur adjoint des services secrets saoudiens).
Pour mémoire, on notera que la BCCI semble avoir aussi joué un rôle occulte en France. Elle aurait notamment servi à masquer le transfert de technologie nucléaire américano-français vers le Pakistan et à payer la libération d'otages. Un homme d'affaires des Hauts-de-Seine, proche de Charles Pasqua, a été inculpé à l'étranger pour son rôle à la BCCI, indépendamment de ses mises en examen en France dans l'affaire Elf-Thinet. Trois ans après la déconfiture de la banque, ce sont ses anciens dirigeants qui jouèrent les intermédiaires lors de la passation du contrat Sawari-II et organisèrent un système de rétrocommissions censé financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur. Les interrogations soulevées par cette vente de vedettes à l'Arabie Saoudite conduisirent Jacques Chirac, dès son arrivée à l'Élysée, à faire placer sur écoute l'ancien ministre de la Défense d'Edouard Balladur, François Léotard.
La BCCI travaillait en étroite collaboration avec la SICO [10], filiale suisse d'investissement du Saudi Ben Laden Group, et l'on remarquait parmi ses administrateurs, l'un des frères d'Oussama Ben Laden, Salem.
Un an avant sa banqueroute, la BCCI servit à monter une vaste opération d'enrichissement illicite de George Bush Jr, alors directeur d'une petite société pétrolière, Harken Energy Corporation. Harken emporta les concessions pétrolières du Bahrein, comme rétrocommission des contrats américano-koweïtiens négociés par le président George Bush père [11]. Khaled Ben Mahfouz était actionnaire d'Harken à hauteur de 11,5 Ses actions étaient " portées " par l'un de ses fondés de pouvoir, Abdullah Taha Bakhsh. Tandis que l'un des frères d'Oussama Ben Laden, Salem, était représenté au conseil d'administration d'Harken par son fondé de pouvoir américain, James R. Bath.
Tenu pour solidairement responsable de la faillite de la BCCI, Khaled Ben Mahfouz fut inculpé aux États-Unis, en 1992. Il parvint à faire lever les charges à son encontre, en 1995, à l'issue d'une transaction avec les créanciers de la banque d'un montant de 245 millions de dollars.
Saleh Idris, quant à lui, est le directeur de la Saudi Sudanese Bank, filiale soudanaise de la National Commercial Bank de Khaled Ben Mahfouz. Il était l'associé d'Oussama Ben Laden dans l'usine pharmaceutique d'Al-Shifa. Au Royaume-Uni, Salah Idris est actionnaire majoritaire d'IES Digital Systems, une importante société produisant des matériels de surveillance high-tech.
La baronne Cox s'est étonnée la semaine dernière à la Chambre des Lords qu'IES Digital Systems, assure actuellement la sécurité des sites gouvernementaux et militaires britanniques les plus sensibles [12].
De la BCCI au Carlyle Group
Les principaux responsables et clients de la BCCI se retrouvent aujourd'hui dans le Carlyle Group, un fonds de placement créé en 1987, soit quatre ans avant la déconfiture de la banque. Carlyle gère aujourd'hui un portefeuille de 12 milliards de dollars. Il détient des participations majoritaires dans Seven Up (qui assure la mise en bouteille pour Cadbury Schweppes), Federal Data Corporation (qui a par exemple équipé la Federal Aviation Administration de son système de surveillance du trafic aérien civil) et United Defence Industries Inc. (le principal équipementier des armées américaines, turques et saoudiennes). À travers les sociétés qu'il contrôle, le Carlyle Group arrive au 11ème rang des compagnies d'armement américaines.
En 1990, le Carlyle Group a été mis en cause dans une affaire d'extorsion de fonds. Un lobbyiste du Parti républicain, Wayne Berman, avait racketté des fonds de retraite américains pour financer les campagnes électorales des Bush, l'un de ces fonds avait accepté de verser 1 million de dollars au Carlyle Group pour obtenir un contrat public dans le Connecticut.
The Carlyle Group gère l'essentiel des placements financiers du Saudi Binladen Group.
Parmi ses dirigeants, on trouve Sami Mubarak Baarma, le fondé de pouvoir au Royaume-Uni de Khaled Ben Mahfouz, et Talat Othmann, un ancien administrateur de Harken Energy Corporation, la société qui permit à George Bush Jr de s'enrichir illégalement.
Le Carlyle Group est présidé par Frank C. Carlucci (ancien directeur adjoint de la CIA, puis secrétaire à la Défense). Il est conseillé par James A. Baker III (ancien chef de cabinet du président Reagan, puis secrétaire au Trésor, enfin secrétaire d'État sous Georges Bush père) et Richard Darman (ancien directeur du Budget).
Pour le représenter à l'étranger, le Carlyle Group a recours à John Major [13] (ancien Premier ministre britannique) et Georges Bush père [14] (ancien directeur de la CIA, puis président des États-Unis).
En France, le Carlyle Group est devenu l'actionnaire de référence du Figaro (cf. RV 99/0422) [15].
Contrairement à une idée reçue, Oussama Ben Laden n'est pas seulement un sous-traitant de la CIA, employé pour combattre le nationalisme arabe, puis l'URSS, au nom de l'islam radical. Il a été - et sa famille reste - l'un des principaux partenaires financiers de la famille Bush.
S'il est exact, comme le prétendent de nombreux officiels américains, que la famille Ben Laden continue à entretenir des relations avec Oussama et à financer ses activités politiques, alors le Carlyle Group, qui gère les placements financiers du Saudi Binladen Group, serait nécessairement impliqué dans les délits d'initiés. Georges Bush père serait alors l'un des heureux bénéficiaires des manœuvres boursières du 11 septembre 2001.
[1] Cf. " Black Tuesday : The World's largest Insider Trading Scam ? " par Don Radlauer, International Policy Institute for Counterterrorism, Israël, 9 septembre 2001. http://www.ict.org.il/articles/arti...
[2] http://www.iosco.org/iosco.html
[3] Cf. " Suspicious Profits Sit Uncollected Airlines Investors Seem to Be Lying Low " par Christian Berthelsen, et Scott Winokur, San Francisco Chronicle, 29 septembre 2001.
[4] Cf. Révélation$, par Denis Robert et Ernest Backes, Les Arènes éd., 2001.http://www.arenes.fr/livres/page-li...
[5] http://www.saudi-Binladen-group.com (depuis le 11 septembre, ce serveur est momentanément indisponible).
[6] François Genoud, exécuteur testamentaire du dr. Goebbels, passait pour " le banquier du IVe Reich ". Il travaillait en lien avec de nombreux groupes anti-juifs dans le monde et finança notamment des actions de " Carlos ".
[7] Les éléments relatifs à la fortune personnelle d'Oussama Ben Laden sont empruntés à une étude non publiée, réalisée par un cabinet privé à la fin de l'année 2000, dont Intelligence OnLine s'est fait l'écho et qui a été largement citée dans la presse.
[8] Cf. Audition de James Woolsey, directeur de la CIA, devant le Sénat US, 3 septembre 1998.
[9] Le scandale de la BCCI a fait l'objet d'une abondante littérature. Nous nous sommes principalement référés à " The BCCI Affair ", report by Sen. Joseph Kerry (D-Mass.) and Sen. Hank Brown (R-Colo.) to the Senate Committee on Foreign Relations, Subcommittee on Terrorism, Narcotics and International Operations, 30 septembre 1992. Texte intégral consultable sur http://www.fas.org/irp/congress/199....
[10] Initialement la SICO se dénommait CYGNET.
[11] Cf. " Fuel for Fantasy ", Forbes, 3 septembre 1990 ; et " Ex-Bush Aide Turns to Stumping for Kuwait… While Jr. Reaps Oil Windfall ", The Guardian, 12 décembre 1990.
[12] " Terror link TVs guard UK ", The Observer, 14 octobre 2001.
[13] Cf. " John Major link to Ben Laden dynasty ", Sunday Herald, 7 octobre 2001.
[14] Cf. " Bush of Arabia ", The Nation, 27 mars 2000 et " Elder Bush in Big GOP Cast Toiling for Top Equity Firm ", The New York Times, 5 mars 2001.
[15] Voir aussi " L'axe Bush-Pasqua ", Amnistia.Net, 6 février 2001. http://www.amnistia.net/news/articl...
Sources :
Lien vers http://www.reseauvoltaire.net/article7613.html>
UNE ARNAQUE DE PLUS...
Source :
http://veritance.populus.org/rub/83
REBONDISSEMENT DANS L'AFFAIRE ENRON
Le rapport qui embarrasse Bush
Un texte rédigé par le bureau du député Henry Waxman parle, avec dix-sept exemples à l'appui, d'une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité. La Maison-Blanche dément toute collusion d'intérêts.
JEAN-COSME DELALOYE
Henry Waxman défie une fois de plus l'administration Bush. Dans un rapport qu'il a fait parvenir mercredi soir à 24 heures (lire le format pdf, 67ko), le député démocrate de Santa Monica (Californie) fait de nouvelles révélations dans l'affaire Enron. Il y décrit ce qu'il considère être une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité mis en faillite le 2 décembre 2001. Conclusions d'un texte qui n'a pas de valeur légale mais qui, selon l'assistante de M. Waxman, hier à Washington, «doit permettre de soulever de nouvelles questions»: dix-sept points de convergence entre les demandes émises par Enron et les recommandations de la task force sur l'énergie, de Dick Cheney.
Parmi les mesures préconisées: la privatisation de l'électricité. Henry Waxman rappelle avoir reçu une lettre du directoire d'Enron le 20 septembre 1999. Extrait: «Enron demande instamment au Congrès de passer une loi sur la dérégulation des marchés de l'électricité.» Waxman rappelle également que Kenneth Lay, président d'Enron et ami de Bush, s'est prononcé le 15 mai 1996 devant le Congrès en faveur d'une telle mesure. Le 17 mai 2001, la task force rend son verdict: il faut privatiser l'électricité. Projet indien Autre exemple de collusion selon Henry Waxman: le soutien du gouvernement pour les projets énergétiques en Inde. Le député rappelle qu'Enron possède 65es actions dans une installation de gaz naturel estimée à 3 milliards de dollars là-bas. A fin 2000, l'Etat indien du Maharashtra, seul client de l'installation, refuse, à la suite d'une dispute contractuelle, de payer l'énergie qu'il consomme. Enron demande un arbitrage le 12 avril 2001. Un mois plus tard, comme l'écrit Waxman, la task force préconise une collaboration avec l'Inde pour développer sa production de gaz et de pétrole.
Constatant les liens étroits entre Enron et l'administration Bush (le conglomérat a donné plus de 3,3 millions de francs au président deuis 1993 (lire 24 heures des 13 décembre 2001 et 10 janvier 2002), Henry Waxman demande, dès avril 2001, des explications à Dick Cheney. Quel rapport entre le géant de l'électricité et la task force sur l'énergie? Pas de réponse. Mutisme de Cheney L'Organe d'information du Congrès (GAO, voir calepin) décide alors de s'en mêler. Il souhaite obtenir des renseignements sur la composition de la task force ainsi que sur les listes de présence aux réunions de celle-ci. Nouveau refus vice-présidentiel. Face à l'insistance d'Henry Waxman, le bureau de Dick Cheney finit, le 3 janvier dernier, par admettre six meetings informels entre officiels de la Maison-Blanche et représentants d'Enron. Mais Waxman n'en démord pas et renvoie deux lettres (les 8 et 16 janvier) demandant plus de précisions à Dick Cheney sur ses rapports avec Enron. Hier, lors du point presse de la Maison-Blanche à Washington, Ari Fleischer, porte-parole du président Bush, a rejeté à maintes reprises les conclusion du rapport d'Henry Waxman: «Il y a plusieurs choses qu'Enron souhaitait obtenir qui ne sont pas inclues dans les recommandations de la task force. Les points retenus le sont parce qu'ils représentaient la meilleure politique énergétique pour le pays.» Et d'ajouter: «L'enquête qu'a suggérée M.Waxman (...) est un gaspillage d'argent public.»
Quant au refus du bureau du vice-président de dévoiler des informations sur la task force à l'organe du Congrès qui envisage aujourd'hui une action en justice pour les obtenir ? Ari Fleischer l'explique par le besoin de garder une certaine confidentialité sur les débats
Sources :
Lien vers http://www.entrefilets.com/Rapp_Bush_enron.htm#wax>
SUITE ...
Le rapport qui embarrasse Bush
Un texte rédigé par le bureau du député Henry Waxman parle, avec dix-sept exemples à l'appui, d'une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité Enron. La Maison-Blanche dément toute collusion d'intérêts.
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Retour sur investissement, suite 6/01/2004 Le géant américain du bâtiment et des travaux publics Bechtel (une société d'ingénierie californienne qui, en 1988, avait signé plusieurs contrats avec Bagdad pour la construction d'une... usine chimique à double-usage, a remporté mardi un nouveau contrat portant sur près de 1,8 milliard de dollars pour la reconstruction des infrastructures en Irak, a annoncé l'agence américaine pour le développement international (USAID). Le financement de ce contrat appelé «Irak infrastructure II» attribué pour une période de 24 mois est toutefois sujet à l'approbation du Congrès américain, a indiqué USAID dans un communiqué. Un premier contrat similaire de quelque 680 millions de dollars sur 18 mois avait déjà été attribué à Bechtel en avril 2003. L'un de ses responsables, Riley Bechtel, conseille le président Bush pour l'exportation.
Rappelons que les sociétés ayant soutenu financièrement Doobleyou lors de son élection en 2000 figurent parmi les mieux servies en Irak et en Afghanistan pour les contrats de reconstruction, selon un rapport d'un centre de recherches publié jeudi. Plus de 70 sociétés ayant effectué des dons d'au moins 500'000 dollars au profit de Bush ont obtenu au total 8 milliards de dollars de contrats, annonce le Center for Public Integrity, basé à Washington. Le rapport souligne les relations des entreprises avec l'armée et le monde politique (>>relire le dossier Waxmann). La plupart des contrats n'ont pas donné lieu à un appel d'offres. «Les 10 plus gros contrats pour l'Irak et l'Afghanistan ont été accordés presque tous à des sociétés employant d'anciens hauts responsables politiques ou des personnes ayant des liens privilégiés avec le pouvoir ou avec le Congrès», révèle le rapport. Le géant du pétrole Halliburton, dirigé par l'actuel vice-président Dick Cheney jusqu'en 2000, a remporté le plus gros contrat, d'une valeur de 2,3 milliards de dollars.
Aux dernières nouvelles, Halliburton a tiré presque un quart de ses bénéfices au 3e trimestre 2003 des contrats en Irak accordés sans appel d'offres à l'une de ses filiales, KBR. A elle seule, Kellogg Brown and Root a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 2,3 milliards de dollars, soit un bon de... +80% par rapport à la même période de l'année précédente.
Rappelons qu'en guise de cadeau d'adieux après la nomination de Cheney au gouvernement, Halliburton lui avait offert une prime de 20 millions de dollars.
Vous avez dit retour sur investissement?
- retour sur investissement: toujours plus fort! 30/10/2003 Des sociétés ayant soutenu financièrement Doobleyou lors de son élection en 2000 figurent parmi les mieux servies en Irak et en Afghanistan pour les contrats de reconstruction, selon un rapport d'un centre de recherches publié jeudi. Plus de 70 sociétés ayant effectué des dons d'au moins 500'000 dollars au profit de Bush ont obtenu au total 8 milliards de dollars de contrats, annonce le Center for Public Integrity, basé à Washington. Le rapport souligne les relations des entreprises avec l'armée et le monde politique. La plupart des contrats n'ont pas donné lieu à un appel d'offres. «Les 10 plus gros contrats pour l'Irak et l'Afghanistan ont été accordés presque tous à des sociétés employant d'anciens hauts responsables politiques ou des personnes ayant des liens privilégiés avec le pouvoir ou avec le Congrès», révèle le rapport. Le géant du pétrole Halliburton, dirigé par l'actuel vice-président Dick Cheney jusqu'en 2000, a remporté le plus gros contrat, d'une valeur de 2,3 milliards de dollars. Bechtel (une société d'ingénierie californienne qui, en 1988, avait signé plusieurs contrats avec Bagdad pour la construction d'une... usine chimique à double-usage), a remporté un contrat d'un milliard de dollars pour réparer des infrastructures en Irak. L'un de ses responsables, Riley Bechtel, conseille le président Bush pour l'exportation.
Aux dernières nouvelles, Halliburton a tiré presque un quart de ses bénéfices au 3e trimestre 2003 des contrats en Irak accordés sans appel d'offres à l'une de ses filiales, KBR. A elle seule, Kellogg Brown and Root a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 2,3 milliards de dollars, soit un bon de... +80% par rapport à la même période de l'année précédente.
Rappelons qu'en guise de cadeau d'adieux après la nomination de Cheney au gouvernement, Halliburton lui avait offert une prime de 20 millions de dollars.
Vous avez dit retour sur investissement?
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Disparition de 4 milliards 25/10/2003 A l'heure où les Etats-Unis et leurs zélateurs cherchent à obtenir la manne internationale, officiellement pour reconstruire l'Irak qu'ils ont renvoyé à l'âge de pierre, la nouvelle fait tache. Quelques 4 milliards de dollars de revenus pétroliers irakiens ont «
disparu dans des comptes bancaires opaques gérés par l'Autorité provisoire de la coalition» que contrôlent les Etats-Unis, a affirmé jeudi l'organisation non gouvernementale
Christian Aid (>>2). L'ONG, basée à Londres, a publié à Madrid, au premier jour de la Conférence des donateurs pour la reconstruction de l'Irak, une enquête qui, affirme-t-elle, a conclu à l'existence d'un «
trou noir financier» dans lequel auraient disparu «
4 milliards de dollars de revenus pétroliers». Ces revenus sont intégrés dans un Fonds pour le développement de l'Irak, géré par les Etats-Unis...
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Retour sur investissement, épisode V 21/10/2003 Halliburton, le géant pétrolier dont Dick Cheney était PDG jusqu'en 2000 et qui s'est vu, ô miracle, attribuer sans appel d'offres pour 1,7 milliard de dollars de contrats en Irak, se retrouve aujourd'hui au centre d'une nouvelle polémique aux Etats-Unis. Deux Démocrates, députés à la Chambre des Représentants Henry A. Waxman (Californie) et John D. Dingell (Michigan) ont accusé ce groupe d'avoir... gonflé le prix du pétrole en Irak.
Profitons-en pour rappeler que, dans son interview à Meet the Press du 14 septembre, le vice-président Dick Cheney, soupçonné de collusion d'intérêts, a déclaré qu'il n'avait plus «aucun lien financier» avec le géant pétrolier Halliburton. Là où le bât blesse toutefois, c'est que selon un rapport du bureau du sénateur Lautenberg, Cheney a perçu d'Halliburton, au titre de salaire différé, quelque 205'298 dollars en 2001 et 162'392 dollars en 2002. En stock options, le vice-président a aussi empoché 100'000 parts à 54,50 dollars (acquis), expiration le 12/03/07; 33'333 parts à 28,12 dollars (acquis), expiration le 12/02/08, et 300'000 parts à 39,50 dollars (acquis), expiration le 12/02/09. A ces salaires différés et autres stocks options s'ajoutent encore des indemnités de départ d'un montant de 20 millions de dollars qu'Halliburton lui a versés après seulement cinq années de service, et une prime de 1,4 million de dollars versés en liquide en 2001.
Vous avez dit retour sur investissement?
Autre cas intéressant dans le juteux marché de la reconstruction irakienne, le géant du bâtiment et travaux publics étasunien, Bechtel, qui a obtenu quant à lui les dix plus importants contrats en Irak dans son domaine d'activité. Ironie du sort: en 1988, Brechtel avait signé plusieurs contrats avec Bagdad pour la construction d'une... usine chimique à double-usage. Dans l'inventaire remis aux Nations Unies à la fin de l'année dernière, Saddam Hussein citait d'ailleurs Bechtel parmi les fournisseurs de technologie qui ont participé à la mise au point des armes chimiques détenues par le régime.
- Retour sur investissement épisode IV 29/08/2003 Dans son interview à Meet the Press du 14 septembre, le vice-président Dick Cheney a déclaré qu'il n'avait plus «aucun lien financier» avec le géant pétrolier Halliburton, dont il était le PDG de 1995 à 2000, et qui s'est vu attribué par le gouvernement, sans appel d'offres, des contrats pour un montant de... 1,25 milliard de dollars en Irak.
Là où le bât blesse, c'est que selon un rapport du bureau du sénateur Lautenberg, Cheney a perçu d'Halliburton, au titre de salaire différé, quelque 205'298 dollars en 2001 et 162'392 dollars en 2002. En stock options, le vice-président a aussi empoché 100'000 parts à 54,50 dollars (acquis), expiration le 12/03/07; 33'333 parts à 28,12 dollars (acquis), expiration le 12/02/08, et 300'000 parts à 39,50 dollars (acquis), expiration le 12/02/09. A ces salaires différés et autres stocks options s'ajoutent encore des indemnités de départ d'un montant de 20 millions de dollars qu'Halliburton lui a versés après seulement cinq années de service, et une prime de 1,4 million de dollars versés en liquide en 2001.
