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Afghanistan - Pipelines vers le 11 septembre 2001 - 5 ans apres le début de la guerre retour sur les causes

Les attaques terroristes du 11 septembre 2001, suivies de la guerre en Afghanistan et de la « Guerre contre la Terreur » ont changé le monde. Pourtant, tout comme les armes de destruction massive n’avaient rien à voir avec l’invasion de l’Iraq, Osama bin Laden n’a rien à voir avec la guerre en Afghanistan. Les véritables raisons de cette guerre sont le pétrole, le gaz et des pipelines autour de la Mer Caspienne. L’opération du 11 septembre avait pour but de donner une impulsion nouvelle aux conquetes des Etats-Unis dans leur ambition de maitriser les sources de pétrole et de gaz. 



 


Afghanistan - Pipelines vers le 11 septembre 2001 - 5 ans apres le début de la guerre retour sur les causes
 
 

Sommaire - Contenu - Introduction

Sommaire 

Cet article relate les arrière-plans de la guerre des États-Unis contre l’Afghanistan. Les véritables raisons du conflit sont le pétrole, le gaz et des pipelines autour de la Mer Caspienne. Afin de transporter le pétrole et le gaz depuis le côté est de la Mer Caspienne vers des marchés prometteurs au Pakistan et en Inde, un projet de construction de pipelines traversant l’Afghanistan avait été étudié. Le Etats-Unis entendaient obtenir la maîtrise sur ce pipeline stratégique via l’entreprise UNOCAL, mais lorsque celle-ci n’y parvenait pas, les Etats-Unis finissent par préparer une guerre. Au moment où les militaires étaient prêts à attaquer, et qu’il ne manquait plus qu’un prétexte pour l’invasion, les événements du 11 septembre 2001 tombaient à pic. Les Etats-Unis pouvaient attaquer l’Afghanistan avec le support du Congrès, de la population et du reste du monde. Bush a menti sur les vraies raisons et « Opération 11 septembre » s’avère un crime presque parfait. 

Contenu 

Introduction 
Ligne chronologique 1989 – 2000 
Les idées des néo-conservateurs 
Les acteurs riches et leurs influences 
Les préparations pour le 11 septembre et l’invasion de l’Afghanistan 
Le 11 septembre 2001 
Conclusion 

Introduction 

Nos politiciens ont formé les idées, que beaucoup de gens ont de notre monde. Ils ont divisé notre monde en bien et mal. Naturellement, eux, ce sont toujours les bons et ceux qu’ils accusent sont les mauvais. Simple, n’est-ce pas? 

Par contre, si nous nous tenons aux faits, et jetons de côté toutes les informations qui viennent de sources invérifiables, notre monde semble très différent. Cette recherche n’a pas pour but d’offenser qui que ce soit. Si vous êtes content de la version “officielle” de notre histoire, ne lisez pas ce qui est écrit ici. 


Bush disait que les attaques du 11 novembre étaient la raison pour envahir l’Afghanistan. [1] 

Cet article montre que cette guerre était le résultat logique des tentatives ratées des États-Unis pour construire et maîtriser des pipelines à travers l’Afghanistan, et que les préparatifs pour cette guerre avaient eu lieu avant le onze septembre 2001. 

En septembre 2000 les néo-conservateurs écrivaient, qu’ils avaient besoin d’un événement «catastrophique et catalytique». Cet article montre comment cet événement a pu avoir lieu le 11 septembre 2001. 

L’attaque de 1993 

Les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone du 11 septembre 2001 font presque oublier une attaque précédente contre le World Trade Centre en 1993. Le 20 janvier 1993 William (Bill) Clinton était devenu président. Un mois plus tard « une explosion immense eût lieu à 12:18 heure locale dans la section des services secrets du parking situé sous les batiments les plus hauts de New-York. » [2] 

La BBC publiait les paroles d’un témoin: « On avait l’impression qu’un avion heurtait le bâtiment. » Apparemment l’explosion avait pour but de faire tomber les tours du WTC. Le New York Times découvrait, que le FBI était impliqué dans l’attaque. Le FBI aurait infiltré un groupe de terroristes et aurait été au courant de leurs intentions. Mais pour des raisons inconnues, ils n’avait pas empêché cet attentat. [3] Six personnes étaient tuées et une centaine blessées. [2] 
 
 

Ligne chronologique 1989 - 2000

Dans ce chapitre je présenterai une ligne chronologique des événements en Afghanistan. Je mentionnerai également les événements relatifs au terrorisme, puis que ceci deviendra le prétexte final des Etats-Unis pour débuter la guerre. 

Immédiatement après les attaques du 11 septembre 2001 des officiels américains accusèrent Osama bin Laden. Comme l’homme résiderait en Afghanistan, ceci offrait à George W. Bush le prétexte pour attaquer et envahir l’Afghanistan. 

Regardons de plus près la situation d’avant le 11 septembre. Comme promis par le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, l’Union Soviétique avait retiré son dernier soldat de l’Afghanistan le 15 février 1989. C’était la fin de dix années de guerre. C’était aussi la dernière guerre de l’Union Soviétique. 

Quelques mois plus tard, le 9 novembre 1989, le Mur de Berlin tombait. Le Rideau de Fer s’écroulait. Les gens de l’autre côté du rideau, dont nos chefs politiques avaient toujours prétendu qu’ils étaient dangereux et féroces, paraissaient être des gens aussi aimables que nous-mêmes. 

Avec le concept de la Guerre Froide nos chefs avaient divisé notre monde et maintenu une angoisse dans notre esprit pendant plus de quarante ans. Cette terreur, fabriquée par nos propres gouvernements, était enfin finie. 

Les projets de pipelines à travers l’Afghanistan 

Le 25 décembre 1991 le drapeau soviétique sur le Kremlin était baissé pour la dernière fois. [4] Les républiques soviétiques devenaient indépendantes. Parmi celles-ci il se trouvaient les pays au tour de la Mer Caspienne, tous riches en pétrole et en gaz. 
CARTE 

Auparavant, le pétrole et le gaz étaient acheminés par des pipelines vers leurs voisins soviétiques, ou bien ils étaient exportés vers l’Europe via la Russie. Mais à présent, chaque pays pouvait vendre son propre pétrole et gaz et développer de nouveaux marchés. Des acheteurs arrivaient de partout. 

Au début, les nouveaux chefs n’avaient pas encore d’expérience avec le marché mondial du pétrole. Une des premières transactions du Turkménistan a été de vendre aux enchères un puits de pétrole pour seulement $100,000. [5] Des entreprises provenant des États-Unis arrivaient aussi. 

Pour le pétrole et le gaz caspien, le plus grand défi était de les transporter aux marchés mondiaux. Le problème? La région est entièrement entourée de terre. Si l’on ne fait pas confiance à la Russie sur le côté nord de la Mer Caspienne, ni à l’Iran sur le côté sud, il faut construire de nouveaux pipelines. 
CARTE 

Aujourd’hui, du côté ouest de la Mer Caspienne le pétrole est pompé par différents pipelines vers la Mer Noire et la Mer Méditerranée, d’où il est transporté par bateaux. 

Par contre, sur le côté est les grosses affaires sont encore limitées. Pour libérer le pétrole et le gaz de ce côté-ci, des pipelines doivent être construits à travers l’Afghanistan. Ici, depuis le début des années 90, il y avait deux projets de construction de pipelines, l’un pour du pétrole et l’autre pour du gaz. 
CARTE 

Le pipeline de pétrole devait aller vers le sud, vers l’Océan Indien, terminant au port de Gwadar au Pakistan. Le pipeline de gaz devait tourner vers l’est, vers Multan, au milieu du Pakistan. Du Pakistan une extension était en projet vers Bombay (Mumbia, Indes), où une entreprise avec des liens avec père et fils Bush, Enron, était en train de construire une grande centrale électrique. [6] 

Les contrats de pipelines ne sont pas uniquement des projets de construction se chiffrant à plusieurs milliards de dollars. Généralement, le signataire du contrat achète et vend également le pétrole et le gaz qui passe à travers. Il en dispose. Il détermine le prix payé au fournisseur. Il détermine la redevance payée aux pays traversés. Il détermine également qui aura le pétrole ou le gaz, la quantité, le prix et la monnaie dans laquelle il sera payé. 

En fait, il détermine beaucoup de choses dans le développement économique, aussi bien du pays vendeur, que du pays acheteur. Avec le Turkménistan avide de vendre son gaz, le Pakistan avide de l’acheter et Enron aux Indes espérant de le voir arriver au plus tôt, le pipeline à travers l’Afghanistan est d’un intérêt majeur. 

Cependant, en 2001, les travaux en Afghanistan n’avaient toujours pas commencé. C’est que depuis le retrait des Soviétiques en 1989, le calme ne régnait toujours pas dans le pays. 

Les Talibans : d’alliés en terroristes. 

Les choses qui perturbaient le calme et empêchaient les affaires méritent d’être mentionnées. En 1992 le président pro-rus Mohammad Najibullah, était chassé. En 1993, Burhanuddin Rabbani devenait président, soutenu par la minorité Tadjik de la population afghane. 

En 1994 les Pashtouns, qui forment la moitié de la population, défiaient Rabbani. Comme les pipelines devaient traverser principalement des territoires Pashtouns, leur mouvement, les Talibans, avait le soutien des États-Unis et du Pakistan. 

En mars 1995, deux entreprises, BRIDAS d’Argentine et UNOCAL des États-Unis, prétendaient toutes les deux avoir obtenu les contrats du vendeur (Turkménistan) et de l’acheteur (Pakistan.) A ce moment-là, aucun contrat n’était encore signé avec les autorités afghanes. 

En octobre 1995, le président Niyazow de Turkménistan, signait un accord officiel avec UNOCAL, mais en février 1996, le président Rabbani d’Afghanistan signait un accord avec BRIDAS pour la section principale de 875 miles (1350 km) à travers l’Afghanistan. [7] 

Les chances d’UNOCAL semblaient alors compromises. Heureusement pour eux, les Talibans voulaient chasser le président Rabbani. En septembre, ils s’emparaient de Jalabad, Kandahar, et puis Kaboul. Le président Rabbani fuyait pour rejoindre l’Alliance Nordique. 

UNOCAL soupirait soulagé. Ils exprimaient leur soutien pour la prise du pouvoir des Talibans, en disant que cela facilitait le projet du pipeline. (UNOCAL disait plus tard, qu’il a été mal cité.) 

Est-ce que BRIDAS était vaincu? Non. En novembre 1996 BRIDAS signait un accord avec les Talibans et le Général Dostum pour la construction du pipeline. Malheureusement, excepté le Pakistan et l’Arabie Saoudite, le gouvernement des Talibans n’obtenait pas de reconnaissance internationale. 

En avril 1997, comme les travaux n’avaient toujours pas commencé, les Taliban annonçaient qu’ils offriraient le contrat à celui qui démarrerait le premier. Cependant, UNOCAL exigeait qu’il y ait la paix d’abord. 

En juillet 1997, le Turkménistan et le Pakistan acceptaient un nouveau délai et signaient un nouveau contrat avec UNOCAL, stipulant que les travaux devaient démarrer avant 18 mois. 

En décembre 1997, UNOCAL essayait de sympathiser avec les Talibans en invitant une délégation à leur siège social à Sugarland (Texas). Les Talibans étaient reçus comme des VIP (Very Important Persons) et séjournaient dans les meilleurs hôtels. [8] 

En Afghanistan, la guerre civile continuait. Sans représentation légale internationalement reconnue les projets de pipelines semblaient sans issue. [9] 

Bombes des États-Unis sur l’Afghanistan après des attaques contre des ambassades en Afrique. 

Le 4 février 1998 et le 30 mai 1998 des tremblements de terre très sévères secouaient le Nord-Est de l’Afghanistan. Ils tiraient l’attention internationale et beaucoup de groupes de secouristes arrivaient dans le Nord-Est de l’Afghanistan pour venir en aide. D’après des accusations des E.U. cela aurait été la période, où, dans cette même région de l’Afghanistan, un certain Osama bin Laden aurait préparé des attaques à la bombe contre deux ambassades des Etats-Unis en Afrique, l’une à Nairobi (Kenya) et l’autre à Dar es Salam (Tanzanie). 

Les attentats avaient un grand impact dans la presse. 258 personnes furent tuées et à peu près 5.000 blessées. Les explosions avaient lieu le 7 août 1998, apparemment sans raisons particulières. [10] 

Et, apparemment, seul le président Clinton en profita. Aux E.U. (= Etats Unis) l’affaire Monica Lewinski touchait à son point culminant. La presse et le public étaient excités. Clinton avait déclaré sous serment qu’il n’avait pas eu de relation sexuelle avec Monica Lewinsky. De nouvelles pièces à conviction indiquaient le contraire. Clinton était sur le point d’être condamné pour parjure. 

Les attaques contre les ambassades déviaient l’opinion publique vers le drame en Afrique. Finalement, le 17 août, Clinton échappait à l’accusation de parjure en raisonnant, que le sexe oral ne constituait pas une relation sexuelle. [11] 

Quelques jours plus tard, le 21 août 1998, des militaires des E.U. larguaient des bombes sur Kandahar et quelques autres cibles en Afghanistan. Seulement après coup, Clinton expliquait aux journalistes que cela était en raison d’Osama bin Laden, qui était supposé être responsable des attaques contre les ambassades. [12] 

Contrairement à George W. Bush en 2001, Clinton n’envahissait pas l’Afghanistan. Une invasion aurait donné de l’espoir à UNOCAL de voir la situation se débloquer, mais avec l’affaire Monika Lewinsky encore dans les esprits, Clinton n’avait pas assez de crédit politique pour une telle guerre. 

Le 2 août 1998, la résolution 1193 du Conseil de Sécurité des Nations Unies blâmait les Talibans pour les problèmes en Afghanistan. [13] 

Le 5 novembre 1998, un Grand Jury des E.U. accusait Osama Bin Laden. (Non pas pour les attaques à la bombe contre les ambassades en Afrique, mais essentiellement pour considérer les E.U. comme son ennemie.) [14] & [15] 

UNOCAL se retire 

En décembre 1998 UNOCAL se retirait du consortium de pipeline et, au moins pour le monde extérieur, le projet de pipeline semblait arrêté. [8] 

Cependant, en janvier 1999 le ministre des affaires étrangères du Turkménistan visitait le Pakistan, disant que le projet était toujours vivant. En février BRIDAS discutait avec des chefs politiques au Turkménistan, au Pakistan et en Russie. 

En mars, le ministre des affaires étrangères du Turkménistan, Sheikh Muradov, rencontrait le chef Taliban Mullah Omar à Kandahar pour discuter du pipeline. En avril, le Pakistan, le Turkménistan, et les Talibans signaient un accord pour relancer le projet. En mai 1999, une délégation de Talibans signait un accord avec le Turkménistan pour acheter du gaz et de l’électricité. [8] 

Avertissement de terreur 

Le 25 juin 1999, le « State Département » des E.U. annonçait: « Comme quelques unes de nos ambassades en Afrique ont été surveillées par des individus suspects, nous prenons la précaution de fermer temporairement nos ambassades au Gambie, Togo, Madagascar, Lybie, Namibie et au Sénégal du 24 juin jusqu’au 27 juin compris – c’est à dire dimanche. » [16] 

Le porte-parole ne semblait avoir aucune idée où ces pays se trouvent, vu l’ordre étrange de les énumérer. En outre, les seuls pays Africains, où des incidents comme des attaques et des prises d’otages ont été rapportés cette année-là, sont Sierra Leone, Nigeria, Burundi et Ethiopie. Aucun de ces pays ne figurait sur la liste. [17] 

Le 4 juillet 1999 le président Clinton signait un ordre exécutif interdisant des transactions commerciales avec les Talibans. [18] 

Retour aux budgets de la Guerre Froide 

Le 23 septembre 1999, le candidat présidentiel George W. Bush exposait ses vues sur l’appareil militaire des E.U. Il lamentait, que les budgets alloués à la Défense aient chuté de 40 pourcent depuis la fin de la Guerre Froide et que l’armée n’ait jamais été en aussi mauvais état depuis Pearl Harbor. (Pearl Harbor était une base des E.U., où ils essuyèrent une sévère défaite lors d’une attaque japonaise en 1941.) 

« Comme président, j’ordonnerai une reconsidération immédiate de nos déploiements outre- mer – dans des dizaines de pays. … Mon deuxième but est de construire les défenses de l’Amérique sur les frontières troublées de technologie et de terreur. » 

Parmi ces vues sur les armes : «Dans l’air nous devons être capables de frapper partout dans le monde avec la précision d’une pointe de clou – avec des avions longue-distance et peut-être avec des systèmes sans équipage » [19] 

Le 15 octobre 1999, les menaces contre les Talibans devenaient plus sérieuses. Résolution 1267 du Conseil de Sécurité des N.U. menaçait avec un ban limitant l’aviation et un gel de leurs fonds, si Osama bin Laden n’était pas livré avant le 14 novembre 1999. [20] & [2] 

Le 11 novembre 1999, pendant une conférence de presse, le ministre des affaires étrangères des Talibans disait qu’Osama bin Laden et les Talibans étaient incapables d’organiser des attaques comme celles sur les ambassades en Afrique et condamnaient ces actions. 

En 2000, des élections présidentielles avaient lieu aux E.U. Il était temps de remettre des décisions délicates à plus tard. 

Le 2 avril 2000, Richard Clarke, qui avait été nommé coordinateur anti-terroriste le 22 mai, quelques mois avant les attaques contre les ambassades en Afrique, prédisait : « Ils s’attaqueront à notre point faible, à notre tendon d’Achilles, qui est largement ici, aux Etats-Unis. » [21] 

Une curieuse liste “No-Fly” 

Le 21 avril 2000, il se passe quelque chose de remarquable. Comme une mesure anti-terroriste le Congrès des E.U. annonce la création d’une seule liste de surveillance de terroristes, la TID (Terrorist Identities Database). Dans cette base de données unique toutes les données relatives aux terroristes internationaux dont dispose le gouvernement des E.U. seront rassemblées. La plupart de ces données proviennent de la liste no-fly TIPOFF, une liste de personnes suspectes, qui sont interdites de monter à bord des avions ou d’entrer aux E.U. [22] 

Cependant, le jour même où le Congrès annonce cette liste unique TID, l’autorité fédérale de l’aviation (FAA) crée une deuxième liste, séparée, pour les vols domestiques et place seulement six noms sur cette liste. Deux semaines avant le 11 septembre, cette liste était étendue avec six autres noms, portant le total à douze noms. 

Grâce à cette liste séparée les pirates du 11 septembre, utilisant des vols domestiques et n’étant pas listés parmi les 12 noms, pouvaient monter à bord sans difficultés. Le 23 août 2001, deux noms, publiés plus tard comme étant deux des pirates, avaient été rajoutés à la liste TID officielle, qui comptait 60.000 suspects. [23] 

 
 

Les idées néo-conservatives

Ce deuxième chapitre démarre en septembre 2000, quand les néo-conservateurs présentent leurs projets. Leurs idées se répandront à travers l’administration de la Maison Blanche après l’élection de George W. Bush. Même avant qu’il n’entre dans la Maison Blanche, deux guerres impérialistes sont déjà sur l’agenda : l’Iraq et l’Afghanistan. L’Afghanistan aura la priorité. 

En septembre 2000 le groupe de réflexion « Projet pour un Nouveau Siècle Américain » (Project for a New American Century, PNAC) publiait ses idées impérialistes pour les E.U. [24] Dans leur document, ils avertissaient que le processus de transformer les E.U. en « la force dominante de demain » serait probablement lent en l’absence de « quelque événement catastrophique et catalytique – comme un nouveau Pearl Harbor. » [25] 

Après le 11 septembre, à ceux qui n’auraient pas compris les effets bénéfiques de Pearl Harbor en 1941, Bush expliquait: « Les quatre années suivantes ont transformé la manière américaine de mener la guerre » et « encore plus important, un président américain et ses successeurs ont donné forme à un monde au delà de la guerre. » Et pour être certain que les gens comprennent, qu’ils devaient comparer le onze septembre à Pearl Harbor, il ajoutait : « le 11 septembre – il y a trois mois et longtemps – a mis une autre ligne de division dans nos vies et dans la vie de notre nation. » [27] 

Beaucoup de membres du PNAC sont devenus des membres de l’administration Bush. Ces membres incluent Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, I. Lewis "Scooter" Libby, et Richard Perle. [26] 

Le 12 octobre 2000, trois semaines avant l’élection présidentielle, la population des E.U. était rappelé brièvement de la menace terroriste dans le monde. Dans le port d’Aden, au Yémen, le destroyer USS Cole de la marine des E.U. était heurté par un bateau gonflable chargé d’explosifs et endommagé. Détail publié: le bateau gonflable semblait s’approcher pour aider le bateau de guerre à s’amarrer. [28] Message: Vous ne pouvez faire confiance à personne. 

Le 7 novembre 2000 les élections présidentielles avaient lieu. George W. Bush ou Al Gore devait devenir président. Le comptage des suffrages donnait un résultat très serré. Les résultats dans l’état de Floride devenaient décisifs, mais le comptage était et reste loin d’être clair. 

Les opposants bataillaient dans beaucoup de cours de justice jusqu’au 13 décembre. Il s’était avéré qu’en Floride 180.000 bulletins avaient été jetés hors du comptage. De cette façon Bush devançait de moins de 600 voix. Des recomptages partiels donnaient des chiffres encore plus faibles. Finalement tous les recomptages ne pouvaient pas être exécutés dans les limites de temps imposées par la Cour Suprême. C’est ainsi que Bush a remporté les élections. [29] 

Dictateur 

Quelques jours plus tard, parlant au Capitole, Bush blaguait à propos de sa nouvelle relation avec quelques chefs du Congrès : « Si c’était une dictature, ce serait vachement plus simple… tant que c’est mois le dictateur. » [30] 

Un lapsus? Pas réellement. En juillet 1998, à propos de gouverner le Texas, il disait déjà « une dictature serait bien plus facile. » [31] Et le 26 juillet 2001, parlant à nouveau de ses difficultés avec le Congrès, il répétait: «une dictature serait vachement plus simple. » [32] 

Eh bien, pour les projets ambitieux des néo-conservateurs le Congrès était, en effet, un obstacle important à vaincre. Le budget des militaires s’était rétréci de 40 pourcent après la Guerre Froide et avec les guerres qu’ils avaient l’intention de mener, ils avaient besoin de beaucoup plus d’argent. 

Comment pourraient-ils obtenir le budget qu’ils voulaient? Si les Etats-Unis étaient attaqués, il n’y aurait pas de problème. Ils recevraient tous les fonds, le soutien politique et la sympathie de la population nécessaires. Mais, comme écrit dans leur document, sans un autre Pearl Harbor les choses n’avanceraient que lentement. [25] 

Au moment où Bush débutait sa présidence, beaucoup de néo-conservateurs considéraient que l’Iraq était la première cible à frapper. Dans leur document de septembre 2000, ils avaient mentionné l’Iraq comme un « rival potentiel » des E.U. [24] 

Première cible l’Iraq? 

L’Iraq a la deuxième plus grande réserve de pétrole au monde. Le pays était exténué. Il avait tenté de conquérir l’Iran de 1980 à 1988, avait envahi le Koweït en 1990, avait perdu contre les forces de la coalition dans l’Opération Tempête de Désert en 1991 et, en suivant, un embargo des Nations Unies avait mené l’économie à l’arrêt et la population au bord de la famine. 

Depuis 1996 le programme « Oil For Food » (Pétrole en échange de Nourriture) des Nations Unies avait porté un peu de soulagement au peuple iraqien. Le pays avait été désarmé. Des inspections d’armes répétées et extensives avaient conclu, que le pays ne formait plus de menace. C’est à dire, pas militairement. En 2000, Saddam Hussein avait réussi un tour de passe-passe économique pour frapper le pilier principal de l’hégémonie des E.U., le dollar. Saddam avait commencé à vendre son pétrole en euros, au lieu de dollars. Alors, le cours du dollar, qui avait été en hausse depuis des années, s’est mis à descendre. Cependant, lorsque Bush arrivait au pouvoir en janvier 2001, cela n’avait pas l’air alarmant. 