Vous avez dit retour sur investissement?
Le 23 septembre, le sénateur Lautenberg a officiellement demandé par écrit au sénateur Susan Collins, présidente de la commission des Affaires gouvernementale du Sénat, de tenir des auditions immédiates sur les contrats pour les travaux en Irak.
Rappel: Fin mars dernier, l'armée étasunienne avait attribué le principal contrat de lutte contre les incendies de puits de pétrole en Irak au géant texan Halliburton, dirigée de 1995 à 2000 par l'actuel vice-président, Dick Cheney. Déjà, les soupçons de collusion d'intérêts allaient bon train, surtout que ledit contrat avait été attribué sans appel d'offres. Les services de Dick Cheney avaient même dû affirmer à plusieurs reprises que le vice-président n'était pour rien dans l'octroi du contrat. Hier jeudi, on apprenait que les contrats en Irak, conclus entre Washington et les groupes américains d'énergie et d'ingénierie pétrolière Halliburton Co. et Bechtel Group Inc., sont en fait bien plus importants que les estimations avancées jusqu'à présent. Selon des documents obtenus par le quotidien Washington Post, les contrats de Halliburton avec le Pentagone dépassent ainsi les... 1,7 milliard de dollars, sans compter plusieurs centaines de millions de plus obtenus en vertu d'un accord avec le Corps des ingénieurs de l'armée de Terre américaine. Les précédentes estimations, datant de mai, parlait de contrats à hauteur d'environ 500 millions de dollars. Selon le Washington Post, Halliburton, basé au Texas (sud), est le plus gros client du gouvernement étasunien en Irak, suivi par la société Bechtel, basée en Californie.
Rappelons qu'en guise de cadeau d'adieux après la nomination de Cheney au gouvernement, Halliburton lui avait offert des stock options pour une valeur de 20 millions de dollars. Vous avez dit retour sur investissement?
Accessoirement, notons aussi que Bechtel a signé, en 1988, plusieurs contrats avec Bagdad pour la construction d'une usine chimique à double-usage en banlieue de la capitale, selon TomPaine.com. Dans l'inventaire remis aux Nations Unies à la fin de l'année dernière, Saddam Hussein citait d'ailleurs Bechtel parmi les fournisseurs de technologie qui ont participé à la mise au point des armes chimiques détenues par le régime.
- Retour sur investissement, épisode III 13/05/2003 Kellogg, Brown & Root, filiale de BTP Halliburton, a obtenu un contrat de 24 millions de dollars pour la distribution d'essence en Irak, a annoncé l'armée américaine. Le Corps d'armée du Génie a précisé que le contrat a été attribué le 4 mai dans le cadre d'un contrat global. Fin mars dernier, l'armée américaine avait en effet attribué le principal contrat de lutte contre les incendies de puits de pétrole en Irak au géant texan Halliburton, dirigée de 1995 à 2000 par l'actuel vice-président, Dick Cheney. Déjà les soupçons de collusion d'intérêts allaient bon train, surtout que ledit contrat avait été attribué sans appel d'offres. A l'époque, l'administration Bush avait caché l'ampleur du mandat. Dans une lettre adressée à Henry Waxman, membre démocrate de la Chambre des représentants (qui avait déjà dénoncé la collusion d'intérêts entre les pétroliers et la Maison-Blanche), le Corps du génie de l'Armée de terre a ainsi récemment révélé que le contrat en question comprenait non seulement l'extinction des puits en feu, comme annoncé, mais aussi «la gestion d'installations et la distribution de produits». M. Waxman a écrit mardi au général Robert Flowers, qui appartient au Corps en question, soulignant que le contrat d'Halliburton avait «une portée considérablement plus large que ce que l'on en savait auparavant». «Je suis préoccupé par le fait que la réticence de l'administration à fournir une information complète sur ce contrat, et sur d'autres en Irak, a pu priver le Congrès et l'opinion d'informations importantes», expliquait M. Waxman. L'élu estimait aussi que la proposition du Corps de remplacer l'actuel contrat du géant des services pétroliers par un autre de longue durée contredit les déclarations de Washington selon lesquelles le pétrole de l'Irak appartient au peuple irakien.
Les services de Dick Cheney avaient affirmé à plusieurs reprises que le vice-président n'était pour rien dans l'octroi du contrat. Rappelons tout de même qu'en guise de cadeau d'adieux après la nomination de Cheney au gouvernement, Halliburton lui avait offert des stock options pour une valeur de 20 millions de dollars. Vous avez dit retour sur investissement?
- Retour sur investissement. Episode II 07/05/2003 Fin mars dernier, l'armée américaine avait attribué le principal contrat de lutte contre les incendies de puits de pétrole en Irak au géant texan Halliburton, dirigée de 1995 à 2000 par l'actuel vice-président, Dick Cheney. Déjà les soupçons de collusion d'intérêts allaient bon train, surtout que ledit contrat avait été attribué sans appel d'offres. Mais il semble aujourd'hui que l'administration Bush a aussi caché l'ampleur du mandat confié à Halliburton. Dans une lettre adressée à Henry Waxman, membre démocrate de la Chambre des représentants (qui avait déjà dénoncé lacollusion d'intérêts entre les pétroliers et la Maison-Blanche), le Corps du génie de l'Armée de terre vient en effet de révéler que le contrat en question comprenait non seulement l'extinction des puits en feu, comme annoncé, mais aussi «la gestion d'installations et la distribution de produits». M. Waxman a écrit mardi au général Robert Flowers, qui appartient au Corps en question, soulignant que le contrat d'Halliburton avait «une portée considérablement plus large que ce que l'on en savait auparavant». «Je suis préoccupé par le fait que la réticence de l'administration à fournir une information complète sur ce contrat, et sur d'autres en Irak, a pu priver le Congrès et l'opinion d'informations importantes», explique M. Waxman. L'élu estime aussi que la proposition du Corps de remplacer l'actuel contrat du géant des services pétroliers par un autre de longue durée contredit les déclarations de Washington selon lesquelles le pétrole de l'Irak appartient au peuple irakien.
Les services de Dick Cheney avaient affirmé à plusieurs reprises que le vice-président n'était pour rien dans l'octroi du contrat. Bien sûr, Bien sûr. Rappelons tout de même qu'en guise de cadeau d'adieux après la nomination de Cheney au gouvernement, Halliburton lui avait offert des stock options pour une valeur de 20 millions de dollars. Vous avez dit retour sur investissement?
Halliburton et Cheney: premier retour sur investissement 26/03/2003 Un élu démocrate à la Chambre des représentants américains, Henry Waxman (qui avait déjà dénoncé la collusion d'intérêts entre les pétroliers et la Maison-Blanche), s'est indigné mercredi dans une lettre au Génie militaire des conditions d'attribution d'un important contrat en Irak à une filiale du groupe pétrolier Halliburton. L'armée américaine a en effet attribué le principal contrat de lutte contre les incendies de puits de pétrole en Irak à une filiale du groupe américain Halliburton, et ce sans appel d'offres. Rappelons qu'Halliburton a été dirigé jusqu'en 2000 par l'actuel vice-président, Dick Cheney. Et qu'en guise de cadeau d'adieux après la nomination de Cheney au gouvernement, Halliburton lui avait offert des stock options pour une valeur de 20 millions de dollars. C'est ce qu'on appelle, en jargon économique, un retour sur investissement.
Une enquête du quotidien suisse 24 Heures (18 janvier 2002)
ÉTATS-UNIS: REBONDISSEMENT DANS L'AFFAIRE ENRON
Le rapport qui embarrasse Bush
Un texte rédigé par le bureau du député Henry Waxman parle, avec dix-sept exemples à l'appui, d'une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité. La Maison-Blanche dément toute collusion d'intérêts.
JEAN-COSME DELALOYE
Article
paru dans:
Le Courrier
14 août 2003 Comment la Maison-Blanche
cache le réchauffement du climat
Selon le député américain Henry Waxman , le clan Bush a pris l'habitude de fausser les études scientifiques des agences gouvernementales. Notamment pour nier les effets des gaz à effet de serre.PAR MANUEL GRANDJEAN
L'homme est un cauchemar pour l'Administration Bush. Député démocrate de Californie, spécialiste des questions d'énergie, Henry Waxman n'a de cesse de dénoncer les magouilles de la Maison-Blanche. En janvier 2002, il avait démontré comment la politique énergétique des USA avait été taillée sur mesure pour le géant de l'électricité Enron. En mai de cette année, il accusait le groupe d'ingénierie pétrolière Halliburton - dirigé jusqu'en 2000 par le vice-président Dick Cheney - d'avoir déjà gagné près de 500 millions de dollars en deux ans grâce à des projets liés à l'Irak. Ceci avant même que le pays soit occupé par les troupes de Washington.
Le 7 août, le député Waxman lançait une nouvelle bombe dans les jambes de George W. Sous le titre anodin de «Politiques et science dans l'Administration Bush (>>Lire rapport pdf)», le rapport produit par son bureau relève toutes les interventions de l'actuel gouvernement des Etats-Unis pour manipuler les évaluations scientifiques et déformer ou censurer leurs conclusions. «Ces actions», explique Henry Waxman, «vont beaucoup plus loin que les réajustements ordinaires qui accompagnent le changement d'occupant à la Maison-Blanche.»
À qui ça profite
La prise de contrôle de la science par le clan Bush touche un très large éventail de sujets. Les limiers de Waxman en ont répertorié pas moins de vingt et un: de la prévention des maladies sexuellement transmissibles à la sauvegarde des caribous de l'Alaska, en passant par la pollution de l'eau par l'agriculture ou l'industrie. Un point commun relie cependant tous ces sujets, écrit Henry Waxman: «Les bénéficiaires des manipulations scientifiques sont tous d'importants supporters du président», que ce soit des conservateurs sur les plans social et moral ou de groupes industriels.
Pour les premiers, l'Administration Bush a notamment réussi à influer sur la communication de l'agence fédérale pour le contrôle et la prévention des maladies. Contre toute évidence scientifique, celle-ci met aujourd'hui en cause l'efficacité du préservatif contre la propagation du sida et favorise une politique basée sur la seule abstinence. Dans le même style, les politiciens conservateurs sont parvenus à faire en sorte que l'Institut national continue à insinuer qu'un lien existe entre l'avortement et le cancer du sein, alors que, médicalement, l'inexistence de cette relation est prouvée depuis au moins cinq ans.
Quant aux consortiums industriels proches du pouvoir, ils bénéficient des entorses à l'exactitude scientifique dans d'autres domaines. Le Département de l'agriculture, par exemple, exige ainsi que toute communication scientifique sur les «sujets sensibles» lui soit soumise avant publication. Soit: «Les méthodes agricoles qui peuvent avoir des conséquences négatives sur la santé et l'environnement». On s'en doute, ce passage obligé par la bureaucratie politique n'a pas pour but de mieux diffuser l'information...Les experts du président
Selon Waxman, la Maison-Blanche utilise encore une autre technique pour inhiber le travail des savants. Elle nomme au sein des comités d'experts des personnes qui défendent les intérêts adéquats. Ainsi, en août 2002, le gouvernement a remplacé quinze membres sur dix-huit du comité d'experts sur la santé environnementale. Les nouveaux venus ont de faibles références scientifiques mais ils cultivent en revanche des liens très étroits avec l'industrie.
La question du réchauffement climatique est évidemment un sujet crucial. Lorsque George W. Bush avait rejeté le Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre, il avait promis que «la politique de l'Administration concernant l'évolution du climat sera fondée sur la science». En fait, le président s'est efforcé de forger la science au feu de sa politique.
En juin dernier, l'Agence nationale pour la protection de l'environnement (EPA) publiait un rapport présenté comme le document le plus complet jamais produit aux Etats-Unis. Le texte, cependant, est totalement muet sur le réchauffement climatique. Cette absence serait restée inexplicable, si une fuite ne s'était produite. Dans le New York Times du 13 juillet, un ancien de l'EPA, Jeremy Symons, explique ce qui s'est passé.On censure les rapports
Une première version du rapport comprenait bien une section sur le réchauffement climatique. Mais les services de la Maison-Blanche ont fait savoir à l'agence qu'ils exigeaient des «corrections majeures» du texte et qu'aucune modification ne serait permise après leur intervention. Finalement, les scientifiques de l'EPA ont préféré supprimer toute la section plutôt que de cautionner des informations scientifiquement non crédibles. L'intrusion de la politique dans leur champ d'activité fait frémir plus d'un scientifique étasunien. La prestigieuse revue «Science» s'est inquiétée en janvier dernier de l'«invasion par l'Administration Bush de secteurs autrefois protégés contre ce type de manipulations». Même un ancien administrateur de l'EPA, en poste sous les présidences de Nixon et de Ford, est sorti du bois pour témoigner que jamais, à cette époque, la Maison-Blanche ne s'était permise de travestir la réalité.
«La population dépend d'agences fédérales pour promouvoir la recherche scientifique et développer des politiques fondées aptes à protéger la santé et le bien-être de la nation», explique Henry Waxman. L'indépendance de la recherche jouait donc un rôle capital dans l'exercice de la démocratie. «Aujourd'hui, l'Administration Bush a faussé cette perspective», estime le député californien. Au détriment de la communauté scientifique des Etats-Unis qui perd sa crédibilité. Au détriment également de la population de la planète, soumise aux effets d'un réchauffement climatique nié contre la science par le pays qui produit à lui seul plus d'un quart des gaz à effet de serre. |
Qui est qui?
-Kenneth Lay: PDG d'Enron. Ami du président Bush. Enron et M. Lay ont donné quelque 2 millions de dollars à Bush depuis 1993 pour ses campagnes.
-National Energy Policy Development Group (NEPDG): structure informelle mise sur pied le 29 janvier 2001 par Dick Cheney pour élaborer une politique énergétique. Le 16 mai 2001, cette task force publie un rapport recommandant une augmentation de la production de charbon et encourage les technologies d'extraction de pétrole et de gaz.
-Lawrence Lindsay: conseiller économique de Bush et membre de la task force sur l'énergie. Ancien consultant d'Enron, il aurait reçu l'an dernier 50 000 dollars (82 000 francs) du conglomérat.
-General Accounting Office (GAO): office chargé de l'information du Congrès. Demande depuis juin au vice-président des informations sur la composition de cette task force ainsi que sur les rencontres qu'elle a pu avoir avec des représentants des industries du pétrole, du charbon et du gaz. Dick Cheney refuse de s'exécuter.
-Henry Waxman: représentant démocrate de Californie, spécialiste des questions d'énergie. Ce dernier a envoyé le 16 janvier une nouvelle lettre à Dick Cheney demandant des éclaircissements sur les liens entre l'administration Bush et Enron. |
Henry Waxman défie une fois de plus l'administration Bush. Dans un rapport qu'il a fait parvenir mercredi soir à 24 heures (lire le format pdf, 67ko), le député démocrate de Santa Monica (Californie) fait de nouvelles révélations dans l'affaire Enron. Il y décrit ce qu'il considère être une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité mis en faillite le 2 décembre 2001. Conclusions d'un texte qui n'a pas de valeur légale mais qui, selon l'assistante de M. Waxman, hier à Washington, «doit permettre de soulever de nouvelles questions»: dix-sept points de convergence entre les demandes émises par Enron et les recommandations de la task force sur l'énergie, de Dick Cheney.
Parmi les mesures préconisées: la privatisation de l'électricité. Henry Waxman rappelle avoir reçu une lettre du directoire d'Enron le 20 septembre 1999. Extrait: «Enron demande instamment au Congrès de passer une loi sur la dérégulation des marchés de l'électricité.» Waxman rappelle également que Kenneth Lay, président d'Enron et ami de Bush, s'est prononcé le 15 mai 1996 devant le Congrès en faveur d'une telle mesure. Le 17 mai 2001, la task force rend son verdict: il faut privatiser l'électricité. Projet indien Autre exemple de collusion selon Henry Waxman: le soutien du gouvernement pour les projets énergétiques en Inde. Le député rappelle qu'Enron possède 65% des actions dans une installation de gaz naturel estimée à 3 milliards de dollars là-bas. A fin 2000, l'Etat indien du Maharashtra, seul client de l'installation, refuse, à la suite d'une dispute contractuelle, de payer l'énergie qu'il consomme. Enron demande un arbitrage le 12 avril 2001. Un mois plus tard, comme l'écrit Waxman, la task force préconise une collaboration avec l'Inde pour développer sa production de gaz et de pétrole.
Constatant les liens étroits entre Enron et l'administration Bush (le conglomérat a donné plus de 3,3 millions de francs au président deuis 1993 (lire
24 heures des 13 décembre 2001 et 10 janvier 2002), Henry Waxman demande, dès avril 2001, des explications à Dick Cheney. Quel rapport entre le géant de l'électricité et la task force sur l'énergie? Pas de réponse. Mutisme de Cheney L'Organe d'information du Congrès (GAO, voir calepin) décide alors de s'en mêler. Il souhaite obtenir des renseignements sur la composition de la task force ainsi que sur les listes de présence aux réunions de celle-ci. Nouveau refus vice-présidentiel. Face à l'insistance d'Henry Waxman, le bureau de Dick Cheney finit, le 3 janvier dernier, par admettre six meetings informels entre officiels de la Maison-Blanche et représentants d'Enron. Mais Waxman n'en démord pas et renvoie deux lettres (les 8 et 16 janvier) demandant plus de précisions à Dick Cheney sur ses rapports avec Enron. Hier, lors du point presse de la Maison-Blanche à Washington, Ari Fleischer, porte-parole du président Bush, a rejeté à maintes reprises les conclusion du rapport d'Henry Waxman: «Il y a plusieurs choses qu'Enron souhaitait obtenir qui ne sont pas inclues dans les recommandations de la task force. Les points retenus le sont parce qu'ils représentaient la meilleure politique énergétique pour le pays.» Et d'ajouter: «L'enquête qu'a suggérée M.Waxman (...) est un gaspillage d'argent public.»
Quant au refus du bureau du vice-président de dévoiler des informations sur la task force à l'organe du Congrès qui envisage aujourd'hui une action en justice pour les obtenir ? Ari Fleischer l'explique par le besoin de garder une certaine confidentialité sur les débats.
- See more at: http://www.entrefilets.com/Rapp_Bush_enron.htm#wax
UNE CREATION DE ROCKFELLER
Parrain de guerre
Exxon-Mobil, fournisseur officiel de l'Empire
source : http://veritance.populus.org/rub/79
John D. Rockfeller constitua le premier trust pétrolier vertical, la Standard Oil. Utilisant des méthodes peu orthodoxes, il ruina ses concurrents états-uniens et organisa l'évasion fiscale de ses revenus. Puis, s'alliant avec ses rivaux BP et Shell, il constitua un cartel pour dominer le marché mondial. Il finança comme nul autre l'aventure militaire nazie en espérant s'emparer des ressources de l'URSS. Devenue Exxon-Mobil, sa société est désormais n°1 mondial et peut subventionner les think tanks néo-libéraux et les campagnes électorales des Bush.
Exxon-Mobil, également connue sous la marque « Esso » en dehors des États-Unis, est la première compagnie pétrolière mondiale (devant British Petroleum et Shell) avec des activités d'exploration, de production, d'approvisionnement, de transport et de vente de pétrole et de gaz naturel ainsi que de leurs produits dérivés dans près de 200 pays et territoires. Elle affiche des réserves de 22 milliards de barils en équivalent pétrole (ce qui inclut les sables bitumeux) et un résultat net de 14,5 milliards de dollars pour l'année 2003. À titre de comparaison, le PIB d'un pays comme le Mali la même année était d'environ 10 milliards de dollars [1].
L'histoire d'Exxon, qui est également la doyenne des grandes compagnies mondiales, est étroitement liée à l'évolution du libéralisme économique depuis la fin du XIXe siècle car son fondateur, John D. Rockefeller I, fut le premier à en exploiter tout le potentiel en développant le principe du trust [2]. En contrôlant toutes les étapes, de l'extraction à la commercialisation en passant par le transport, via une participation majoritaire secrète dans une multitude de sociétés intermédiaires, il parvint d'abord à dominer le marché du pétrole nord-américain, avant de s'attaquer à ses rivaux au plan mondial. John D. Rockefeller et le géant qu'il a créé sont devenus les symboles du pouvoir économique que des multinationales peuvent exercer au-dessus des États.
La saga des Rockefeller
John D. Rockefeller naquit dans une ferme de l'État de New York en 1839, d'un père aventurier, médecin sans diplôme qui vendait des préparations médicinales « miracles » à base d'opium et arnaquait ses propres fils pour leur inculquer le sens des affaires, et d'une mère baptiste très pieuse qui éleva ses enfants dans la rigueur et l'austérité, les attachant à un poteau pour les corriger lorsqu'ils désobéissaient. John débuta sa carrière comme comptable à Cleveland, dans l'Ohio. Fasciné par les exploits des premiers pionniers du pétrole, il acheta à l'âge de 26 ans une raffinerie en partenariat avec deux frères anglais, dont il se débarrassa rapidement en leur rachetant leurs parts.
Il comprit que le seul moyen de dominer le marché passait par le raffinage et la distribution plutôt que par l'extraction. Il centra particulièrement sa stratégie sur le rail, alors que le réseau ferré destiné à acheminer le pétrole depuis les gisements jusqu'à Cleveland préfigurait la dépendance des petits producteurs vis-à-vis des transporteurs. Il tira ainsi un maximum de profit des systèmes de rabais et n'hésita pas à utiliser des anciens concurrents récemment achetés comme espions parmi ceux qui l'étaient restés. Cela lui permit de constituer en 1870 la société par actions Standard Oil Company, au capital d'un million de dollars, dont il détenait 27 % [3]. Une bataille s'engagea bientôt entre le cartel des producteurs et celui des transporteurs avec la Standard Oil en tête de file.
À l'époque, le pétrole brut était transporté sur des plates-formes dans des barils en bois ouverts, laissant s'évaporer la partie la plus volatile et la plus précieuse de la cargaison. Il ne restait à l'arrivée qu'un résidu épais qui avait perdu l'essentiel de sa valeur. Propriétaire en secret de la société de transport ferroviaire Union Tanker Car Company et du brevet sur les wagons-réservoirs métalliques et hermétiques toujours utilisés de nos jours, John D. Rockefeller les louait à ses concurrents pour qu'ils puissent transporter leur production jusqu'aux raffineries. Lorsque ces nouveaux producteurs développaient leurs infrastructures pour augmenter leur production, Union Tanker rompait unilatéralement les contrats de location de plate-forme de transport, engendrant ainsi d'énormes pertes consécutives à des investissements importants et acculant les producteurs à la faillite. La Standard Oil de Rockefeller venait alors les acheter à des prix dérisoires, obtenant généralement les chemins de fer avoisinants par la même occasion. Il appliqua ce stratagème pendant des années sans susciter de réactions tant qu'on ignora qu'il était le propriétaire de l'Union Tanker. Si les méthodes agressives ayant permis à Rockefeller de contrôler 90 % du marché états-unien de l'énergie en 1910 furent largement documentées, inspirant même les lois anti-trust modernes, elles ne figurent toujours pas dans les manuels d'histoire.
En 1911, le gouvernement états-unien s'en prend au monopole de la Standard Oil et exige qu'elle soit démembrée. Elle se scinde alors en plusieurs petites compagnies arborant toujours les initiales « S.O. » telles que SOHIO en Ohio, SOCONY à New York et, bien entendu, Esso qui deviendrait plus tard Exxon, ce qui ne porta pas réellement atteinte au monopole de fait de Rockefeller. Il se jura pourtant de prendre sa revanche sur cet État tout puissant qu'il exécrait. Pour cela, il investit une part importante de sa fortune dans la création de 12 banques géantes qui devinrent la Réserve fédérale lorsque le Congrès décida en 1913 d'y avoir recours pour collecter les impôts. Dorénavant, les intérêts accumulés par la Réserve fédérale chaque année, avant qu'elle ne reverse le montant des impôts collectés au gouvernement, venaient garnir les coffres de la dynastie Rockefeller.
Deux autres compagnies jouaient alors un rôle à l'échelle mondiale : la British-Persian Petroleum Company qui exploitait principalement les gisements de l'Iran actuel, et la Shell, basée dans les anciennes colonies hollandaises d'Indonésie et d'Asie du Sud-Est [4]. Plutôt que de s'épuiser dans des luttes mutuelles qui occasionneraient une instabilité des prix, les trois rivales s'accordèrent sur le prix mondial et le partage des grandes zones pétrolifères. Elles devaient pour cela éliminer ou prendre le contrôle de tous les petits producteurs locaux et nationaux. La Première Guerre mondiale leur offrit cette occasion.
Le rôle incitatif joué par la Standard Oil dans l'entrée en guerre des États-Unis, qui leur permettrait d'avoir voix au chapitre dans le redécoupage des anciennes colonies lors du Traité de Versailles, reste encore très peu documenté même s'il est indéniable. Une chose est certaine : en se retirant de la guerre, en 1917, et en construisant un autre modèle économique, l'Empire russe devenu Union soviétique échappa à la convoitise du cartel. Ceci, au moment même où l'utilisation du pétrole se généralisait avec l'avènement du moteur à explosion provoquant un accroissement démesuré de la demande. Les trois sœurs décidèrent donc, sous l'impulsion de John D. Rockefeller, de financer les partis fasciste d'Italie et nazi d'Allemagne pour qu'ils fassent la guerre à l'URSS, renversent les Bolcheviques et rouvrent l'accès au pétrole.
En 1934, environ 85 % des produits pétroliers transformés en Allemagne étaient importés. Le seul moyen qui permit à Hitler de mettre au point son impressionnante machine de guerre fut de produire du carburant synthétique à partir des ressources abondantes de charbon sur lesquelles l'Allemagne pouvait compter. Le procédé d'hydrogénation nécessaire fut développé et financé par la Standard Oil en partenariat avec I.G. Farben, qui produisait également les armes chimiques utilisées au combat et produirait ultérieurement les gaz utilisés dans les camps d'extermination. Un rapport de l'attaché commercial de l'ambassade états-unienne à Berlin adressé au Département d'État, en janvier 1933, s'alarmait de ce que « Dans deux ans l'Allemagne produira suffisamment d'huile et d'essence à partir du charbon pour une longue guerre. La Standard Oil de New York fournit plusieurs millions de dollars pour l'y aider. ». Parallèlement, l'accord conclu entre Standard Oil et I.G. Farben, qui assurait à la partie allemande le contrôle absolu du caoutchouc synthétique, ralentit significativement l'effort de guerre états-unien. D'autre part, les directeurs de Standard Oil of New Jersey, notamment William Farish [5], contribuaient au travers de leurs filiales allemandes à la fortune personnelle d'Heinrich Himmler et figuraient dans son cercle d'amis jusqu'en 1944. Ces faits de Collaboration restèrent inconnus du public tout au long de la guerre alors même que cette branche de la Standard Oil était accusée de trahison pour son partenariat d'avant-guerre avec I.G. Farben [6]. L'ensemble des transactions financières entre les filiales de la Standard Oil et I.G. Farben passa par un système bancaire mis en place par Prescott Bush [7]
Bien que les nazis aient échoué à ouvrir les gisements russes, la guerre du Pacifique permit à Standard Oil de prendre le contrôle de nombreux gisements de cette région qui était auparavant la chasse gardée de Shell.
Aux États-Unis, les stratégies déloyales de la Standard Oil et les conflits répétés avec l'appareil d'État qui légiférait contre les trusts avaient fait de John D. Rockefeller un personnage particulièrement impopulaire. Il réussit cependant à sauver son honneur -et, accessoirement, à payer moins d'impôts- en léguant 550 millions de dollars (selon son petit-fils Nelson qui fut le vice-président de Gérald Ford, en 1974) à diverses fondations et œuvres philanthropiques. La plus connue reste la Rockefeller Foundation. John D. Rockefeller mourut tardivement à l'âge de 98 ans, son unique fils John D. II reprit donc les commandes à 64 ans, alors qu'il approchait de la retraite. Il distribua quant à lui 552 millions de dollars, paya 317 millions de dollars d'impôts et laissa à sa famille un total de 240 millions de dollars. Son fils, David Rockefeller, s'illustra dans la haute finance en tant que président, puis directeur, de la banque Chase Manhattan jusqu'en 1981. Il fut également président du Council on Foreign Relations de 1970 à 1985. La valeur globale des actifs détenus par tous les descendants vivants de John D. Rockefeller I était estimée, en 1974, à 2 milliards de dollars. Aujourd'hui, les héritiers détiennent toujours 2 % du capital d'Exxon-Mobil.
À la conquête du monde
Avec la montée en puissance de Standard Oil, de nouvelles pratiques visant à échapper aux taxes virent le jour et engendrèrent progressivement des « pavillons de complaisance ». Dans les multiples étapes de la chaîne de production, de transport et de commercialisation du pétrole, il s'agissait de transférer un maximum de coûts là où l'État n'avait que peu de prise. Michael Hudson, professeur d'économie à l'université du Missouri et spécialiste de la domination économique états-unienne, raconte ainsi que David Rockefeller lui avait arrangé un rendez-vous avec Jack Bennett, trésorier de la Standard Oil of New Jersey. Quand Hudson lui demanda où la société générait ses profits, Bennett lui déroula une liste verticale de filiales réparties sur toute la chaîne. Les taxes étant inexistantes au Panama et au Liberia, c'est là-bas qu'on créait les filiales où étaient enregistrés les pétroliers, puis on leur cédait le brut à des prix dérisoires avant de le facturer de nouveau, au tarif maximum cette fois, aux pays occidentaux consommateurs [8].
Depuis le milieu des années 70 et la découverte de gisements importants dans le bassin de la mer Caspienne, Exxon et quelques autres compagnies plus modestes comme Unocal n'ont cessé d'influencer la politique de Washington dans la région. Depuis le financement des moudjahidins de Ben Laden contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan, de manière à faire obstacle à l'exportation du pétrole russe vers le sud, jusqu'au méga-projet de pipeline Bakou-Tblissi-Ceyhan qui implique l'installation de bases militaires de projection rapide pour la protection des infrastructures [9], Exxon-Mobil et le Pentagone marchent main dans la main pour tenter d'affranchir les États-Unis de leur dépendance vis-à-vis du Moyen-Orient. Aujourd'hui, Exxon-Mobil est particulièrement active au Kazakhstan, où elle partage avec ENI (Italie), Shell (Pays-Bas) et Total (France), un contrat signé avec le gouvernement pour l'exploitation du plus gros gisement découvert depuis celui de Prudhoe Bay en Alaska, il y a 30 ans, celui de Kashagan. Les réserves annoncées initialement font cependant l'objet de vives controverses et de disputes territoriales entre le Kazakhstan et l'Iran notamment [10].
En Indonésie, Exxon-Mobil possède 35 % de la société Pertamina, une importante structure de production de gaz naturel, et avait passé un accord avec le général Suharto pour assurer la protection du site par l'armée aux frais de la multinationale. Des ONG ont rapporté que, durant les années 90, plus de 1000 personnes furent tuées, torturées ou disparurent aux mains de l'armée, qui les détenait souvent dans les locaux appartenant à Mobil. Une action en justice a été intentée par l'International Labor Rights Fund basé à Washington, mais la procédure, déjà lente auparavant, a été ralentie davantage depuis le début de la « guerre au terrorisme » : la défense d'Exxon-Mobil invoque le fait qu'une action contre la compagnie et le gouvernement indonésien saperait leurs efforts dans la lutte contre les « terroristes islamistes » [11].
Concernant l'Irak, Exxon-Mobil a usé de son statut de plus grande compagnie pétrolière états-unienne pour jouer un rôle prépondérant dans l'escalade qui a abouti à l'invasion et au chaos actuel, au point que l'une des bases avancées de l'US Army s'est vue baptisée du nom de cette société. Grant Aldonas, sous-secrétaire états-unien au commerce, déclarait lors d'un forum économique en octobre 2002 : « [La guerre] ouvrirait la vanne du pétrole irakien, qui aurait certainement des conséquences profondes en termes de performance de l'économie mondiale pour les pays qui produisent des biens et consomment du pétrole » [12]. Mais jusqu'à présent, les attentes ont été déçues par les sabotages et l'enlisement des troupes étasuniennes face à la résistance acharnée du peuple irakien.
En vérité Exxon ne s'active pas plus que l'administration Bush pour mettre fin à la dépendance vis-à-vis du pétrole arabe. Toutes les deux savent que, selon les lois de la thermodynamique, le Moyen-Orient sera l'enjeu central pour les décennies à venir, car il renferme l'essentiel des réserves de pétrole et que rien ne pourra rapidement les remplacer. Ils savent pertinemment que cela reviendrait à refuser à leurs actionnaires les dividendes qu'ils ont récoltés sans interruption depuis plus de cent ans, et remettrait en cause les fondements mêmes du capitalisme. Dans la même logique, alors que les conséquences humaines du changement climatique se font déjà ressentir à plusieurs endroits dans le monde, Exxon-Mobil dépense sans compter pour financer les « sceptiques du changement climatique » (12 millions de dollars depuis 1998) ainsi que le lobbying à Washington. Ces investissements ont notamment provoqué le retrait des engagements états-uniens sur le Protocole de Kyoto à l'arrivée de l'administration Bush II [13].
Un engagement politique déterminé
Contrairement à de nombreuses multinationales qui répartissent leurs dons de manière équivalente entre tous les groupes susceptibles d'exercer le pouvoir politique, les Rockefeller, la Standard Oil, puis Exxon-Mobil, ont toujours opté pour un engagement politique déterminé : contre le pouvoir des États, pour la dérégulation globale.
Depuis 1998, Exxon a contribué aux campagnes électorales états-uniennes à hauteur de 3 900 000 dollars, dont 86 % ont été versés au Parti républicain, essentiellement directement au candidat George W. Bush [14].
La firme est actuellement dirigée par le très discret Lee R. Raymond, par ailleurs administrateur de J.P. Morgan Chase & Co. Si, compte tenu de son influence, il est devenu membre du Conseil des relations étrangères [15], de la Commission trilatérale et du Groupe de Bilderberg, c'est par son activisme et non en raison de statut social qu'il est devenu vice-président de l'American Entreprise Institute [16], le think tank qui porta George W. Bush à la Maison-Blanche [17]
[1] CIA World Factbook.
[2] Au XIXe siècle, le capitalisme de trust prétend être un libéralisme. C'est évidemment un artifice de communication, le mot « libéralisme » étant connoté positivement à l'époque. En réalité, le libéralisme est la doctrine de la liberté. En matière économique, il suppose des règles strictes de concurrence, donc l'interdiction des trusts et plus encore des cartels.
[3] Les sept sœurs, par Anthony Sampson, 1976.
[4] Voir les articles « Shell, un pétrolier apatride », par Arthur Lepic, Voltaire du 18 mars 2004, et « BP-Amoco, coalition pétrolière anglo-saxonne », par Arthur Lepic, Voltaire du 10 juin 2004.
[5] William Farish est le grand-père de William Farish III, gestionnaire des héritages reçus par George W. Bush et actuel ambassadeur des États-Unis à Londres.
[6] « Wall Street and the rise of Hitler », par Antony C. Sutton.
[7] Prescott Bush est le grand-père de l'actuel président George W. Bush.
[8] « An insider spills the beans on offshore banking centers », interview de Michael Hudson par Standard Schaefer, Counterpunch, 25 mars 2004.
[9] Voir l'article « Le despote ouzbek s'achète une respectabilité », par Arthur Lepic, Voltaire, 2 avril 2004.
[10] « Kazakhstan : Oil majors agree to develop field », par Heather Timmons, The New York Times, 26 février 2004.
[11] « Exxon-Mobil-sponsored terrorism ? », par David Corn, The Nation, 14 juin 2002.
[12] The tiger in the tanks, rapport de Greenpeace, février 2003.
[13] Les sites stopesso et exxonsecrets constituent à cet égard une mine d'informations qui va bien au-delà des simples activités de la multinationale.
[14] D'après les données du Center for Public Integrity, août 2004
[15] « Comment le Conseil des relations étrangères détermine la diplomatie US », Voltaire, 25 juin 2004.
[16] « L'Institut américain de l'entreprise à la Maison-Blanche », Voltaire du 21 juin 2004.
[17] L'Américain Entreprise Institute a créé pour cela, dans ses locaux, une association ad hoc, le Projet pour un nouveau siècle américain.
Sources :
Lien vers http://www.reseauvoltaire.net/article14693.html>
La Parenthèse enchantée (7/11) : Les reflets du modèle Enron
15 août, 2012 by Lalo
La candeur apparente avec laquelle les représentants du pouvoir et les médias commerciaux ont toujours négligé publiquement de percevoir les liens entre l’affaire Enron et le 11-Septembre constitue un cas exemplaire de parenthèse enchantée. D’une part, l’affaire Enron est sans conteste l’une des plus grandes fraudes de l’Histoire des États-Unis. D’autre part, l’un des hauts dirigeants d’Enron, Thomas White, a bien été nommé au Pentagone, quelques mois avant le 11-Septembre, durant le basculement institutionnel imposé aux États-Unis par Dick Cheney et George W. Bush, en mai 2001.
Et pourtant, quel que soit le nombre des personnalités de la sphère politique et du business américain impliquées à des niveaux divers dans cette affaire… quelle que soit la position déterminante de ces mêmes personnalités au moment des événements du 11-Septembre… quelle que soit la similitude évidente entre les déviances propres à l’escroquerie des dirigeants d’Enron et les anomalies qui caractérisent les événements du 11-Septembre… et quels que soient les bénéfices qui seront engrangés par certaines de ces personnalités sur la base des attentats survenus en 2001… le paradoxe veut qu’il soit naturel pour l’élite politico-médiatique occidentale d’admettre, d’un côté, la réalité de l’ensemble des crimes extraordinaires commis dans le cadre du scandale Enron, et cependant il est inconcevable pour cette élite d’envisager, de l’autre, que les personnalités impliquées dans ce scandale aient pu également ne pas être totalement vertueuses dans les circonstances du 11-Septembre. Et ce malgré l’ambiguïté de leurs activités durant ces événements : George Bush père, George Bush fils, Thomas White, Dick Cheney, Donald Rumsfeld, James Baker ou Frank Wisner, tous ces hauts responsables de l’appareil d’État américain auront su, chacun à leur manière, tirer profit du modèle Enron, et pourtant, aucun d’entre eux ne sera finalement incriminé, quelle que soit l’implication de ces hommes dans cette affaire comme dans le 11-Septembre. Tous bénéficieront en fin de compte de l’immunité délivrée par la magie de la parenthèse enchantée.
La Parenthèse enchantée (4/11) : Collusion au sommet du pouvoir
24 juillet, 2012 by Lalo
Une fois refermée la parenthèse enchantée du 11-Septembre durant laquelle l’action vertueuse et la sincérité de l’exécutif américain sont incontestables du point de vue des auteurs et des partisans de la version officielle sur cet événement, il est unanimement reconnu que l’invasion de l’Irak a été échafaudée sur une salve de mensonges rabâchés entre le printemps 2002 et l’été 2003 par ce même exécutif.
Mais si la duplicité de cette manœuvre guerrière a finalement éclaté au grand jour, elle est loin de représenter le seul effondrement démocratique lié à ce conflit pour le moins illégitime. En effet, il est tout aussi avéré que plusieurs sociétés en lien direct avec le gouvernement des États-Unis ont engrangé de gigantesques profits par le biais de la guerre en Irak. Parmi ces sociétés, Carlyle et Halliburton ont la particularité d’impliquer le sommet de l’exécutif étasunien, à savoir le Président George W. Bush et le Vice-président Dick Cheney. Et à ce titre, elles sont représentatives d’une collusion ostensible qui s’est banalisée à partir du 11-Septembre, devenant une "seconde nature" du fonctionnement étatique américain et qui, à force de récidives, ne semble plus choquer outre mesure au sein des institutions de ce pays. Et pourtant, d’un point de vue démocratique et citoyen, en quoi cela peut-il être salutaire que le pouvoir exécutif de la première puissance mondiale se subordonne ainsi – et de si bonne grâce – à l’économie de marché, et plus spécifiquement à une économie de guerre ?
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FAMILLE BEN LADEN EN AFFAIRE AVEC BUSH
"ECHAPPER À L'IMPÔT, C'EST SE TOURNER CONTRE L'INTÉRÊT GÉNÉRAL"
The Carlyle Group : entre paradis fiscaux et opacité...
Source : http://veritance.populus.org/rub/78
"LE GROUPE TESTS A VU LE LICENCIEMENT DE PLUS D'UN QUART DES SES SALARIÉS, LA SOCIÉTÉ BELGE REEF A ÉTÉ MISE EN LIQUIDATION, DIGIPLEX A ÉTÉ MISE EN FAILLITE..."