Pour lire comment la chute du dollar a hâté l’invasion de l’Iraq par les E.U 
Voyez le chapitre « Dollar Hegemony » 

L’Afghanistan de retour sur l’agenda 

Cependant, moins d’une semaine après que George W. Bush avait été déclaré vainqueur des élections, l’Afghanistan était de retour sur l’agenda international. Résolution 1333 du Conseil de Sécurité des N.U. du 19 décembre 2000 imposait les sanctions qu’elle avait promises plus d’un an auparavant, si les Talibans ne livraient pas Osama bin Laden avant le 14 novembre 1999. (Un ban sur l’aviation afghane et le gel des fonds.) [33] 

L’Afghanistan dans le contexte Caspien 

Géopolitiquement l’Afghanistan était devenue une cible plus urgente. Depuis 1996 les E.U. avaient eu des contre coups importants dans leur ambition de contrôler le gaz et le pétrole sur le côté est de la Mer Caspienne et étaient en train de perdre de l’influence. L’absence d’autorité sur l’Afghanistan menait à des complications importantes. 

Comme mentionné plus haut, les problèmes avaient commencé en février 1996, lorsque le président afghan Rabbani avait signé un contrat avec BRIDAS, le concurrent d’UNOCAL, pour la construction du pipeline de gaz à travers l’Afghanistan, entre le Turkménistan et le Pakistan. [8] En mars 1996, les E.U. essayaient de bloquer ce contrat, en mettant la pression sur le Pakistan en leur disant qu’il devait accorder des droits exclusifs à UNOCAL. Cela donna naissance à un conflit diplomatique avec le gouvernement pakistanais. [8] 

Encore avant la fin de ce mois-là, le Pakistan acceptait officiellement qu’un pipeline iranien traverse leur territoire vers les Indes, rendant possible la vente de gaz iranien aux Indes. Le gaz viendrait du champ gigantesque de South Pars dans le Golfe Persique et traverserait le Sud de l’Iran d’ouest en est par un pipeline encore à construire. [34] 

Entretemps, en février 1996, le Turkménistan avait montré qu’il ne voulait plus dépendre exclusivement du projet du pipeline afghan et avait signé un contrat avec la Turquie pour fournir du gaz turkménistanais par un pipeline à construire le long de la côte nord de l’Iran. Si nécessaire, la Turquie pouvait absorber la totalité du gaz turkménistanais. [34] 

L’Acte des Sanctions contre l’Iran et la Libye (Iranian-Libyan Sanctions Act) 

Avec ces deux pipelines via l’Iran le pipeline afghan deviendrait plus ou moins sans utilité. Peu après, le 18 juin 1996, pour empêcher la construction de ces pipelines en Iran, le Congrès des E.U. a passé l’Acte des Sanctions contre l’Iran et la Libye. [35]. Celui-ci met en garde quiconque qui aiderait l’Iran à les construire et interdit des transactions avec l’Iran pour un montant de 4 millions de dollars ou plus. La détermination des E.U. pour le pipeline afghan était claire. 

Malgré l’Acte des Sanctions, le 30 août 1996, la Turquie signait un contrat de 20 ans pour acheter du gaz à l’Iran. [34] & [36] Le président Turque serait puni pour sa solidarité islamique par un coup militaire, le forçant à résigner le 18 juin 1997, un an jour pour jour après la mise en place de l’Acte des Sanctions. [37] 

Avec l’Acte des Sanctions mis en place, une autre entreprise des E.U., Enron, étendait ses activités dans la région. En Ouzbékistan Enron avait obtenu un contrat pour 11 champs de gaz. En avril 1997, George W. Bush lui-même était intervenu pour aider Enron à obtenir ces contrats. [38] Enron comptait sur le pipeline afghan pour exporter une partie du gaz d’Ouzbékistan vers sa centrale électrique aux Indes. [39] 

Avec leur Acte des Sanctions les E.U. ont longtemps bloqué la réalisation de la connexion des pipelines turcs avec l’Iran. Pour cette raison les livraisons de gaz iranien à la Turquie avait été retardée de plusieurs années. En août 2000, l’Iran et la Turquie convenaient que les livraisons commenceraient au 30 juillet 2001, soit quelques jours avant l’expiration de l’Acte des Sanctions. [40] 

Malgré cet Acte de Sanctions la construction du pipeline dans le Nord de l’Iran avait démarré sur le côté est. Avec des fonds iraniens, l’Iran et le Turkménistan avaient ouvert une connexion internationale de 200 km vers la fin de l’année 1997. [36] 

Raccourci sous-marin évitant l’Iran 

Pour frustrer la poursuite du développement du pipeline iranien vers la Turquie, les E.U. eurent l’idée d’une route alternative: du Turkménistan traversant la Mer Caspienne vers Azerbaïdjan et de là vers la Turquie. Enron faisait l’étude pour le projet. [39] 

A ce moment-là, il semblait que le projet de pipeline afghan serait abandonné. En 1998 Enron se retirait de ses projets de gaz en Ouzbékistan [41] et en décembre UNOCAL se retirait du consortium pour le pipeline afghane. [8] 

Les menaces des E.U. n’avaient pas empêché de grandes compagnies, comme Shell et Total, de signer des contrats avec l’Iran pour l’exploration de pétrole et de gaz. [42] Néanmoins Shell s’était retiré de son projet de pipeline par le Nord de l’Iran. [43] 

Le pipeline sous la Mer Caspienne existait maintenant sur la table à dessiner. Cependant, dans les eaux, les cinq pays riverains (l’Azerbaïdjan, la Russie, le Kazakhstan, le Turkménistan, et l’Iran) n’avaient pas encore abouti à un accord sur les frontières de chacun, et donc sur la propriété des champs pétrolifères. Sans cet accord, un accord de 1940 restait en vigueur. Selon ce dernier, pour un pipeline sousmarin, il fallait d’abord que la Russie et l’Iran soient d’accord. Et ils ne l’étaient pas. [44] 

En 2000, le président turkménistanais avait blâmé les E.U. pour le retard dans le projet de pipeline transcaspien et avait repris ses livraisons de gaz à la Russie. [45] En mai 2000, le président Putin avait même visité le Turkménistan pour offrir des contrats étendus à plusieurs années. [9] Entretemps, au Kazakhstan, le pétrole du champ Tengiz (le sixième plus grand champ du monde) allait être pompé via la Russie vers la Mer Noire. [46] 

 
 

Les acteurs riches et leurs influences

George W. Bush assermenté 

Le 20 janvier 2001, George W. Bush prêtait serment comme président des E.U. Il est le fils de l’ex-président George H.W. Bush. La famille Bush vient du Texas et a des liens serrés avec des sociétés de pétrole et d’autes sociétés dans ledomaine de l’énergie. Ces entreprises ont grandement contribué à la campagne pour l’élection de Bush. 

Aux E.U., c’est normal que des entreprises aident à financer les campagnes électorales de leur candidat préféré. Le soutien financier détermine combien de marketing le candidat peut se permettre et, par conséquence, ses chances de gagner. 

Evidemment, lorsque ces entreprises investissent beaucoup d’argent, elles attendent une contrepartie, si leur candidat gagne. Par exemple des nominations dans l’administration, des influences pour obtenir des commandes d’affaires importantes ou encore des lois et amendements qui leur sont favorables. [47] 

Enron 

Enron était la société, qui avait le plus contribué à la campagne électorale de Bush en 2000. [48] En fait, depuis 1985 Enron avait généreusement contribué aux campagnes électorales, aussi bien du père comme du fils Bush. Le président d’Enron, Kenneth Lay, avait de contacts personnels avec les Bush. Il faisait partie du petit nombre de personnes ayant été invité à dormir à la Maison Blanche. [49] Durant ces années, Enron était passé d’un fournisseur régional d’énergie à la septième plus grande société multinationale des E.U. 

Bien que croulant sous les dettes, causées par ses investissements gigantesques à l’étranger, Enron montrait toujours des résultats splendides. Comment? En câchant les dettes d’outre-mer et ceci grâce à une exemption de la Commission de Sécurité et d’Échanges. Toutes les entreprises des Etats-Unis sont obligées de mentionner leurs dettes d’outre-mer dans leur comptes, selon l’Acte de la Compagnie d’Investissement de 1940. Enron, depuis 1997, en avait été exempté. [47] En outre, à partir de la même période, le vice-président des finances d’Enron, Andy Fastow, avait commencé sa comptabilité « créative ». [50] 

Depuis 1993, aux Indes, Enron avait investi 2,9 milliards de dollars US pour la construction d’une grande centrale électrique près de Bombay. À l’origine, Enron avait compté sur la livraison de gaz bon marché du Turkménistan, via le pipeline projeté par l’Afghanistan. Le projet avait tourné au cauchemar. 

Enron avait reçu de sévères critiques sur sa façon méprisante de conduire ses affaires. Il y avait eu une opposition importante de la population locale, après qu’Enron eût loué les services d’officiers de police pour abattre des protestations des opposants. Des plaintes avaient été déposées pour atteinte aux droits de l’homme. [39] 

Un autre point, et pas le moins important, c’est que les livraisons à la compagnie régionale d’électricité étaient facturées plus du double que l’électricité des autres fournisseurs. [51] Prenant en compte le coût total porté par la compagnie régionale d’électricité, le prix d’Enron était même de 700 pourcent supérieur. [52] La compagnie régionale ne pouvait plus payer les montants facturés. En représailles, en janvier 2001, Enron avait coupé le courant de plus de 200 millions de personnes dans le Nord des Indes, et exigeait trois fois le prix normal. [53] (A peu près à la même période Enron provoquait également des ruptures d’électricité en Californie, pour forcer des augmentations de prix. [54]) 

En 1997, Enron avait également démarré des projets de gaz en Ouzbékistan, pour lesquels George W. Bush avait eu des contacts personnels avec l’ambassadeur Ouzbékistanais. 

Dès que l’administration Bush fut en place, vice-président Cheney s’occupait de récompenser Enron pour son support. Le président d’Enron, Kenneth Lay, avait toute une liste de souhaits pour des modifications dans la législation sur l’énergie. Cheney, qui devait formuler des propositions pour la nouvelle politique énergétique des Etats-Unis, y incluait la quasi-totalité des modifications souhaitées par Kenneth Lay. [55] Par ailleurs, Enron avait encore un différend avec les Indes portant sur une somme de 64 millions de dollars pour la centrale électrique à Bombay. Cheney allait intervenir personnellement en faveur d’Enron à l’occasion de sa rencontre avec le chef de l’opposition indienne Sonia Ghandi, à Washington le 27 juin 2001. [56] 

Enron - Bin Laden 

Enron avait également des connexions avec la firme de construction Bin Laden d’Arabie Saoudite, avec laquelle il construisait une centrale électrique dans la bande de Gaza. (Au moment de la banqueroute d’Enron, en décembre 2001, la centrale n’était pas encore terminée.) [57] 

Bin Laden - Carlyle 

La riche famille Bin Laden est bien connue de la famille Bush. En 1978 Salem bin Laden avait fourni une part de l’argent pour la première entreprise de pétrole de George W. Bush, appelée Arbusto. [58] Le père de George W., George H.W. Bush, après avoir été président, rejoignit le groupe Carlyle [59] où il entretenait les relations avec la compagnie Bin Laden. [60] Il rencontrait la famille en novembre 1998 et en janvier 2000. [61] 

Bin Laden investissait également dans le groupe Carlyle. Le 10 septembre 2001, le jour avant les attaques, H.W. Bush a encore rencontré Shafig bin Laden, le frère d’Osama, à la conférence annuelle des investisseurs du groupe Carlyle. [62] Comme Enron, Carlyle avait énormément grandi. 

Au début des années 90 le fils Bush avait été membre du conseil d’un fabriquant de repas pour lignes aériennes. [60] Carlyle avait acheté le fabriquant. Malgré la faillite du fabriquant de repas, Carlyle grandissait pour devenir un fournisseur important de la Défense des E.U. [61] Une bande d’ex-politiciens bien connus, comprenant le père de George W. Bush et l’ex-premier de la Grande Bretagne John Major et l’ex-président des Philippines Ramos, se remplissent actuellement les poches avec la « Guerre contre le Terrorisme » [59] 

Osama 

Il existe des tas d’informations sur le fils de bin Laden, Osama. Cependant, quasiment toutes proviennent de sources que l’on ne peut vérifier, comme des commentaires par des inconnus, qui l’auraient connu ou rencontré. D’autres histoires sont basées sur des allégations de personnes qui ont des intérêts d’affaires importants dans la « Guerre contre le Terrorisme », comme les Bush. Puis il y a les commentaires par des officiels « convaincus », que tout ce qui a été dit sur Osama est vrai. 

A l’autre extrémité, il y a l’image qu’Osama présente de lui même dans une interview au reporter de CNN, Peter Arnett, en 1997. D’après cette interview, il est avant tout un homme de foi, qui comprend les gens qui combattent les soldats des E.U., qui sont venus pour voler le pétrole et qui ont attaqué la religion islamique. Il nie avoir organisé des attaques contre les E.U. lui-même. [63] (Beaucoup de gens se rappelleront d’un enregistrement vidéo avec la « confession d’Osama », qu’il aurait été au courant des attaques du 11 septembre en avance, qui s’avérait être un faux. [64]) 

Osama deviendrait l’excuse clé pour envahir l’Afghanistan. Le 17 septembre 2001 Bush déclarait qu’Osama bin Laden était « wanted » mort ou vif. [65] 

Pourquoi Osama bin Laden se trouvait-il en Afghanistan? Ici aussi, des sources différentes donnent des réponses différentes. Il avait déjà séjourné en Afghanistan pendant les années 80, aidant les moudjahidines à combattre l’occupation soviétique (comme le faisaient les E.U.). De retour en Arabie Saoudite en 1989 il s’était opposé à l’alliance du roi avec les E.U. 

Quand son passeport fut confisqué, il a fui d’abord, revenant en Afghanistan, et ensuite il s’est installé au Soudan, où tous les musulmans étaient les biens venus après un changement de régime l’année auparavant. En 1994, en raison de son soutien aux mouvements islamiques fondamentalistes, l’Arabie Saoudite lui avait enlevé sa citoyenneté et avait gelé ses fonds. [66] 

Pendant qu’Osama était au Soudan, ce pays était accusé d’être responsable d’une tentative d’assassinat contre le président Égyptien Mubarak, lors d’un sommet en Éthiopie, le 26 juin 1995. Les relations entre l’Égypte et le Soudan s’étaient détériorées au cours de 1995. 

À ce point, sautons vers l’Afghanistan. En février 1996, pour les Etats-Unis, le projet de pipeline à gaz était plutôt compromis. Le président Rabbani d’Afghanistan avait contracté l’entreprise Argentine BRIDAS au lieu de contracter UNOCAL. Pour torpiller le contrat signé par Rabbani, ce dernier devrait disparaître. Mais qui c’est qu’on pourrait accuser, si Rabbani était tué? 

Revenons au Soudan. Tout d’un coup, le 8 mars 1996 les E.U. demandent au Soudan d’extrader Osama bin Laden. Ils ne précisent pas vers quel pays. Mais puisque les Saoudiens avaient pris son passeport et sa nationalité, Osama n’avait pas beaucoup d’options. Le 18 mai 1996 il quittait le Soudan et retournait en Afghanistan. [67] 

Des années plus tard beaucoup de personnes se demandaient toujours pourquoi Osama n’avait pas été arrêté à cette occasion. 

En Afghanistan, les choses prendraient une direction différente que prévue. Du 20 mars au 4 avril 1996 les chefs Talibans tenaient une shura (réunion) et concluaient une jihad contre Rabbani. [68] Osama arriva le 18 mai mais ne s’y est pas impliqué. Le 27 septembre, les Talibans conquéraient Kaboul et le président Rabbani fuyait pour rejoindre l’Alliance du Nord. UNOCAL avait alors de bonnes raisons de croire que le projet du pipeline allait avoir une issue positive. Hélas! C’est encore le concurrent BRIDAS, qui était le plus rapide et signa un contrat avec les Talibans en novembre 1996. 

Finalement, c’est en raison de cette défaite que les Etats-Unis en sont venus à vouloir évincer les Talibans du pouvoir. Clinton n’allait pas envahir l’Afghanistan après les attentats contre les ambassades en Afrique, peut-être à cause de Monica Lewinski. Bush allait s’en charger, après les événements « catastrophiques et catalytiques » du 11 septembre 2001. 

Après avoir utilisé la présence d’Osama bin Laden en Afghanistan comme son excuse-clé pour envahir le pays, Bush déclarait le 13 mars 2002, qu’il n’était pas vraiment inquiété par Osama bin Laden. [69] 

Karzai 

Après la conquête de l’Afghanistan, ou du moins de sa capitale, Hamid Karzai, était nommé président de l’administration intérimaire d’Afghanistan. Bien qu’un journaliste digne de foi d’un journal mondialement connu ait annoncé, que Karzai avait été conseiller d’UNOCAL, son éditeur a rétracté cette information par la suite. Que Karzai ait été payé pour ses services ou non, toujours est-il, que le 16 juin 2002, même avant qu’il y ait un président élu, Karzai a signé un accord officiel avec le Turkménistan et le Pakistan pour la construction d’un pipeline de gaz à travers l’Afghanistan. [70] 

Même si ce pipeline serait achevé trop tard pour transporter du gaz turkménistanais vers le Pakistan et les Indes, l’Afghanistan reste un butin de guerre intéressant. Comme le Turkménistan, il dispose d’un champ de gaz géant. Celui-ci est situé au sud du champ turkménistanais, près de Mazar et Sharif. Afghanistan dispose également de plusieurs champs de pétrole ainsi que de charbon. Par ailleurs, dans les années 70, des géologues britanniques avaient déjà recensé 1600 localités comportant des minéraux. 


 
 

Les préparations pour le 11 septembre et l’invasion de l’Afghanistan

Le choix du moment des attaques 

Comme observé plus haut, le moment des attaques contre les ambassades en Afrique a aidé Clinton, dans la mesure où elles détournaient l’attention de sa condamnation imminente pour parjure dans l’affaire Monica Lewinsky, et la fixaient sur les ennemis communs: les terroristes. 

L’invasion de l’Afghanistan devait cependant attendre l’arrivée du président suivant. Ainsi, entre 1998 et 2001 il restait suffisamment de temps pour tout préparer soigneusement. Ci-dessous nous remarquerons, que les attaques du 11 septembre survenaient au moment précis où les militaires et le matériel venaient juste d’arriver au Moyen-Orient. La seule chose manquante pour déclarer la guerre à l’Afghanistan était un prétexte pour obtenir le soutien du Congrès, de la population des E.U., et du reste du monde… 

Les préparations militaires 

Pour les Etats-Unis, envahir l’Afghanistan de l’autre côté du monde était une opération délicate. Peu à peu les E.U. avaient poussé leur influence dans les républiques soviétiques d’antan. Des compagnies de pétrole et de gaz s’étaient installées en Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan. Les militaires avaient également étendu leur influence dans la région caspienne, défiant la Russie et la Chine dans leurs jardins de derrière. 

Déjà en 1997, au Nord de l’Afghanistan, les E.U. avaient étendu considérablement leur « coopération » militaire avec le Kazakhstan, qui forme le tampon avec la Russie. [71] En 1999, plus près de l’Afghanistan, ils avaient étendu leur présence en Kyrgyzstan [72] , de même qu’en Ouzbékistan, un des voisins de l’Afghanistan. [73] Le 14 et 15 avril 2000 des troupes des E.U. et d’Ouzbékistan menaient des exercices militaires conjoints. [74] 

À l’est de l’Afghanistan, l’administration des E.U. entretient des rapports solides avec le service de renseignements pakistanais. Son directeur, le Lieutenant-Général Mahmoud Ahmad, se trouvait avec des officiels des E.U. la semaine avant et pendant les attaques du 11 septembre. [75] 

À l’ouest, des F-15 étaient basés en Arabie-Saoudite, au Koweït et en Turquie et la Cinquième Flotte était stationnée en permanence dans le Golfe Persique. [76] 

Pour la guerre en Afghanistan, des transports énormes de troupes et de matériel devaient être organisés bien avant l’attaque. Le 7 novembre 2000, le jour où tous les citoyens aux E.U. étaient occupés à l’élection de leur président, le Royaume Uni annonçait son plus grand exercice militaire depuis la Guerre du Golfe, Opération Sabre Rapide (Swift Sword en anglais et Saif Sareea en arabe), comprenant 24.000 hommes et beaucoup de matériel lourd. [77] 

L’exercice avait lieu sur la côte d’Oman, un endroit stratégique, puisque tous les tankers de pétrole de la région du Golfe Persique (l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, le Koweit, l’Iraq et l’Iran) doivent traverser le Golfe d’Oman. Ici le Royaume Uni maintient un Dépôt de Matériel de Guerre.[78] L’exercice devait se tenir du 15 septembre jusqu’à la fin octobre 2001. [79] Le Royaume-Uni commençait à transporter ses troupes et son matériel vers Oman au mois d’août 2001. [80] Le Royaume-Uni participait à l’invasion. [81] 

Du 8 octobre jusqu’à la fin octobre 2001, une autre opération militaire était programmée en Égypte: « Bright Star », une opération organisée par l’OTAN. C’était l’exercice le plus important au monde comprenant plus de 11 nations et plus de 70.000 hommes (dont 23.000 des États-Unis.) [82] 

Parmi d’autres mouvements militaires « fortuites » vers l’Afghanistan, nous remarquons, que le 23 juillet 2001 le porte-avion Carl Vinson était envoyé depuis Bremerton (sur la côte ouest des E.U.) vers la Mer d’Arabie. Il arrivait exactement à l’heure pour lancer les premières attaques aériennes contre l’Afghanistan le 7 octobre 2001. [83] 

Préparations diplomatiques. 

Sur le front diplomatique, pour diminuer le risque que la Chine se fâche, le 19 juin 2001 Bush a proposé de venir au sommet de l'APEC à Shang Hai et devait rencontrer le président Zemir entre le 15 et le 21 octobre 2001. [84] & [85] (La rencontre de Bush avec les présidents Zemir et Putin a eu lieu le 20 octobre 2001. [86]) 

En outre, en 2001, la Chine était en train de compléter ses accords bilatéraux avec tous les 37 membres de l’Organisation du Commerce Mondial. La Chine attendait d’en devenir membre depuis de nombreuses années. Les accords bilatéraux avec le Mexique allaient être les derniers pour compléter l’adhésion de la Chine. [87] En juillet 2001, Bush polissait ses relations avec le Mexique, en «s’élevant » contre les restrictions malhonnêtes qui limitaient les importations de camions mexicains aux Etats-Unis. [88] 

Les petits soins de Bush n’était probablement pas seulement pour mettre les Mexicains de bonne humeur pour signer avec la Chine, mais aussi parce que le Mexique serait membre du Conseil de Sécurité en 2002 et 2003. La Chine signait ses accords bilatéraux avec le Mexique et devenait membre de l’Organisation de l’Organisation du Commerce Mondial le 13 septembre 2001. [89] 

Les systèmes sans équipage de Bush. 

Été 1999, un nombre d’ambassades des E.U. en Afrique était fermées un long weekend, en raison d’individus suspects traînant dans les environs. [16] Quelques jours plus tard, Clinton avait passé un ordre interdisant des transactions commerciales avec les Talibans. [18] Et, quelques mois après ces événements, George W. Bush avait présenté ses idées sur la Défense « sur la frontière troublée de technologie et de terreur. » 

Il avait dit : «Dans l’air nous devons être capables de frapper partout dans le monde avec la précision d’une pointe de clou – avec des avions longue-distance et peut-être avec des systèmes sans équipage » [19] 

En septembre 1999, Bush avait dit « peut-être ». Il l’envisageait. C’était à un moment où le marché des avions sans équipage (unmanned aerial vehicles, UAV's) pour l’aviation militaire et civile se développait rapidement. [90] En 2001, il existait plus de 60 types de ces avions dans le monde, de petits modèles jusqu’à des grands avions. [91] 

À l’époque du discours de Bush, en 1999, les E.U. développaient le Global Hawk [92], un avion militaire sans équipage avec une largeur d’ailes comparable à un Boeing 737. Il avait fait son premier vol de la base de l’armée de l’air Edwards (Californie) le 28 février 1998. [93] Après que Bush était devenu président, le Global Hawk a fait son premier vol de test historique vers l’Australie le 23 avril 2001. [94] 

Le 11 septembre 

Pas tout le matériel sur le 11 septembre a été rendu public. Quelques unes des preuves fiables ont été confisquées par la CIA. [95] Les affirmations d’agents officiels s’avéraient souvent contradictoires. Et, en particulier, la Maison Blanche a confisqué des dizaines de rapports de la Commission du 11 septembre. [96] La recherche de la vérité n’en devient pas plus aisée. 

La version officielle des événements comporte un nombre très important de hasards, qui ont facilité la « réussite » des attaques. 