Une entreprise cherche toujours à réduire ses coûts. Pour cela il existe différentes méthodes : atteindre une taille critique, être innovant et dynamique, optimiser sa rentabilité… Avec le groupe Carlyle, la réduction des coûts passe par méthodes : licenciements massifs, domiciliation dans des paradis fiscaux, rachat d'entreprises sous la « contrainte économique »…
Nous avons déjà abordé dans un précédent article les licenciements massifs qu'ont subi les sociétés tout juste rachetées par le groupe Carlyle. Citons juste pour mémoire quelques exemples : le groupe Tests a vu le licenciement de plus d'un quart des ses salariés, la société belge Reef a été mise en liquidation, Digiplex a été mise en faillite…
Les paradis fiscaux
Le Carlyle group domicilie de nombreuses holdings et filiales dans des paradis fiscaux. Rappelons que l'existence des paradis fiscaux est légale, mais constitue un aspect important de la criminalité financière. Rappelons également que l'impôt est le moyen de consacrer une partie de la richesse issue de l'activité économique à la vie de la « Cité ». Donc échapper à l'impôt, c'est se tourner contre l'intérêt général pour son seul profit.
La société Digiplex qui a été mise en liquidation était domiciliée au 3 Bd Prince Henri… au Luxembourg (paradis fiscal) [1], et exerçait son activité en Suisse (paradis fiscal). Prenons un autre exemple : Carlyle Luxembourg Participations II. Cette dernière est domiciliée au Luxembourg (paradis fiscal). Elle a été constituée en juillet 1999 par la société Carlyle Europe Partners LP, domiciliée à Guernsey (paradis fiscal), devant maître Elvinger (du cabinet Hoss, Prussen & Elvinger), lui-même notaire au Luxembourg.
L'opacité des filiales du groupe Carlyle
En mars 2000, la réunion d'une assemblée extraordinaire des actionnaires transforme la dénomination sociale de Carlyle Luxembourg Participations II en TPI Participations SARL (toujours domicilié au Luxembourg…paradis fiscal), et nomme trois gérants, dont Alice Albright (fille de Madeleine Albright, ancienne-secrétaire d'Etat sous l'administration Clinton). Pour la petite histoire, (outre le fait que l'on retrouve une fois de plus l'imbrication du monde politique et du monde économique autour du groupe Carlyle) le nom d'Alice Albright apparaît dans le scandale du financement de l'Université publique du Texas par le Carlyle Group…
De plus, les fondateurs du groupe Otor, un des leaders européens de la cartonnerie, ont déposé une plainte au Tribunal de grande instance de Paris pour détournement de fonds. En 2000, quand le groupe Carlyle a pris des participations dans le groupe Otor, 20 millions de francs (soit 3 millions d'euros) auraient disparu en transitant par le Carlyle Luxembourg Participations II…[2] Les tribunaux n'ont toujours pas rendu leur jugement.
Des investigations plus poussées permettent de découvrir que TPI Participations SARL détient plus de 2/3 du capital social de Carlyle Europe Holding II. Cette société est domiciliée au 7 rue Bridaine à Paris, au nom d'Antoine Cocquebert [3], qui est expert comptable et commissaire aux comptes dans sa propre société WIRED. Pour résumer, un simple particulier domicilie une holding en plein Paris dans un appartement…
Les citoyens sont en droit de se demander pourquoi le groupe Carlyle entoure ses opérations et ses domiciliations d'autant d'opacité, et qu'il refuse de contribuer au bien-être de la communauté aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe…
Sources :
[1] Registre du commerce du canton de Zurich, N° de registre : CH.020.4.021.256.2/
[2] « Otor-Velin à Eloyes appelle au secours », L'Est Republicain, 18/12/2002.
[3] www.societe.com
Mirmillon
Sources :
Lien vers http://www.infocrise.org/article.php3?id_article=59>
Le groupe Carlyle : entre Bush et ben Laden
POLITIQUE D'INFLUENCE US ET MAGOUILLES FINANCIÈRES : THE CARLYLE GROUP
Qu'y a-t-il de commun entre la famille Ben Laden, la famille Bush, Casema (télécommunications), QinetiQ (défense), Vinnell (conseillers militaires), la BCCI (banque), Bofors (défense) et le Pentagone ?
Le Carlyle Group.
Un réseau de conseillers prestigieux
Fonds d'investissement étasunien, le groupe Carlyle est dirigé depuis janvier 2003 par Louis Gerstner, ancien patron d'IBM. Jusqu’à cette date, Franck Carlucci, ancien Secrétaire d’État à la Défense sous Ronald Reagan entre 1987 et 1989, et ancien patron de la CIA, était aux commandes. Les liens noués avec le monde politique et économique international sont très forts. On retrouve notamment comme conseillers permanents ou occasionnels Georges Bush (ancien président des USA), Otto Pohl (ex-président de la Bundesbank), John Major (ex-premier ministre de Grande-Bretagne), Arthur Levitt (ex-président de la Security Exchange Commission), James Baker (ancien secrétaire d'état de Bush senior), Karl Fidel Ramos (ex-président des Philippines), Henri Martre (transfuge de Matra Aérospatiale)…. Même G. W. Bush, actuel président des États-Unis, a travaillé un temps pour Caterair, une des filiales du groupe et, jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, des membres de la famille Ben Laden faisait même partie du conseil d’administration [1].
Offensive sur « Le Figaro »
Carlyle gère près de 13 milliards d’euros dans différents secteurs : industries d’armement, télécommunications, hautes technologies, industries pharmaceutiques, presse et papeterie... Le groupe contrôle à présent plus de 160 sociétés réparties dans 55 pays, dont la France. C’est le bureau français qui en juillet 1999 s'était fait remarquer en contrôlant 40 e la holding financière du Figaro, via des opérations de conversion d’actions et d’obligations. Suite aux craintes de voir le quotidien national passer sous contrôle du fond étasuniens, les pressions médiatiques et politiques ont permis que Dassault entre dans le capital et que Carlyle s’en retire en cédant la totalité de ses parts de la Socpresse. Malgré cet échec, Carlyle a réussi à pénétrer la presse française en prenant d’importantes parts d’Aprovia, qui regroupe une grande partie de la presse professionnelle dont les groupes Tests et Moniteur.
La Défense et l’Armement
Les activités liées à l'Armement et à la Défense ont fait du groupe Carlyle un des plus importants fournisseurs du Pentagone. Le gouvernement US représente 80 es ventes de United Defense Industries dont le groupe Carlyle contrôle 54 u capital, soit une valeur de 560 millions de dollars [2]. Une grande partie de ses commandes dépend donc de l'administration en place. Or, la conjoncture actuelle semble très favorable au groupe étant donné les liens étroits qu’il entretient avec la famille Bush. Suite aux nouvelles menaces du terrorisme, l’armée US a commandé au Congrès, pour quelques 500 millions de dollars, un nouveau char dont elle aurait besoin pour de futures opérations terrestres : le Crusader. Or c’est la United Defense Industries (filiale du groupe Carlyle) qui construit le char Crusader.
La famille Ben Laden a investit 2 millions de dollars dans le fonds de participation « Carlyle Partners II fund », dans lequel se trouve United Defense Industries. Les liens entre le groupe Carlyle et des Séoudiens ne sont pas nouveaux. En 1991, la compagnie avait réalisé une opération de 590 millions de dollars pour le prince Alwaleed ben Talal qui souhaitait investir dans Citicorp.
De plus, le groupe Carlyle a servi de conseiller à la monarchie séoudienne sur l'Economic Offset Program. Ce programme permettait la vente d’armes étasuniennes à l’Arabie Séoudite. En retour, les États-Unis s’engageaient à acheter certains produits séoudiens. Par ailleurs, Carlyle a longtemps été un des actionnaires principaux de BDM International, chargé d’entraîner et de structurer la garde nationale séoudienne et les forces aériennes séoudiennes par le biais de Vinnell Corp. Franck Carlucci a été membre du conseil d’administration de BDM International pendant la majeure partie des années 1990). BDM International est passé sous le contrôle de TRW International en 1997.
Au conseil d’administration du groupe Carlyle, on retrouvait récemment Sami Baarma, directeur de la Prime Commercial Bank du Pakistan, dont Khalid Ben Mafhouz est le patron. Or, ce dernier est associé au scandale de la BCCI (12 milliards de dollars disparus en fumée lors de la banqueroute) dont il détenait 20 Reconnu coupable de dissimulation fiscale, il a dû s’acquitter d’une amende de 225 millions de dollars et est désormais interdit d’exercer un métier bancaire aux États-Unis. Khalid Ben Mahfouz a acquis 11,5 e Harken, société que présidait G. W. Bush, via son homme d'affaires aux États-Unis, Abdullah Taha Bakksh [3]. Harken, avait obtenu l'exploitation exclusive du gaz et du pétrole de l'émirat du Bahreïn pour 35 ans, alors qu'elle n'avait aucune expérience des forages off-shore... En juin 1990, quelques semaines avant le déclenchement de l’opération Desert Storm, Bush liquidait sa participation dans Harken, 850 000 $, et une semaine après, Harken annonçait des pertes records de 23 millions de dollars [4]. Quant à Khalid Ben Mafhouz, il a été arrêté en août 2000 sous l'administration de Clinton et placé sous mandat d'arrêt dans un hôpital militaire d’Arabie Séoudite. Ben Mahfouz fait partie des personnes activement recherchées pour soutien à l'organisation El Quaïda via des organisations humanitaires islamiques.
Désormais, la branche « Armement » de Carlyle cherche à prendre position en Europe. En 2001, United Defense Industries a pris le contrôle de la compagnie suédoise Bofors Defense, spécialisée dans le développement d’armes dites « intelligentes ». Plus récemment, la Commission européenne a autorisé l’acquisition de QinetiQ, un laboratoire de recherche britannique de défense, par le groupe étasunien voir communiqué.
Pas coté en Bourse...
Autre détail intéressant, le groupe Carlyle n’est pas coté en bourse, et cela présente plusieurs avantages. Hors du circuit boursier, Carlyle n’est pas obligé de divulguer à la Security Exchange Commission (la commission américaine chargée de veiller à la régularité des opérations boursières ; l’équivalent de la COB en France) le nom des associés, des actionnaires, pas plus que leurs parts respectives. Cela permet également de dissimuler les détails des opérations gênantes : quand le président Bush achète de l’armement à Carlyle, c’est notamment son père qui se frotte les mains !
La discrétion du groupe a été mise à mal par les révélations de deux organismes non gouvernementaux, Judicial Watch et Center for Public Integrity, qui épluchent chaque année les textes du Congrès et les documents déclassifiés de la CIA et du FBI. Ces organismes ont dénoncé cet état de fait sur leurs sites respectifs, informations par la suite reprises par le Wall Street Journal et la BBC. En pleine préparation de conflit en Irak, sûr que le groupe fera reparler lui...
[1] « Carlyle, la pieuvre », Politis n°722 et « Carlyle a-t-il réellement abandonné Yeslam ? », Intelligence Online, 25/04/2002.
[2] truthout.org et corpwatch.org
[3] Intelligence News Letter, 2 mars 2000 et Les sulfureux réseaux de George W. Bush, Intelligence Online, 09/11/2001.
[4] US News and World Report, 1992.
Par MIRMILLON
Sources :
Lien vers http://www.infocrise.org/article.php3?id_article=43>
Manifestations contre la guerre et le groupe Carlyle à New York
PLUS DE 70 PERSONNES ARRÊTÉES ALORS QU'ELLES PROTESTAIENT CONTRE LA GUERRE EN IRAK DEVANT LE SIÈGE DU GROUPE CARLYLE
Plus de 70 personnes ont été arrêtées lundi 7 avril 2003 par la police de New York alors qu'elles protestaient contre la guerre en Irak devant le siège du groupe Carlyle à Manhattan [1]. Des manifestants de la M-27 Coalition (www.m27coalition.org) s'étaient allongés sur les trottoirs de la 56ème rue, près de 5ème avenue devant l'entrée des bureaux new-yorkais du groupe Carlyle [2]. Cette manifestation faisait partie du « National Day of Direct Action » mené de concert avec les manifestations d'Oakland (Californie) contre les groupes étasuniens et britanniques qui soutiennent la guerre. C'est le même collectif antiguerre qui avait organisé le matin du 27 mars dernier un sit-in en plein cœur de Manhattan à l'heure de pointe.
Les manifestants accusent le Carlyle group de directement bénéficier de la guerre en Irak, et d'avoir encouragé cette dernière grâce à ses relations étroites avec l'administration Bush (George H. Bush, père de l'actuel président, est toujours conseiller pour Carlyle). Plus de 300 manifestants se seraient rassemblés devant le groupe Carlyle pour scander : « Carlyle gets fat on war » (Carlyle s'engraisse avec la guerre) [3]. Ce fonds d'investissement privé pèse plus de 14 milliards de dollars, dont 5 st dédiés au secteur de la Défense.
Ces manifestants antiguerre ont vivement critiqué la police qui a procédé à plus de 70 interpellations d'individus qui se contentaient d'observer de l'autre côté de la rue ceux qui bloquaient l'accès aux bureaux. Bien qu'ils se soient pliés aux injections de la police et ne provoquaient pas de troubles à l'ordre public [4], ils ont été arrêtés pour désobéissance civil, obstruction à l'administration gouvernementale et…obstruction à la circulation des piétons !
Face aux manifestants, nous retrouvons une fois de plus Chris Ullman (déjà présent lors des manifestations contre le groupe Carlyle à San Francisco) qui a juste répondu que « Carlyle était fier de contrôler des sociétés qui fabriquent des produits permettant de protéger les Etats-Unis. » [5]. Il s'est dit prêt à « expliquer » les liens du groupe Carlyle et ses profits dûs à la guerre : media@thecarlylegroup.com.
Les manifestations semblant se déplacer vers l'Est : San Francisco, New York…la prochaine étape serait-elle l'Europe ? Rappelons que le groupe Carlyle possède des bureaux à Paris au 112, av. Kléber 75116 Paris !
[1] www.guardian.co.uk/Iraq/Story/0,2763,932151,00.html
[2] www.nytimes.com/2003/04/08/nyregion/08PROT.html ?ex=1050379200&en=4d2527761b369aa5&ei=5062&partner=GOOGLE
[3] www.iol.co.za/index.php ?click_id=3&art_id=qw1049734262124B262&set_id=1
[4] www.newsday.com/news/local/wire/ny-bc-ny--fifthavenueprotes0408apr08,0,1780102.story ?coll=ny-ap-regional-wire
[5] www.cnn.com/2003/US/Northeast/04/07/ny.protest
Sources :
Lien vers http://www.infocrise.org/article.php3?id_article=57>
LES ROUAGES D'UNE MACHINATION INFERNALE
Pour bien comprendre les rouages qui s'imbriquent dans la politique de notre monde et lui font plus de mal que de bien, il faut saisir le fonctionnement de certaines sociétés occultes qui tissent leur toile au travers de réseaux d'affaires compliqués mais qui ont tous un lien commun... LE POUVOIR ABSOLU. Carlyle fait partie de ces entités colossales dont on sait peu de choses tant l'enchevêtrement de leurs liens est complexe. L'ombre de Bush Père règne sur ce conglomérat mais il n'y a pas que lui...
Complexe militaro-industriel états-unien
Le Carlyle Group, une affaire d'initiés
Premier gestionnaire mondial de portefeuilles, le Carlyle Group rassemble le gratin de la politique mondiale. Piloté par l'ancien secrétaire à la Défense Frank Carlucci, il comprend aussi bien George Bush père que les Ben Laden, George Soros, Mikhail Khodorkovsky ou John Major. Il s'est spécialisé dans la prise de contrôle de sociétés d'armement et de médias. Profitant de la présidence d'un de ses anciens cadres, Bush fils, il influe selon ses intérêts sur la politique étrangère des États-Unis. Usant et abusant de ses relations, le groupe réalise 30e retour sur investissement au risque de se voir régulièrement mis en cause dans des affaires d'initiés et de corruption.
Le Carlyle Group est né, au milieu des années 1980, à la faveur d'une affaire d'esquimaux. Au terme d'un accord avec l'État fédéral, des sociétés d'Alaska ont reçu, en 1971, d'importantes subventions du gouvernement fédéral pour créer des entreprises sur place. Quinze ans plus tard, la plupart de ces sociétés avaient accumulé des dettes considérables et menacaient de déposer le bilan. Le sénateur de l'Alaska, Ted Stevens, parvint alors à faire adopter une clause dans la loi fiscale de 1984 autorisant ces sociétés à vendre leurs dettes à des compagnies états-uniennes florissantes, en échange d'un cadeau fiscal. En clair, une société esquimau ayant perdu 10 millions de dollars en une année fiscale peut vendre ses dettes 7 millions de dollars. L'acheteur états-unien peut, quant à lui, retrancher 10 millions de dollars des bénéfices déclarés à l'IRS, profitant ainsi d'une réduction fiscale de 3 millions de dollars [1].
Stephen Norris, cadre dirigeant de la division fusion-acquisition de la société Marriott, réalise que cette niche fiscale constitue un filon à exploiter. Son objectif : trouver des sociétés basées en Alaska disposées à vendre leurs dettes, les mettre en contact avec des compagnies états-uniennes, et empocher au passage 1 e commission. Pour monter l'opération, il débauche David Rubinstein, ancien membre de l'administration Carter [2], qui travaille alors depuis 6 ans, au sein du cabinet Shaw, Pittman, Potts & Trowbridge et de G. William Miller & Co, également au service fusion-acquisition. David Rubinstein bénéficie d'un impressionnant carnet d'adresses qui lui permet de trouver les interlocuteurs des deux côtés.
Le succès de l'opération, conduite au sein de Mariott, incite les deux hommes à quitter la structure pour s'installer à leur compte. En quelques mois, ils s'arrogent ainsi 1ur un milliard de dollars de réductions d'impôts obtenu, soit 10 millions de dollars. Le tout au sein d'une société nouvellement créée, et qu'ils vont nommer comme le Carlyle Hotel de New York, où ils tiennent la plupart de leurs rendez-vous. Le Carlyle Group est né.
Errements financiers, progrès politiques
Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le gouvernement fédéral supprime rapidement cette niche fiscale. Rubinstein et Norris se reconvertissent alors dans le rachat d'entreprise, dans la conjoncture économique florissante des années 1980. Le but du jeu consiste à obtenir des prêts auprès de grandes banques, à acquérir des positions importantes dans des sociétés en difficulté, en prendre le contrôle à bas prix, réorienter leur politique commerciale puis les revendre à un prix supérieur. Le principal mode d'action est le rachat d'entreprise financé par l'endettement [3].
Les débuts sont chaotiques, Stephen Norris et David Rubenstein découvrant progressivement la nature impitoyable de l'univers économique dans lequel ils souhaitent opérer. Plusieurs opérations de rachat échouent au profit de sociétés plus rompues à l'exercice, tandis que d'autres réussissent, mais sans générer les profits escomptés. Au contraire, les pertes s'accumulent pour Carlyle en 1987-88. Les deux associés cherchent donc du renfort et recrutent plusieurs personnalités telles que Dan D'Aniello et William Conway, ancien dirigeant du service financier de MCI Communications.
Le plus gros coup est le recrutement d'un professionnel avisé de la finance, au passé politique controversé, Frederic V. Malek. Ce dernier, ancien chef du personnel du président Nixon, subit de plein fouet, en septembre 1988, un article du Washington Post relatant les délires paranoïaques et antisémites du président Nixon. On y apprend que Malek a, en juillet 1971, établi à la demande du président un listing des employés juifs du Bureau du Travail et des Statistiques, une démarche qui a abouti à l'époque à la mise au placard de deux fonctionnaires juifs situés haut dans l'organigramme, Peter Henle et Harold Goldstein. Le jour même de l'éclatement de l'affaire, qui compromet gravement sa carrière politique, il reçoit un appel de Stephen Norris qui l'invite à rejoindre Carlyle. Pour la société de Washington, c'est une façon inespérée de recruter un homme extraordinairement bien introduit dans le milieu des affaires états-uniens. Dans son carnet d'adresses figurent notamment les noms du président George H. W. Bush et de son fils, George Walker Bush, futur président. Avec lui, Carlyle peut acquérir une nouvelle dimension.
Cette nouvelle dimension ne concerne pas la réussite financière, mais plutôt le développement incroyable des connexions politiques de la firme, qui permettront, plus tard, d'importants succès. À l'époque, le premier projet concerne la reprise en main de Craterair, une société fournissant les repas aux passagers des vols de plusieurs compagnies aériennes. Le président directeur général de Marriott, J. W. Marriott, souhaite en effet se débarrasser de ce poids mort de sa compagnie, en 1989. Dan Altobello, qui dirige ce secteur, propose immédiatement à Carlyle de le racheter. Ce choix apparaît aujourd'hui comme une évidence : Norris, Malek et D'Aniello sont en effet tous les trois des anciens dirigeants de Marriott.
C'est Frederic V. Malek qui s'occupe de l'opération, à laquelle il fait participer George W. Bush, fils du président de l'époque. L'expérience du fils Bush dans le milieu du pétrole n'a a priori aucun rapport avec ses nouvelles fonctions de membre du conseil d'administration de Craterair. C'est donc ailleurs qu'il faut chercher les raisons de son recrutement, des raisons révélatrices des nouvelles méthodes de Carlyle. En réalité, Malek joue un jeu à trois bandes : d'un côté, il vient de négocier, loin de Carlyle, la reprise de la compagnie aérienne Northwest, dont il est le PDG. Cette compagnie a très souvent recours aux services de Caterair. De plus, elle a besoin d'autorisations fédérales en matière de régulation aérienne pour développer son activité. Le recrutement de George W. Bush, qui a besoin d'étoffer son CV dans le monde des affaires, permet d'envisager l'octroi des autorisations par l'entremise de son père, qui siège à la Maison-Blanche, et donc un regain d'activité pour Caterair. La boucle est bouclée. La Guerre du Golfe, qui amène la peur des attentats et la hausse des prix du pétrole entraîne malheureusement pour Carlyle une crise du secteur de l'aviation civile. L'audacieux montage subit donc un échec cuisant. Mais la compagnie de Norris et Rubinstein a, entre temps, considérablement accru ses contacts politiques [4].
Frank Carlucci : l'homme des services au service de Carlyle
En 1988, l'administration Reagan quitte la Maison-Blanche. Carlyle, fidèle à sa tradition, décide d'en recruter les meilleurs éléments. Le choix se porte sur Franck Carlucci [5], qui vient juste de quitter son poste de secrétaire à la Défense. Le 26 janvier 1989, il devient vice-président du Carlyle Group, ouvrant une nouvelle ère pour la société.
C'est en effet un renfort politique de très haute valeur. Très impliqué dans la Guerre froide, au cours de laquelle il a fomenté un grand nombre de coups fourrés dans divers endroits de la planète, Carlucci est l'homme des services états-uniens, ancien camarade de classe de Donald Rumsfeld à Princeton. Il est vice-directeur de la CIA en 1978, sous l'administration Carter, avant d'intégrer le département de la Défense de l'ère Reagan, sous la direction de Caspar Weinberger. Après un passage, en 1982, à la Sears World Trade [6] où il est impliqué dans une affaire de trafic d'armes liée à la CIA, il est nommé en 1986 à la tête du Conseil de sécurité nationale, en remplacement de l'amiral John Poindexter, carbonisé par l'affaire Iran-Contra. En novembre 1987, il remplace Caspar Weinberger au poste de secrétaire à la Défense, pour les dix-huit derniers mois de l'administration Reagan. Au cours de cette période, il se familiarise avec le processus d'élaboration du budget des armées et de ventes d'armes. Une expérience précieuse pour son futur poste au sein de Carlyle.
Frank Carlucci va ainsi être à l'origine du premier rachat lucratif pour Carlyle dans le milieu de l'armement. Il est en effet proche de Earle Williams, le président de BDM International, une société de conseil en questions de défense, filiale de Ford Aerospace. Ce dernier a réussi le tour de force de se faire nommer à la Naval Research Advisory Board, qui conseille la Navy états-unienne sur ses choix stratégiques à long terme, permettant ainsi à BDM d'obtenir de juteux contrats. Le tout en recrutant simplement, au sein de BDM, la femme de Melvyn Paisley, alors en charge de l'attribution des contrats de la Navy. Ce dernier rejoint même les rangs de BDM après avoir quitté ses fonctions en 1987.
Ce joyeux cocktail de corruption, de trafic d'influence et de fraude fait finalement l'objet d'une enquête d'envergure à l'été 88, qui aboutit à la mise en accusation de douzaines de responsables du Pentagone, en regard de leur attribution des contrats de défense. Le plus éminent d'entre eux n'est autre que… Melvyn Paisley. Le scandale éclabousse donc logiquement au passage BDM, dont la valeur chute dramatiquement, laissant la place libre à des repreneurs. Achetée 425 millions de dollars par Ford Aerospace en 1988, elle est rachetée 130 millions par Carlyle en 1990, grâce aux bons offices d'Earle Williams qui y conserve son poste de président, tandis que Carlucci et William Conway font leur entrée au conseil d'administration. Le succès de Carlyle est complet.
En quatre ans, le Carlyle Group a mis en place les bases de son succès futur : un savoir-faire financier, un carnet d'adresses politiques fourni et une spécialisation dans le secteur de la Défense où précisément les contacts politiques de haut-niveau sont essentiels. La période qui suit est une mise en application des leçons tirées du passé. C'est aussi la période qui voit William Conway prendre une part de plus en plus importante dans les décisions du groupe. C'est un homme d'affaires réputé pour son flair dans le monde de la finance, mais aussi pour ses méthodes de management autoritaires et conservatrices. Il est à l'origine, avec David Rubinstein, de la reprise mouvementée de la division Défense et Aérospatiale de LTV Corp, qui renforce la réputation du groupe.
Carlyle dans les eaux saoudiennes
À la même période, le Carlyle Group noue des relations avec l'Arabie saoudite. Profitant de la guerre du Golfe et d'une diplomatie états-unienne tournée vers le régime des Saoud, Carlyle rentre en contact avec le prince Alwaleed bin Talal, alors âgé de 35 ans, neveu du roi Fahd ayant fait ses études aux États-Unis. Devenu très riche d'une manière qui reste aujourd'hui inconnue, il souhaite à l'époque investir aux États-Unis. Le climat politique y est favorable, et la crise financière incite les banquiers à chercher de l'argent là où ils en trouvent. L'une des plus grandes banques du pays, la Citicorp, cherche ainsi 1,5 milliard de dollars pour rester à flot. Conscient de l'opportunité, le prince Alwaleed passe par un cabinet d'affaires de Washington pour intervenir. Ce cabinet lui conseille d'avoir recours aux services du groupe Carlyle, qui possède de nombreux atouts en matière de connexion politique qui peuvent se révéler utiles au prince. La manœuvre se heurte néanmoins à l'opposition de plusieurs membres du Congrès, hostiles à la prise de contrôle des banques états-uniennes par des investisseurs étrangers. L'entregent de Stephen Norris permet finalement d'obtenir l'agrément indispensable du Federal Reserve Board, à condition que le prince Alwaleed n'intervienne pas dans la gestion de la banque. Le 21 février 1991, le Carlyle Group peut donc se vanter d'avoir permis l'investissement de 590 millions de dollars du prince saoudien dans l'une des principales banques états-uniennes. La manœuvre permet au prince d'être potentiellement détenteur de 15 es actions de la banque, devenant ainsi l'un de ses principaux actionnaires.
Des déclarations à l'emporte-pièce de Stephen Norris, revendiquant pour Carlyle le sauvetage de la banque et sous-entendant que le prince chercherait certainement à influer sur les décisions du conseil d'administration, amènent finalement le Federal Reserve Board à revenir partiellement sur son autorisation. Il n'empêche, le Carlyle Group a réussi son entrée sur la scène internationale.
La société va profiter de son avantage pour acquérir, en 1992, une entreprise peu connue, Vinnell, qui doit servir de relais au Proche-Orient pour l'expertise militaire détenue par Carlyle. Vinell est une société privée dont l'activité consiste à entraîner des armées étrangères lorsque celles-ci en ont besoin. Elle forme depuis 1975 les forces armées saoudiennes, et ses mercenaires, composés des éléments les plus aguerris des Special Forces, ont combattu aux côtés des troupes régulières lors de la Guerre du Golfe, en 1991. A l'époque, une commission d'enquête parlementaire diligentée par le sénateur Henry Jackson avait révélé que les critères de recrutement exluaient que soit embauché toute personne de religion juive. On retrouve ensuite la société lors du scandale de l'Irangate, puisque Richard Secord, général à la retraite de l'Air Force travaillant pour Vinnell fût impliqué en tant que complice d'Oliver North. En 1987, un article de Time Magazine met à nouveau en cause la société de mercenaires en révélant que deux de ses employés auraient été impliqués dans la tentative avortée de renversement du Premier ministre de Grenade, l'homme de gauche Maurice Bishop.
La reprise par Carlyle ne va rien changer aux activités de Vinnell. Au contraire, elle va s'accompagner d'un renforcement de la présence militaire états-unienne dans la région, de 1992 à 1995. En 1995, les bureaux à Riyad de Vinnell et de BDM, deux sociétés détenues par Carlyle, sont soufflés par un attentat meurtrier qui fait sept morts, dont cinq États-uniens. Les bureaux visés sont ceux soutenant le contrat de Vinnell auprès de la Garde nationale, à une époque où de nombreux Saoudiens souhaitent voir l'armée états-unienne quitter le pays. L'affaire fait grand bruit aux États-Unis et de nombreux témoignages anonymes font alors ressortir que Vinnell est, en réalité, une façade pour les interventions de la CIA, chargée, en Arabie saoudite, d'infiltrer l'armée nationale. D'après un ancien employé, même après le rachat par BDM (donc Carlyle) de la société, celle-ci aurait conservé toute son autonomie. Voilà qui lève une part du voile sur la couleur politique et les intentions des dirigeants du Carlyle Group. Ceux-ci ont néanmoins revendu Vinnell en 1997 [7], ce qui n'empêche pas celle-ci de continuer son œuvre en Arabie saoudite. Un rôle qui lui valut d'être au cœur d'importantes polémiques après les attentats du 11 septembre et l'apparition, au sein de l'administration Bush, d'un violent courant anti-saoudien.
Un renfort de choix : James Baker III
En 1993, le Carlyle Group poursuit son parcours du combattant pour parvenir au sommet du monde de la finance. Pour cela, il a besoin d'un nouvel atout pour ses relations publiques et politiques, une figure reconnue plus disponible que Frank Carlucci, devenu entre-temps membre du conseil d'administration de 32 sociétés, dont certaines n'appartiennent pas à Carlyle. À la fin de l'ère Bush, en 1992, David Rubenstein, Frank Norris et William Conway se rendent donc à la Maison-Blanche pour y débusquer l'oiseau rare : ce sera James A. Baker III [8]. Ce dernier dispose d'impressionnants états de service au profit des républicains : sous-secrétaire d'État au Commerce sous Ford en 1975, il fût directeur des campagnes de Ford, Reagan et Bush, directeur de cabinet de Ronald Reagan de 1981 à 1985, secrétaire au Trésor de 1985 à 1988, puis secrétaire d'État sous George Bush père de 1989 à 1992. Après la défaite de ce-dernier face à William Jefferson Clinton, il retourne vers le monde des affaires d'où il est issu, en acceptant des responsabilités à la fois pour Enron et pour le Carlyle Group. L'annonce de son recrutement par la société basée à Washington déclenche une effervescence médiatique autour de Carlyle, et on annonce même l'arrivée prochaine au sein du groupe de Colin Powell. En tout état de cause, l'arrivée de Baker renforce considérablement la position de Carlyle.
Le nom de James Baker va permettre au groupe de lever des fonds importants, ce qui avait été impossible jusque-là. Le premier objectif, fixé par David Rubinstein à 500 millions de dollars, sera rapidement dépassé, grâce à l'arrivée du financier George Soros, qui vient, en 1992, de mettre la livre anglaise à genoux [9]. Celui-ci accepte d'investir 100 millions de dollars dans la société, mais aussi évidemment de lui apporter sa propre notoriété de financier hors-pair. Ce qui permet à Carlyle de lever, en 4 ans, plus de 1,3 milliard de dollars, soit plus de deux fois la somme initialement recherchée. Les rachats sont alors couronnés de succès, le groupe se focalisant sur les domaines liés à la Défense et aux ventes d'armes, deux terrains qui nécessitent des contrats avec le gouvernement. Or la proximité avec les décideurs politiques est désormais la spécialité de Carlyle. Le groupe va ainsi fleurir, faisant gagner près de 30 % annuels à ses actionnaires.
La liste des membres du Carlyle continue elle aussi à s'allonger, avec l'arrivée de George Bush Sr au rang de « conseiller supérieur », celui-ci étant devenu un ami proche de David Rubinstein, mais aussi de l'ancien Premier ministre conservateur britannique, John Major, qui est chargé des investissements en Europe, fin 1997. Le Carlyle Group bénéficie également du soutien du fonds de pension de la Banque mondiale, dont il a recruté l'ancienne trésorière en charge des investissements, Afsaneh Mashayekhi Beshloss. Celle-ci avait confié une bonne partie des fonds à sa disposition à Carlyle.
Carlyle multiplie ses investissements à l'étranger, notamment en Amérique latine, en Russie (avec l'oligarque Mikhail Khodorkovsky [10]) et en Europe, ainsi que le recrutement de responsables politiques tels que le Premier ministre de Corée du sud, Park Tae-joon et l'ancien Président des Philippines, Fidel Ramos. Et ceux qui ne peuvent y travailler, y envoient leurs proches, comme Madeleine Albright qui fait engager sa fille Alice.
L'arrivée de George W. Bush à la présidence des États-Unis est une consécration pour le Carlyle Group. Le nouveau résident de la Maison-Blanche doit en effet sa nomination au travail de sape juridique fourni par James Baker III, membre du Carlyle Group, et aux amitiés politiques de son père, George H.W. Bush, également lié au fonds d'investissement de Washington. Carlyle a même financé la campagne politique des républicains à hauteur de 359 000 dollars, contre 68 000 seulement pour les démocrates. Le désavantage de cette politique est qu'elle attire vers la société l'attention de l'ensemble des médias états-uniens.
Bush père et fils : la diplomatie Carlyle
Le premier véritable scandale éclate en mars 2001, lors d'une visite de Bush senior en Arabie saoudite, en tant que responable du Carlyle Group. Sa rencontre avec le roi Fahd suscite de nombreuses interrogations dans la presse états-unienne : s'agit-il d'une rencontre diplomatique ? d'un voyage d'affaires privées ? des deux à la fois ? Des questions d'autant plus légitimes que l'ancien président des États-Unis, accompagné de John Major, profite de l'occasion pour rencontrer d'anciens partenaires en affaires, la famille Ben Laden, alors même que l'un des frères, Oussama ben Laden, est déjà considéré comme une menace terroriste par les services de renseignement états-uniens.
Le deuxième dossier majeur concerne la Corée du Sud. L'arrivée au pouvoir de George W. Bush a été caractérisée par une politique extrêmement agressive à l'égard de la Corée du Nord, qualifiée d'« État voyou ». Les pays de la région, tels que la Corée du Sud ou la Thaïlande, voient d'un mauvais œil cette escalade diplomatique, et remettent alors gravement en cause leurs accords signés avec Carlyle en mai 1999, lors d'une visite de George Bush Sr. Des contacts privilégiés existent entre la société et de nombreux dirigeants locaux, puisque Carlyle compte dans ses rangs le Premier ministre sud-coréen élu en 2000, Park Tae-joon, mais aussi son gendre, Michael Kim, chargé de gérer les intérêts coréens aux États-Unis, et l'ancien Premier ministre thaïlandais, Anan Panyarachum.
Cet édifice patiemment construit est subitement mis à mal par les déclarations du nouveau président états-unien, lui-même influencé par les faucons de son administration. George W. Bush semble jouer contre son propre camp. Il est vite ramené à la raison.
Le 6 juin 2001, George W. Bush opère un revirement subit et annonce la reprise du dialogue avec Pyongang. Quatre jours plus tard, le New York Times évoque des discussions entre le père et le fils Bush ayant provoqué cette décision : selon le journal, Bush père, convaincu que son fils était indûment influencé par le Pentagone, lui aurait conseillé d'adopter une position plus modérée sur ce dossier. Il aurait argué du fait qu'une position dure à l'encontre de la Corée du Nord mettrait à mal le gouvernement sud-coréen, et nuirait en conséquence aux intérêts états-uniens dans la région. Une ingérence bien inhabituelle à la tête d'une démocratie aussi solidement enracinée que celle des États-Unis.
Il ne s'agit pas là d'un acte isolé : le 18 juillet 2001, le New York Times rend compte d'une nouvelle intervention de l'ancien directeur de la CIA dans la diplomatie états-unienne. George Bush père aurait en effet appelé le prince héritier de l'Arabie saoudite Abdullah, de la part de son fils, afin d'assurer le gouvernement saoudien que « le cœur [de son fils] est du bon côté », par rapport au Proche-Orient. Un appel rendu nécessaire par la politique uniquement pro-israélienne menée par l'actuel président. D'après le journal, ce dernier était présent lors du coup de téléphone. Ces révélations suscitent de violentes réactions de la part des organisations civiques tournées vers la moralisation de la vie politique. Nombreuses sont celles qui demandent alors que Bush père démissionne du Carlyle Group, s'il souhaite jouer un rôle dans la diplomatie du pays.
Le 11 Septembre : la Divine providence pour le Carlyle Group
La polémique est certes vivace, mais reste minime par rapport à celle qui attend les actionnaires de Carlyle à la fin de l'été 2001. La société est en effet au cœur de l'événement le plus traumatique qu'aient connu les États-Unis depuis Pearl Harbour : les attentats du 11 septembre 2001.
Ce jour là, le Carlyle Group tient sa conférence internationale annuelle pour les investisseurs à l'hôtel Ritz Carlton de Washington DC. Frank Carlucci, James Baker III, David Rubenstin, William Conway et Dan D'Aniello ont convié une galerie d'anciens dirigeants venus des quatre coins de la planète, d'anciens experts en question militaires, de riches Arabes venus du Proche-Orient et plusieurs investisseurs internationaux majeurs, qui peuvent ainsi assister aux attaques terroristes sur écran géant. Parmi les personnalités, on trouve notamment Shafiq Ben Laden, officiellement « brouillé » avec son frère Oussama, et George Bush père. Ce dernier aurait, d'après le porte-parole de Carlyle, quitté la convention peu avant les attentats, et se serait trouvé dans un avion au-dessus du Midwest lorsque fût ordonnée l'interdiction de décoller à tout appareil sur le sol états-unien.
La première conséquence de ces attaques est un cadeau du ciel pour le Carlyle Group : le Congrès approuve immédiatement le déblocage de 40 milliards de dollars pour la Défense tandis que, dans l'ombre, les membres de l'administration Bush commencent à plancher sur le budget 2002 du Pentagone qui prévoit une hausse de 33 milliards de dollars. Des décisions qui ont pour conséquence de rendre les partenaires de Carlyle extrêmement riches. Le projet jusque là vivement controversé du Crusader, la super-arme états-unienne, est adopté sans opposition. Un projet vivement défendu par Carlyle, puisque réalisé par United Defense, une société détenue par le fonds états-unien. Ses dirigeants profitent d'ailleurs de ces décisions pour nationaliser United Defense, en décembre 2001, empochant au passage 237 millions de dollars.
Moins glorieux, la presse états-unienne, et notamment le Wall Street Journal met à jour les liens du Carlyle Group avec la famille Ben Laden. Celle-ci a commencé au début des années 1990, lorsque le groupe tentait de prendre le contrôle de la société italienne Italian Petroleum. À cette occasion, son émisaire au Proche-Orient, Basil Al Rahim, s'était rendu en Arabie saoudite, en Jordanie, au Bahreïn et aux Émirats arabes unis pour y trouver des investisseurs. Il avait alors fait la connaissance de la famille Ben Laden, à la tête d'une entreprise de travaux publics évaluée à 5 milliards de dollars, le Saudi Binladin Group. La famille a certes rompu avec le plus connu de ses cinquante membres, Oussama, qui s'est vu retirer la nationalité saoudienne en 1991, mais l'article du Wall Street Journal met néanmoins l'accent sur l'affreux paradoxe que représente la possibilité pour la famille du terroriste de s'enrichir à la faveur des attentats, par le biais du Carlyle Group. Une information qui oblige les dirigants à minimiser les investissements de la famille Ben Laden (estimée selon eux à 2 millions de dollars, elle concerne en réalité plusieurs fois cette somme d'après Basil Al Rahim, qui a quitté le groupe en 1997) et à liquider rapidement leurs avoirs.
Lorsque survient la psychose liée à l'anthrax, en octobre 2001, le Carlyle Group est à nouveau là pour offrir - ou plutôt vendre - la solution : il détient en effet 25 % d'une société appelée IT Group, spécialisée dans le nettoyage de déchets environnementaux et toxiques. En situation délicate avant l'épisode de l'anthrax, IT Group signe, au cours de la période, plusieurs contrats de désinfection dans des bâtiments « contaminés » tels que le Hart Senate Office Building et le centre de tri postal de Trenton [11]. Des chantiers qui emploient 400 travailleurs à plein temps pendant plusieurs jours, et permettent d'envisager un sauvetage miraculeux de l'entreprise. Il n'en sera rien, finalement, puisque la compagnie déposera tout de même le bilan, non sans avoir au préalable considérablement réduit ses dettes. On retrouve également Carlyle dans le sillage de Bioport, une société détenant le seul contrat gouvernemental pour la réalisation d'un vaccin expérimental et controversé contre l'anthrax. Travaille en effet dans cette société l'amiral à la retraite William Crowe, président du bureau des directeurs de cabinet au secrétariat à la Défense, du temps de Frank Carlucci. Si les deux hommes se connaissent bien, aucun liencommercialentrelesdeuxsociétésn'a cependant été établi.