Un exercice militaire à l’échelle nationale, Global Guardian, à l’origine programmé pour novembre 2001, est en plein cours, créant la confusion entre les exercices et les événements du monde réel. [97] 

Un exercice de grande envergure, Vigilant Guardian, a lieu et comprend tout NORAD, l’organisation qui normalement envoie des avions chasseurs aux avions civiles plusieurs fois par semaine, lorsque les contrôleurs aériens rapportent des incidents. [97] 


L’exercice Vigilant Guardian simule une attaque contre les États-Unis. [97] 

NORAD tient également une opération programmé d’avance dans le monde réel, appelé Operation Northern Vigilance, pour laquelle des avions chasseurs sont stationnés en Alaska et au Canada. [98] 

L’opération Northern Vigilance crée également des faux signaux aux écrans radars, au moins jusqu’au moment où le deuxième avion s’écrase contre le World Trade Centre. [99] 

À Washington un exercice programmé au « National Reconnaissance Office » comprend le scénario d’un avion utilisé comme arme volante. [97] 

Le président des « Joint Chiefs of Staff » vole au dessus de l’Atlantique en route pour l’Europe. [97] 

Le directeur de l’Agence Fédérale de Coordination des Urgences est à une conférence dans le Montana. [97] 


Le coordinateur de la piraterie de l’air de la Agence Fédérale de l’Aviation (FAA), qui doit contacter le Centre National de Commandement Militaire en cas de piraterie, se trouve à Porto Rico et ne peut être contacté. [97] 

Tous les agents anti-terroristes du FBI, ainsi que les agents du plus haut niveau des opérations spéciales du FBI sont réunis avec les membres de l’unité anti-terroriste de la CIA, pour un exercice d’entraînement à Monterey en Californie. [97] 

Pour le jour du 11 septembre, le commandant du Centre National de Commandement Militaire avait demandé d’être remplacé par une personne sans expérience. [97] 

Pour le chef des Opérations Nationales de l’Agence Fédérale de l’Aviation (FAA) c’est le premier jour dans sa nouvelle fonction. [98] 

Les pirates de l’air pouvaient monter à bord des avions sans difficulté, puisque les listes d’interdiction de vol officielles n’étaient consultées que pour les vols internationaux et non pas pour des vols intérieurs. [22] & [23] 

Informés quelques minutes après le début du premier détournement (vol 11), des supérieurs d’American Airlines décident de le « garder sous silence » [97] 

Les contrôleurs aériens de Boston ne suivent pas les procédures normales et perdent du temps en contactant différentes bases militaires, au lieu de NORAD. [97] 

Quand NORAD est finalement informé, deux F-15 restent au sol et ne décolleront qu’une fois le deuxième avion s’est déjà écrasé dans le World Trade Center. [97] 

Pour de différentes raisons des F-16 n’arriverons sur scène qu’après le dernier avion écrasé. [97] & [99] 

Une décision est prise de faire atterrir et maintenir au sol non seulement les avions civiles, mais également les avions militaires. [99] 

Le pilote-pirate présumé du vol 77 n’était pas capable de faire voler un Cessna au mois d’août, mais réussissait à faire descendre en spirale un Boeing 757 et frapper le Pentagone quelques mètres au dessus du sol le 11 septembre. [100] 

Le président ne donne aucun ordre en réponse à l’attaque jusque juste avant le crash du dernier avion. [97] 

Ci-dessus je n’ai mentionné que les coïncidences qui ont facilité le succès des attaques. Si j’avais à bâtir une histoire basée sur une série de coïncidences pareille, personne ne me croirait. Eh bien, moi non plus. Gardant les choses dans leur contexte, il est plus sensé de les voir comme des faits et non pas comme des coïncidences. 

Tous les détails rendus publics montrent que les attaques du 11 septembre ont été exécutées avec une précision militaire. Cependant, les pirates auraient été des pilotes improvisés sans les capacités extraordinaires pour voler de la façon qui a été rapportée. [101] & [102] 

En outre, ils n’auraient pas été suffisamment intelligents pour prévoir les réactions induites par leurs actions. Apparemment, ils avaient si peu de conscience politique, qu’ils n’étaient pas au courant que les néo-conservateurs attendaient un « événement catastrophique et catalytique » pour accélérer les conquêtes des E.U. 

Le succès de leurs plans dépendait de beaucoup de connaissance à l’avance sur la situation ce jour-là, comme la confusion offerte par des exercices militaires prévus et les scénarios qu’ils simulaient, comme la confusion offerte par les faux signaux radar, comme l’absence d’images radar primaires chez les contrôleurs aériens dans des secteurs spécifiques, comme l’absence d’un nombre d’agents expérimentés dans la chaîne de commande répondant aux piratages, comme l’absence d’avions chasseur armés pour déjouer leurs plans. 

Tout ceci semble davantage être le travail d’une organisation avec beaucoup d’influence et bien entraînée, une organisation voulant offrir des justifications aux plans de conquête des néo-conservateurs, avec comme première cible l’Afghanistan. 

Il me semble improbable, qu’une telle organisation laisse ses chances de réussite dépendre des capacités improvisées des pirates. Il est plus plausible de supposer que les pirates n’avaient pas le contrôle des appareils. (Malgré une phrase entendu dans la cabine de pilotage du quatrième avion, ayant été traduite comme « Tire-le vers le bas » et interprétés par des officiels comme « Fais écraser l’avion » [102]) Il semble plus probable, que l’opération était conduite sur « la frontière trouble de technologie et de terreur » et que la technologie avait pris les commandes. 

Transporteurs 

Les deux types d’avion utilisés, les Boeing 757 et 767, peuvent être commandés à distance. Quelques jours après le 11 septembre Robert Ayling, un ancien chef de British Airways, mettait en avant dans le Financial Times, que les avions pouvaient être commandés à distance depuis le sol dans des cas de piratage. [13] Le 11 septembre, la commande à distance aurait été entre les mains de mauvaises personnes. 

Si nous considérons de plus près le scénario de la commande à distance, nous remarquons, que, si les détails publiés sur les transpondeurs sont corrects: 

1. le transporteur du deuxième 767 est éteint peu après que le premier 767 s’est écrasé. 
2. le transporteur du deuxième 757 est éteint peu après que le premier 757 s’est écrasé. 

Donc, ça laisse supposer, qu’un pilote commandait à distance les deux 767 l’un après l’autre, et un autre pilote commandait à distance les deux 757 l’un après l’autre. ([104] 9/11 Commission Report, p.32, 8:47 & 9:41) 

Il a également été rapporté qu’un avion cargo militaire C-130 se trouvait à la queue du vol 77 quand ce dernier s’est écrasé contre le Pentagone. Ce même C-130 était derrière le vol 93 quand ce dernier s’écrasait. Est-ce que cet avion jouait un rôle? Ou est-ce que c’était juste un touriste fortuit, volant ça et là pendant que tous les autres avions avaient reçu l’ordre d’atterrir? [101], [105], [106] 

Les pirates piratés? 

Bien que la version officielle attend de nous, que l’on croit que les pirates de l’air voulaient s’écraser contre le World Trade Center et le Pentagone, les enregistrements de conversations rendues publiques ne délivrent pas d’éléments qui soutiennent cette thèse. Bien qu’un grand nombre d’histoires aient été publiées sur les pirates, je n’ai trouvé aucun élément vérifiable. 

Si les pirates soutenaient quelque cause arabe ou islamiste, ils auraient probablement été dans une position plus forte, s’ils étaient retournés vers des aéroports avec quatre avions et des centaines de citoyens des E.U. en leur pouvoir. Ils auraient pu négocier le relâchement de prisonniers politiques. Ils auraient pu exiger que les E.U. retirent leurs troupes de l’Arabie Saoudite. Ils auraient pu plaider n’importe quelle cause. 

Est-ce que les pirates avaient vraiment l’intention de frapper le World Trade Center et le Pentagone ou est-ce qu’ils ont été subordonnés par l’organisation qui les avait « contractés »? Le saurons-nous? D’après la version officielle, tout contact radio et l’écoute des conversations dans les cabines de pilotage auraient cessé, avant que les avions entament leur approche finale du World Trade Center et du Pentagone. Si les pirates voulaient créer l’effet le plus spectaculaire possible, est-ce qu’ils n’auraient pas crié une dernière accusation contre les E.U.? Ou une dernière prière glorieuse à Allah? Ou est-ce qu’ils étaient surpris et paniqués, quand ils voyaient qu’ils allaient s’écraser dans les bâtiments? 
 
 

Conclusion

Les pipelines afghans ne forment qu’une pièce dans le jeu d ‘échec politique des E.U. pour obtenir une influence dominante dans les républiques soviétiques d’antan, riches en pétrole et en gaz. Avec une consommation de 25 pourcent de la production de pétrole mondiale, leur impérialisme est avant tout centré sur l’énergie. Aujourd’hui les Etats-Unis dépendent déjà pour 60 pourcent de pétrole étranger, un pourcentage qui croît rapidement. Les idées néo-conservatives pour transformer les États Unis en une « force dominante » ne sortent pas du néant. 

La pensée, qu’ils avaient besoin d’un « événement catastrophique et catalytique », n’était pas motivée que par les bénéfices financiers personnels, que certains d’entre eux tirent de l’industrie de guerre. C’était aussi un signe de panique d’une nation, qui fait face à des puits de pétrole tarissants et qui se prépare à conquérir des puits étrangers, jusqu’à ce que la dernière goutte aura disparue. 

Rudo de Ruijter 
Chercheur independant 

rudoderuijter@wanadoo.nl 

Son Site 


Note 

Aujourd’hui les Etats-Unis semblent plus intéressés à une occupation durable de l’Afghanistan. Ainsi ils pourront exploiter les réserves afghanes au moment qu’il leur semble opportun. En outre ils gardent le pouvoir de décider, si le Pakistan et les Indes bénéficieront ou non de gaz et de pétrole en provenance de la Mer Caspienne, du Turkménistan ou de l’Afghanistan. En Iraq aussi, j’ai de plus en plus l’impression, qu’il s’agit de faire durer la guerre le plus longtemps possible. Tant que les réserves de pétrole iraquiennes n’arrivent pas aux marchés mondiaux, les cours de pétrole restent élevés, pendant que les réserves en question prennent de la valeur. Tant que le pétrole et le gaz sont vendus en dollars, les Etats-Unis en profitent. 

Tous ces changements politiques sont liés à la prise de conscience que les sources de pétrole tarissent. Depuis 2001 les Etats-Unis virent rapidement vers l’énergie nucléaire. Simultanément ils s’approprient un rôle dominant dans le marché mondial de combustibles nucléaires. Un coup stratégique a lieu en ce moment même pour partager et boucler ce marché en imposant de nouveaux règles de jeu. L’Iran forme le prétexte et le test. http://www.planetenonviolence.org/ 
TNP-ONU-Tentative-de-Coup-Strategique-des-USA-La-Russie, 
-la-Chine-vont-elles-se-laisser-seduire-_a810.html 

[1] http://www.september11news.com/DailyTimeline.htm 


[2] http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/february/26/ 
newsid_2516000/2516469.stm 



[3] http://www.whatreallyhappened.com/wtcbomb.html 



[4] http://news.bbc.co.uk/hi/english/static/in_depth/europe/2001/ 
collapse_of_ussr/timelines/late1991.stm 



[5] http://www.washingtonpost.com/wp-srv/inatl/europe/caspian100598.htm 



[6] http://www.hrw.org/reports/1999/enron/enron2-4.htm 



[7] http://www.hri.org/news/balkans/rferl/1999/99-08-03.rferl.html 



[8] http://www.worldpress.org/specials/pp/pipeline_timeline.htm 



[9] http://www.gasandoil.com/goc/company/cnc02739.htm 



[10] http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/august/7/ 
newsid_3131000/3131709.stm 



[11] http://www.washingtonpost.com/wp-srv/politics/special/clinton/ 
stories/clinton081898.htm 



[12] http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/155252.stm 



[13] http://www.un.org/Docs/scres/1998/scres98.htm 



[14] http://www.fas.org/irp/news/1998/11/98110602_nlt.html 



[15] http://www.fas.org/irp/news/1998/11/indict2.pdf 



[16] http://www.fas.org/irp/news/1999/06/990625db.htm 



[17] http://www.fas.org/irp/threat/terror_99/appa.html 



[18] http://www.fas.org/irp/offdocs/eo/eo-13129.htm 



[19] http://www.citadel.edu/pao/addresses/pres_bush.html 



[20] http://www.un.int/usa/sres1267.htm 



[21] http://web.archive.org/web/20000919212253/http://www.library.cornell.edu/ 
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[22] http://www.fas.org/irp/crs/RL32366.pdf 



[23] http://www.cooperativeresearch.org/entity.jsp?id=1521846767-2057 



[24] http://www.newamericancentury.org/RebuildingAmericasDefenses.pdf 



[25] http://politics.guardian.co.uk/iraq/comment/0,12956,1036687,00.html 



[26] http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Bush_administration: 
_Project_for_the_New_American_Century 



[27] http://www.whitehouse.gov/news/releases/2001/12/20011211-6.html 



[28] http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/october/12/ 
newsid_4252000/4252400.stm 



[29] http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/november/8/ 
newsid_3674000/3674036.stm 



[30] http://www.pbs.org/newshour/bb/politics/july-dec00/trans_12-18.htm 



[31] http://www.governing.com/archive/1998/jul/bush.txt 



[32] http://seattlepi.nwsource.com/national/32902_bush27.shtml 



[33] http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N00/806/62/PDF/ 
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[34] http://www.eia.doe.gov/emeu/cabs/chrn1996.html 



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[36] http://www.hartford-hwp.com/archives/53/052.html 



[37] http://select.nytimes.com/gst/abstract.html? 
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%2fTimes%20Topics%2fPeople%2fE%2fErbakan%2c%20Necmettin 



[38] http://www.publicintegrity.org/report.aspx?aid=104&sid=300 



[39] http://www.monitor.net/monitor/0202a/enrontimeline.html 



[40] http://www.gasandoil.com/goc/news/ntc03653.htm 



[41] http://www.cooperativeresearch.org/entity.jsp?id=1521846767-525 



[42] http://www.farsinet.com/news/nov99wk2.html#shell 



[43] http://www.iranian.com/Times/Dec98b/Khorramabad/624front.html 



[44] http://www.pinr.com/report.php?ac=view_report&report_id=499&language_id=1 



[45] http://www.first-exchange.com/FSU/azer/news/news031800.asp 



[46] http://www.eia.doe.gov/emeu/cabs/chrn2000.html#FEB00 



[47] http://www.publicintegrity.org/report.aspx?aid=104 



[48] http://www.whatreallyhappened.com/SilkRoad.html 



[49] http://www.thenation.com/blogs/capitalgames?pid=21 



[50] http://www.cfo.com/article.cfm/2989389 



[51] http://www.atimes.com/reports/CA13Ai01.html#top5 



[52] http://www.alternet.org/story/12525/ 



[53] http://www.atimes.com/reports/CA13Ai01.html 



[54] http://news.bbc.co.uk/1/hi/business/1972574.stm 



[55] http://www.thenation.com/doc/20020415/nichols 



[56] http://www.guardian.co.uk/enron/story/0,,636530,00.html 



[57] http://www.cooperativeresearch.org/timeline.jsp? 
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[58] http://www.cbc.ca/fifth/conspiracytheories/saudi.html 



[59] http://www.hereinreality.com/carlyle.html 



[60] http://www.guardian.co.uk/wtccrash/story/0,1300,583869,00.html 



[61] http://www.cooperativeresearch.org/entity.jsp?id=1521846767-479 



[62] http://complete911timeline.org/timeline.jsp? 
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[63] http://www.anusha.com/osamaint.htm 



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[66] http://www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/binladen/etc/cron.html 



[67] http://www.cooperativeresearch.org/context.jsp?item=a0396sudansquabble 



[68] http://www.worldpress.org/specials/pp/taliban_timeline.htm 



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[75] http://www.atimes.com/atimes/Front_Page/FD08Aa01.html 



[76] http://www.eias.org/publications/bulletin/2001/eboctnov01.pdf 



[77] http://www.wsws.org/articles/2001/oct2001/oman-o09.shtml 



[78] http://www.globalsecurity.org/military/facility/thumrait.htm 



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[80] http://wsws.org/articles/2001/oct2001/oman-o09.shtml 



[81] http://www.guardian.co.uk/waronterror/story/0,1361,581416,00.html 



[82] http://www.globalsecurity.org/military/ops/bright-star.htm 



[83] http://en.wikipedia.org/wiki/USS_Carl_Vinson_(CVN-70) 



[84] http://transcripts.cnn.com/2001/WORLD/asiapcf/east/06/19/china.russia/index.html 



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[87] http://www.fas.org/sgp/crs/row/IB91121.pdf 



[88] http://telaviv.usembassy.gov/publish/peace/archives/2001/august/0801e.html 



[89] http://www.fas.org/sgp/crs/row/IB91121.pdf 



[90] http://www.marketresearch.com/product/print/ 
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[91] http://www.armada.ch/01-5/cgdrones.pdf 



[92] http://www.fas.org/irp/program/collect/global_hawk.htm 



[93] http://www.fas.org/irp/program/collect/global_hawk.htm 



[94] http://www.spacedaily.com/news/uav-01d.html 



[95] http://web.archive.org/web/20010921200613/www.washtimes.com/ 
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[96] http://www.washingtonpost.com/ac2/ 
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[97] http://complete911timeline.org/timeline.jsp? 
timeline=complete_911_timeline&day_of_9/11=dayOf911 



[98] http://www.cooperativeresearch.org/entity.jsp?id=1521846767-1683 



[99] http://complete911timeline.org/timeline.jsp? 
day_of_9/11=dayOf911&timeline=complete_911_timeline&startpos=100 



[100] http://www.whatreallyhappened.com/hanjour.html 



[101] http://complete911timeline.org/timeline.jsp? 
timeline=complete_911_timeline&day_of_9/11=dayOf911&startpos=200 



[102] http://complete911timeline.org/timeline.jsp? 
day_of_9/11=dayOf911&timeline=complete_911_timeline&startpos=300 



[103] http://www.economist.com/science/displayStory.cfm?Story_ID=787987 



[104] http://www.9-11commission.gov/report/911Report.pdf 



[105] http://www.cooperativeresearch.org/entity.jsp?id=1521846767-2034 



[106] http://news.minnesota.publicradio.org/ 
features/2004/05/31_catlinb_airguardmuseum/ 

hibou ecrit Bush/enfant


Bush/complexe militaro-industriel - BP-Amoco, coalition pétrolière anglo-saxonne



LE PETROLE ET LA POLITIQUE
Capitalisme d'États
BP-Amoco, coalition pétrolière anglo-saxonne


BP-Amoco n'est pas seulement une compagnie pétrolière, la troisième au monde, c'est aussi le fournisseur d'énergie du Royaume-Uni et des Etats-Unis et le pilier de leur intégration économique. Directement articulée aux intérêts de ces États, la firme s'est appuyée sur les actions secrètes du MI6 et de la CIA pour s'emparer de gisements en Asie Centrale, en Afrique et en Amérique latine. Son nom reste associé au renversement des gouvernements démocratiques de Mossadegh en Iran et d'Elchibey en Azerbaïdjan.

Fondée au début du 20ème siècle sur les assises de l'Empire britannique et mise au service de la Royal Navy par Winston Churchill, BP, la compagnie pétrolière dont le nom à lui seul résonne encore comme un credo impérialiste (British Petroleum, « pétrole britannique »), demeura étroitement liée aux intérêts de la Couronne jusqu'en 1976, date de sa privatisation. Après le rachat de plusieurs compagnies, dont l'états-unienne Amoco en 1998, elle prend la troisième place mondiale et est dorénavant présente dans plus de 70 pays. Au cœur de l'une des activités les plus sujettes à convoitises et destructrices de la planète, mais d'une importance économique et stratégique capitale, elle s'applique à lisser son image. Compte tenu de sa binationalité, le sigle BP ne veut plus rien dire aujourd'hui. Aussi la compagnie a-t-elle été rebaptisée « au-delà du pétrole » (Beyond Petroleum) par son directeur général John Browne et affublée d'un soleil vert et jaune à la place du bouclier qui lui servait de logo.

Les origines

En 1901, un certain William Knox d'Arcy, Anglais fortuné et retiré en Australie pour un temps, prend connaissance des travaux d'un géographe français qui prédisait la découverte de gisements en Perse. Il se lance dans l'aventure, fasciné par les avancées réalisées outre-Atlantique dans ce domaine. Il obtient du Grand Vizir de Téhéran une concession importante contre la somme de 20 000 livres, la cession de 20 000 actions d'une livre ainsi que 16 % du bénéfice net annuel. Après trois ans de prospections infructueuses, il obtient le soutien financier de la Burmah Oil, pionnière des compagnies britanniques qui travaille beaucoup pour la marine royale. Il obtient son premier succès, le 26 mai 1908, quand le pétrole jaillit à 15 mètres du sol au milieu d'une région torride de Perse. Le destin et l'ascendance économique de cette association, qui devient l' Anglo-Persian Oil Company (APOC) un an plus tard, seront décisifs pour l'évolution de la Perse durant les décennies suivantes.

Déjà sous la protection militaire de l'Empire britannique, l'AIOC développe le premier pipeline du Moyen-Orient, qui s'étend sur 200 kilomètres jusqu'à la raffinerie et au terminal d'Abadan, qui resteront pendant longtemps la plus importante installation pétrolière au monde. L'APOC invoque la menace du monopole de la Shell, compagnie « étrangère », pour obtenir les faveurs d'un gouvernement britannique au premier abord réticent à s'aventurer dans une nouvelle entreprise coloniale. Soucieux de contrôler au moins une partie des sources d'approvisionnement, Churchill, qui est pourtant un farouche opposant aux nationalisations, fait acquérir 51 % du capital de l'APOC par l'Amirauté en 1914, lui conférant un rôle essentiel dans la puissance maritime du Royaume. Le gouvernement impose que tous les administrateurs de la société soient britanniques et nomme à sa tête un homme de confiance, quoique relativement incompétent, Charles Greenway.
Assurant de très bons revenus à l'État et du carburant à bas prix pour la Royal Navy, l'APOC n'en devint pas moins un monstre difficile à contrôler à l'intérieur, et à l'extérieur perçu par les pays d'accueil comme un outil impérialiste de Sa Majesté. Si l'exploitation du pétrole de Perse par BP constituait une source inestimable de pétrole à bas prix, l'immuable loi qui fait de la diversité la principale condition de la sécurité risquait également, un jour ou l'autre, de contraindre la Couronne à s'immiscer dans les affaires internes de l'Iran.

La Première Guerre mondiale consacra le règne du pétrole. L'industrialisation et l'avènement de l'automobile engendrèrent un nouveau mode de vie basé sur une énergie à bon marché. L'importance stratégique des réserves du Moyen-Orient prit conséquemment de l'ampleur. Le partage du gâteau à l'issue de la guerre permet à l'APOC d'exploiter le pétrole irakien par l'intermédiaire de la Turkish Petroleum Company (TPC) dont elle détient alors près de la moitié des parts. Elle en cède une partie aux États-Unis, qui réclament leur dû pour leur contribution à l'effort de guerre, avant d'obtenir un renouvellement des concessions très désavantageux pour les Irakiens : ceux-ci n'obtiennent que des modestes redevances, sans aucune participation à la TPC devenue entre temps l'Iraq Petroleum Company. Ce geste est à l'origine d'une défiance des Irakiens vis-à-vis des pétroliers occidentaux qui a perduré jusqu'à nos jours. En 1936, la Perse devient l'Iran et l'APOC est rebaptisée AIOC.

Occupée à exploiter les importantes réserves d'Iran et d'Irak, l'APOC échoue à prendre part au développement de l'industrie pétrolière d'Arabie Saoudite et du Bahreïn voisins, qui seront essentiellement le domaine des compagnies états-uniennes et françaises. La Seconde Guerre mondiale, qui voit une brève incursion des nazis en Iran, n'entame pas le monopole de BP une fois ces derniers chassés du territoire, ni son quasi-monopole en Irak. La compagnie assure toujours à ses actionnaires de gros bénéfices qui flirtent régulièrement avec les 30 %. Les Soviétiques, qui s'étaient à leur tour installés, sont repoussés. Reza Shah, qui avait pris le pouvoir en 1921, est contraint à l'exil pour son indulgence vis-à-vis des nazis. Enfin les Britanniques installent sur le trône son jeune fils qu'ils jugent plus facilement manipulable. L'AIOC contrôle la principale source de revenus nationaux et devient progressivement un « État dans l'État iranien », selon les propres mots du Shah [1]. Ses revenus pétroliers sont supérieurs à ceux de l'État iranien, s'élevant à 170 millions de livres pour la seule année 1950. La Couronne empoche 30 % des bénéfices nets, rien que par les taxes, quand l'Iran n'en perçoit que 10 à 12 %. De plus, l'AIOC exerce un contrôle de facto sur les régions où se situent les gisements. Un responsable britannique, observant les conditions de vie misérables de certains employés iraniens de l'AIOC, commente : « Tous les Iraniens vivent ainsi. ». L'AIOC les considère comme « de simples métèques » [2]. Ce monopole de la BP sur l'économie du pays favorise l'accroissement du sentiment national et l'ascension d'un homme politique hors du commun, Mohammad Mossadegh, animé par un militantisme à toute épreuve et un sens aigu de la politique.