En France, le Carlyle Group a acheté la principale entreprise de Vitrolles, le Groupe Genoyer qui fabrique des pièces détachées pour l'équipementier pétrolier Halliburton. Puis, il s'est emparé du papetier Otor, avant d'investir dans la presse. De 1999 à 2002, il a détenu 30 % du Figaro, qui a imposé Dominique Baudis à la présidence du Comité éditorial [12]. Il détient aujourd'hui 28% d'Aprovia (le pôle professionnel et santé de l'ex groupe Vivendi Universal Publishing), avec des titres comme Test, Le Moniteur ou L'Usine nouvelle. Et des participations dans Médimédia, qui édite par exemple Le Quotidien du Médecin et contrôle les Éditions Masson. Par ce biais, il bénéficie d'une expertise et d'une veille permanente sur la recherche et le développement industriels français. De plus, Carlyle s'est porté acquéreur de Vivendi Universal Entertainement.
En outre, Carlyle a investi dans l'immobilier de bureaux à Boulogne, Ivry, La Défense, Malakoff, Montrouge et Paris, avec une nette préférence pour les immeuble hébergeant des sociétés liées à l'armement.
L'étude détaillée du fonctionnement du Carlyle Group surprend et inquiète. Jamais l'influence d'une société privée n'a menacé à ce point d'engloutir une démocratie aussi ancienne que celle des États-Unis. Ce subtil dosage de collusion, de corruption et de népotisme, à un tel niveau de responsabilités, fait résonner d'une manière particulière les mots prononcés par le président Dwight Eisenhower lorsqu'il quitta les commandes du pays, en janvier 1961 : « Au sein des différents conseils du gouvernement, nous devons nous protéger contre l'apport d'une influence injustifiée, qu'elle soit recherchée ou non, de la part du complexe militaro-industriel. Le potentiel pour une montée désastreuse d'un pouvoir hors de propos existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser cette agrégation mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. »
[1] Cette enquête s'appuie sur l'excellent livre de Dan Briody sur le fonctionnement du Carlyle Group : The Iron Triangle - Inside the secret world of the Carlyle Group, par Dan Briody, Wiley, 2003.
[2] David Rubenstein était l'un des assistants en politique intérieure du président Jimmy Carter, à l'âge de 27 ans. Il est décrit par ses collaborateurs de l'époque comme un serviteur modèle de l'État, « le premier à arriver au travail, le dernier à en partir ».
[3] C'est ce qu'on appelle le Leveraged Buy Out ou LBO, qui consiste à constituer un holding qui s'endette pour racheter la cible. Le holding paiera les intérêts de sa dette et remboursera celle-ci grâce aux dividendes réguliers ou exceptionnels provenant de la société rachetée.
[4] « The fancy financial footwork of George W. Bush - The president as businessman », par David Ignatius, International Herald Tribune, 7 août 2002.
[5] Voir « L'honorable Frank Carlucci » par Thierry Meyssan, Voltaire, 11 février 2004.
[6] Filiale du géant de la distribution Sears Roebuck fondé par le général Robert E. Wood. Dans les années 50, la holding finança la création de l'American Security Council, embryon de ce qui est devenu le lobby militaro-industriel états-unien.
[7] Carlyle n'a pas tardé à réinvestir dans le mercenariat en achetant USIS (US Investigations Services), qui assure par exemple la sécurité du président Karzaï en Afghanistan.
[8] Voir « James A. Baker III, un ami fidèle », Voltaire, 16 décembre 2003.
[9] Voir « George Soros, spéculateur et philanthrope », Voltaire, 15 janvier 2004.
[10] Voir « Bush, Khodorkovsky & Associates », Voltaire du 13 novembre 2003.
[11] Pour une raison inconnue, IT avait également été chargé de vitrifier les décombres du Pentagone au lendemain du 11 septembre.
[12] Les parts ont été revendues depuis au groupe Dassault et M. Baudis est devenu président du CSA.
Sources :
Lien vers http://www.reseauvoltaire.net/article12418.html>
LE CARLYLE GROUP
Le Coeur de la Pieuvre occulte Maître du Monde
CARLYLE GROUP est une société privée basée à Washington D.C. aux USA, qui est spécialisée dans l’investissement et la défense, et qui a été fondée en 1987 par William E. Conway, Jr., Daniel A. D’Aniello, Stephen L. Norris, Greg A. Rosenbaum, et David M. Rubenstein (ancien conseiller de Jimmy Carter, membre de la Commission Trilatérale), Le groupe possède 89,3 milliards de dollars de capitaux propres et il emploie plus de 515 professionnels de l'investissement dans 21 pays. CARLYLE ne vend pas de parts boursières, et donc n’existe pas à la Bourse. Le nom Carlyle vient d’un hôtel situé dans l’est de New York, ou pour la première fois, les fondateurs se sont rencontrés pour parler de l’idée. L’actuel président de Carlyle estLou Gerstner qui est aussi le PDG d’IBM et de Nabisco.Carlyle sort de l’ombre malgré lui le 11 septembre 2001. Ce jour-là, le groupe organise au Ritz Carlton de Washington une réunion avec cinq cents de ses plus importants investisseurs. Frank Carlucci et James Baker jouent les maîtres de cérémonie. George Bush père fait un passage éclair en début de journée. La présentation est rapidement interrompue, mais un détail n’échappe à personne. Un des invités porte sur son badge le nom de Ben Laden. Il s’agit de Shafiq Ben Laden, un des nombreux demi-frères d’Oussama. Les médias américains découvrent CARLYLE. Un journaliste, Dan Briody, écrit un livre sur la face cachée du groupe, The Iron Triangle, et s’intéresse notamment aux relations étroites entre le clan Bush et les dirigeants saoudiens. Certains s’interrogent sur l’influence de George Bush père sur la politique étrangère américaine. En janvier 2001, lorsque George Bush fils rompt des négociations avec la Corée du Nord sur les missiles, les Coréens du Sud, consternés, interviennent auprès de son père. CARLYLE a des intérêts importants à Séoul. En juin 2001, Washington reprend les discussions avec Pyongyang.Une société d'armement aussi puissante que discrète, au coeur du lobby millitaro-industriel américain. Le Carlyle Group est l'un des grands bénéficiaires de la guerre en Irak et de l'augmentation sans précédent du budget militaire américain. Le CARLYLE GROUP est très lié à la famille Bush, aux familles règnantes d'Arabie Saoudite et aussi à la famille Ben Laden. Le CARYLE GROUP est présent dans de nombreux domaines d'activités, comme l'aéronautique, la défense, l'industrie automobile et des transports, l'énergie, les télécommunications et les médias. Ses investissements sont essentiellement situés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud-Est. Plus de 450 institutions lui font confiance, et non des moindres : banques d’affaires internationales, compagnies d’assurance, fortunes privées des émirats pétroliers, fonds de pension publics et privés tels CalPERS, le fonds des retraités californiens qui, en février 2001, a déboursé 175 millions de dollars pour prendre 5% du capital de CARLYLE, avec une option lui permettant d’investir 675 millions supplémentaires. Jusqu’en 1998, le CARLYLE GROUP était inconnu en France. Il y contrôle pourtant une grande partie de la presse professionnelle et quelques fleurons industriels.Carlyle n’est pas coté en Bourse, et n’est donc non tenu de communiquer à la Securities and Exchange Commission (la commission américaine chargée de veiller à la régularité des opérations boursières) le nom des associés, des actionnaires, pas plus que le nombre de leurs parts respectives. Tous n'ont pas eu une part active au sein du groupe, certains noms célèbres de la politique et des affaires étant garants de la notoriété de l'entreprise dans le but d'attirer des investisseurs. Via la société United Defense Industries, CARLYLE fabrique des missiles, des véhicules de transport et, en Californie, le blindé léger Bradley. CARLYLE affectionne les paradis fiscaux. L’étude des différents investissements LBO réalisés sur le territoire français met à jour des cascades de holdings et de filiales domiciliées au Luxembourg, à Guernesey et aux Iles Cayman.CARLYLE est un modèle unique, construit à l’échelle planétaire sur le capitalisme de relations ou le » capitalisme d’accès » pour reprendre l’expression du magazine Americain New Republic, en 1993. Le groupe incarne aujourd’hui, malgré ses dénégations, le « complexe militaro-industriel » contre lequel le président républicain Dwight Eisenhower mettait en garde le peuple américain en quittant ses fonctions, en 1961. |
Le 11 septembre 2001, le jour de l'attaque terroriste contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, le CARLYLE GROUP réunit dans cette même ville plusieurs centaines d'investisseurs liés au groupe. Parmi les invités figurent entre autres George H. W. Bush, 41e président des États-Unis et père du président George W. Bush, et Shafiq Ben Laden, un demi-frère d'Oussama Ben Laden, l'homme à la tête d'Al-Qaida, la structure accusée de l'agression. La proximité des noms Bush et Ben Laden en ce jour précis frappe les consciences, et révèle CARLYLE au grand public. Après les évènements du 11 septembre, le seul avion à pouvoir survoler et quitter les USA sera celui des saoudiens ... |
Six jours après avoir officiellement quitté le Pentagone, le 6 janvier 1989, Frank Carlucci devient directeur général de Carlyle. Il emmène avec lui des hommes de confiance, anciens de la CIA, du département d’Etat et du ministère de la défense. Surnommé « M. Clean » il a une réputation sulfureuse. Ce diplomate était en poste dans les années 1970 dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Congo, la Tanzanie, le Brésil et le Portugal où les Etats-Unis et la CIA ont joué un rôle politique douteux. Il était le numéro deux de l’ambassade américaine au Congo belge, en 1961, et a été soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba. Il a toujours fermement démenti. La presse américaine l’a aussi accusé d’être impliqué dans plusieurs trafics d’armes dans les années 1980, mais il n’a jamais été poursuivi. Il a dirigé un tempsWackenhut, une société de sécurité à la réputation détestable, impliquée dans l’un des plus grands scandales d’espionnage, le détournement du logiciel Promis. Frank Carlucci a eu pour mission de faire le ménage dans l’administration Reagan au moment de l’affaire Iran-Contra et a succédé alors au poste de conseiller à la sécurité nationale à John Pointdexter. En entrant en fonctions, il avait pris comme adjoint un jeune général qui deviendra célèbre plus tard lors de la campagne d'Irak, le général Colin Powel.Sur son nom, Frank Carlucci attire les capitaux chez CARLYLE. En octobre 1990, le groupe s’empare de BDM International qui participe au programme de « guerre des étoiles », et en fait une tête de pont. En 1992,Frank Carlucci s’allie avec le groupe français Thomson-CSF pour reprendre la division aérospatiale de LTV. L’opération échoue, le Congrès s’oppose à la vente à un groupe étranger. Carlyle trouve d’autres associés, Loral et Northrop, et met la main sur LTV Aerospace rapidement rebaptisé Vought Aircraft qui participe à la fabrication des bombardiers B1 et B2. Dans le même temps, le fonds multiplie les acquisitions stratégiques, telles Magnavox Electronic Systems, pionnier en matière d’imagerie radar, et DGE qui détient la technologie des cartes en relief électroniques pour les missiles de croisière. Suivent trois sociétés spécialisées dans la décontamination nucléaire, chimique et bactériologique (Magnetek, IT Group et EG G Technical services). Puis, via BDM International, une firme liée à la CIA, Vinnell, laquelle est parmi les premières à fournir à l’armée américaine et ses alliés des contractants privés. C’est-à-dire des mercenaires. Ceux de Vinnell encadrent les forces armées saoudiennes et protègent le roi Fahd. Ils ont combattu lors de la première guerre du Golfe aux côtés des troupes saoudiennes. En 1997, CARLYLE revend BDM et surtout Vinnell, trop dangereux. Le groupe n’en a plus besoin. Il est devenu le onzième fournisseur du Pentagone en mettant la main la même année sur United Defense Industries. |
Depuis avril 2008 Olivier Sarkozy (demi-frère de Nicolas Sarkozy), copilote l’activité mondiale des services financiers de Carlyle Group. Le demi-frère du président de la République française, aurait réalisé en 2007, selon le classement Dealogic, des opérations pour un montant total de 514 milliards de dollars. Il s’est illustré dans plusieurs rachats d’envergure, notamment celui de l’émetteur de cartes de crédit MBNA par Bank of America en 2006 (35 milliards de dollars), ou celui de Sallie Mae par un consortium de banques et de sociétés de capital-investissement (25 milliards). Il a aussi conseillé ABN Amro et Barclays dans leur fusion. Il passe désormais à la vitesse supérieure. Oliver Sarkozy avait organisé la rencontre entre le président Bush et son demi-frère lorsque celui-ci n’était encore que ministre de l’Intérieur. Christine de Nagay, mère d’Oliver Sarkozy, s’est remariée en seconde noces. Dans les années 50, son beau-père avait engagé Frank Carlucci(directeur honoraire de Carlyle) au département des opérations de la CIA. |
INVESTISSEMENTS STRATEGIQUES
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CARLYLE investit prioritairement dans les technologies duales, à finalité civile et militaire. Son entrée sur le marché des nanotechnologies, des biotechnologies à commencer par les antiviraux génétiques et la capitalisation de sociétés comme Indigo System ou Conexant, spécialisées dans le guidage laser et les caméras à infra-rouge, lui permettrait d’acquérir les procédés les plus pointus composant les systèmes d’armes de demain. CARLYLE signe de juteux contrats avec le ministère américain de la défense. Même constat pour l’informatique, l’Internet et les télécoms, les trois plus gros domaines d’investissements du fonds depuis le milieu des années 90.Côté hardware, Carlyle contrôle Matrics Inc , une société d’identification par radiofréquence fondée par d’anciens ingénieurs de la NSA, ainsi que CPU Tech et ISR Solutions, deux firmes spécialisées dans le développement d’applications électroniques de sécurité sous contrat avec le Pentagone6. Côté réseaux, le fonds a fait son entrée dans le développement du backbone, des routeurs, de la fibre optique, des câbles, de la boucle radio et même de l’Internet par satellite. Il capitalise des sociétés aussi connues que Nextel, Global Crossing ou Nortel Networks ; possède des parts significatives dans SOLSOFT, INFRAWORKS et BNX SYSTEM trois acteurs majeurs de la sécurité informatique et s’intéresse de près aux puces et aux semi-conducteurs qui composeront les nouvelles générations d’ordinateurs.CARLYLE détient 33,8 % du capital de QINEQIQ, la filiale privée de DERA, qui joue le rôle de conseiller du gouvernement britannique. Et demeure l’un des principaux centres de recherche militaires européens ainsi qu’un partenaire de premier plan de l’aéronautique communautaire. Autant de conflits d’intérêts potentiels qui ne devraient pas arranger l’état des relations transatlantiques. D’autant que la firme qui développe des systèmes de guidage et d’imagerie par infrarouge pourrait rapidement devenir un élément clé de l’industrie européenne de missiles tactiques. QINEQIQ et SIPPICAN, une autre filiale du groupe, planchent sur l’infodominance et la guerre électronique (C4ISR).En Europe, CARLYLE sécurise ses investissements. Dans l’immobilier tout d’abord, par l'achat d’hôtels, de buildings commerciaux ou de centres d’affaires et dans l’industrie, particulièrement vrai en France où il s’est emparé du groupe Genoyer avant d’entrer au capital du ,papetier Otor.En décembre 2001, le fonds s’est allié à Intel Capital pour entrer au tour de table d’Ebis Company Ltd. Cette société informatique orientée sécurité compte les principales entreprises publiques et agences gouvernementales chinoises parmi sa clientèle. Depuis 1998, le fonds a investi en Asie plusieurs centaines de millions de dollars dans le développement des infrastructures de communication, tous supports et tous réseaux confondus. Depuis l'achat du Figaro en 1999, puis sa revente au groupe Dassault trois ans plus tard, le fonds montre une attention particulière pour les leaders d’opinion. Pas n’importe lesquels : avec 28% des actifs du pôle « presse professionnelle et santé » de Vivendi Universal Publishing, CARLYLE gère un empire de plus de 70 titres et 1,5 million d’abonnés comprenant le groupe Tests leader de l’information sur l’informatique professionnelle, le groupe Moniteur leader de l’information sur les BTP et les marchés publics et le groupe Gisi, numéro un de l’information technologique industrielle grâce à son titre phare, l’Usine nouvelle. Des postes d’observation essentiels car GT Labs, le laboratoire d’expérimentation du groupe Tests figure parmi les premiers centres européens de tests informatiques. Quant aux rédactions de l’Usine nouvelle, elles rendent compte chaque semaine des avancées de la recherche dans les domaines les plus pointus et publient « l'annuaire France R&D », le premier annuaire des laboratoires et centres de recherche français |
INVESTISSEURS - AFFILIES - EMPLOYES - RESEAUX
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Nous retouvons le CARLYLE, la nébuleuse opaque au service du complexe militaro-industriel et disposant de “conseillers” prestigieux (Bush père, John Major, Henri Martre, Etienne Davignon, etc.) dans le monde entier, ainsi que dans plusieurs scandales et faillites célèbres (Erron, Iran gate, etc.). CARLYLE possède des capitaux dans de nombreuses entreprises du monde et des liens avec plusieurs organisations, fondations, gouvernements et Agences de renseignements (CIA, MI6, etc.). Plusieurs de ces groupes et compagnies sont inter-connectés et il n'est pas rare de retrouver les mêmes personnages dans les directions de ces entités:Binladen Group (famille Ben Laden), Matrics (puces RFID), Bioport (fabricant de vaccins militaires dont les vaccins contre l’anthrax), Northpoint Technology (automatisation et de contrôle de système), D P World(Ben Laden Construction), Westinghouse Electric Company (compagnie de CBS dont Frank Carlucci est membre des conseils d'administration des deux sociétés), Dubai Investment Corp. (), Thomas H. Lee Partners LP (), Dunkin' Doughnuts (), United Soybean Board (), Frankenfood (Tabac et chimie),Baskin-Robbins (restauration), Thaksin Shinawatra (), ITT (Réseaux et communication), China Pacific Insurance Group CPIC (Assurances), Biotech Brigade (), Bain Capital (), CSX Corporation (), Vought Aircraft Industries (aéronautique), Northrop Grumman (), Crimes and Lawbreakers (Who's Who des firmes de rachat), Equity Club (Bonesman business), Upjohn Pharmacia Corporation (Vaccins et médicaments), Monsanto (Semences, PCB, Chimie ...) Temasek Holdings (), Greenhill & Co., Inc. (), J.P. Morgan Partners(), Howard Hughes Medical Institute (), United Defense Industries (), U.S. Investigative Services (), The Washington Center (Office national consultatif honoraire), Casema BV (),Beckett Brown International (), Dex Media, Inc. (), Bankruptcy Filers (), Kinder Morgan Inc. () Nielsen Media Research (), Vinnell Corporation (), Topaz Power Group (), Sempra Energy Trading, etc.Parmis es acteurs financiers nous trouvons le groupe russe Menatep, les autorités financières d’Abu Dhabi et du Koweït, les fonds de pension publics de l’Ohio, du Texas, de la Floride et de New York ont investi des centaines de millions de dollars dans les différents fonds Carlyle. Les banques Goldman Sachs, Salomon Smith Barney, Citibank, JP Morgan Chase, le Crédit Suisse ou First Boston sont des partenaires d’affaires réguliers. De même que la Deutsche Bank, la Royal Bank of Scotland, ABN amro, le Crédit Agricole, la financière Edmond de Rothschild ou le Crédit Lyonnais. En 2000, le fonds a investi 300 millions de dollars pour prendre le contrôle de KorAm Bank, l’une des plus grandes banques privées de Corée.La collection de personnages influents qui travaillent, ont travaillé, ou ont investi dans ce groupe laisse les théoriciens de conspiration incrédules. Cela inclut avant tout autre, John Major: Ancien Premier Ministre du Royaume-Uni avant Tony Blair; Fidel Ramos: Président des Philippines; Park Tae Joon: Ancien Premier Ministre Sud Coréen; Le Prince d’Arabie Saoudite, Al-Walid; le général Colin Powell, le Secrétaire d’Etat durant l’administration Bush Junior de 2000 à 2004; James Baker, l'ancien Secrétaire d’Etat; Caspar Weinberger: le Secrétaire d’Etat à la Défense; Richard Darman; le Directeur du Budget de la Maison Blanche; Le Milliardaire George Soros et quelques membres de la famille Ben Laden.Carlyle recrute les meilleurs, au meilleur prix. Une retraite en or pour les anciens responsables des autorités de régulation financières. Tel Arthur Levitt, ancien patron de la Securities and Exchange Commission devenu « senior advisor » du groupe en mai 20018 ; mais également Karl Otto Pöhl, ancien président de la Bundesbank ; Afsaneh Masheyekhi Beschloss, ancien responsable des investissements de la Banque mondiale ; Liu Hong Ru, jadis président de la Commission chinoise de régulation du marché ou Arifin Siregar, ex-président de la Banque centrale d’Indonésie, tous consultants ou associés. La liste est longue. Couplée aux bataillons de fiscalistes et de juristes qui accompagnent le fonds, elle permet à CARLYLE de réaliser des opérations complexes sur tous les marchés du monde. Toujours dans la légalité. Toujours dans les failles de la loi. Cette liste est une liste officielle provenant du site de CARLYLE, et a tendance à changer régulièrement …- George H. Walker Bush, Ex-président des États-Unis d’Amérique et père de l’actuel président américain. Retiré du groupe en Octobre 2003.
- George W. Bush Junior, Directeur d’une des premières acquisitions de Carlyle qui était un business sur la nourriture pour les vols d’avion commerciaux, que Carlyle a vendu pour cause de perte d’argent en 1992. George Bush Junior quitte Carlyle pour devenir Gouverneur du Texas en 1992.
- James Baker, Ancien secrétaire à la Défense. Retiré du groupe en 2005.
- John Major, Ancien Premier Ministre Britannique conservateur. Retiré du groupe en 2005.
- Karl Otto Pà¶hl, Ex-président de la Bundesbank
- Arthur Levitt, Ex-président de la Securities and Exchange Commission sous le reigne du Président Clinton
- Fidel Ramos, Ex-président des Philippines
- Henri Martre, Transfuge de Matra Aérospatiale
- Merrill Lynch, Société Financière Américaine
- Fonds de pension de General Motors
- George Soros, Financier
- Frank C. Carlucci, Secrétaire à la Défense Américaine de 1987 à 1989 sous Reaggan. Président de Carlyle et de Emeritus de 1989 à 2005. Retiré du groupe en Mars 2005.
- Richard Darman, Directeur du U.S. Office of Management and Budget sous le reigne de George H. W. Bush, Conseiller Sénior et Président de Carlyle de 1993 jusqu’à aujourd’hui
- Allan Gotlieb, Ambassadeur Canadien aux USA (1981-89) et membre du Canadian Advisory Board de Carlyle
- Liu Hong-Ru, Président du Securities Regulatory Commission du gouvernement Chinois
- William Kennard, Président du U.S. Federal Communications Commission (FCC) sous le reigne du président Bill Clinton
- Peter Lougheed, Premier ministre de l’Alberta (1971-85)
- Frank McKenna, Ambassadeur Canadien aux USA
- Mack McLarty, Chef de Staff sous le Président Clinton, Président du Kissinger McLarty Associates, Conseiller Sénior de Carlyle de 2003 jusqu’à aujourd’hui
- Anand Panyarachun, Premier Ministre de Thailande (2 fois)
- Fidel Ramos, Président des Philippines
- Dan Senor, Consultant Politique
- Thaksin Shinawatra, Premier Ministre de la Thailande (2001 – 2006)
- Luis Téllez Kuenzler, Economiste Méxicain
- Etienne D’Avignon, président de la Belgian Generale Holding Company
- Olivier Sarkozy (demi-frère de Nicolas Sarkozy), copilote depuis avril 2008 l’activité mondiale des services financiers de Carlyle Group.Egalement cité comme partenaires et employés de CARLYLE : Alice Albright (la fille de Madeleine Albright), Arthur Lewitt, William Kennard. Et aussi les Européens: Karl Otto Poehl (Président du Bundesbank); Henri Martre (aujourd'hui décédé), etc |
Le 4 janvier 1989, George Bush père devient le 41ème président des Etats-Unis. La même année, en décembre, le Carlyle Group rachète à Marriot Corporation la société Caterair International, une firme texane spécialisée dans la restauration aérienne. Moins d’un an plus tard, George W. Bush Jr entre au conseil d’administration de Caterair. C’est le premier gros coup du Carlyle Group, il est signé Fred Malek. Avant de conseiller le fonds d’investissement, cet ancien assistant de Richard Nixon dirigeait l’une des filiales de Marriot Corp. Il a surtout été l’un des piliers de la campagne présidentielle républicaine avant de démissionner de son poste après que le Washington Post eut révélé son implication dans le scandale de la « liste juive » établie sous l’administration Nixon14. En 1992, Fred Malek dirigera la seconde campagne présidentielle deGeorge Bush père. Dès cet instant, les liens entre la famille Bush et le fonds d’investissement Carlyle ne se relâcheront plus.Obtenir l’écoute du chef de l’exécutif n’est qu’une première étape. En octobre 1990, Franck Carlucciconvainc ses partenaires de racheter BDM International, l’un des principaux centres de recherche et développement de l’industrie de défense américaine. Ses arguments sont imparables : depuis le milieu des années 80, les experts de BDM International ont enlevé plusieurs contrats gouvernementaux hautement confidentiels. Parmi eux, des études portant sur la mise en oeuvre d’un vaste bouclier antimissiles, plus connu sous le nom d’Initiative de Défense Stratégique (IDS). Ce projet, l’administration Reagan l’a porté à bout de bras, Carlucci en tête. Personne mieux que lui ne connaît l’état d’avancée du système ni les rouages décisionnels du ministère de la défense. Or l’IDS figure toujours sur l’agenda du président Bush senior et le nouveau secrétaire d’Etat à la défense n’est autre que James Baker, le vieux camarade de Franck Carlucci15. Dans ces conditions, n’est-il pas raisonnable de penser que BDM sera bientôt grandement profitable ?Franck Carlucci emporte la mise. En 1997, le Carlyle Group revendra BDM à la firme TRW, empochant plus de 400 millions de dollars. Quelques années plus tard, George Bush fils remettra la défense anti-missiles au goût du jour.Franck Carlucci avait d’autres raisons d’acquérir BDM : la société figure à la pointe de la recherche et développement (R & D) de l’industrie de défense américaine. Les meilleurs ingénieurs et experts en technologie militaire du pays rêvent d’y travailler. Des années durant Carlyle va utiliser leurs compétences pour identifier les technologies émergentes et repérer ses futures cibles. Entre 1990 et 1993 le fonds rachète GDE et Magnavox Eletronic Systems, deux firmes « sensibles » spécialisées dans le traitement du signal et l’imagerie radar. Suivront LTV Aircraft Division, Elgar Electronics et Dynamic Corp. Puis Magnetek Inc, IT Group et EG&G Technical Services, trois spécialistes de la décontamination nucléaire, biologique et chimique.Très vite le rachat d’entreprises en difficultés momentanées devient bien plus qu’un créneau de niches : au milieu des années quatre-vingt dix, le CARLYLE GROUP est un acteur majeur du mouvement de concentration du secteur militaro-industriel nord-américain. Il en a les moyens : non seulement la première guerre du Golfe a dopé ses dividendes, mais le fonds poursuit son recrutement des plus hauts dignitaires de l’administration Bush : en 1993, James Baker III, ex-secrétaire d’Etat et Richard Darman, ancien directeur du Budget à la Maison Blanche, rejoignent sa direction. Cette année-là, le financier George Soros - l’homme dont la biographie est parvenue le même jour dans toutes les agences de presse du monde - place 100 millions de dollars dans Carlyle Partners, le tout nouveau fonds d’investissement du groupe.En 1997, Carlyle rachète United Defense. Cette acquisition achève sa stratégie : en moins de dix ans, le fonds est devenu le onzième fournisseur d’armes du Pentagone. Etroitement connectés à l’administration, ses experts sont capables d’anticiper et de répondre à n’importe quel appel d’offre, des véhicules de combat aux canons de destroyers en passant par les missiles ou l’électronique de défense. Cette réussite, CARLYLE la doit à une stratégie de réseau sans failles et sans états d’âme, la société proposera une retraite confortable aux anciens responsables démocrates de l’administration Clinton. A l’instar de Brian Bailey, conseiller spécial du président devenu viceprésident du fonds d’investissement en 1996. |
[Le++++++++++++++++++ Mon- 30 avril 2004]Le plus grand investisseur privé du monde, bien implanté dans le secteur de l’armement, est un groupe discret, qui cultive les accointances avec les hommes influents, dont les Bush, père et fils.Il y a un an, le 1er mai 2003, George Bush atterrissait, sanglé dans une combinaison de pilote de chasse, sur le porte-avions USS Abraham-Lincoln au large de la Californie. L’image est devenue célèbre. Sous une banderole proclamant “Mission accomplished” (mission accomplie), le président annonçait prématurément la fin des opérations militaires en Irak et sa victoire.Le lendemain, de retour sur la terre ferme, il prononçait un autre discours martial, non loin de San Diego, dans une usine d’armement d’United Defense Industries.Cette entreprise est l’un des principaux fournisseurs du Pentagone. Elle fabrique, entre autres, des missiles, des véhicules de transport et, en Californie, le blindé léger Bradley. Son principal actionnaire est le plus grand investisseur privé au monde. Un groupe discret, baptisé Carlyle.Il n’est pas coté en Bourse et n’a de comptes à rendre qu’à ses 550 investisseurs - milliardaires ou fonds de pension. Carlyle gère aujourd’hui 18 milliards de dollars, placés dans les secteurs de la défense et de la haute technologie (biologie notamment), le spatial, l’informatique liée à la sécurité, les nanotechnologies, les télécommunications. Les entreprises qu’il contrôle ont pour caractéristique commune d’avoir pour clients principaux des gouvernements et administrations. Comme la société l’a écrit dans une brochure : ” Nous investissons dans des opportunités créées dans des industries fortement affectées par des changements de politique gouvernementale.”Carlyle est un modèle unique, construit à l’échelle planétaire sur le capitalisme de relations ou le ” capitalisme d’accès” pour reprendre l’expression du magazine Americain New Republic, en 1993. Le groupe incarne aujourd’hui, malgré ses dénégations, le “complexe militaro-industriel” contre lequel le président républicain Dwight Eisenhower mettait en garde le peuple américain en quittant ses fonctions, en 1961.Cela n’a pas empêché George Bush père d’occuper pendant dix ans, jusqu’en octobre 2003, un poste de conseiller de Carlyle. C’était la première fois dans l’histoire des Etats-Unis qu’un ancien président travaillait pour un fournisseur du Pentagone. Son fils, George W. Bush connaît aussi très bien Carlyle. Le groupe lui a trouvé un emploi en février 1990, alors que son père occupait la Maison Blanche : administrateur de Caterair, une société texane spécialisée dans la restauration aérienne. L’épisode ne figure plus dans la biographie officielle du président. Quand George W. Bush quitte Caterair, en 1994, avant de devenir gouverneur du Texas, l’entreprise est mal en point.“Il n’est pas possible d’être plus proche de l’administration que l’est Carlyle“, affirme Charles Lewis, directeur du Centre pour l’intégrité publique, une organisation non partisane de Washington. “George Bush père a gagné de l’argent provenant d’intérêts privés qui travaillent pour le gouvernement dont son fils est le président. On peut même dire que le président pourra un jour bénéficier financièrement, via les investissements de son père, de décisions politiques qu’il a prises”, ajoute-t-il.La collection de personnages influents qui travaillent, ont travaillé ou ont investi dans le groupe ferait l’incrédulité des adeptes les plus convaincus de la théorie du complot. On y trouve entre autres : John Major, ancien premier ministre britannique, Fidel Ramos, ancien président philippin, Park Tae Joon, ancien premier ministre de la Corée du Sud, le prince saoudien Al-Walid, Colin Powell, actuel secrétaire d’Etat, James Baker III, ancien secrétaire d’Etat, Caspar Weinberger, ancien secrétaire à la défense, Richard Darman, ancien directeur du budget à la Maison Blanche, le milliardaire George Soros et même des membres de la famille Ben Laden. On peut ajouter à cette liste Alice Albright, la fille de Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’Etat, Arthur Lewitt, ancien président de la SEC (le gendarme de Wall Street), William Kennard ex-patron de l’autorité des télécommunications (FCC). Enfin, il faut ajouter, parmi les Européens, Karl Otto Pöhl, ancien président de l! a Bundesbank, feu Henri Martre, qui a été président de l’Aerospatiale, et Etienne Davignon, ancien président de la Générale de Belgique.Carlyle n’est pas seulement une collection d’hommes de pouvoir. Il possède des participations dans près de 200 sociétés et surtout, la rentabilité annuelle de ses fonds dépasse 30 % depuis une décennie. “Par rapport aux cinq cents personnes que nous employons dans le monde, le nombre d’anciens hommes d’Etat est très faible, une dizaine tout au plus, explique Christopher Ullmann, vice-président de Carlyle, responsable de la communication. On nous accuse de tous les maux. Mais personne n’a jamais apporté la preuve d’une quelconque malversation. Aucune procédure judiciaire n’a jamais été lancée contre nous. Nous sommes une cible commode pour qui veut s’en prendre au gouvernement américain et au président.”Carlyle a été créé en 1987, avec 5 millions de dollars, dans les salons du palace new-yorkais du même nom. Ses fondateurs, quatre juristes, dont David Rubenstein (ancien conseiller de Jimmy Carter), ont alors pour ambition - limitée - de profiter d’une faille de la législation fiscale. Elle autorise les sociétés détenues en Alaska par des Eskimos à céder leurs pertes à des entreprises rentables qui payent ainsi moins d’impôts. Le groupe végète jusqu’en janvier 1989 et l’arrivée à sa tête de l’homme qui inventera le système Carlyle, Frank Carlucci. Ancien directeur adjoint de la CIA, conseiller à la sécurité nationale puis secrétaire à la défense de Ronald Reagan, M. Carlucci compte à Washington. Il est l’un des amis les plus proches de Donald Rumsfeld, actuel ministre de la défense. Ils ont partagé une chambre quand ils étaient étudiants à Princeton. Ils se sont ensuite croisés dans de nombreuses administrations et ont même travaillé, un temps, pour la même entreprise, Se! ars Robuck.Six jours après avoir officiellement quitté le Pentagone, le 6 janvier 1989, Frank Carlucci devient directeur général de Carlyle. Il emmène avec lui des hommes de confiance, anciens de la CIA, du département d’Etat et du ministère de la défense. Surnommé “M. Clean” (”M. Propre”), Frank Carlucci a une réputation sulfureuse.Ce diplomate était en poste dans les années 1970 dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Congo, la Tanzanie, le Brésil et le Portugal où les Etats-Unis et la CIA ont joué un rôle politique douteux. Il était le numéro deux de l’ambassade américaine au Congo belge, en 1961, et a été soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba. Il a toujours fermement démenti. La presse américaine l’a aussi accusé d’être impliqué dans plusieurs trafics d’armes dans les années 1980, mais il n’a jamais été poursuivi. Il a dirigé un temps Wackenhut, une société de sécurité à la réputation détestable, impliquée dans l’un des plus grands scandales d’espionnage, le détournement du logiciel Promis. Frank Carlucci a eu pour mission de faire le ménage dans l’administration Reagan au moment de l’affaire Iran-Contra et a succédé alors au poste de conseiller à la sécurité nationale à John Pointdexter. En entrant en fonctions, il avait pris comme adjoint un jeune général… Colin Powe! ll.
Sur son nom, Frank Carlucci attire les capitaux chez Carlyle. En octobre 1990, le groupe s’empare de BDM International qui participe au programme de “guerre des étoiles”, et en fait une tête de pont. En 1992, Frank Carlucci s’allie avec le groupe français Thomson-CSF pour reprendre la division aérospatiale de LTV. L’opération échoue, le Congrès s’oppose à la vente à un groupe étranger. Carlyle trouve d’autres associés, Loral et Northrop, et met la main sur LTV Aerospace rapidement rebaptisé Vought Aircraft qui participe à la fabrication des bombardiers B1 et B2.
Dans le même temps, le fonds multiplie les acquisitions stratégiques, telles Magnavox Electronic Systems, pionnier en matière d’imagerie radar, et DGE qui détient la technologie des cartes en relief électroniques pour les missiles de croisière. Suivent trois sociétés spécialisées dans la décontamination nucléaire, chimique et bactériologique (Magnetek, IT Group et EG G Technical services). Puis, via BDM International, une firme liée à la CIA, Vinnell, laquelle est parmi les premières à fournir à l’armée américaine et ses alliés des contractants privés. C’est-à-dire des mercenaires. Ceux de Vinnell encadrent les forces armées saoudiennes et protègent le roi Fahd. Ils ont combattu lors de la première guerre du Golfe aux côtés des troupes saoudiennes. En 1997, Carlyle revend BDM et surtout Vinnell, trop dangereux. Le groupe n’en a plus besoin. Il est devenu le onzième fournisseur du Pentagone en mettant la main la même année sur United Defense Industries.
Carlyle sort de l’ombre malgré lui le 11 septembre 2001. Ce jour-là, le groupe organise au Ritz Carlton de Washington une réunion avec cinq cents de ses plus importants investisseurs. Frank Carlucci et James Baker III jouent les maîtres de cérémonie. George Bush père fait un passage éclair en début de journée. La présentation est rapidement interrompue, mais un détail n’échappe à personne. Un des invités porte sur son badge le nom de Ben Laden. Il s’agit de Shafiq Ben Laden, un des nombreux demi-frères d’Oussama.. Les médias américains découvrent Carlyle. Un journaliste, Dan Briody, écrit un livre sur la face cachée du groupe, The Iron Triangle, et s’intéresse notamment aux relations étroites entre le clan Bush et les dirigeants saoudiens.
Certains s’interrogent sur l’influence de George Bush père sur la politique étrangère américaine. En janvier 2001, lorsque George Bush fils rompt des négociations avec la Corée du Nord sur les missiles, les Coréens du Sud, consternés, interviennent auprès de son père. Carlyle a des intérêts importants à Séoul. En juin 2001, Washington reprend les discussions avec Pyongyang.
Autre exemple, en juillet 2001, selon le New York Times, George Bush père téléphone au prince saoudien Abdallah mécontent des prises de position du président sur le conflit israélo-palestinien. George Bush père assure alors au prince que son fils “fait de bonnes choses” et que “son coeur est du bon côté”. Larry Klayman, directeur de Judicial Watch, une organisation résolument conservatrice, demande au ” père du président de démissionner de Carlyle. Le groupe a des conflits d’intérêts qui peuvent créer des problèmes à la politique étrangère américaine”. Finalement en octobre 2003, George Bush père quitte Carlyle. Officiellement, car il approche les 80 ans.
Carlyle a beau mettre fin à toute relation avec la famille Ben Laden en octobre 2001, le mal est fait. Le groupe devient avec Halliburton la cible des opposants à l’administration Bush. ” Carlyle a remplacé la Commission trilatérale dans les théories du complot”, reconnaissait David Rubenstein, en 2003, dans une interview au Washington Post. Pour la première fois, le groupe nomme un responsable de la communication et change de patron. Frank Carlucci devient président honoraire et Lou Gerstner, dirigeant respecté qui a sauvé IBM, prend officiellement les rênes. L’opération semble surtout cosmétique. M. Gerstner ne passe pas beaucoup de temps à son bureau. Mais Carlyle veut devenir respectable.
Le groupe crée un site Internet. Il ouvre certains fonds à des investisseurs apportant “seulement” 250 000 dollars (210 000 euros). Il aurait réduit sa participation dans United Defense Industries, et affirme que la défense et l’aérien ne représentent plus que 15 % de ses investissements. Mais Carlyle fait toujours un usage intensif des paradis fiscaux et il est difficile de connaître son périmètre et le nom des sociétés qu’il contrôle.
Carlyle multiplie aussi les efforts en Europe. En septembre 2000, il prend le contrôle du groupe suédois d’armement Bofors via United Defense. Il tente ensuite, sans succès, de mettre la main sur Thales Information Systems et, début 2003, sur les parts de France Télécom dans Eutelsat, qui joue un rôle important dans le système européen de positionnement par satellite Galileo - concurrent du GPS américain. De 1999 à 2002, il gère une participation dans Le Figaro. En Italie, il fait une percée en reprenant la filiale aéronautique de Fiat, Fiat Avio. Cette société fournit Arianespace et permet à Carlyle d’entrer au Conseil de la fusée européenne. Autre coup, en décembre 2002 Carlyle achète un tiers de Qinetic, la filiale privée du Centre de recherche et développement militaire britannique. Qinetic occupe une position unique de conseil du gouvernement britannique.