Nationalisation et coup d'État en Iran

D'abord chargé de la question des hydrocarbures, le docteur Mossadegh s'inspire du mouvement de renégociation des contrats dans la région, notamment de l'accord de l'Arabie Saoudite avec les compagnies étrangères lui attribuant 50% des bénéfices, pour réclamer la nationalisation des intérêts de l'AIOC en février 1951. Le Premier ministre, le général Ali Razmara, s'y oppose ; il est abattu quelques jours plus tard après une grève de 6 semaines et l'instauration de la loi martiale. Mossadegh est élu Premier ministre par le Parlement. Il nationalise aussitôt les intérêts pétroliers de BP. Contrairement à ce qu'affirme à l'époque la propagande britannique, Mossadegh est résolument démocrate, populaire, nationaliste et non-communiste. Il présente une offre d'indemnisation aux Britanniques, qui exigent une compensation pour la totalité des revenus dont ils seront privés dans les 40 années suivantes, ce qui revient à annuler la nationalisation. Ils ne souhaitent pas négocier avec Mossadegh, mais estiment au contraire que « des espoirs existent pour qu'un changement mette au pouvoir des éléments plus modérés » [3].

La solution de l'intervention militaire directe est rapidement écartée, le Royaume ne pouvant déployer suffisamment de troupes sur place. Dès lors, c'est le plan de l'intervention indirecte qui est privilégié. Avec l'aide des États-Unis qui mettent en place un boycott du pétrole iranien, le Royaume-Uni commence par assécher l'économie du pays, dans le but de créer des conditions propices à un coup d'État. Parallèlement, il prépare des actions secrètes et dépêche son homme sur place, un universitaire d'Oxford, Sayyid Zia, dans le but de l'installer au poste de Premier ministre lors d'un coup d'État perpétré au nom du Shah. Selon l'ambassade britannique à Téhéran, « cela signifierait un régime autoritaire. » [4]. Cet « homme fort » serait à même de « régler le problème du pétrole en termes raisonnables »…

Le gouvernement iranien, informé du complot britannique, ferme l'ambassade, en mars 1952. Le MI6, privé de sa base opérationnelle, demande alors l'aide de la CIA pour renverser Mossadegh. Londres convainc Washington de participer à l'opération, non pas en évoquant ses intérêts pétroliers propres, mais en agitant le spectre imaginaire d'une entrée du Parti communiste Tudeh au gouvernement. Après l'accord formel de Churchill et de Kermit Roosevelt [5], directeur régional de la CIA à l'époque, l'ordre est donné au Shah de déposer Mossadegh et d'installer à sa place le général nazi, Fazlollah Zahédi, au poste de Premier ministre [6]. C'est la BBC qui se charge de donner le signal de « l'opération Ajax », faisant débuter son programme quotidien en Perse, non pas par la phrase habituelle « Il est maintenant minuit à Londres », mais par « Il est maintenant exactement minuit à Londres ». À coups de très grands frais, les services occidentaux recrutent 6 000 figurants pour marcher sur le palais du gouvernement et donner une apparence populaire au coup de force [7].

Trois cent morts plus tard, le coup réussi et l'ordre rétabli, un accord est passé pour répartir la production entre le Royaume-Uni et les États-Unis à hauteur de 40 % pour chaque partie [8].

S'ensuivit une période de dictature sanglante exercée par un empereur d'opérette, le Shah, qui fit plus de 10 000 victimes. En 1975, Amnesty International notait que l'Iran avait « le taux le plus élevé d'exécutions capitales, aucun système judiciaire civil valide et une pratique de la torture qui dépasse l'entendement. Aucun pays au monde n'a un dossier aussi épais sur les violations des droits de l'homme. », en plus d'une terreur constante exercée sur la population. Aux États-Unis, Henry Kissinger qualifie le Shah de « leader d'une trempe rare, un allié inconditionnel » [9].

Sa police secrète, le SAVAK, fut créée par les États-Unis en 1957 et plus tard formée par le Mossad et la CIA aux techniques de torture notamment [10]. Le directeur du MI6, Maurice Oldfield, entretenait de très bonnes relations avec le Shah. Il lui avait promis que les services de Sa Majesté ne se livreraient à aucune activité d'espionnage en Iran tant qu'il serait au pouvoir [11].

Le train de vie fastueux du Shah et de son entourage, ainsi que le pillage des richesses du pays par le Royaume-Uni et les États-Unis accrurent dramatiquement les inégalités sociales en Iran. Ils provoquèrent la révolution Islamique de 1979 et l'éviction définitive de l'AIOC, devenue BP entre temps, hors du pays.

L'exploitation du pétrole de la Mer du Nord, qui débuta à la fin des années 70, permit à BP de tempérer la perte des marchés du Moyen-Orient et les offensives de l'OPEP. Au début des années 80, elle dépense même 20 milliards de dollars pour absorber son principal concurrent dans cette région, Britoil, ainsi que la compagnie états-unienne Sohio.

Soutien à l'Apartheid

Ses activités s'étendent jusqu'en Afrique du Sud, où elle a été sévèrement critiquée pour avoir mené ses affaires jusqu'au bout avec le régime de l'Apartheid [12], en dépit de l'embargo international pesant sur le pays. BP fournissait des produits pétroliers à l'armée sud-africaine. La compagnie exploitait en partenariat avec Shell [13] la raffinerie de Durban, tristement célèbre pour les dégâts environnementaux qu'elle a causés,. Elle contournera de même l'embargo des Nations unies pesant sur la Rhodésie (aujourd'hui Zimbabwe), fournissant du pétrole acheminé secrètement par l'Afrique du Sud et le Mozambique au gouvernement raciste blanc jusqu'à l'indépendance du pays, en 1980.
En 1990, la branche états-unienne de BP interrompt son financement d'un événement annuel, le dîner du fonds de la liberté de l'association nationale de Cleveland pour la promotion des gens de couleur, lorsque ses responsables apprennent que le thème de la collecte de fonds est l'Afrique du Sud et qu'elle sera animée par un lobbyiste anti-apartheid.

Un grand pollueur qui se pare de vert

La compagnie tire une part significative de ses revenus des activités pétrochimiques et de raffinerie.
Une étude de 1991 du Citizen Action de Washington, basée sur les analyses de l'agence pour la protection environnementale, plaçait BP parmi les 10 plus grands pollueurs aux États-Unis. Les seules installations de Lima en Ohio avaient dégagé plus de 30 000 tonnes de polluants en 1987, dont environ 4 000 tonnes répandues dans l'atmosphère, 25 000 tonnes dans le sol et plus de 200 tonnes dans la rivière Ottawa. La plupart de ces matières sont considérées comme cancérigènes, comme le benzène, le chrome et l'acrylonitrile, certaines autres pouvant occasionner des mutations génétiques et des déformations de naissance, selon le département d'études sur la santé de l'Ohio.
En 1992, Greenpeace International plaçait BP en tête des pollueurs de l'Écosse. Selon l'agence, du pétrole, des organochlorines toxiques ainsi que des métaux lourds étaient déversés par une usine BP dans les estuaires et sur le littoral écossais.

Ces deux exemples ne constituent qu'une petite partie de la longue liste des dégâts environnementaux imputables à BP. Néanmoins la firme se targue depuis quelques années d'avoir adopté une stratégie respectueuse pour l'environnement, en investissant notamment dans l'énergie solaire. Mais qu'en est-il exactement ?

En 1999, BP s'engage à réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre de 10 % à l'horizon 2010. C'est manifestement l'effet d'annonce qui est recherché : ses propres émissions sont ridiculement faibles par rapport à celles générées par les hydrocarbures qu'elle vend ! Le 7 mars 1999, elle achète Solarex pour 45 millions de dollars, devenant ainsi la plus grande société d'énergie solaire au monde, avant d'annoncer l'installation de panneaux solaires dans 200 stations service (sic) à travers le monde, créant ainsi un marché pour ses propres produits.

Une semaine avant l'achat de Solarex, BP avait également racheté la compagnie pétrolière ARCO, cette fois pour 26,5 milliards de dollars. Corporate Watch fait remarquer que BP a dépensé 588 fois plus pour l'achat d'ARCO que pour Solarex, et que la combustion des hydrocarbures vendus par BP Amoco et ARCO génère alors environ 2 % de la totalité des gaz à effet de serre émis sur la planète [14].

Exactions et coups d'États tous azimuts

Pour protéger ses installations pétrolières en Colombie, BP a fait appel à la société Defense Systems Limited (DSL), qui entraîne des membres de la police nationale colombienne non seulement à la protection des pipelines contre les actes de sabotage des FARC, mais aussi, de manière plus générale, aux techniques de contre-insurrection qui incluent la manipulation d'armes de précision et le combat rapproché [15]. Ces forces de police sont tombées sous le coup de nombreuses accusations de kidnapping, torture et meurtres d'opposants aux activités de BP dans la région, comme en témoignait un rapport d'Amnesty International en 1997 : « Ces dernières années, des membres des communautés locales impliqués dans des protestations légitimes contre les activités des compagnies pétrolières, dont BP, ont fréquemment été qualifiés de subversifs et ont été conséquemment victimes de violations des Droits de l'homme par les forces de sécurité et leurs alliés paramilitaires. » [16].

À ce jour, ces mesures de protection n'ont guère apporté de solution à la guerre civile faisant rage en Colombie ; elles ont au contraire attisé les haines internes dans le pays, mais les exportations de brut, qui financent les opérations de contre-insurrection, vont bon train.

Après l'effondrement de l'URSS, BP tente de récupérer l'exploitation des gisements de Bakou, mais la compagnie se heurte rapidement au très populaire président azéri, Aboulfaz Elchibey. Celui-ci s'efforce de dégager son pays à la fois de l'étreinte russe et des appétits occidentaux. En collaboration avec la firme états-unienne Amoco, avec laquelle elle a formé un consortium, BP, alors dirigé par le travailliste Lord Simon of Highbury, finance un coup d'État qui porte au pouvoir Heydar Aliev, un ancien responsable du KGB qui a conservé la brutalité de la police secrète bien qu'il soit passé au capitalisme le plus débridé [17]. BP a reconnu avoir versé 360 millions de dollars aux golpistes, mais nie leur avoir directement fourni des armes. L'opération a fait 40 morts, mais a assuré au consortium un contrat mirifique de 8 milliards de dollars.

BP Amoco est aujourd'hui le pilier de l'intégration économique entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. La firme peut compter, comme à l'époque du Shah, sur l'action conjointe du MI6 et de la CIA pour promouvoir ses intérêts. Elle apporte de son côté une part considérable de l'énergie nécessaire aux économies des deux pays. La multinationale est représentée au sein du cabinet Bush par Gale Norton, secrétaire à l'Intérieur, c'est-à-dire à l'environnement. Madame Norton, qui joua un rôle crucial dans les négociations pétrolières avec les Talibans, a fait carrière comme lobbyiste anti-environnementaliste pour le compte de l'industrie pétrolière et automobile. Le recours de BP Amoco à des actions militaires a été récemment évoqué en Tchétchénie et en Bolivie.


Arthur Lepic

[1] Les sept sœurs, Anthony Sampson, éditions Alain Moreau, 1976, p.187.

[2] Musaddiq and the struggle for power in Iran, par Homa Katouzian, Tauris and Co, 1990, p.139.

[3] Document déclassifié : Persia : The State Department's views, Foreign Office Memorandum, 16 avril 1952, PRO, FO 371/98688.

[4] Document déclassifié : Tehran to Foreign Office, 26 janvier 1952, PRO, FO 371/98684.

[5] L'historien Kermit Roosevelt est le petit-fils du président Theodore Roosevelt et un cousin éloigné du président Franklin D. Roosevelt. Responsable régional des opérations secrètes de la CIA, il était alors basé à Beyrouth et avait déjà organisé le renversement du roi Farouk, en Égypte, en 1950. À l'issue du renversement de Mossadegh, il quitta la CIA pour être nommé vice-président de la Gulf Oil, chargé des relations avec le gouvernement des États-Unis.

[6] Le général Zahédi avait été arrêté par les Britanniques, en 1941, en raison de son engagement nazi et interné durant toute la Seconde Guerre mondiale en Palestine. Il était soudain devenu l'homme de la situation.

[7] Moins d'une vingtaine d'agents états-uniens encadrèrent l'opération. Parmi eux le général H. Norman Schwartzkopf, père du vainqueur de la Guerre du golfe, en 1991.

[8] MI6, par Dorril, p.583.

[9] The CIA, par Blum, p.70, et Confronting the Third World : United States Foreign Policy, 1945-1980, Pantheon, 1988, p.265.

[10] Voir notre enquête « Les manuels de torture de l'armée des États-Unis », par Arthur Lepic, Voltaire du 26 mai 2004.

[11] Web of Deceit : Britain's Real Role in the World, par Mark Curtis, Vintage Original, p.314.

[12] « BP : A Legacy of Apartheid, Pollution and Exploitation », Multinational Monitor, novembre 1992.

[13] Voir l'article « Shell, un pétrolier apatride », par Arthur Lepic, Voltaire du 18 mars 2004.

[14] « BP Amoco's Plug in the Sun Program », par Kenny Bruno, Corpwatch, 1er juillet 1999.

[15] Originairement britannique, DSL emploie d'anciens SAS, mais a été rachetée en 1996 par Armor Holdings. Le contrat pour BP en Colombie a été signé en 1997, alors que DSL encadrait déjà la tristement célèbre 14e Brigade de l'armée colombienne.

[16] « Colombia : British Petroleum risks fuelling human rights crisis through military training », Amnesty International, 30 juin 1997.

[17] La responsabilité de BP fut révélée par le Sunday Times (« BP accused of backing arms for oil coup » par David Leppard, Paul Nuki et Gareth Walsh, 26 mars 2000) alors que Lord Simon venait juste de quitter le gouvernement Blair dont il était ministre du Commerce et de la Compétitivité. En 1998, Tony Blair et Lord Simon avaient reçu en grande pompe le président Aliev. Si cette affaire a nuit à sa carrière politique, Lord Simon n'en a pas été affecté sur le plan professionnel. Il est aujourd'hui administrateur de nombreuses sociétés et membre de la Table ronde des industriels européens.

Sources : Lien vers http://www.reseauvoltaire.net/article14167.html>

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Bush et les marchands d'armes

  http://veritance.populus.org/rub/60

LES MARCHANDS D'ARME AU POUVOIR
Un jackpot de 2000 milliards de dollars

Pourquoi les marchands d’armes votent Bush


Les géants américains de l’armement ont mis tout leur poids - et leur argent - dans la balance pour faire réélire George Bush. Ils ont de très bonnes raisons pour cela: jamais dans l’histoire des Etats-Unis le pouvoir politique n’avait été aussi favorable à leurs intérêts - et complaisant à leurs manigances. Sous Bush II, le complexe militaro-industriel est plus qu’un lobby: il est carrément installé aux commandes

De notre envoyé spécial à Washington et à New York, Vincent Jauvert

Ils sont tous là, les marchands de canons. Ils s’embrassent, se congratulent. Ils n’ont jamais été aussi riches, aussi puissants. Et ils l’affichent sans vergogne. Ce 1er septembre 2004, à la Convention républicaine de New York, les industriels de l’armement sont partout, ils serrent des mains, ils disent tout le bien qu’ils pensent de l’équipe au pouvoir, et de George Bush, leur bienfaiteur – leur protégé. Ici, au Madison Square Garden, ils sont chez eux. Ils ont donné des millions de dollars. Et l’organisateur de la Convention, David Norcross, est un des leurs. Ils ont préparé une fête spéciale en l’honneur des huiles du Parti républicain. Une fête qu’ils ont appelée «Opération Victoire» – oui, sans vergogne.

Du Bush, ils en redemandent. C’est tout juste si ces hommes d’affaires tirés à quatre épingles ne hurlent pas avec la foule «Four more years!» (quatre ans de plus). Ils n’ont jamais misé autant d’argent sur un candidat à la pré-sidence. Ils ont commencé en 2000, contre Al Gore. Et ils n’ont pas eu à le regretter. Depuis 2001, les marchands d’armes ont fait encore plus de profits que sous Reagan. Les cours de leurs actions ont flambé. Ils ont augmenté de 64n moyenne depuis le 21 septembre 2001. Comment le sait-on aussi précisément? L’histoire vaut la peine d’être contée.

Le 21 septembre 2001, alors que Manhattan empeste encore la mort, Wall Street flaire l’odeur du fric. L’heure est à la guerre et à sa funeste industrie. La Bourse de New York crée donc un nouvel indicateur: Amex Defense Index. C’est lui qui nous renseigne, jour par jour, sur l’évolution boursière du secteur depuis trois ans. Et depuis trois ans les vaches sont grasses, obèses même. «Les industriels de l’armement ont accumulé des milliards en cash, dit l’économiste américain Pierre Chao. Ils ne savent pas quoi faire de tout cet argent.» Et leur président bien-aimé leur en donne toujours plus. Le dernier budget de la défense, que Bush a signé en août, dépasse l’entendement: plus de 400 milliards de dollars en 2005. Presque la moitié des dépenses militaires mondiales. Une fois et demie le budget – total – de l’Etat français. Et si Bush est réélu, il prévoit d’allouer au Pentagone plus de 2000 milliards de dollars d’ici à 2008.

Tout ça pour quoi? La guerre en Irak ? Non, elle est financée par des crédits exceptionnels. Alors pour quoi? C’est tout simple: pour accroître encore et toujours l’hégémonie américaine. Ces milliards serviront à acquérir les armes de la suprématie absolue, les armes qui demain, si Dieu le veut, permettront aux Etats-Unis de frapper n’importe qui, n’importe où, n’importe quand, sans risque de représailles. Au début de l’année, l’US Air Force a rendu public son projet à dix ans. Il prévoit la création d’une «force expéditionnaire aérienne et spatiale» capable de «mener des opérations n’importe où sur la planète et dans l’espace». Cette «force» sera composée de milliers de bombardiers furtifs et d’une constellation de satellites armés de lasers et de bombes électromagnétiques. Effrayante armada! Jackpot pour les géants de l’armement!
Bush et les marchands de canons: la connivence, pour ne pas dire la collusion, est patente – unique dans l’histoire des Etats-Unis. Plus forte, disent les spécialistes, que sous Reagan. Tout y concourt. L’idéologie sécuritaire et impériale de Bush. Sa foi aveugle dans les solutions militaires. L’affairisme qui a saisi une partie de la classe dirigeante américaine. Le choc du 11 septembre aussi, bien sûr, et l’hébétude de l’opinion publique qui en a résulté. Enfin, l’incroyable complaisance du Congrès.

En fait, George Bush a été «pris en main» par le lobby des marchands d’armes avant même son entrée à la Maison-Blanche. Candidat, il a été formé aux questions internationales par un groupe de conseillers, dirigés par Condoleezza Rice, convaincus de l’ardente nécessité de «réarmer» l’Amérique. Leur doctrine est développée dans un texte désormais célèbre, publié en septembre 2000, juste avant l’élection présidentielle. Ce document de 80 pages émane d’un think tank, un institut de réflexion, au nom évocateur: Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC). Il est intitulé«Reconstruire les défenses de l’Amérique». C’est Tom Donnelly qui l’a écrit. Dans son bureau près de Dupond Circle, à Washington, ce quinquagénaire dégarni mais exalté se souvient. «Notre idée était la suivante: pendant huit ans, Clinton avait baissé la garde. Il voulait, disait-il, engranger les "dividendes de la paix" avec l’ex-Union soviétique. Il ne croyait qu’au "soft power": la diplomatie, l’ONU... Mais seule la puissance militaire compte. Or les dépenses d’armement étaient, comme nous aimons le dire, en vacances. Cela ne pouvait plus durer. Il fallait imiter Reagan: lancer de gigantesques programmes d’armement afin de distancer nos ennemis actuels et futurs. Et d’imposer la Pax americana.»

Ces conseillers du candidat Bush, qui occuperont tous de hautes fonctions dans son administration, sont-ils stipendiés par les marchands de canons? Impossible de l’affirmer. Instrumentalisés? A coup sûr. Et financés aussi: leurs think tanks (PNAC ou autres) reçoivent, directement ou indirectement, de généreuses contributions des géants de l’armement.

Bush lui-même est très réceptif à cet endoctrinement. Le monde des marchands d’armes lui est familier. Au Texas, dont il est gouverneur, l’industrie de la défense talonne celle du pétrole. Le fabricant des bombardiers furtifs F117, Lockheed Martin, a une gigantesque usine à Dallas. Bush père, 41e président, et l’ami de la famille, James Baker, conseillent un poids lourd du secteur de l’armement, le groupe Carlyle. Et le colistier de «W», Dick Cheney, a lui aussi d’importants intérêts dans le secteur. Il est alors PDG d’Halliburton, une multinationale dont il a développé la branche militaire. Et sa femme, Lyne, siège au conseil d’administration du plus grand marchand d’armes au monde, l’incontournable Lockheed Martin.
A peine installé à la Maison-Blanche, George Bush ouvre toutes grandes les portes du pouvoir au lobby militaro-industriel. Les faits sont là. Ils ont été établis par William Hartung, directeur du World Policy Institute à New York: dans les premiers mois de sa présidence, Bush Jr nomme 32 pontes de l’industrie de la défense à des postes clés du Pentagone. Ainsi James Roche, ancien vice-président de Northorp Grumman, le fabricant des B2 et des F14: «W» le bombarde ministre de l’US Air Force. A la marine? Le numéro deux de General Dynamics, fournisseur de l’US Navy en vaisseaux de guerre et autres sous-marins nucléaires. A l’armée de terre? Le PDG d’une filiale militaire du groupe Carlyle. Au NRO, l’agence qui achète et gère les satellites espions? L’ancien patron de Lokheed Martin... Et ce n’est pas tout: le secrétaire adjoint à la Défense, futur architecte de la guerre en Irak, Paul Wolfowitz, a été consultant chez Northorp Grumman. Tout comme le numéro trois du Pentagone Douglas Feith. Et le financier en chef de la même institution, jusqu’en mai, Dov Zakheim. Désormais, le lobby (couloir, en anglais) des marchands d’armes ne fait plus antichambre: il a investi les bureaux. «Depuis Bush, il n’y a plus de sas entre l’industrie de l’armement et le pouvoir politique. C’est le même monde désormais, ou presque», s’alarme Lawrence Korb, qui n’est pas un gauchiste hirsute: républicain bon teint, il a été sous-secrétaire à la Défense sous Reagan.
Dans ce tout petit monde, cette nomenklatura à l’américaine, on s’encombre peu de morale publique. En juin, deux proches collaborateurs de Bush et de Cheney décident de quitter la Maison-Blanche pour monter leur propre affaire. Ils ouvrent un cabinet de lobbying. Leur premier client? Lockheed Martin... En mai, c’est le grand argentier du Pentagone, le contrôleur général Dov Zakheim, qui choisit de se recycler. Dans l’université? La banque? Vous n’y êtes pas. Il sera vice-président de Booz Allen Hamilton, un géant du conseil, et surtout un gros, très gros, prestataire de services du ministère de la Défense.