“Anticiper sur les technologies du futur et les entreprises qui les développeront est notre premier rôle d’investisseur. Les fonds de pension nous apportent leur argent pour cela. On ne peut tout de même pas nous reprocher de chercher à prendre des positions stratégiques”, souligne M. Ullmann. |
SOURCES ET LIENS |
La Parenthèse enchantée (5/11) : Les bénéfices de la dissimulation
31 juillet, 2012 by Lalo
Dans les arcanes du 11-Septembre, nous avons observé les conflits d’intérêts qui caractérisent autant les affaires de la famille du Président George W. Bush que celles entretenues par le Vice-président Dick Cheney. Cette "double vie" permet à ces hauts responsables de tirer de confortables bénéfices financiers des avantages politiques que leur offrent les postes auxquels ils ont accédé dans le cadre de pratiques à priori démocratiques. Nous allons de nouveau observer ces anomalies dans le parcours de Donald Rumsfeld qui se trouvait à la tête du Pentagone de 2001 à 2006.
Cette approche contestable des responsabilités politiques s’est en partie enracinée dans la dérive des institutions démocratiques qui s’est produite aux États-Unis sous la présidence de Ronald Reagan, dans les années 1980. Cheney et Rumsfeld ont été réunis à cette époque pour mettre en œuvre une structure secrète de gouvernement parallèle, appelée COG (Continuity of Government) et que l’auteur Peter Dale Scott nomme "l’État profond". Le principe de dissimulation qui fonde cette structure s’est imposé dans la trame des conflits armés résultant de la volonté d’hégémonie propre au pouvoir américain. Doit-on vraiment s’étonner que la dissimulation soit aussi une des caractéristiques premières des événements du 11-Septembre ?
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LES MARCHANDS D'ARME AU POUVOIR
Un jackpot de 2000 milliards de dollars
Pourquoi les marchands d’armes votent Bush
Source : http://veritance.populus.org/rub/60
Les géants américains de l’armement ont mis tout leur poids - et leur argent - dans la balance pour faire réélire George Bush. Ils ont de très bonnes raisons pour cela: jamais dans l’histoire des Etats-Unis le pouvoir politique n’avait été aussi favorable à leurs intérêts - et complaisant à leurs manigances. Sous Bush II, le complexe militaro-industriel est plus qu’un lobby: il est carrément installé aux commandes
De notre envoyé spécial à Washington et à New York, Vincent Jauvert
Ils sont tous là, les marchands de canons. Ils s’embrassent, se congratulent. Ils n’ont jamais été aussi riches, aussi puissants. Et ils l’affichent sans vergogne. Ce 1er septembre 2004, à la Convention républicaine de New York, les industriels de l’armement sont partout, ils serrent des mains, ils disent tout le bien qu’ils pensent de l’équipe au pouvoir, et de George Bush, leur bienfaiteur – leur protégé. Ici, au Madison Square Garden, ils sont chez eux. Ils ont donné des millions de dollars. Et l’organisateur de la Convention, David Norcross, est un des leurs. Ils ont préparé une fête spéciale en l’honneur des huiles du Parti républicain. Une fête qu’ils ont appelée «Opération Victoire» – oui, sans vergogne.
Du Bush, ils en redemandent. C’est tout juste si ces hommes d’affaires tirés à quatre épingles ne hurlent pas avec la foule «Four more years!» (quatre ans de plus). Ils n’ont jamais misé autant d’argent sur un candidat à la pré-sidence. Ils ont commencé en 2000, contre Al Gore. Et ils n’ont pas eu à le regretter. Depuis 2001, les marchands d’armes ont fait encore plus de profits que sous Reagan. Les cours de leurs actions ont flambé. Ils ont augmenté de 64n moyenne depuis le 21 septembre 2001. Comment le sait-on aussi précisément? L’histoire vaut la peine d’être contée.
Le 21 septembre 2001, alors que Manhattan empeste encore la mort, Wall Street flaire l’odeur du fric. L’heure est à la guerre et à sa funeste industrie. La Bourse de New York crée donc un nouvel indicateur: Amex Defense Index. C’est lui qui nous renseigne, jour par jour, sur l’évolution boursière du secteur depuis trois ans. Et depuis trois ans les vaches sont grasses, obèses même. «Les industriels de l’armement ont accumulé des milliards en cash, dit l’économiste américain Pierre Chao. Ils ne savent pas quoi faire de tout cet argent.» Et leur président bien-aimé leur en donne toujours plus. Le dernier budget de la défense, que Bush a signé en août, dépasse l’entendement: plus de 400 milliards de dollars en 2005. Presque la moitié des dépenses militaires mondiales. Une fois et demie le budget – total – de l’Etat français. Et si Bush est réélu, il prévoit d’allouer au Pentagone plus de 2000 milliards de dollars d’ici à 2008.
Tout ça pour quoi? La guerre en Irak ? Non, elle est financée par des crédits exceptionnels. Alors pour quoi? C’est tout simple: pour accroître encore et toujours l’hégémonie américaine. Ces milliards serviront à acquérir les armes de la suprématie absolue, les armes qui demain, si Dieu le veut, permettront aux Etats-Unis de frapper n’importe qui, n’importe où, n’importe quand, sans risque de représailles. Au début de l’année, l’US Air Force a rendu public son projet à dix ans. Il prévoit la création d’une «force expéditionnaire aérienne et spatiale» capable de «mener des opérations n’importe où sur la planète et dans l’espace». Cette «force» sera composée de milliers de bombardiers furtifs et d’une constellation de satellites armés de lasers et de bombes électromagnétiques. Effrayante armada! Jackpot pour les géants de l’armement!
Bush et les marchands de canons: la connivence, pour ne pas dire la collusion, est patente – unique dans l’histoire des Etats-Unis. Plus forte, disent les spécialistes, que sous Reagan. Tout y concourt. L’idéologie sécuritaire et impériale de Bush. Sa foi aveugle dans les solutions militaires. L’affairisme qui a saisi une partie de la classe dirigeante américaine. Le choc du 11 septembre aussi, bien sûr, et l’hébétude de l’opinion publique qui en a résulté. Enfin, l’incroyable complaisance du Congrès.
En fait, George Bush a été «pris en main» par le lobby des marchands d’armes avant même son entrée à la Maison-Blanche. Candidat, il a été formé aux questions internationales par un groupe de conseillers, dirigés par Condoleezza Rice, convaincus de l’ardente nécessité de «réarmer» l’Amérique. Leur doctrine est développée dans un texte désormais célèbre, publié en septembre 2000, juste avant l’élection présidentielle. Ce document de 80 pages émane d’un think tank, un institut de réflexion, au nom évocateur: Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC). Il est intitulé«Reconstruire les défenses de l’Amérique». C’est Tom Donnelly qui l’a écrit. Dans son bureau près de Dupond Circle, à Washington, ce quinquagénaire dégarni mais exalté se souvient. «Notre idée était la suivante: pendant huit ans, Clinton avait baissé la garde. Il voulait, disait-il, engranger les "dividendes de la paix" avec l’ex-Union soviétique. Il ne croyait qu’au "soft power": la diplomatie, l’ONU... Mais seule la puissance militaire compte. Or les dépenses d’armement étaient, comme nous aimons le dire, en vacances. Cela ne pouvait plus durer. Il fallait imiter Reagan: lancer de gigantesques programmes d’armement afin de distancer nos ennemis actuels et futurs. Et d’imposer la Pax americana.»
Ces conseillers du candidat Bush, qui occuperont tous de hautes fonctions dans son administration, sont-ils stipendiés par les marchands de canons? Impossible de l’affirmer. Instrumentalisés? A coup sûr. Et financés aussi: leurs think tanks (PNAC ou autres) reçoivent, directement ou indirectement, de généreuses contributions des géants de l’armement.
Bush lui-même est très réceptif à cet endoctrinement. Le monde des marchands d’armes lui est familier. Au Texas, dont il est gouverneur, l’industrie de la défense talonne celle du pétrole. Le fabricant des bombardiers furtifs F117, Lockheed Martin, a une gigantesque usine à Dallas. Bush père, 41e président, et l’ami de la famille, James Baker, conseillent un poids lourd du secteur de l’armement, le groupe Carlyle. Et le colistier de «W», Dick Cheney, a lui aussi d’importants intérêts dans le secteur. Il est alors PDG d’Halliburton, une multinationale dont il a développé la branche militaire. Et sa femme, Lyne, siège au conseil d’administration du plus grand marchand d’armes au monde, l’incontournable Lockheed Martin.
A peine installé à la Maison-Blanche, George Bush ouvre toutes grandes les portes du pouvoir au lobby militaro-industriel. Les faits sont là. Ils ont été établis par William Hartung, directeur du World Policy Institute à New York: dans les premiers mois de sa présidence, Bush Jr nomme 32 pontes de l’industrie de la défense à des postes clés du Pentagone. Ainsi James Roche, ancien vice-président de Northorp Grumman, le fabricant des B2 et des F14: «W» le bombarde ministre de l’US Air Force. A la marine? Le numéro deux de General Dynamics, fournisseur de l’US Navy en vaisseaux de guerre et autres sous-marins nucléaires. A l’armée de terre? Le PDG d’une filiale militaire du groupe Carlyle. Au NRO, l’agence qui achète et gère les satellites espions? L’ancien patron de Lokheed Martin... Et ce n’est pas tout: le secrétaire adjoint à la Défense, futur architecte de la guerre en Irak, Paul Wolfowitz, a été consultant chez Northorp Grumman. Tout comme le numéro trois du Pentagone Douglas Feith. Et le financier en chef de la même institution, jusqu’en mai, Dov Zakheim. Désormais, le lobby (couloir, en anglais) des marchands d’armes ne fait plus antichambre: il a investi les bureaux. «Depuis Bush, il n’y a plus de sas entre l’industrie de l’armement et le pouvoir politique. C’est le même monde désormais, ou presque», s’alarme Lawrence Korb, qui n’est pas un gauchiste hirsute: républicain bon teint, il a été sous-secrétaire à la Défense sous Reagan.
Dans ce tout petit monde, cette nomenklatura à l’américaine, on s’encombre peu de morale publique. En juin, deux proches collaborateurs de Bush et de Cheney décident de quitter la Maison-Blanche pour monter leur propre affaire. Ils ouvrent un cabinet de lobbying. Leur premier client? Lockheed Martin... En mai, c’est le grand argentier du Pentagone, le contrôleur général Dov Zakheim, qui choisit de se recycler. Dans l’université? La banque? Vous n’y êtes pas. Il sera vice-président de Booz Allen Hamilton, un géant du conseil, et surtout un gros, très gros, prestataire de services du ministère de la Défense.
Il y a mieux encore. Le département «acquisitions» du Pentagone s’occupe des achats d’armement. C’est là que se décident les grands programmes. Là que les gros contrats sont attribués. Or qui George Bush a-t-il nommé, en 2001, comme acheteur en chef du Pentagone? Un ancien patron de McDonnell Douglas, fabricant des avions militaires F15 et F18. L’intéressé, un certain Edward Aldridge, avait une dent contre le projet de nouvel avion de combat F22, parce qu’il était conçu par un rival de McDonnell: l’inévitable Lockheed Martin. Pendant ses deux ans au département de la Défense, le bon M. Aldridge a bataillé ferme contre l’avion. Et puis, comme par enchantement, il a dit oui en mai 2003. Quelques semaines après, il quittait le Pentagone pour siéger au conseil d’administration de... oui, vous avez deviné: Lockheed Martin.
Un monde de copains et de coquins. Intouchables. En juin, le sénateur de Virginie-Occidentale Robert Byrd a proposé une loi visant à durcir les règles éthiques: «Les relations entre les firmes d’armement et l’exécutif sont devenues trop intimes, a-t-il déclaré, il y a trop de copinage. Le potentiel d’abus est énorme.» Le Congrès – à majorité républicaine – a balayé la proposition Byrd. Avec la bénédiction de Bush.
Les exemples de tels «abus», pourtant, ne manquent pas. A tous les sens du terme. En juin, la Cour des Comptes américaine (le GAO) révèle que, depuis 2001, les cadres du ministère de la Défense ont gâché plus de 100000 billets d’avion faute de les avoir utilisés à temps. Et que leurs cartes de crédit professionnelles servent à tout, même à payer des implants mammaires... La désinvolture du Pentagone dans la gestion de l’argent public est sidérante. En mars 2003, à la veille de la guerre d’Irak, on a découvert que les militaires avaient «égaré» 56 avions et 32 tanks et qu’ils étaient incapables de mettre la main sur un stock important de protection NBC. Mais ce ne sont là que broutilles...
Sous Bush II, le Pentagone a un crédit quasi illimité. Il peut enfin passer commande de tous les joujoux extravagants dont il rêve depuis des décennies. Comme les destroyers furtifs de General Dynamics, qui pourront se fondre dans une vague à l’instar d’un sous-marin et en même temps tirer un missile à 400 kilomètres à l’intérieur des terres ennemies – lesquelles, au fait? Ou ces 30 sous-marins d’attaque imaginés dans les années 1980 pour anéantir la flotte soviétique... Des joujoux qui coûtent (ou rapportent, selon le point de vue) 2 milliards de dollars pièce! Ou encore les 750 chasseurs spécialement conçus par Lockheed Martin pour percer les défenses de l’URSS et détruire les Mig soviétiques, le tout à une vitesse super-sonique. Des avions pour le moins inadaptés à la guerre contre le terrorisme...
Ne manque que l’ennemi contre qui les employer. Mais on le trouvera bien. On l’inventera au besoin. C’est si facile. Ecoutons Frank Gaffney, un porte-parole quasi officiel du complexe militaro-industriel. A Washington, il dirige un think tank très influent, le Center for Security Policy. Port aristocratique, barbe et moustache finement taillées, Gaffney dit: «L’ennemi? Mais c’est la Chine, bien sûr. C’est contre elle qu’il faut s’armer.» Ah bon, après l’Afghanistan, l’Irak, il y aura donc une guerre contre l’Empire du Milieu? «J’en suis sûr. Je prévois même qu’elle aura lieu avant dix ans.» D’où la nécessité de produire, et de produire encore, des armes de plus en plus sophistiquées!
Il faut trouver un nouveau champ de bataille, oublier l’Irak. Les marchands d’armes n’aiment plus cette guerre-là. On s’y enlise, on y laisse de sa superbe; et surtout on n’y perd que des hommes, pas de matériel ou si peu – quelques hélicoptères, quelques chars, des drones, pas de quoi gonfler les carnets de commande. On a seulement consommé beaucoup de munitions, de simples munitions. D’ailleurs on les importe d’Angleterre et d’Israël.
Pourtant, elle était belle cette guerre, sur le papier. Elle devait marquer le triomphe du complexe militaro-industriel. Bush avait laissé carte blanche au Pentagone et à ses amis. Ils pouvaient s’occuper de tout: le contrôle du pays, le pétrole et même la reconstruction. Alors le lobby n’a pas ménagé ses efforts, travaillant main dans la main avec l’équipe Bush pour «vendre» cette guerre à l’opinion. Un ancien agent secret a joué un rôle clé dans cette entreprise. Il s’appelle Bruce Jackson. Visage poupin, costume sombre, il a été officier de renseignements militaires au début des années 1980. Puis il est entré chez Lockheed Martin, dont il est devenu vice-président, en charge... des nouveaux marchés. En 1996, il crée un groupe de pression qui milite pour l’entrée des anciens pays communistes dans l’Alliance Atlantique, le Comité pour l’élargissement de l’Otan. Son but: rafler les contrats d’armement en Europe de l’Est. L’opération est un succès. L’ancien Pacte de Varsovie rejoint l’Otan. Et la Pologne achète des F16 à Lockheed Martin.
A l’automne 2002, la Maison-Blanche fait de nouveau appel à Bruce Jackson. «Des gens de l’équipe Bush m’ont dit:"Nous avons besoin de vous pour faire accepter la guerre contre Saddam. Faites comme pour l’Otan"», a raconté Jackson dans un journal américain. Sitôt dit, sitôt fait. Il crée le Comité pour la Libération de l’Irak. Mais il ne s’arrête pas là. En février 2003, la diplomatie américaine est ensablée à l’ONU. La France et l’Allemagne bloquent toute résolution autorisant le recours à la force. Bush demande alors à Jackson d’intervenir auprès de ses amis en Europe de l’Est. «L’idée était de casser le monopole franco-allemand sur la politique étrangère européenne, a-t-il expliqué au "Financial Times". Si Paris et Berlin pouvaient dicter leur loi aux autres Etats européens, nous pouvions faire de même.» Le résultat, ce sera la publication de la célèbre «lettre des dix», dite de Vilnius, dans laquelle Polonais, Roumains et autres Lettons affichent leur soutien à la position de Bush à l’ONU.
Peine perdue. L’Amérique part en guerre isolée. Et mal préparée. On pense alors que tout sera fini en mai. Il n’y a aucun plan pour maintenir un gros contingent en Irak. On ne pense qu’au pétrole. Plusieurs mois avant le déclenchement du conflit, le Pentagone a confié en secret à Halliburton, l’ancien employeur de Dick Cheney, la reconstruction et le contrôle des puits pétroliers. Mais on n’a pas pensé à fournir assez de casques ou de gilets pare-balles aux GI. C’est la confusion, puis le chaos, le bourbier...
Tous, pourtant, ne rêvent pas de déguerpir d’Irak. Il y en a qui sont ravis que cette guerre s’éternise. Pour eux, c’est même le nouvel eldorado. Qui? Les prestataires de services de l’armée, une branche à part – mais de plus en plus puissante – du complexe militaro-industriel. Car le Pentagone fait désormais appel à des firmes privées pour toutes sortes de services logistiques (nourriture des GI, blanchisserie, acheminement du courrier...). En manque d’effectifs, il sous-traite aussi le gardiennage des lieux publics, des puits de pétrole, des prisons. Une aubaine pour les nouveaux mercenaires. Peter Singer, de la Brookings Institution de Washington, le grand think tank démocrate, juge cette privatisation de la guerre très dangereuse. «En Irak, le Pentagone sous-traite des fonctions très sensibles à des non-militaires, dit-il. Et cela donne des scandales comme celui de Caci.»
La société américaine Caci fournissait la moitié des interrogateurs dans la sinistre prison d’Abou Ghraib. Ces hommes étaient spécialement chargés des «détenus importants». Pourtant, selon un rapport officiel, un tiers d’entre eux n’avaient reçu aucune formation. Ils avaient été recrutés en cinq minutes sur un simple coup de téléphone, sans fournir ni CV ni casier judiciaire. A Abou Ghraib, plusieurs d’entre eux ont été impliqués dans des abus sexuels sur des prisonniers. Le Pentagone n’en a cure. Il continue d’enrichir Caci. Le 18 septembre, le patron de l’entreprise, un certain Jack London (!), a réuni des investisseurs. Il leur a annoncé des profits en hausse de 56«Nous avons enregistré le plus grand bénéfice de notre histoire, a-t-il déclaré. Et la demande du gouvernement est toujours aussi forte.»
Il faut dire que Caci contribue généreusement au Parti républicain. Comme tous les prestataires de services du Pentagone en Irak. «C’est même, semble-t-il, un critère de sélection, explique Andreï Viloy, du Center for Public Integrity, qui a épluché tous les contrats. Sept entreprises sur dix qui travaillent avec le Pentagone en Irak ont des liens privilégiés avec le parti de Bush. En échange, on leur a attribué les marchés sans appel d’offre.» Le même monde, encore et toujours. Un monde clos, propice à toutes les malversations.
Le cas d’Halliburton, la firme qu’a dirigée Dick Cheney, est saisissant. Cette multinationale du Texas ne fait pas que dans le pétrole, comme on le croit souvent. Elle a une filiale, KBR, qui s’occupe de logistique: elle fournit des tentes, de l’essence, sert des repas aux militaires, s’occupe de leur linge... Un gigantesque marché, créé par... Dick Cheney en personne. Expliquons-nous. Avant de rejoindre Halliburton, Cheney était secrétaire à la Défense de Bush père. C’est lui qui, en 1992, décide de privatiser au maximum les activités du Pentagone. Il s’agit, assure-t-il, de réduire le nombre de fonctionnaires et d’alléger les charges du contribuable américain. Il commande une étude à ce sujet à KBR – étude payée 9 millions de dollars! On ne connaît pas la teneur exacte de ce rapport, qui quatorze ans après est toujours tenu secret. Ce qu’on sait, c’est que la privatisation de la logistique a été aussitôt entreprise. Et que peu après le conseil d’administration d’Halliburton a nommé Cheney, qui venait juste de quitter le Pentagone, PDG de la société. Sage décision: comme par enchantement, KBR rafle dans la foulée la plupart des contrats de logistique militaire des années 1990 (Bosnie et Kosovo notamment).
Mais le meilleur reste à venir: les guerres en Afghanistan et en Irak. Des mines d’or pour KBR, qui décroche l’exclusivité du ravitaillement et du logement des militaires engagés dans ces deux conflits. Son chiffre d’affaires est, du jour au lendemain, multiplié par... dix. Grâce à la protection de Cheney? Il s’en défend. KBR, en tout cas, agit comme si elle n’avait rien à craindre. Elle fraude à tout-va. La Cour des Comptes américaine a découvert que KBR avait facturé au Pentagone 15,9 millions de repas, alors que les soldats n%E
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