Il y a mieux encore. Le département «acquisitions» du Pentagone s’occupe des achats d’armement. C’est là que se décident les grands programmes. Là que les gros contrats sont attribués. Or qui George Bush a-t-il nommé, en 2001, comme acheteur en chef du Pentagone? Un ancien patron de McDonnell Douglas, fabricant des avions militaires F15 et F18. L’intéressé, un certain Edward Aldridge, avait une dent contre le projet de nouvel avion de combat F22, parce qu’il était conçu par un rival de McDonnell: l’inévitable Lockheed Martin. Pendant ses deux ans au département de la Défense, le bon M. Aldridge a bataillé ferme contre l’avion. Et puis, comme par enchantement, il a dit oui en mai 2003. Quelques semaines après, il quittait le Pentagone pour siéger au conseil d’administration de... oui, vous avez deviné: Lockheed Martin.
Un monde de copains et de coquins. Intouchables. En juin, le sénateur de Virginie-Occidentale Robert Byrd a proposé une loi visant à durcir les règles éthiques: «Les relations entre les firmes d’armement et l’exécutif sont devenues trop intimes, a-t-il déclaré, il y a trop de copinage. Le potentiel d’abus est énorme.» Le Congrès – à majorité républicaine – a balayé la proposition Byrd. Avec la bénédiction de Bush.
Les exemples de tels «abus», pourtant, ne manquent pas. A tous les sens du terme. En juin, la Cour des Comptes américaine (le GAO) révèle que, depuis 2001, les cadres du ministère de la Défense ont gâché plus de 100000 billets d’avion faute de les avoir utilisés à temps. Et que leurs cartes de crédit professionnelles servent à tout, même à payer des implants mammaires... La désinvolture du Pentagone dans la gestion de l’argent public est sidérante. En mars 2003, à la veille de la guerre d’Irak, on a découvert que les militaires avaient «égaré» 56 avions et 32 tanks et qu’ils étaient incapables de mettre la main sur un stock important de protection NBC. Mais ce ne sont là que broutilles...

Sous Bush II, le Pentagone a un crédit quasi illimité. Il peut enfin passer commande de tous les joujoux extravagants dont il rêve depuis des décennies. Comme les destroyers furtifs de General Dynamics, qui pourront se fondre dans une vague à l’instar d’un sous-marin et en même temps tirer un missile à 400 kilomètres à l’intérieur des terres ennemies – lesquelles, au fait? Ou ces 30 sous-marins d’attaque imaginés dans les années 1980 pour anéantir la flotte soviétique... Des joujoux qui coûtent (ou rapportent, selon le point de vue) 2 milliards de dollars pièce! Ou encore les 750 chasseurs spécialement conçus par Lockheed Martin pour percer les défenses de l’URSS et détruire les Mig soviétiques, le tout à une vitesse super-sonique. Des avions pour le moins inadaptés à la guerre contre le terrorisme...

Ne manque que l’ennemi contre qui les employer. Mais on le trouvera bien. On l’inventera au besoin. C’est si facile. Ecoutons Frank Gaffney, un porte-parole quasi officiel du complexe militaro-industriel. A Washington, il dirige un think tank très influent, le Center for Security Policy. Port aristocratique, barbe et moustache finement taillées, Gaffney dit: «L’ennemi? Mais c’est la Chine, bien sûr. C’est contre elle qu’il faut s’armer.» Ah bon, après l’Afghanistan, l’Irak, il y aura donc une guerre contre l’Empire du Milieu? «J’en suis sûr. Je prévois même qu’elle aura lieu avant dix ans.» D’où la nécessité de produire, et de produire encore, des armes de plus en plus sophistiquées!

Il faut trouver un nouveau champ de bataille, oublier l’Irak. Les marchands d’armes n’aiment plus cette guerre-là. On s’y enlise, on y laisse de sa superbe; et surtout on n’y perd que des hommes, pas de matériel ou si peu – quelques hélicoptères, quelques chars, des drones, pas de quoi gonfler les carnets de commande. On a seulement consommé beaucoup de munitions, de simples munitions. D’ailleurs on les importe d’Angleterre et d’Israël.

Pourtant, elle était belle cette guerre, sur le papier. Elle devait marquer le triomphe du complexe militaro-industriel. Bush avait laissé carte blanche au Pentagone et à ses amis. Ils pouvaient s’occuper de tout: le contrôle du pays, le pétrole et même la reconstruction. Alors le lobby n’a pas ménagé ses efforts, travaillant main dans la main avec l’équipe Bush pour «vendre» cette guerre à l’opinion. Un ancien agent secret a joué un rôle clé dans cette entreprise. Il s’appelle Bruce Jackson. Visage poupin, costume sombre, il a été officier de renseignements militaires au début des années 1980. Puis il est entré chez Lockheed Martin, dont il est devenu vice-président, en charge... des nouveaux marchés. En 1996, il crée un groupe de pression qui milite pour l’entrée des anciens pays communistes dans l’Alliance Atlantique, le Comité pour l’élargissement de l’Otan. Son but: rafler les contrats d’armement en Europe de l’Est. L’opération est un succès. L’ancien Pacte de Varsovie rejoint l’Otan. Et la Pologne achète des F16 à Lockheed Martin.

A l’automne 2002, la Maison-Blanche fait de nouveau appel à Bruce Jackson. «Des gens de l’équipe Bush m’ont dit:"Nous avons besoin de vous pour faire accepter la guerre contre Saddam. Faites comme pour l’Otan"», a raconté Jackson dans un journal américain. Sitôt dit, sitôt fait. Il crée le Comité pour la Libération de l’Irak. Mais il ne s’arrête pas là. En février 2003, la diplomatie américaine est ensablée à l’ONU. La France et l’Allemagne bloquent toute résolution autorisant le recours à la force. Bush demande alors à Jackson d’intervenir auprès de ses amis en Europe de l’Est. «L’idée était de casser le monopole franco-allemand sur la politique étrangère européenne, a-t-il expliqué au "Financial Times". Si Paris et Berlin pouvaient dicter leur loi aux autres Etats européens, nous pouvions faire de même.» Le résultat, ce sera la publication de la célèbre «lettre des dix», dite de Vilnius, dans laquelle Polonais, Roumains et autres Lettons affichent leur soutien à la position de Bush à l’ONU.

Peine perdue. L’Amérique part en guerre isolée. Et mal préparée. On pense alors que tout sera fini en mai. Il n’y a aucun plan pour maintenir un gros contingent en Irak. On ne pense qu’au pétrole. Plusieurs mois avant le déclenchement du conflit, le Pentagone a confié en secret à Halliburton, l’ancien employeur de Dick Cheney, la reconstruction et le contrôle des puits pétroliers. Mais on n’a pas pensé à fournir assez de casques ou de gilets pare-balles aux GI. C’est la confusion, puis le chaos, le bourbier...
Tous, pourtant, ne rêvent pas de déguerpir d’Irak. Il y en a qui sont ravis que cette guerre s’éternise. Pour eux, c’est même le nouvel eldorado. Qui? Les prestataires de services de l’armée, une branche à part – mais de plus en plus puissante – du complexe militaro-industriel. Car le Pentagone fait désormais appel à des firmes privées pour toutes sortes de services logistiques (nourriture des GI, blanchisserie, acheminement du courrier...). En manque d’effectifs, il sous-traite aussi le gardiennage des lieux publics, des puits de pétrole, des prisons. Une aubaine pour les nouveaux mercenaires. Peter Singer, de la Brookings Institution de Washington, le grand think tank démocrate, juge cette privatisation de la guerre très dangereuse. «En Irak, le Pentagone sous-traite des fonctions très sensibles à des non-militaires, dit-il. Et cela donne des scandales comme celui de Caci.»

La société américaine Caci fournissait la moitié des interrogateurs dans la sinistre prison d’Abou Ghraib. Ces hommes étaient spécialement chargés des «détenus importants». Pourtant, selon un rapport officiel, un tiers d’entre eux n’avaient reçu aucune formation. Ils avaient été recrutés en cinq minutes sur un simple coup de téléphone, sans fournir ni CV ni casier judiciaire. A Abou Ghraib, plusieurs d’entre eux ont été impliqués dans des abus sexuels sur des prisonniers. Le Pentagone n’en a cure. Il continue d’enrichir Caci. Le 18 septembre, le patron de l’entreprise, un certain Jack London (!), a réuni des investisseurs. Il leur a annoncé des profits en hausse de 56«Nous avons enregistré le plus grand bénéfice de notre histoire, a-t-il déclaré. Et la demande du gouvernement est toujours aussi forte.»
Il faut dire que Caci contribue généreusement au Parti républicain. Comme tous les prestataires de services du Pentagone en Irak. «C’est même, semble-t-il, un critère de sélection, explique Andreï Viloy, du Center for Public Integrity, qui a épluché tous les contrats. Sept entreprises sur dix qui travaillent avec le Pentagone en Irak ont des liens privilégiés avec le parti de Bush. En échange, on leur a attribué les marchés sans appel d’offre.» Le même monde, encore et toujours. Un monde clos, propice à toutes les malversations.

Le cas d’Halliburton, la firme qu’a dirigée Dick Cheney, est saisissant. Cette multinationale du Texas ne fait pas que dans le pétrole, comme on le croit souvent. Elle a une filiale, KBR, qui s’occupe de logistique: elle fournit des tentes, de l’essence, sert des repas aux militaires, s’occupe de leur linge... Un gigantesque marché, créé par... Dick Cheney en personne. Expliquons-nous. Avant de rejoindre Halliburton, Cheney était secrétaire à la Défense de Bush père. C’est lui qui, en 1992, décide de privatiser au maximum les activités du Pentagone. Il s’agit, assure-t-il, de réduire le nombre de fonctionnaires et d’alléger les charges du contribuable américain. Il commande une étude à ce sujet à KBR – étude payée 9 millions de dollars! On ne connaît pas la teneur exacte de ce rapport, qui quatorze ans après est toujours tenu secret. Ce qu’on sait, c’est que la privatisation de la logistique a été aussitôt entreprise. Et que peu après le conseil d’administration d’Halliburton a nommé Cheney, qui venait juste de quitter le Pentagone, PDG de la société. Sage décision: comme par enchantement, KBR rafle dans la foulée la plupart des contrats de logistique militaire des années 1990 (Bosnie et Kosovo notamment).

Mais le meilleur reste à venir: les guerres en Afghanistan et en Irak. Des mines d’or pour KBR, qui décroche l’exclusivité du ravitaillement et du logement des militaires engagés dans ces deux conflits. Son chiffre d’affaires est, du jour au lendemain, multiplié par... dix. Grâce à la protection de Cheney? Il s’en défend. KBR, en tout cas, agit comme si elle n’avait rien à craindre. Elle fraude à tout-va. La Cour des Comptes américaine a découvert que KBR avait facturé au Pentagone 15,9 millions de repas, alors que les soldats n’en avaient pris que 12! Les malversations étaient telles que des salariés de la firme, scandalisés, ont démissionné et révélé les magouilles. Jusqu’en mai, Marie DeYoung travaillait chez KBR au Koweït. Elle raconte que pour un vulgaire sac de linge sale KBR facturait 100 dollars de blanchisserie. Elle dit aussi qu’une base militaire en Irak commandait 32000 caisses de soda par mois, au prix de 42 dollars la caisse. Et que, ni vu ni connu, KBR livrait 32000... canettes à 42 dollars pièce. Après enquête, la filiale d’Halliburton s’est révélée incapable de justifier la moitié de ce qu’elle avait facturé au Pentagone depuis l’invasion de l’Irak: soit la bagatelle de 1,8 milliard de dollars. Cheney a-t-il, directement ou indirectement, couvert ces magouilles? Il nie, et prétend n’avoir jamais été informé des contrats d’Halliburton. Mais plusieurs indices, e-mails, témoignages, semblent montrer le contraire.
Le représentant démocrate de Californie, le bouillant Henry Waxman, veut faire la lumière sur cette affaire. En juillet, il a demandé au Congrès l’ouverture d’une enquête officielle. On lui a répondu non. Et pas seulement parce qu’il s’agit du vice-président. A l’égard du complexe militaro-industriel, les parlementaires font preuve d’une complaisance aussi coupable qu’explicable: «Pour nos hommes de loi, l’industrie de la défense, ce sont des emplois dans leurs circonscriptions et de l’argent pour les campagnes électorales, point barre», résume Jacques Gansler, numéro trois du Pentagone sous Clinton.

Une autre pratique explique l’extrême mansuétude du Congrès: ce que l’on appelle dans le jargon politique américain les pork barrels (littéralement les tonneaux de porc). Winslow Wheeler a travaillé pendant trente ans au Congrès, dans les différentes commissions de la Défense. Il vient de publier un livre étonnant sur le sujet. L’homme est rond, moustachu, débonnaire, mais ses propos sont féroces: «Un pork barrel, c’est le gras que les parlementaires s’attribuent sur le budget du Pentagone. Je m’explique: juste avant le vote définitif du budget, sénateurs et représentants rajoutent plusieurs lignes dans la colonne dépenses. Ces nouvelles charges n’ont rien à voir avec la sécurité nationale. Il s’agit de financer un musée, un terrain de base-ball, un parking... Bref, de quoi faire plaisir aux électeurs. C’est une sorte de bonus électoraliste que les parlementaires s’octroient sur les fonds du ministère de la Défense.» Wheeler ajoute: «Le plus grave, c’est que l’argent des pork barrels est retiré à ce qui est le moins visible, mais souvent le plus important: la maintenance des armes...» Depuis que Bush est au pouvoir, les pork barrels n’ont jamais été aussi gras: 8 milliards de dollars l’an dernier. «Alors ces histoires de copinage ou d’éthique au Pentagone, vous pensez si les parlementaires vont les mettre sur la table...», conclut Wheeler.
En fait, il n’y a pas que le Congrès: c’est toute l’Amérique qui est accro aux dépenses militaires. Les économistes estiment qu’elles généreront au moins un tiers de la croissance américaine cette année. Et dans certains Etats les industries de défense sont les seules activités créatrices d’emplois. Les chercheurs aussi sont «militaro-dépendants». En 2005, le Pentagone injectera 65 milliards de dollars dans la recherche – le chiffre le plus élevé de son histoire. C’est plus que la totalité du budget français de la Défense. Le travail de milliers d’équipes scientifiques en dépend. Les militaires financent, par exemple, 70e la recherche informatique américaine. Alors qui va aller chercher des poux à l’establishment «militaro-politico-industriel»?
Qui? John Kerry? Ce n’est pas un de ses thèmes de campagne, en tout cas. Sans doute ne veut-il pas s’aliéner les salariés de l’industrie de la défense, nombreux dans les swing States (les Etats en balance, où se jouera la victoire). Mais il y a peut-être une autre raison, plus inquiétante. En juillet, la Convention démocrate a été financée par beaucoup d’entreprises. Parmi les quatre plus gros donateurs: Raytheon, le fabricant des missiles Tomahawk. A la guerre comme à la guerre...

VINCENT JAUVERT

Sources : Lien vers http://www.nouvelobs.com/articles/p2086/a252684.html>

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Bush, Rumsfeld, Cheney,Carlucci

  http://www.reopen911.info/News/2012/07/31/la-parenthese-enchantee-511-les-benefices-de-la-dissimulation/

La Parenthèse Enchantée (5/11) : Les bénéfices de la dissimulation



Dans les arcanes du 11-Septembre, nous avons observé les conflits d’intérêts qui caractérisent autant les affaires de la famille du Président George W. Bush que celles entretenues par le Vice-président Dick Cheney. Cette "double vie" permet à ces hauts responsables de tirer de confortables bénéfices financiers des avantages politiques que leur offrent les postes auxquels ils ont accédé dans le cadre de pratiques à priori démocratiques. Nous allons de nouveau observer ces anomalies dans le parcours de Donald Rumsfeld qui se trouvait à la tête du Pentagone de 2001 à 2006.
Cette approche contestable des responsabilités politiques s’est en partie enracinée dans la dérive des institutions démocratiques qui s’est produite aux États-Unis sous la présidence de Ronald Reagan, dans les années 1980. Cheney et Rumsfeld ont été réunis à cette époque pour mettre en œuvre une structure secrète de gouvernement parallèle, appelée COG (Continuity of Government) et que l’auteur Peter Dale Scott nomme "l’État profond". Le principe de dissimulation qui fonde cette structure s’est imposé dans la trame des conflits armés résultant de la volonté d’hégémonie propre au pouvoir américain. Doit-on vraiment s’étonner que la dissimulation soit aussi une des caractéristiques premières des événements du 11-Septembre ?

Conflits d’intérêts et trafics d’influence autour du Pentagone


Les bénéfices de la dissimulation
Chaque semaine cet été, jusqu’au mardi 11 septembre 2012, ReOpen911 publie un extrait du livre de Lalo Vespera, La parenthèse enchantée (à paraitre en septembre 2012).
Article précédent : Collusion au sommet du pouvoir

« Ceux, quels qu’ils soient, qui ont le pouvoir de manœuvrer en secret toutes les affaires, ont absolument l’État à leur discrétion. Ils tendent aux citoyens des embûches en temps de paix, comme le font les ennemis extérieurs en temps de guerre. »
Nicolas Machiavel, Le Prince

Rêves de grandeur et trafics d’influence
Pour mieux comprendre le contexte de collusion, à la fois spectaculaire et intrinsèquement obscure, entre l’État américain et l’industrie de guerre, il est utile d’explorer les relations et les motivations de celui qui dirigea le Pentagone de janvier 2001 à décembre 2006, Donald Rumsfeld. Toute la dimension de ce faucon ambitieux, en apparence emprisonné dans un destin politique de second couteau, se révèle finalement au travers de ce qu’il aura accompli dans l’ombre, en duo avec son complice de toujours, Dick Cheney.
Lorsqu’en 1975, sous la présidence de Gerald Ford, Rumsfeld devient à 43 ans le plus jeune secrétaire à la Défense de toute l’histoire des États-Unis, il se voit promis à un avenir politique de premier ordre. Et durant les deux décennies suivantes, l’homme se trouve à plusieurs reprises proche de prendre une place déterminante dans la course à la magistrature suprême. Mais la fortune politique lui refuse obstinément l’opportunité de s’inscrire avec succès dans une trajectoire présidentielle [1]. Et, en guise de revanche sur le destin, ce n’est qu’en 2001 qu’il retrouve les sommets de l’exécutif américain, après avoir misé sur un cheval gagnant en soutenant George W. Bush qui le nomme de nouveau à la tête du Pentagone. Et en 2006, l’année où il quitte ce poste ainsi que la scène politique, l’ironie veut qu’il soit, à 74 ans, le plus vieux secrétaire à la Défense en exercice de l’histoire des États-Unis [2]. Cette parenthèse symbolique marque bien les limites auxquelles ses plus hautes ambitions se verront toujours contraintes.
La Maison Blanche
Pourtant, Donald Rumsfeld a des capacités et des relations qui font de lui un politicien redoutable. Son parcours est caractérisé par des amitiés de très longue date avec des personnalités capitales du pouvoir américain, en particulier Frank Carlucci, dont il est plus ou moins l’alter ego (comme nous l’avons vu) et Dick Cheney avec lequel il fonctionnera en tandem à plusieurs reprises dans sa carrière (nous y reviendrons). Au début de sa carrière, Rumsfeld est consultant pour la banque d’investissement AG Becker. A l’âge de 29 ans, il devient député. Nixon le nomme en 1969 à la tête du Bureau des Opportunités Économiques [3] (OEO pour Office of Economic Opportunity), agence de lutte contre la pauvreté… Son rôle est d’épurer cette agence dont Nixon veut à tout prix se débarrasser. Les deux adjoints qu’il recrute à l’époque sont Franck Carlucci et le tout jeune Dick Cheney : ainsi, trois futurs secrétaires à la Défense travaillent ensemble dans le même bureau, dans le but de faire avorter l’embryon indésirable d’une agence chargée de l’autonomisation des plus démunis. Leur travail est si efficace qu’en 1973, Nixon parviendra à fermer l’OEO [4].

 
Cheney et Rumsfeld
Après son passage à la Maison Blanche et au Pentagone, Donald Rumsfeld commence aussitôt à faire pivoter les portes tournantes [4b] que lui offrent ses connexions politiques pour passer dans le monde des affaires et à user de son influence afin de servir les intérêts des sociétés qu’il va diriger. A commencer par Searle, en 1977, le laboratoire qui a découvert l’aspartame.

Donald Rumsfeld et l’aspartame :
la recette magique
L’aspartame est découvert accidentellement en 1965 par James Schatter, un chimiste du laboratoire G.D. Searle. Dès le printemps 1967, des tests sont effectués pour faire enregistrer cet additif par la toute puissante FDA (Food and Drug Administration) qui réglemente aux USA le marché des aliments et médicaments. Mais les tests réalisés sur les singes par l’université du Wisconsin s’avèrent catastrophiques. En 1971, le Docteur Olney démontre que l’acide aspartique, un des ingrédients de l’aspartame, provoque d’importants dégâts sur le cerveau des animaux de laboratoire. Et en 1974, après avoir approuvé un emploi limité de l’aspartame, la FDA demande une procédure pénale, ayant découvert de nombreuses erreurs dans les tests de toxicité présentés par la Searle. Les choses tournent mal pour le laboratoire pharmaceutique [5].
 
Différents sodas contenant de l’aspartame

Mais en juin 1977, tout va changer. Searle offre la présidence à un nouveau dirigeant, Donald Rumsfeld. 
Et la situation se débloque, une série d’évènements heureux arrive en même temps que l’ancien patron du Pentagone sous l’administration Ford : le procureur chargé de l’enquête pénale démissionne de ses fonctions et rejoint le cabinet d’avocats de Searle. L’enquête est abandonnée. En janvier 1981, le nouveau président Ronald Reagan arrive à la Maison Blanche, et les néoconservateurs sont de retour à Washington. Reagan nomme à la tête de la FDA Arthur Hull Hayes, ancien chercheur pour le Pentagone, qui autorise la mise sur le marché de l’aspartame en juillet 1981, passant outre l’avis du comité scientifique qui avait jugé le produit impropre à la consommation. Quelques mois plus tard, une troisième étude, financée par Searle, blanchit l’aspartame. En juillet 1983 l’autorisation est étendue aux boissons et soda. Une fois l’affaire entendue, Arthur Hull Hayes démissionne et se fait embaucher par le cabinet de relations publiques de Searle. Searle est racheté par Monsanto en 1985, pour un milliard de dollars. Selon un article du Chicago Tribune, la famille Searle reverse, pour ses bons et loyaux services, douze millions de dollars à Donald Rumsfeld [6], recruté ensuite comme conseiller par la banque d’affaires William Blair qui a joué le rôle d’intermédiaire dans la vente…

Le marketing bâtira le succès de l’aspartame sur une diabolisation du sucre et les ventes exploseront, tout comme les cas de conflits d’intérêts concernant les "experts" qui valident les études sanitaires tout en vendant leurs services à l’industrie. L’aspartame est autorisé en France depuis 1988, et c’est aujourd’hui l’édulcorant le plus utilisé au monde [7].
Rumsfeld multiplie les allers-retours fructueux entre les secteurs privé et public, obtenant des modifications de lois ou influant sur les décisions de l’administration pour favoriser le développement de ses activités d’affaires, comme l’explique Paul Labarique en 2004 [1] : « [En 1997, Rumsfeld] devient PDG de Gilead, une société censée produire des médicaments contre les maladies infectieuses [8]. Comme à Searle, Rumsfeld met à contribution son carnet d’adresses pour s’assurer la bienveillance de la FDA, qui autorise donc finalement la commercialisation d’un médicament contre la variole, jusque-là sérieusement contrôlé, le cidofovir. En conséquence, le Pentagone intègre la molécule de Gilead dans ses recherches sur le bioterrorisme. Le cours de l’action Gilead s’envole. Les méthodes de Donald Rumsfeld en matière de trafic d’influence dépassent celles habituellement rencontrées en Europe. […] La panique de l’anthrax, en octobre 2001, outre le fait qu’elle accrédita l’idée d’une menace terroriste islamiste aux États-Unis, permit également à Gilead de faire d’excellentes affaires, en augmentant ses ventes de vaccin anti-variolique au Pentagone. Ce qui contribue à la formidable valorisation du groupe, racheté en 2002 par Karl Hostetler pour la coquette somme de 460 millions de dollars. » [9]
Gilead possède aussi les droits du Tamiflu, remède contre les infections virales, et en 2005, le Pentagone, dirigé donc par Donald Rumsfeld, achète pour 58 millions de dollars de doses de Tamiflu alors que le secrétaire à la Défense détient toujours à cette époque des participations dans cette société pour une valeur de 5 à 25 millions de dollars, selon les informations financières du gouvernement fédéral [10].

 
Le Tamiflu
Juste avant de revenir au Pentagone en 2001, Rumsfeld est administrateur de RAND Corporation, un think tank dédié à la militarisation de l’espace et dont l’ambition est de créer, en plus de l’Army, de l’Air Force et de la Navy, une quatrième armée propre au domaine spatial, et ce, quel que soit le budget colossal qui doit y être consacré [11] : grâce à l’asymétrie des moyens financiers et militaires dont bénéficient les États-Unis, leur suprématie y serait totale [12] Le 11 janvier 2001, quelques jours avant de prendre ses fonctions de secrétaire à la Défense, Rumsfeld publie un manifeste [13] pour promouvoir son grand projet. Il y est mentionné à trois reprises l’expression « Space Pearl Harbor » là encore utilisée comme un avertissement de menace sur les USA si un programme tel que celui de la RAND n’était pas pris en compte : « Le seul événement capable de galvaniser la nation et de forcer le gouvernement américain à agir. » Au regard de son parcours caractérisé par des projets ambitieux portés sur des années, parfois des décennies, avec une détermination sans faille, une régulière absence d’états d’âme, et un goût prononcé pour les activités secrètes et illicites, il est pertinent de s’interroger sur la stratégie que Rumsfeld aura pu déployer une fois au Pentagone pour accomplir son œuvre, et sur la discrétion qui aura été soigneusement organisée autour de ce vaste projet. Nous reviendrons en détail, dans le livre La parenthèse enchantée, sur cet enjeu majeur dans le cadre du 11-Septembre, avec un chapitre spécialement dédié à ce nouveau "Projet Manhattan" qui prend son essor en 2001, au cœur même des priorités géostratégiques américaines : la militarisation de l’espace.

 
Rapport sur la militarisation de l’espace (2001) [13]

La chimère des vieux faucons
Pour évoquer le duo Cheney-Rumsfeld et la chimère politique qu’ils ont installée dans l’ombre de la démocratie américaine, nous nous référerons au travail approfondi de Peter Dale Scott, l’auteur de La route vers le nouveau désordre mondial (éditions Demi Lune). Rappelons au préalable que Scott utilise l’expression "État profond" pour désigner la partie de l’État américain dirigée de façon occulte par un petit groupe d’individus « dont le pouvoir provient non pas de la Constitution mais de leur proximité avec le monde de l’argent et le pouvoir privé. » [14]

Donald Rumsfeld et Dick Cheney avec le Président Gerald Ford

Le duo Cheney-Rumsfeld a connu principalement trois périodes :
En 2001, bien entendu, qui est la période aujourd’hui la plus connue de leur collaboration. Mais avant cela, ces acteurs clés des événements du 11-Septembre se sont déjà trouvés à deux reprises réunis à des niveaux très élevés du pouvoir américain, visibles et moins visibles.
• En août 1974, à la suite du Watergate et de la démission de Nixon, Gerald Ford prend la tête de la Maison Blanche et introduit dans son équipe Donald Rumsfeld et Dick Cheney alors âgé de seulement 33 ans. Le président souffrant des tensions qui divisent son administration, un changement brutal est opéré en novembre 1975 au sein de l’entourage de Ford. Et ce remaniement, connu sous l’expression "massacre d’Hallowen", écarte des postes décisifs des républicains modérés au bénéfice de républicains beaucoup plus conservateurs : « Par une action concertée, Rumsfeld devint secrétaire à la Défense et Cheney lui succéda au poste de directeur de cabinet. […] Une fois le ménage effectué, il émergea une Maison Blanche idéologiquement restreinte, dominée par deux nouvelles personnalités : Rumsfeld, désormais au Pentagone, et son protégé Cheney à la Maison Blanche. » Et ainsi ce premier épisode de l’équipe Cheney-Rumsfeld dans les hauteurs des instances gouvernementales représente selon Peter Dale Scott : « un moment charnière où les prérogatives de l’État profond et du complexe militaro-industriel furent réaffirmées, suite à la révolte massive (et à première vue réussie) du Congrès contre ces structures durant le scandale du Watergate. » [15]
Oliver North face aux questions du député Jack Brooks [19] 
• L’enquête de Peter Dale Scott révèle ensuite comment le duo s’est reformé durant l’administration Reagan, avec la COG, censée être la réponse planifiée aux situations de crises majeures, sur laquelle Dick Cheney et Donald Rumsfeld ont travaillé avec Oliver North : « Dick Cheney et Donald Rumsfeld ont été associés depuis les années 1980 dans le cadre d’une structure parallèle de planification [d’urgence nationale] aux États-Unis. L’objectif formel de cette structure était la "Continuité du Gouvernement" (COG pour Continuity of Government) […]. Certaines des procédures au plus haut niveau concernant la COG furent orchestrées par un groupe extra-gouvernemental parallèle. Opérant en dehors des canaux gouvernementaux traditionnels, elle incluait le directeur de G.D. Searle & Co., Donald Rumsfeld, ainsi qu’un membre du Congrès issu du Wyoming, Dick Cheney. La responsabilité globale de ce programme, dissimulée derrière l’inoffensive appellation de National Program Office (Bureau du Programme national), fut assignée au Vice-président George H.W. Bush, "avec le lieutenant-colonel Oliver North… comme officier d’action du Conseil National de Sécurité (NSC)." » [16]
Oliver North en une du Time, durant les auditions
de l’affaire Iran-Contra révélant l’existence de "l’État profond" :
"J’étais autorisé à faire tout ce que j’ai fait"
Scott relate les motivations à l’origine de la COG : « Le retrait états-unien déshonorant du Vietnam fit taire, pour une génération, les revendications “prussiennes” qui favorisaient un usage inconsidéré de la force militaire. Cependant, ce retrait a également permis l’essor d’une croyance compensatoire, inspirée par le lieutenant-colonel du corps des Marines Oliver North, selon laquelle la guerre du Vietnam n’avait pas été perdue sur les champs de bataille, mais dans les rues américaines. Silencieusement et secrètement, North et ses alliés ont commencé à passer des accords, dans le cadre de la planification de la COG (Continuity of Government), afin de s’assurer que lors de futurs engagements militaires, l’opposition de l’opinion publique ne pourrait en compromettre l’issue. […] En 1987, durant les auditions de l’affaire Iran-Contra, le député Jack Brooks a essayé en vain de questionner le colonel North à propos de "ses travaux sur des plans de continuité du gouvernement en cas de désastre majeur." […] Finalement, les recommandations les plus secrètes et les plus controversées de North, notamment celles concernant l’arrestation et la détention sans mandats de minorités, se concrétisèrent après le 11 septembre 2001 » [17]
Peter Dale Scott “Conversations with History” (2007) [20] 
Peter Dale Scott explore « les conséquences de cette frappante coïncidence : le fait que l’équipe de la COG des années 1980 fut essentiellement reconstituée par le fils Bush en mai 2001 en tant que Commission d’études, et qu’ensuite (après avoir planifié des activités dont nous ne savons presque rien), un attentat majeur sur le sol des États-Unis (dont nous ne savons également pas grand-chose à ce jour) a conduit à la mise en œuvre du programme de la COG. Le public ne sait pareillement presque rien de la COG, excepté le fait que ses pouvoirs de détruire le gouvernement constitutionnel sont considérables. La "continuité du gouvernement" est un intitulé rassurant. Cependant, il serait plus honnête de l’appeler plan de "Changement de Gouvernement" […]. Ce plan donnait également à [l’Agence Fédérale de Gestion des Situations d’Urgence – FEMA pour Federal Emergency Management Agency], qui avait été impliquée dans sa rédaction, de nouveaux pouvoirs radicaux, incluant l’internement. En fait, cette équipe planifiait, en cas de crise majeure, l’éviction du gouvernement public par un gouvernement alternatif. Selon l’auteur et journaliste James Mann : "Rumsfeld et Cheney étaient des acteurs clés dans le cadre d’un des programmes les plus secrets de l’administration Reagan." » [18]

Les émanations de "l’État profond"
Dans l’article que Peter Dale Scott a publié en 2011, "Le Projet Jugement dernier et les événements profonds : JFK, le Watergate, l’Irangate et le 11-Septembre" [19], l’auteur complète l’analyse fournie dans son livre La route vers le nouveau désordre mondial, publié en 2007. Il met en évidence les réseaux, les modes opératoires et les bénéfices communs à plusieurs événements de l’Histoire récente des Etats-Unis, caractéristiques de "l’État profond".
Les nouvelles recherches de Scott mettent en lumière l’usage exclusif et frauduleux de structures en partie secrètes étendues sur tout le territoire américain et prétendument destinées à la sécurité des populations en cas d’urgence, tels que l’OEP, le Bureau de Préparation aux Crises. L’article révèle aussi l’emploi d’un système de communication parallèle très sophistiqué échappant à tout contrôle et réservé à une faction d’individus dont certains sont plusieurs fois impliqués dans les événements litigieux que Peter Dale Scott analyse.
Enfin l’article explique comment les différents "événements profonds" survenus depuis 50 ans ont été les vecteurs utilisés par la droite la plus virulente pour faire basculer les Etats-Unis dans une logique de pouvoirs toujours plus répressifs et dans une économie financiarisée de prédation et d’accaparement des richesses par une minorité agissant à l’abri des regards et en dehors de tout cadre démocratique.
Par ailleurs, Peter Dale Scott indique que le Pentagone avait attribué un nom à la structure secrète mise en place dans les années 1980 et visant à « assurer le fonctionnement de la Maison Blanche et du Pentagone pendant et après une guerre nucléaire, ou toute autre crise majeure » [20] : le Projet "Jugement dernier" (Doomsday Project).
« James McCord, qui sera plus tard le complice d’Howard Hunt et de G. Gordon Liddy dans la préparation et l’exécution du cambriolage du Watergate […] faisait également partie du réseau de planification de crise des États-Unis, qui occupera plus tard une place centrale derrière l’Irangate et le 11-Septembre. McCord était membre d’une petite unité de réserve de l’US Air Force à Washington, qui était rattachée au Bureau de Préparation aux Crises (OEP) […]. Son unité faisait partie du Programme de sécurisation de l’information en temps de guerre (WISP) qui avait la responsabilité d’activer "les plans d’urgence pour imposer la censure de la presse, des courriers et de toutes les télécommunications (y compris les communications gouvernementales), ainsi que pour enfermer de façon préventive les civils [représentant des] ‘risques sécuritaires’ en les plaçant dans des ‘camps’ militaires"[23]. En d’autres termes, ce sont ces mêmes plans identifiés dans les années 1980 sous le nom de Projet Jugement dernier – les plans de la Continuité du gouvernement (COG) sur lesquels Dick Cheney et Donald Rumsfeld ont travaillé conjointement pendant les 20 années précédant le 11-Septembre.
James McCord & Jack Crichton
La participation de James McCord à un système de planification d’urgence chargé des télécommunications suggère un dénominateur commun derrière pratiquement tous les événements profonds que nous étudions. Oliver North – qui dans l’organisation de l’Iran-Contra était l’homme de confiance du tandem Reagan-Bush au sein du Bureau de Préparation aux Crises (OEP) – a également été impliqué dans ce genre de planifications ; et il avait accès au réseau national top secret de communication du Projet Jugement dernier. Le réseau de North, connu sous le nom de Flashboard,"excluait les autres fonctionnaires dont les points de vue étaient opposés […] [et] disposait de son propre réseau informatique mondial axé sur l’anti-terrorisme, […] par lequel ses membres pouvaient communiquer exclusivement entre eux ainsi qu’avec leurs collaborateurs à l’étranger." [24]
Flashboard a été utilisé par Oliver North et ses supérieurs au cours d’opérations particulièrement sensibles, qui devaient être dissimulées aux autres éléments – suspicieux ou hostiles – de l’administration de Washington. Ces opérations incluaient des livraisons illégales d’armes à l’Iran ainsi que d’autres activités, dont certaines demeurent inconnues […]. Flashboard, le réseau d’urgence aux États-Unis durant les années 1980, était le nom du réseau opérationnel de crise de la COG entre 1984 et 1986. Ce dernier a été secrètement planifié pendant 20 ans par une équipe comprenant Dick Cheney et Donald Rumsfeld, pour un coût de plusieurs milliards de dollars. Le 11-Septembre, ce même réseau a de nouveau été activé par les deux hommes qui l’avaient planifié depuis tant d’années [25].
John F. Kennedy, le 22 novembre 1963
Mais on retrouve aussi des traces du Projet Jugement dernier en 1963, lorsque Jack Crichton, chef de la 488e unité de réserve des Renseignements militaires, y participa en sa qualité de chef du renseignement pour la Protection civile de Dallas, opérant depuis le Centre des Opérations d’Urgence souterrain. Comme Russ Baker le relate, "étant donné qu’il devait permettre d’assurer la ‘continuité du gouvernement’ en cas d’attaque, [le centre] avait été entièrement équipé de matériels de communication." [26] Un discours prononcé lors de l’inauguration du centre en 1961 fournit de plus amples détails : "Ce Centre des Opérations d’Urgence fait partie du Plan national visant à relier les agences gouvernementales fédérales, provinciales et locales au moyen d’un réseau de communication, à partir duquel les opérations de sauvetage pourront être dirigées en cas d’urgence locale ou nationale. Il constitue une partie essentielle du Plan opérationnel de survie aussi bien au niveau fédéral, provincial que local." [27]
Autrement dit, Jack Crichton, tout comme James McCord, Oliver North, Donald Rumsfeld et Dick Cheney après lui, faisait également partie de ce qui fut appelé dans les années 1980 le Projet Jugement dernier. Mais en 1988, l’objectif de ce programme fut considérablement élargi : il ne s’agissait plus seulement de se préparer à une attaque nucléaire, mais de planifier la suspension effective de la Constitution des États-Unis en cas d’urgence nationale de toute forme[25] Ce changement survenu en 1988 a permis la mise en œuvre de la COG [le 11 septembre] 2001. »
Peter Dale Scott conclut son article en indiquant que depuis les événements profonds qui ont conduit à l’assassinat de Kennedy en 1963, « la légitimité du système politique des États-Unis a été enfermée dans un mensonge, que les événements profonds ultérieurs ont contribué à protéger. »

La dissimulation des armements stratégiques
Pour fermer la boucle de cette brève exploration de "l’Etat profond", revenons aux origines de cette structure dont il est légitime de considérer que la naissance résulte éventuellement de deux échecs majeurs des pouvoirs politique et militaire américains dans les décennies qui la précèdent.
• D’une part, nous avons relevé dans les propos d’Oliver North une des motivations principales de la création de la COG, la structure secrète de gouvernement parallèle, et cette motivation repose sur l’échec de la guerre du Vietnam dont le colonel explique qu’elle a été perdue dans les rues américaines. En effet, la vague de contestation populaire qui domine l’opinion aux États-Unis entre les années 1960 et 1970, en partie du fait de la diffusion massive d’informations et d’images révélatrices par le biais de la télévision, crée une prise de conscience collective des conséquences catastrophiques de ce conflit. Et il s’avère que s’ajoutant à la déroute stratégique et militaire des USA, cette contestation contribue à limiter les ambitions hégémoniques propres à certaines sphères du pouvoir américain [1].

Manifestation durant le mouvement d’opposition à la guerre du Vietnam
Ainsi dans cette logique, le peuple est-il considéré au mieux comme un obstacle, au pire comme un ennemi, par ceux-là mêmes qui sont pourtant supposés le représenter au sein des services formés et dirigés par l’exécutif, et peu importe qu’il s’agisse ou non de structures secrètes. Il s’agit là d’une clé de compréhension fondamentale par rapport à l’émergence, durant les années Reagan, d’une puissante doctrine considérant que pour renforcer une structure de pouvoir susceptible de garantir la maîtrise de l’action militaire américaine, cette structure doit impérativement s’affranchir d’un contrôle citoyen tel qu’il est convenu dans le cadre de pratiques démocratiques. Rappelons que cette prérogative attachée au citoyen est pourtant fondée par la constitution des États-Unis dont le préambule commence par trois mots qui méritent attention : «Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d’établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d’assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d’Amérique. » [2].
• D’autre part, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les USA font exploser deux bombes atomiques sur Hiroshima puis Nagasaki en 1945, la première puissance économique mondiale fait la démonstration à la fois de son autorité militaire sur le reste de la planète, de sa spectaculaire avance technologique et de sa capacité de nuisance et de terreur sur les populations du globe [3], mais de façon plus inattendue, cette démonstration constitue aussi une faille pour les États-Unis, car la révélation au grand jour de cette technologie souveraine stimule nécessairement la volonté des puissances concurrentes d’obtenir une force de frappe similaire. Ce qui est obtenu dès septembre 1949 par l’Union Soviétique qui fait alors valoir son premier essai nucléaire [4]. Ainsi, à peine quatre années après Hiroshima, les États-Unis perdent-ils le monopole de l’arme atomique et de même l’incontestable hégémonie militaire acquise grâce à l’usage de cette technologie nouvelle développée dans le cadre du Projet Manhattan [5].

Le colonel Tibbets, pilote d’Enola Gay, l’avion
à partir duquel sera larguée la première bombe atomique
sur Hiroshima, salue avant son décollage, le 6 août 1945.

Le Projet Manhattan
"Manhattan Project" est le nom de code qui fut donné au vaste projet de recherche entrepris aux États-Unis à partir de 1939 afin de concevoir et de produire la première bombe atomique. Il est intéressant de rappeler ici que ce projet, bien qu’il employa jusqu’à 130 000 personnes, était hautement secret et qu’il utilisait le principe de compartimentation des tâches afin qu’aucun intervenant ne soit en mesure de comprendre les tenants et les aboutissants réels de l’entreprise à laquelle il participait. Et dans ce domaine, ce fut de toute évidence un succès. Selon le magazine Life paru à la suite des deux attaques : « probablement pas plus d’une douzaine de personnes dans le pays connaissaient la signification complète du projet Manhattan et peut-être moins d’un millier savaient que l’on réalisait des recherches sur l’atome ». [6]
Par ailleurs, dans le cadre d’une analyse du 11-Septembre, le Projet Manhattan est instructif à plusieurs titres :
• D’une part, avec une telle entreprise réunissant des dizaines de milliers d’individus sur une période de six ans autour d’un projet hautement sensible, il est concrètement démontré que la compartimentation des tâches permet d’organiser la dissimulation à grande échelle d’une opération secrète et stratégique majeure.
• D’autre part, bien que la Seconde Guerre mondiale fut engagée depuis 1939, la dynamique du Projet Manhattan ne commença véritablement à prendre de l’ampleur qu’à partir de décembre 1941, à la faveur d’un événement "catastrophique et catalyseur", à savoir l’attaque de Pearl Harbor qui permit de mobiliser les énergies et de réunir les financements nécessaires à ce projet dont le potentiel était clairement connu des instances du pouvoir depuis plus de deux ans, mais qui stagnait tant que les États-Unis n’étaient pas impliqués dans le conflit [7].
• Enfin, dans un autre ordre d’idée et comme le rappelle l’auteur Guillaume de Rouville, les attaques sur Hiroshima et Nagasaki, qui sont l’aboutissement du Projet Manhattan, ne sont pas tant des actes de guerre légitimes que des crimes de masse qui peuvent aussi être envisagés comme des actes de terrorisme d’État [8].
A partir de l’échec de la stratégie de suprématie que constitue pour les États-Unis la fin du monopole de l’arme atomique, le développement et l’utilisation éventuelle de nouvelles armes puissantes intégrant de hautes technologies s’articuleront dans une logique de dissimulation accrue des nouvelles capacités militaires face aux puissances adverses, tout comme la dissimulation de ces armes et des stratégies qui s’y rapportent sera naturellement privilégiée par le pouvoir face à l’opinion publique et face aux instances démocratiques après l’échec de la guerre du Vietnam. Cette logique perdurera même après la fin de l’Union Soviétique, s’intégrant aux pratiques admises dans le cadre du financement du Département de la Défense : « La prise de conscience que la guerre froide est terminée n’a apparemment toujours pas pénétré le labyrinthe interne au Pentagone […]. Après un demi-siècle de caisse noire lucrative et incontrôlée, amorcée par le Projet Manhattan qui nous a offert Hiroshima, la cache secrète reste largement intacte. Le mur entourant [cette] caisse noire s’est avéré plus résistant que celui qui a divisé Berlin. » [13]
C’est cette logique de dissimulation qui a légitimé, dans les coulisses croisées de l’exécutif américain et du complexe militaro-industriel, l’instauration d’un "État profond" et les dérives qu’il porte intrinsèquement en lui-même au regard des droits du citoyen. C’est aussi cette logique qui a permis la construction de nouveaux projets d’envergure, en partie dissimulés, tels que la militarisation de l’espace. Et c’est enfin à travers cette logique qu’il est intéressant de s’interroger sur les mouvements financiers d’ampleur tels que ceux qui ont été observés au Pentagone en amont du 11-Septembre.

Un budget profond pour l’État profond ?
L’existence d’un "État profond" tel que Peter Dale Scott le décrit pose nécessairement la question de son financement et des processus mis en œuvre dans ce but par les responsables de cette structure dont la réalité au sein du pouvoir américain est aujourd’hui démontrée et reconnue.
Mais pour éviter de substituer quelque spéculation que ce soit au déficit d’informations dans ce domaine contraint par la dissimulation qui le caractérise, nous nous contenterons ici de remarquer la proximité historique de plusieurs événements majeurs. Le lecteur sera comme toujours à même de mesurer la signification de ces événements en comparaison de la nature anémique du traitement politique et médiatique dont ils ont été en général l’objet :
• La disparition de 3400 milliards de dollars de la comptabilité du Département de la Défense durant les années 1999 et 2000 qui, en toute incohérence, ne sera suivie d’aucune enquête, ni gouvernementale, ni parlementaire, ni judiciaire, ni médiatique… [9]
• La destruction le 11 septembre 2001 des données financières du Pentagone et de l’équipe en charge du contrôle des budgets de la Défense (cette destruction sera détaillée dans un prochain article).
• La manifestation de très nombreux conflits d’intérêts et autres trafics d’influence majeurs, en particulier autour du Pentagone, sous les administrations Bush-Cheney entre 2001 et 2008, démontrant la prépondérance du complexe militaro-industriel sur les institutions démocratiques des États-Unis. L’organigramme qui accompagne cet article synthétise ces anomalies :
• La préparation éminente d’une partie de l’appareil d’État en amont du 11-Septembre (que détaillera le prochain article intitulé "Mai 2001, l’État bascule dans l’ombre") et la réactivation effective le jour des attentats du programme de "Continuité de Gouvernement" [10].
• Et bien entendu, la relance à partir des attentats de 2001 d’une vaste politique hégémonique des États-Unis, menée par les néoconservateurs au pouvoir, assortie de la stratégie de "guerre contre le terrorisme" permettant une dynamique nouvelle de financement des projets militaires de grande envergure tout en légitimant au regard des citoyens leur dissimulation pour des motifs supposés de sécurité.
Les bénéfices de la dissimulation concernant le 11-Septembre sont considérables et multiples pour ceux qui aujourd’hui, comme il y a onze ans, en sont les gardiens attentifs. Pour qui observe cet événement d’un point de vue citoyen, cette dissimulation est manifeste. Et comme le révèle un fait tragique sur lequel nous reviendrons bientôt, la violence de la dissimulation peut être en l’occurrence aussi extrême que le silence qui l’accompagne. Peu connu, ce fait est pourtant significatif d’une réalité qui aurait dû retenir l’attention de tout enquêteur ou journaliste soucieux de comprendre ce qui s’est véritablement passé ce jour de 2001.
Comme nous l’avons vu dans un précédent article, la date mentionnée sur le rapport d’auditpointant les pertes abyssales qu’a subies le budget du Pentagone durant l’année fiscale 2000 est proche de celle des attentats : 19 septembre 2001. En effet, l’équipe comptable qui avait retracé les dépenses du Département venait de livrer son compte rendu dans la semaine qui précédait la tragédie. C’est très exactement cette équipe qui a été anéantie le 11-Septembre dans l’attentat contre le Pentagone.
Cette information capitale, mais qui n’entre pas dans la logique de la version officielle concernant cet événement, n’a pas été retenue par la commission d’enquête sur les attentats et les médias n’ont apparemment pas trouvé l’occasion de la mettre en valeur… Cependant, une observation attentive des biographies de victimes que présente le Pentagon Memorial [11] nous apprend sous la forme d’un récit presque anodin, le destin tragique de l’équipe que dirigeait Robert Russel, le responsable qui encadrait les analystes budgétaires du Pentagone jusqu’au 11-Septembre : « Le week-end avant sa mort, Russel avait convié toute son équipe chez lui pour déguster des crabes. Ils fêtaient la finalisation de la clôture du budget de l’année fiscale. Tragiquement, toutes les personnes qui assistaient à cette fête furent impliquées dans l’explosion du Pentagone, et ont maintenant disparu. » [12]
À suivre, mardi prochain : Mai 2001, l’État bascule dans l’ombre

Lalo Vespera
La parenthèse enchantée
Parution du livre en septembre 2012
insolente.net
hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Carlyle Group


LE CARLYLE GROUP
Le Coeur de la Pieuvre occulte Maître du Monde


CARLYLE GROUP est une société privée basée à Washington D.C. aux USA, qui est spécialisée dans l’investissement et la défense, et qui a été fondée en 1987 par William E. Conway, Jr., Daniel A. D’Aniello, Stephen L. Norris, Greg A. Rosenbaum, et David M. Rubenstein (ancien conseiller de Jimmy Carter, membre de la Commission Trilatérale), Le groupe possède 89,3 milliards de dollars de capitaux propres et il emploie plus de 515 professionnels de l'investissement dans 21 pays. CARLYLE ne vend pas de parts boursières, et donc n’existe pas à la Bourse. Le nom Carlyle vient d’un hôtel situé dans l’est de New York, ou pour la première fois, les fondateurs se sont rencontrés pour parler de l’idée. L’actuel président de Carlyle estLou Gerstner qui est aussi le PDG d’IBM et de Nabisco.Carlyle sort de l’ombre malgré lui le 11 septembre 2001. Ce jour-là, le groupe organise au Ritz Carlton de Washington une réunion avec cinq cents de ses plus importants investisseurs. Frank Carlucci et James Baker jouent les maîtres de cérémonie. George Bush père fait un passage éclair en début de journée. La présentation est rapidement interrompue, mais un détail n’échappe à personne. Un des invités porte sur son badge le nom de Ben Laden. Il s’agit de Shafiq Ben Laden, un des nombreux demi-frères d’Oussama. Les médias américains découvrent CARLYLE. Un journaliste, Dan Briody, écrit un livre sur la face cachée du groupe, The Iron Triangle, et s’intéresse notamment aux relations étroites entre le clan Bush et les dirigeants saoudiens. Certains s’interrogent sur l’influence de George Bush père sur la politique étrangère américaine. En janvier 2001, lorsque George Bush fils rompt des négociations avec la Corée du Nord sur les missiles, les Coréens du Sud, consternés, interviennent auprès de son père. CARLYLE a des intérêts importants à Séoul. En juin 2001, Washington reprend les discussions avec Pyongyang.
Une société d'armement aussi puissante que discrète, au coeur du lobby millitaro-industriel américain. Le Carlyle Group est l'un des grands bénéficiaires de la guerre en Irak et de l'augmentation sans précédent du budget militaire américain. Le CARLYLE GROUP est très lié à la famille Bush, aux familles règnantes d'Arabie Saoudite et aussi à la famille Ben Laden. Le CARYLE GROUP est présent dans de nombreux domaines d'activités, comme l'aéronautique, la défense, l'industrie automobile et des transports, l'énergie, les télécommunications et les médias. Ses investissements sont essentiellement situés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud-Est. Plus de 450 institutions lui font confiance, et non des moindres : banques d’affaires internationales, compagnies d’assurance, fortunes privées des émirats pétroliers, fonds de pension publics et privés tels CalPERS, le fonds des retraités californiens qui, en février 2001, a déboursé 175 millions de dollars pour prendre 5% du capital de CARLYLE, avec une option lui permettant d’investir 675 millions supplémentaires. Jusqu’en 1998, le CARLYLE GROUP était inconnu en France. Il y contrôle pourtant une grande partie de la presse professionnelle et quelques fleurons industriels.

Carlyle n’est pas coté en Bourse, et n’est donc non tenu de communiquer à la Securities and Exchange Commission (la commission américaine chargée de veiller à la régularité des opérations boursières) le nom des associés, des actionnaires, pas plus que le nombre de leurs parts respectives. Tous n'ont pas eu une part active au sein du groupe, certains noms célèbres de la politique et des affaires étant garants de la notoriété de l'entreprise dans le but d'attirer des investisseurs. Via la société United Defense Industries, CARLYLE fabrique des missiles, des véhicules de transport et, en Californie, le blindé léger Bradley. CARLYLE affectionne les paradis fiscaux. L’étude des différents investissements LBO réalisés sur le territoire français met à jour des cascades de holdings et de filiales domiciliées au Luxembourg, à Guernesey et aux Iles Cayman.

CARLYLE est un modèle unique, construit à l’échelle planétaire sur le capitalisme de relations ou le » capitalisme d’accès » pour reprendre l’expression du magazine Americain New Republic, en 1993. Le groupe incarne aujourd’hui, malgré ses dénégations, le « complexe militaro-industriel » contre lequel le président républicain Dwight Eisenhower mettait en garde le peuple américain en quittant ses fonctions, en 1961.

Le 11 septembre 2001, le jour de l'attaque terroriste contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, le CARLYLE GROUP réunit dans cette même ville plusieurs centaines d'investisseurs liés au groupe. Parmi les invités figurent entre autres George H. W. Bush, 41e président des États-Unis et père du président George W. Bush, et Shafiq Ben Laden, un demi-frère d'Oussama Ben Laden, l'homme à la tête d'Al-Qaida, la structure accusée de l'agression. La proximité des noms Bush et Ben Laden en ce jour précis frappe les consciences, et révèle CARLYLE au grand public. Après les évènements du 11 septembre, le seul avion à pouvoir survoler et quitter les USA sera celui des saoudiens ...

FRANCK CARLUCCI

Six jours après avoir officiellement quitté le Pentagone, le 6 janvier 1989, Frank Carlucci devient directeur général de Carlyle. Il emmène avec lui des hommes de confiance, anciens de la CIA, du département d’Etat et du ministère de la défense. Surnommé « M. Clean » il a une réputation sulfureuse. Ce diplomate était en poste dans les années 1970 dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Congo, la Tanzanie, le Brésil et le Portugal où les Etats-Unis et la CIA ont joué un rôle politique douteux. Il était le numéro deux de l’ambassade américaine au Congo belge, en 1961, et a été soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba. Il a toujours fermement démenti. La presse américaine l’a aussi accusé d’être impliqué dans plusieurs trafics d’armes dans les années 1980, mais il n’a jamais été poursuivi. Il a dirigé un tempsWackenhut, une société de sécurité à la réputation détestable, impliquée dans l’un des plus grands scandales d’espionnage, le détournement du logiciel Promis. Frank Carlucci a eu pour mission de faire le ménage dans l’administration Reagan au moment de l’affaire Iran-Contra et a succédé alors au poste de conseiller à la sécurité nationale à John Pointdexter. En entrant en fonctions, il avait pris comme adjoint un jeune général qui deviendra célèbre plus tard lors de la campagne d'Irak, le général Colin Powel.

Sur son nom, Frank Carlucci attire les capitaux chez CARLYLE. En octobre 1990, le groupe s’empare de BDM International qui participe au programme de « guerre des étoiles », et en fait une tête de pont. En 1992,Frank Carlucci s’allie avec le groupe français Thomson-CSF pour reprendre la division aérospatiale de LTV. L’opération échoue, le Congrès s’oppose à la vente à un groupe étranger. Carlyle trouve d’autres associés, Loral et Northrop, et met la main sur LTV Aerospace rapidement rebaptisé Vought Aircraft qui participe à la fabrication des bombardiers B1 et B2. Dans le même temps, le fonds multiplie les acquisitions stratégiques, telles Magnavox Electronic Systems, pionnier en matière d’imagerie radar, et DGE qui détient la technologie des cartes en relief électroniques pour les missiles de croisière. Suivent trois sociétés spécialisées dans la décontamination nucléaire, chimique et bactériologique (Magnetek, IT Group et EG G Technical services). Puis, via BDM International, une firme liée à la CIA, Vinnell, laquelle est parmi les premières à fournir à l’armée américaine et ses alliés des contractants privés. C’est-à-dire des mercenaires. Ceux de Vinnell encadrent les forces armées saoudiennes et protègent le roi Fahd. Ils ont combattu lors de la première guerre du Golfe aux côtés des troupes saoudiennes. En 1997, CARLYLE revend BDM et surtout Vinnell, trop dangereux. Le groupe n’en a plus besoin. Il est devenu le onzième fournisseur du Pentagone en mettant la main la même année sur United Defense Industries.

OLIVIER SARKOZY

Depuis avril 2008 Olivier Sarkozy (demi-frère de Nicolas Sarkozy), copilote l’activité mondiale des services financiers de Carlyle Group. Le demi-frère du président de la République française, aurait réalisé en 2007, selon le classement Dealogic, des opérations pour un montant total de 514 milliards de dollars. Il s’est illustré dans plusieurs rachats d’envergure, notamment celui de l’émetteur de cartes de crédit MBNA par Bank of America en 2006 (35 milliards de dollars), ou celui de Sallie Mae par un consortium de banques et de sociétés de capital-investissement (25 milliards). Il a aussi conseillé ABN Amro et Barclays dans leur fusion. Il passe désormais à la vitesse supérieure. Oliver Sarkozy avait organisé la rencontre entre le président Bush et son demi-frère lorsque celui-ci n’était encore que ministre de l’Intérieur. Christine de Nagay, mère d’Oliver Sarkozy, s’est remariée en seconde noces. Dans les années 50, son beau-père avait engagé Frank Carlucci(directeur honoraire de Carlyle) au département des opérations de la CIA.

INVESTISSEMENTS STRATEGIQUES

CARLYLE investit prioritairement dans les technologies duales, à finalité civile et militaire. Son entrée sur le marché des nanotechnologies, des biotechnologies à commencer par les antiviraux génétiques et la capitalisation de sociétés comme Indigo System ou Conexant, spécialisées dans le guidage laser et les caméras à infra-rouge, lui permettrait d’acquérir les procédés les plus pointus composant les systèmes d’armes de demain. CARLYLE signe de juteux contrats avec le ministère américain de la défense. Même constat pour l’informatique, l’Internet et les télécoms, les trois plus gros domaines d’investissements du fonds depuis le milieu des années 90.

Côté hardware, Carlyle contrôle Matrics Inc , une société d’identification par radiofréquence fondée par d’anciens ingénieurs de la NSA, ainsi que CPU Tech et ISR Solutions, deux firmes spécialisées dans le développement d’applications électroniques de sécurité sous contrat avec le Pentagone6. Côté réseaux, le fonds a fait son entrée dans le développement du backbone, des routeurs, de la fibre optique, des câbles, de la boucle radio et même de l’Internet par satellite. Il capitalise des sociétés aussi connues que NextelGlobal Crossing ou Nortel Networks ; possède des parts significatives dans SOLSOFTINFRAWORKS et BNX SYSTEM trois acteurs majeurs de la sécurité informatique et s’intéresse de près aux puces et aux semi-conducteurs qui composeront les nouvelles générations d’ordinateurs.

CARLYLE détient 33,8 % du capital de QINEQIQ, la filiale privée de DERA, qui joue le rôle de conseiller du gouvernement britannique. Et demeure l’un des principaux centres de recherche militaires européens ainsi qu’un partenaire de premier plan de l’aéronautique communautaire. Autant de conflits d’intérêts potentiels qui ne devraient pas arranger l’état des relations transatlantiques. D’autant que la firme qui développe des systèmes de guidage et d’imagerie par infrarouge pourrait rapidement devenir un élément clé de l’industrie européenne de missiles tactiques. QINEQIQ et SIPPICAN, une autre filiale du groupe, planchent sur l’infodominance et la guerre électronique (C4ISR).

En Europe, CARLYLE sécurise ses investissements. Dans l’immobilier tout d’abord, par l'achat d’hôtels, de buildings commerciaux ou de centres d’affaires et dans l’industrie, particulièrement vrai en France où il s’est emparé du groupe Genoyer avant d’entrer au capital du ,papetier Otor.

En décembre 2001, le fonds s’est allié à Intel Capital pour entrer au tour de table d’Ebis Company Ltd. Cette société informatique orientée sécurité compte les principales entreprises publiques et agences gouvernementales chinoises parmi sa clientèle. Depuis 1998, le fonds a investi en Asie plusieurs centaines de millions de dollars dans le développement des infrastructures de communication, tous supports et tous réseaux confondus. Depuis l'achat du Figaro en 1999, puis sa revente au groupe Dassault trois ans plus tard, le fonds montre une attention particulière pour les leaders d’opinion. Pas n’importe lesquels : avec 28% des actifs du pôle « presse professionnelle et santé » de Vivendi Universal Publishing, CARLYLE gère un empire de plus de 70 titres et 1,5 million d’abonnés comprenant le groupe Tests leader de l’information sur l’informatique professionnelle, le groupe Moniteur leader de l’information sur les BTP et les marchés publics et le groupe Gisi, numéro un de l’information technologique industrielle grâce à son titre phare, l’Usine nouvelle. Des postes d’observation essentiels car GT Labs, le laboratoire d’expérimentation du groupe Tests figure parmi les premiers centres européens de tests informatiques. Quant aux rédactions de l’Usine nouvelle, elles rendent compte chaque semaine des avancées de la recherche dans les domaines les plus pointus et publient « l'annuaire France R&D », le premier annuaire des laboratoires et centres de recherche français.

INVESTISSEURS - AFFILIES - EMPLOYES - RESEAUX

Nous retouvons le CARLYLE, la nébuleuse opaque au service du complexe militaro-industriel et disposant de “conseillers” prestigieux (Bush père, John Major, Henri Martre, Etienne Davignon, etc.) dans le monde entier, ainsi que dans plusieurs scandales et faillites célèbres (Erron, Iran gate, etc.). CARLYLE possède des capitaux dans de nombreuses entreprises du monde et des liens avec plusieurs organisations, fondations, gouvernements et Agences de renseignements (CIA, MI6, etc.). Plusieurs de ces groupes et compagnies sont inter-connectés et il n'est pas rare de retrouver les mêmes personnages dans les directions de ces entités:

Binladen Group (famille Ben Laden), Matrics (puces RFID), Bioport (fabricant de vaccins militaires dont les vaccins contre l’anthrax), Northpoint Technology (automatisation et de contrôle de système), D P World(Ben Laden Construction), Westinghouse Electric Company (compagnie de CBS dont Frank Carlucci est membre des conseils d'administration des deux sociétés), Dubai Investment Corp. (), Thomas H. Lee Partners LP (), Dunkin' Doughnuts (), United Soybean Board (), Frankenfood (Tabac et chimie),Baskin-Robbins (restauration), Thaksin Shinawatra (), ITT (Réseaux et communication), China Pacific Insurance Group CPIC (Assurances), Biotech Brigade (), Bain Capital (), CSX Corporation (), Vought Aircraft Industries (aéronautique), Northrop Grumman (), Crimes and Lawbreakers (Who's Who des firmes de rachat), Equity Club (Bonesman business), Upjohn Pharmacia Corporation (Vaccins et médicaments), Monsanto (Semences, PCB, Chimie ...) Temasek Holdings (), Greenhill & Co., Inc. (), J.P. Morgan Partners(), Howard Hughes Medical Institute (), United Defense Industries (), U.S. Investigative Services (), The Washington Center (Office national consultatif honoraire), Casema BV (),Beckett Brown International (), Dex Media, Inc. (), Bankruptcy Filers (), Kinder Morgan Inc. () Nielsen Media Research (), Vinnell Corporation (), Topaz Power Group (), Sempra Energy Trading, etc.

Parmis es acteurs financiers nous trouvons le groupe russe Menatep, les autorités financières d’Abu Dhabi et du Koweït, les fonds de pension publics de l’Ohio, du Texas, de la Floride et de New York ont investi des centaines de millions de dollars dans les différents fonds Carlyle. Les banques Goldman Sachs, Salomon Smith Barney, Citibank, JP Morgan Chase, le Crédit Suisse ou First Boston sont des partenaires d’affaires réguliers. De même que la Deutsche Bank, la Royal Bank of Scotland, ABN amro, le Crédit Agricole, la financière Edmond de Rothschild ou le Crédit Lyonnais. En 2000, le fonds a investi 300 millions de dollars pour prendre le contrôle de KorAm Bank, l’une des plus grandes banques privées de Corée.

La collection de personnages influents qui travaillent, ont travaillé, ou ont investi dans ce groupe laisse les théoriciens de conspiration incrédules. Cela inclut avant tout autre, John Major: Ancien Premier Ministre du Royaume-Uni avant Tony Blair; Fidel Ramos: Président des Philippines; Park Tae Joon: Ancien Premier Ministre Sud Coréen; Le Prince d’Arabie Saoudite, Al-Walid; le général Colin Powell, le Secrétaire d’Etat durant l’administration Bush Junior de 2000 à 2004; James Baker, l'ancien Secrétaire d’Etat; Caspar Weinberger: le Secrétaire d’Etat à la Défense; Richard Darman; le Directeur du Budget de la Maison Blanche; Le Milliardaire George Soros et quelques membres de la famille Ben Laden.

Carlyle recrute les meilleurs, au meilleur prix. Une retraite en or pour les anciens responsables des autorités de régulation financières. Tel Arthur Levitt, ancien patron de la Securities and Exchange Commission devenu « senior advisor » du groupe en mai 20018 ; mais également Karl Otto Pöhl, ancien président de la Bundesbank ; Afsaneh Masheyekhi Beschloss, ancien responsable des investissements de la Banque mondiale ; Liu Hong Ru, jadis président de la Commission chinoise de régulation du marché ou Arifin Siregar, ex-président de la Banque centrale d’Indonésie, tous consultants ou associés. La liste est longue. Couplée aux bataillons de fiscalistes et de juristes qui accompagnent le fonds, elle permet à CARLYLE de réaliser des opérations complexes sur tous les marchés du monde. Toujours dans la légalité. Toujours dans les failles de la loi. Cette liste est une liste officielle provenant du site de CARLYLE, et a tendance à changer régulièrement …

- George H. Walker Bush, Ex-président des États-Unis d’Amérique et père de l’actuel président américain. Retiré du groupe en Octobre 2003.
- George W. Bush Junior, Directeur d’une des premières acquisitions de Carlyle qui était un business sur la nourriture pour les vols d’avion commerciaux, que Carlyle a vendu pour cause de perte d’argent en 1992. George Bush Junior quitte Carlyle pour devenir Gouverneur du Texas en 1992.
- James Baker, Ancien secrétaire à la Défense. Retiré du groupe en 2005.
- John Major, Ancien Premier Ministre Britannique conservateur. Retiré du groupe en 2005.
- Karl Otto Pà¶hl, Ex-président de la Bundesbank
- Arthur Levitt, Ex-président de la Securities and Exchange Commission sous le reigne du Président Clinton
- Fidel Ramos, Ex-président des Philippines
- Henri Martre, Transfuge de Matra Aérospatiale
- Merrill Lynch, Société Financière Américaine
- Fonds de pension de General Motors
- George Soros, Financier
- Frank C. Carlucci, Secrétaire à la Défense Américaine de 1987 à 1989 sous Reaggan. Président de Carlyle et de Emeritus de 1989 à 2005. Retiré du groupe en Mars 2005.
- Richard Darman, Directeur du U.S. Office of Management and Budget sous le reigne de George H. W. Bush, Conseiller Sénior et Président de Carlyle de 1993 jusqu’à aujourd’hui
- Allan Gotlieb, Ambassadeur Canadien aux USA (1981-89) et membre du Canadian Advisory Board de Carlyle
- Liu Hong-Ru, Président du Securities Regulatory Commission du gouvernement Chinois
- William Kennard, Président du U.S. Federal Communications Commission (FCC) sous le reigne du président Bill Clinton
- Peter Lougheed, Premier ministre de l’Alberta (1971-85)
- Frank McKenna, Ambassadeur Canadien aux USA
- Mack McLarty, Chef de Staff sous le Président Clinton, Président du Kissinger McLarty Associates, Conseiller Sénior de Carlyle de 2003 jusqu’à aujourd’hui
- Anand Panyarachun, Premier Ministre de Thailande (2 fois)
- Fidel Ramos, Président des Philippines
- Dan Senor, Consultant Politique
- Thaksin Shinawatra, Premier Ministre de la Thailande (2001 – 2006)
- Luis Téllez Kuenzler, Economiste Méxicain
- Etienne D’Avignon, président de la Belgian Generale Holding Company
Olivier Sarkozy (demi-frère de Nicolas Sarkozy), copilote depuis avril 2008 l’activité mondiale des services financiers de Carlyle Group.

Egalement cité comme partenaires et employés de CARLYLE : Alice Albright (la fille de Madeleine Albright), Arthur Lewitt, William Kennard. Et aussi les Européens: Karl Otto Poehl (Président du Bundesbank); Henri Martre (aujourd'hui décédé), etc.

PENTAGONE STORY

Le 4 janvier 1989, George Bush père devient le 41ème président des Etats-Unis. La même année, en décembre, le Carlyle Group rachète à Marriot Corporation la société Caterair International, une firme texane spécialisée dans la restauration aérienne. Moins d’un an plus tard, George W. Bush Jr entre au conseil d’administration de Caterair. C’est le premier gros coup du Carlyle Group, il est signé Fred Malek. Avant de conseiller le fonds d’investissement, cet ancien assistant de Richard Nixon dirigeait l’une des filiales de Marriot Corp. Il a surtout été l’un des piliers de la campagne présidentielle républicaine avant de démissionner de son poste après que le Washington Post eut révélé son implication dans le scandale de la « liste juive » établie sous l’administration Nixon14. En 1992, Fred Malek dirigera la seconde campagne présidentielle deGeorge Bush père. Dès cet instant, les liens entre la famille Bush et le fonds d’investissement Carlyle ne se relâcheront plus.

Obtenir l’écoute du chef de l’exécutif n’est qu’une première étape. En octobre 1990, Franck Carlucciconvainc ses partenaires de racheter BDM International, l’un des principaux centres de recherche et développement de l’industrie de défense américaine. Ses arguments sont imparables : depuis le milieu des années 80, les experts de BDM International ont enlevé plusieurs contrats gouvernementaux hautement confidentiels. Parmi eux, des études portant sur la mise en oeuvre d’un vaste bouclier antimissiles, plus connu sous le nom d’Initiative de Défense Stratégique (IDS). Ce projet, l’administration Reagan l’a porté à bout de bras, Carlucci en tête. Personne mieux que lui ne connaît l’état d’avancée du système ni les rouages décisionnels du ministère de la défense. Or l’IDS figure toujours sur l’agenda du président Bush senior et le nouveau secrétaire d’Etat à la défense n’est autre que James Baker, le vieux camarade de Franck Carlucci15. Dans ces conditions, n’est-il pas raisonnable de penser que BDM sera bientôt grandement profitable ?Franck Carlucci emporte la mise. En 1997, le Carlyle Group revendra BDM à la firme TRW, empochant plus de 400 millions de dollars. Quelques années plus tard, George Bush fils remettra la défense anti-missiles au goût du jour.

Franck Carlucci avait d’autres raisons d’acquérir BDM : la société figure à la pointe de la recherche et développement (R & D) de l’industrie de défense américaine. Les meilleurs ingénieurs et experts en technologie militaire du pays rêvent d’y travailler. Des années durant Carlyle va utiliser leurs compétences pour identifier les technologies émergentes et repérer ses futures cibles. Entre 1990 et 1993 le fonds rachète GDE et Magnavox Eletronic Systems, deux firmes « sensibles » spécialisées dans le traitement du signal et l’imagerie radar. Suivront LTV Aircraft Division, Elgar Electronics et Dynamic Corp. Puis Magnetek Inc, IT Group et EG&G Technical Services, trois spécialistes de la décontamination nucléaire, biologique et chimique.

Très vite le rachat d’entreprises en difficultés momentanées devient bien plus qu’un créneau de niches : au milieu des années quatre-vingt dix, le CARLYLE GROUP est un acteur majeur du mouvement de concentration du secteur militaro-industriel nord-américain. Il en a les moyens : non seulement la première guerre du Golfe a dopé ses dividendes, mais le fonds poursuit son recrutement des plus hauts dignitaires de l’administration Bush : en 1993, James Baker III, ex-secrétaire d’Etat et Richard Darman, ancien directeur du Budget à la Maison Blanche, rejoignent sa direction. Cette année-là, le financier George Soros - l’homme dont la biographie est parvenue le même jour dans toutes les agences de presse du monde - place 100 millions de dollars dans Carlyle Partners, le tout nouveau fonds d’investissement du groupe.

En 1997, Carlyle rachète United Defense. Cette acquisition achève sa stratégie : en moins de dix ans, le fonds est devenu le onzième fournisseur d’armes du Pentagone. Etroitement connectés à l’administration, ses experts sont capables d’anticiper et de répondre à n’importe quel appel d’offre, des véhicules de combat aux canons de destroyers en passant par les missiles ou l’électronique de défense. Cette réussite, CARLYLE la doit à une stratégie de réseau sans failles et sans états d’âme, la société proposera une retraite confortable aux anciens responsables démocrates de l’administration Clinton. A l’instar de Brian Bailey, conseiller spécial du président devenu viceprésident du fonds d’investissement en 1996.



[Le Monde - 30 avril 2004]

Le plus grand investisseur privé du monde, bien implanté dans le secteur de l’armement, est un groupe discret, qui cultive les accointances avec les hommes influents, dont les Bush, père et fils.

Il y a un an, le 1er mai 2003, George Bush atterrissait, sanglé dans une combinaison de pilote de chasse, sur le porte-avions USS Abraham-Lincoln au large de la Californie. L’image est devenue célèbre. Sous une banderole proclamant “Mission accomplished” (mission accomplie), le président annonçait prématurément la fin des opérations militaires en Irak et sa victoire.

Le lendemain, de retour sur la terre ferme, il prononçait un autre discours martial, non loin de San Diego, dans une usine d’armement d’United Defense Industries.

Cette entreprise est l’un des principaux fournisseurs du Pentagone. Elle fabrique, entre autres, des missiles, des véhicules de transport et, en Californie, le blindé léger Bradley. Son principal actionnaire est le plus grand investisseur privé au monde. Un groupe discret, baptisé Carlyle.

Il n’est pas coté en Bourse et n’a de comptes à rendre qu’à ses 550 investisseurs - milliardaires ou fonds de pension. Carlyle gère aujourd’hui 18 milliards de dollars, placés dans les secteurs de la défense et de la haute technologie (biologie notamment), le spatial, l’informatique liée à la sécurité, les nanotechnologies, les télécommunications. Les entreprises qu’il contrôle ont pour caractéristique commune d’avoir pour clients principaux des gouvernements et administrations. Comme la société l’a écrit dans une brochure : ” Nous investissons dans des opportunités créées dans des industries fortement affectées par des changements de politique gouvernementale.”Carlyle est un modèle unique, construit à l’échelle planétaire sur le capitalisme de relations ou le ” capitalisme d’accès” pour reprendre l’expression du magazine Americain New Republic, en 1993. Le groupe incarne aujourd’hui, malgré ses dénégations, le “complexe militaro-industriel” contre lequel le président républicain Dwight Eisenhower mettait en garde le peuple américain en quittant ses fonctions, en 1961.
Cela n’a pas empêché George Bush père d’occuper pendant dix ans, jusqu’en octobre 2003, un poste de conseiller de Carlyle. C’était la première fois dans l’histoire des Etats-Unis qu’un ancien président travaillait pour un fournisseur du Pentagone. Son fils, George W. Bush connaît aussi très bien Carlyle. Le groupe lui a trouvé un emploi en février 1990, alors que son père occupait la Maison Blanche : administrateur de Caterair, une société texane spécialisée dans la restauration aérienne. L’épisode ne figure plus dans la biographie officielle du président. Quand George W. Bush quitte Caterair, en 1994, avant de devenir gouverneur du Texas, l’entreprise est mal en point.

“Il n’est pas possible d’être plus proche de l’administration que l’est Carlyle“, affirme Charles Lewis, directeur du Centre pour l’intégrité publique, une organisation non partisane de Washington. “George Bush père a gagné de l’argent provenant d’intérêts privés qui travaillent pour le gouvernement dont son fils est le président. On peut même dire que le président pourra un jour bénéficier financièrement, via les investissements de son père, de décisions politiques qu’il a prises”, ajoute-t-il.

La collection de personnages influents qui travaillent, ont travaillé ou ont investi dans le groupe ferait l’incrédulité des adeptes les plus convaincus de la théorie du complot. On y trouve entre autres : John Major, ancien premier ministre britannique, Fidel Ramos, ancien président philippin, Park Tae Joon, ancien premier ministre de la Corée du Sud, le prince saoudien Al-Walid, Colin Powell, actuel secrétaire d’Etat, James Baker III, ancien secrétaire d’Etat, Caspar Weinberger, ancien secrétaire à la défense, Richard Darman, ancien directeur du budget à la Maison Blanche, le milliardaire George Soros et même des membres de la famille Ben Laden. On peut ajouter à cette liste Alice Albright, la fille de Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’Etat, Arthur Lewitt, ancien président de la SEC (le gendarme de Wall Street), William Kennard ex-patron de l’autorité des télécommunications (FCC). Enfin, il faut ajouter, parmi les Européens, Karl Otto Pöhl, ancien président de l! a Bundesbank, feu Henri Martre, qui a été président de l’Aerospatiale, et Etienne Davignon, ancien président de la Générale de Belgique.

Carlyle n’est pas seulement une collection d’hommes de pouvoir. Il possède des participations dans près de 200 sociétés et surtout, la rentabilité annuelle de ses fonds dépasse 30 % depuis une décennie. “Par rapport aux cinq cents personnes que nous employons dans le monde, le nombre d’anciens hommes d’Etat est très faible, une dizaine tout au plus, explique Christopher Ullmann, vice-président de Carlyle, responsable de la communication. On nous accuse de tous les maux. Mais personne n’a jamais apporté la preuve d’une quelconque malversation. Aucune procédure judiciaire n’a jamais été lancée contre nous. Nous sommes une cible commode pour qui veut s’en prendre au gouvernement américain et au président.”

Carlyle a été créé en 1987, avec 5 millions de dollars, dans les salons du palace new-yorkais du même nom. Ses fondateurs, quatre juristes, dont David Rubenstein (ancien conseiller de Jimmy Carter), ont alors pour ambition - limitée - de profiter d’une faille de la législation fiscale. Elle autorise les sociétés détenues en Alaska par des Eskimos à céder leurs pertes à des entreprises rentables qui payent ainsi moins d’impôts. Le groupe végète jusqu’en janvier 1989 et l’arrivée à sa tête de l’homme qui inventera le système Carlyle, Frank Carlucci. Ancien directeur adjoint de la CIA, conseiller à la sécurité nationale puis secrétaire à la défense de Ronald Reagan, M. Carlucci compte à Washington. Il est l’un des amis les plus proches de Donald Rumsfeld, actuel ministre de la défense. Ils ont partagé une chambre quand ils étaient étudiants à Princeton. Ils se sont ensuite croisés dans de nombreuses administrations et ont même travaillé, un temps, pour la même entreprise, Se! ars Robuck.

Six jours après avoir officiellement quitté le Pentagone, le 6 janvier 1989, Frank Carlucci devient directeur général de Carlyle. Il emmène avec lui des hommes de confiance, anciens de la CIA, du département d’Etat et du ministère de la défense. Surnommé “M. Clean” (”M. Propre”), Frank Carlucci a une réputation sulfureuse.

Ce diplomate était en poste dans les années 1970 dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Congo, la Tanzanie, le Brésil et le Portugal où les Etats-Unis et la CIA ont joué un rôle politique douteux. Il était le numéro deux de l’ambassade américaine au Congo belge, en 1961, et a été soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba. Il a toujours fermement démenti. La presse américaine l’a aussi accusé d’être impliqué dans plusieurs trafics d’armes dans les années 1980, mais il n’a jamais été poursuivi. Il a dirigé un temps Wackenhut, une société de sécurité à la réputation détestable, impliquée dans l’un des plus grands scandales d’espionnage, le détournement du logiciel Promis. Frank Carlucci a eu pour mission de faire le ménage dans l’administration Reagan au moment de l’affaire Iran-Contra et a succédé alors au poste de conseiller à la sécurité nationale à John Pointdexter. En entrant en fonctions, il avait pris comme adjoint un jeune général… Colin Powe! ll.

Sur son nom, Frank Carlucci attire les capitaux chez Carlyle. En octobre 1990, le groupe s’empare de BDM International qui participe au programme de “guerre des étoiles”, et en fait une tête de pont. En 1992, Frank Carlucci s’allie avec le groupe français Thomson-CSF pour reprendre la division aérospatiale de LTV. L’opération échoue, le Congrès s’oppose à la vente à un groupe étranger. Carlyle trouve d’autres associés, Loral et Northrop, et met la main sur LTV Aerospace rapidement rebaptisé Vought Aircraft qui participe à la fabrication des bombardiers B1 et B2.

Dans le même temps, le fonds multiplie les acquisitions stratégiques, telles Magnavox Electronic Systems, pionnier en matière d’imagerie radar, et DGE qui détient la technologie des cartes en relief électroniques pour les missiles de croisière. Suivent trois sociétés spécialisées dans la décontamination nucléaire, chimique et bactériologique (Magnetek, IT Group et EG G Technical services). Puis, via BDM International, une firme liée à la CIA, Vinnell, laquelle est parmi les premières à fournir à l’armée américaine et ses alliés des contractants privés. C’est-à-dire des mercenaires. Ceux de Vinnell encadrent les forces armées saoudiennes et protègent le roi Fahd. Ils ont combattu lors de la première guerre du Golfe aux côtés des troupes saoudiennes. En 1997, Carlyle revend BDM et surtout Vinnell, trop dangereux. Le groupe n’en a plus besoin. Il est devenu le onzième fournisseur du Pentagone en mettant la main la même année sur United Defense Industries.

Carlyle sort de l’ombre malgré lui le 11 septembre 2001. Ce jour-là, le groupe organise au Ritz Carlton de Washington une réunion avec cinq cents de ses plus importants investisseurs. Frank Carlucci et James Baker III jouent les maîtres de cérémonie. George Bush père fait un passage éclair en début de journée. La présentation est rapidement interrompue, mais un détail n’échappe à personne. Un des invités porte sur son badge le nom de Ben Laden. Il s’agit de Shafiq Ben Laden, un des nombreux demi-frères d’Oussama.. Les médias américains découvrent Carlyle. Un journaliste, Dan Briody, écrit un livre sur la face cachée du groupe, The Iron Triangle, et s’intéresse notamment aux relations étroites entre le clan Bush et les dirigeants saoudiens.

Certains s’interrogent sur l’influence de George Bush père sur la politique étrangère américaine. En janvier 2001, lorsque George Bush fils rompt des négociations avec la Corée du Nord sur les missiles, les Coréens du Sud, consternés, interviennent auprès de son père. Carlyle a des intérêts importants à Séoul. En juin 2001, Washington reprend les discussions avec Pyongyang.

Autre exemple, en juillet 2001, selon le New York Times, George Bush père téléphone au prince saoudien Abdallah mécontent des prises de position du président sur le conflit israélo-palestinien. George Bush père assure alors au prince que son fils “fait de bonnes choses” et que “son coeur est du bon côté”. Larry Klayman, directeur de Judicial Watch, une organisation résolument conservatrice, demande au ” père du président de démissionner de Carlyle. Le groupe a des conflits d’intérêts qui peuvent créer des problèmes à la politique étrangère américaine”. Finalement en octobre 2003, George Bush père quitte Carlyle. Officiellement, car il approche les 80 ans.

Carlyle a beau mettre fin à toute relation avec la famille Ben Laden en octobre 2001, le mal est fait. Le groupe devient avec Halliburton la cible des opposants à l’administration Bush. ” Carlyle a remplacé la Commission trilatérale dans les théories du complot”, reconnaissait David Rubenstein, en 2003, dans une interview au Washington Post. Pour la première fois, le groupe nomme un responsable de la communication et change de patron. Frank Carlucci devient président honoraire et Lou Gerstner, dirigeant respecté qui a sauvé IBM, prend officiellement les rênes. L’opération semble surtout cosmétique. M. Gerstner ne passe pas beaucoup de temps à son bureau. Mais Carlyle veut devenir respectable.

Le groupe crée un site Internet. Il ouvre certains fonds à des investisseurs apportant “seulement” 250 000 dollars (210 000 euros). Il aurait réduit sa participation dans United Defense Industries, et affirme que la défense et l’aérien ne représentent plus que 15 % de ses investissements. Mais Carlyle fait toujours un usage intensif des paradis fiscaux et il est difficile de connaître son périmètre et le nom des sociétés qu’il contrôle.

Carlyle multiplie aussi les efforts en Europe. En septembre 2000, il prend le contrôle du groupe suédois d’armement Bofors via United Defense. Il tente ensuite, sans succès, de mettre la main sur Thales Information Systems et, début 2003, sur les parts de France Télécom dans Eutelsat, qui joue un rôle important dans le système européen de positionnement par satellite Galileo - concurrent du GPS américain. De 1999 à 2002, il gère une participation dans Le Figaro. En Italie, il fait une percée en reprenant la filiale aéronautique de Fiat, Fiat Avio. Cette société fournit Arianespace et permet à Carlyle d’entrer au Conseil de la fusée européenne. Autre coup, en décembre 2002 Carlyle achète un tiers de Qinetic, la filiale privée du Centre de recherche et développement militaire britannique. Qinetic occupe une position unique de conseil du gouvernement britannique.

“Anticiper sur les technologies du futur et les entreprises qui les développeront est notre premier rôle d’investisseur. Les fonds de pension nous apportent leur argent pour cela. On ne peut tout de même pas nous reprocher de chercher à prendre des positions stratégiques”, souligne M. Ullmann.
  

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Bush/complexe militaro-industriel - Carlyle Group / Frank Carlucci



LES ROUAGES D'UNE MACHINATION INFERNALE
Pour bien comprendre les rouages qui s'imbriquent dans la politique de notre monde et lui font plus de mal que de bien, il faut saisir le fonctionnement de certaines sociétés occultes qui tissent leur toile au travers de réseaux d'affaires compliqués mais qui ont tous un lien commun... LE POUVOIR ABSOLU. Carlyle fait partie de ces entités colossales dont on sait peu de choses tant l'enchevêtrement de leurs liens est complexe. L'ombre de Bush Père règne sur ce conglomérat mais il n'y a pas que lui...
 




Complexe militaro-industriel états-unien

Le Carlyle Group, une affaire d'initiés

Premier gestionnaire mondial de portefeuilles, le Carlyle Group rassemble le gratin de la politique mondiale. Piloté par l'ancien secrétaire à la Défense Frank Carlucci, il comprend aussi bien George Bush père que les Ben Laden, George Soros, Mikhail Khodorkovsky ou John Major. Il s'est spécialisé dans la prise de contrôle de sociétés d'armement et de médias. Profitant de la présidence d'un de ses anciens cadres, Bush fils, il influe selon ses intérêts sur la politique étrangère des États-Unis. Usant et abusant de ses relations, le groupe réalise 30e retour sur investissement au risque de se voir régulièrement mis en cause dans des affaires d'initiés et de corruption.

Le Carlyle Group est né, au milieu des années 1980, à la faveur d'une affaire d'esquimaux. Au terme d'un accord avec l'État fédéral, des sociétés d'Alaska ont reçu, en 1971, d'importantes subventions du gouvernement fédéral pour créer des entreprises sur place. Quinze ans plus tard, la plupart de ces sociétés avaient accumulé des dettes considérables et menacaient de déposer le bilan. Le sénateur de l'Alaska, Ted Stevens, parvint alors à faire adopter une clause dans la loi fiscale de 1984 autorisant ces sociétés à vendre leurs dettes à des compagnies états-uniennes florissantes, en échange d'un cadeau fiscal. En clair, une société esquimau ayant perdu 10 millions de dollars en une année fiscale peut vendre ses dettes 7 millions de dollars. L'acheteur états-unien peut, quant à lui, retrancher 10 millions de dollars des bénéfices déclarés à l'IRS, profitant ainsi d'une réduction fiscale de 3 millions de dollars [1].


Stephen Norris, cadre dirigeant de la division fusion-acquisition de la société Marriott, réalise que cette niche fiscale constitue un filon à exploiter. Son objectif : trouver des sociétés basées en Alaska disposées à vendre leurs dettes, les mettre en contact avec des compagnies états-uniennes, et empocher au passage 1 e commission. Pour monter l'opération, il débauche David Rubinstein, ancien membre de l'administration Carter [2], qui travaille alors depuis 6 ans, au sein du cabinet Shaw, Pittman, Potts & Trowbridge et de G. William Miller & Co, également au service fusion-acquisition. David Rubinstein bénéficie d'un impressionnant carnet d'adresses qui lui permet de trouver les interlocuteurs des deux côtés.
Le succès de l'opération, conduite au sein de Mariott, incite les deux hommes à quitter la structure pour s'installer à leur compte. En quelques mois, ils s'arrogent ainsi 1ur un milliard de dollars de réductions d'impôts obtenu, soit 10 millions de dollars. Le tout au sein d'une société nouvellement créée, et qu'ils vont nommer comme le Carlyle Hotel de New York, où ils tiennent la plupart de leurs rendez-vous. Le Carlyle Group est né.

Errements financiers, progrès politiques

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le gouvernement fédéral supprime rapidement cette niche fiscale. Rubinstein et Norris se reconvertissent alors dans le rachat d'entreprise, dans la conjoncture économique florissante des années 1980. Le but du jeu consiste à obtenir des prêts auprès de grandes banques, à acquérir des positions importantes dans des sociétés en difficulté, en prendre le contrôle à bas prix, réorienter leur politique commerciale puis les revendre à un prix supérieur. Le principal mode d'action est le rachat d'entreprise financé par l'endettement [3].

Les débuts sont chaotiques, Stephen Norris et David Rubenstein découvrant progressivement la nature impitoyable de l'univers économique dans lequel ils souhaitent opérer. Plusieurs opérations de rachat échouent au profit de sociétés plus rompues à l'exercice, tandis que d'autres réussissent, mais sans générer les profits escomptés. Au contraire, les pertes s'accumulent pour Carlyle en 1987-88. Les deux associés cherchent donc du renfort et recrutent plusieurs personnalités telles que Dan D'Aniello et William Conway, ancien dirigeant du service financier de MCI Communications.
Le plus gros coup est le recrutement d'un professionnel avisé de la finance, au passé politique controversé, Frederic V. Malek. Ce dernier, ancien chef du personnel du président Nixon, subit de plein fouet, en septembre 1988, un article du Washington Post relatant les délires paranoïaques et antisémites du président Nixon. On y apprend que Malek a, en juillet 1971, établi à la demande du président un listing des employés juifs du Bureau du Travail et des Statistiques, une démarche qui a abouti à l'époque à la mise au placard de deux fonctionnaires juifs situés haut dans l'organigramme, Peter Henle et Harold Goldstein. Le jour même de l'éclatement de l'affaire, qui compromet gravement sa carrière politique, il reçoit un appel de Stephen Norris qui l'invite à rejoindre Carlyle. Pour la société de Washington, c'est une façon inespérée de recruter un homme extraordinairement bien introduit dans le milieu des affaires états-uniens. Dans son carnet d'adresses figurent notamment les noms du président George H. W. Bush et de son fils, George Walker Bush, futur président. Avec lui, Carlyle peut acquérir une nouvelle dimension.

Cette nouvelle dimension ne concerne pas la réussite financière, mais plutôt le développement incroyable des connexions politiques de la firme, qui permettront, plus tard, d'importants succès. À l'époque, le premier projet concerne la reprise en main de Craterair, une société fournissant les repas aux passagers des vols de plusieurs compagnies aériennes. Le président directeur général de Marriott, J. W. Marriott, souhaite en effet se débarrasser de ce poids mort de sa compagnie, en 1989. Dan Altobello, qui dirige ce secteur, propose immédiatement à Carlyle de le racheter. Ce choix apparaît aujourd'hui comme une évidence : Norris, Malek et D'Aniello sont en effet tous les trois des anciens dirigeants de Marriott.
C'est Frederic V. Malek qui s'occupe de l'opération, à laquelle il fait participer George W. Bush, fils du président de l'époque. L'expérience du fils Bush dans le milieu du pétrole n'a a priori aucun rapport avec ses nouvelles fonctions de membre du conseil d'administration de Craterair. C'est donc ailleurs qu'il faut chercher les raisons de son recrutement, des raisons révélatrices des nouvelles méthodes de Carlyle. En réalité, Malek joue un jeu à trois bandes : d'un côté, il vient de négocier, loin de Carlyle, la reprise de la compagnie aérienne Northwest, dont il est le PDG. Cette compagnie a très souvent recours aux services de Caterair. De plus, elle a besoin d'autorisations fédérales en matière de régulation aérienne pour développer son activité. Le recrutement de George W. Bush, qui a besoin d'étoffer son CV dans le monde des affaires, permet d'envisager l'octroi des autorisations par l'entremise de son père, qui siège à la Maison-Blanche, et donc un regain d'activité pour Caterair. La boucle est bouclée. La Guerre du Golfe, qui amène la peur des attentats et la hausse des prix du pétrole entraîne malheureusement pour Carlyle une crise du secteur de l'aviation civile. L'audacieux montage subit donc un échec cuisant. Mais la compagnie de Norris et Rubinstein a, entre temps, considérablement accru ses contacts politiques [4].

Frank Carlucci : l'homme des services au service de Carlyle




En 1988, l'administration Reagan quitte la Maison-Blanche. Carlyle, fidèle à sa tradition, décide d'en recruter les meilleurs éléments. Le choix se porte sur Franck Carlucci [5], qui vient juste de quitter son poste de secrétaire à la Défense. Le 26 janvier 1989, il devient vice-président du Carlyle Group, ouvrant une nouvelle ère pour la société.
C'est en effet un renfort politique de très haute valeur. Très impliqué dans la Guerre froide, au cours de laquelle il a fomenté un grand nombre de coups fourrés dans divers endroits de la planète, Carlucci est l'homme des services états-uniens, ancien camarade de classe de Donald Rumsfeld à Princeton. Il est vice-directeur de la CIA en 1978, sous l'administration Carter, avant d'intégrer le département de la Défense de l'ère Reagan, sous la direction de Caspar Weinberger. Après un passage, en 1982, à la Sears World Trade [6] où il est impliqué dans une affaire de trafic d'armes liée à la CIA, il est nommé en 1986 à la tête du Conseil de sécurité nationale, en remplacement de l'amiral John Poindexter, carbonisé par l'affaire Iran-Contra. En novembre 1987, il remplace Caspar Weinberger au poste de secrétaire à la Défense, pour les dix-huit derniers mois de l'administration Reagan. Au cours de cette période, il se familiarise avec le processus d'élaboration du budget des armées et de ventes d'armes. Une expérience précieuse pour son futur poste au sein de Carlyle.

Frank Carlucci va ainsi être à l'origine du premier rachat lucratif pour Carlyle dans le milieu de l'armement. Il est en effet proche de Earle Williams, le président de BDM International, une société de conseil en questions de défense, filiale de Ford Aerospace. Ce dernier a réussi le tour de force de se faire nommer à la Naval Research Advisory Board, qui conseille la Navy états-unienne sur ses choix stratégiques à long terme, permettant ainsi à BDM d'obtenir de juteux contrats. Le tout en recrutant simplement, au sein de BDM, la femme de Melvyn Paisley, alors en charge de l'attribution des contrats de la Navy. Ce dernier rejoint même les rangs de BDM après avoir quitté ses fonctions en 1987.
Ce joyeux cocktail de corruption, de trafic d'influence et de fraude fait finalement l'objet d'une enquête d'envergure à l'été 88, qui aboutit à la mise en accusation de douzaines de responsables du Pentagone, en regard de leur attribution des contrats de défense. Le plus éminent d'entre eux n'est autre que… Melvyn Paisley. Le scandale éclabousse donc logiquement au passage BDM, dont la valeur chute dramatiquement, laissant la place libre à des repreneurs. Achetée 425 millions de dollars par Ford Aerospace en 1988, elle est rachetée 130 millions par Carlyle en 1990, grâce aux bons offices d'Earle Williams qui y conserve son poste de président, tandis que Carlucci et William Conway font leur entrée au conseil d'administration. Le succès de Carlyle est complet.

En quatre ans, le Carlyle Group a mis en place les bases de son succès futur : un savoir-faire financier, un carnet d'adresses politiques fourni et une spécialisation dans le secteur de la Défense où précisément les contacts politiques de haut-niveau sont essentiels. La période qui suit est une mise en application des leçons tirées du passé. C'est aussi la période qui voit William Conway prendre une part de plus en plus importante dans les décisions du groupe. C'est un homme d'affaires réputé pour son flair dans le monde de la finance, mais aussi pour ses méthodes de management autoritaires et conservatrices. Il est à l'origine, avec David Rubinstein, de la reprise mouvementée de la division Défense et Aérospatiale de LTV Corp, qui renforce la réputation du groupe.

Carlyle dans les eaux saoudiennes

À la même période, le Carlyle Group noue des relations avec l'Arabie saoudite. Profitant de la guerre du Golfe et d'une diplomatie états-unienne tournée vers le régime des Saoud, Carlyle rentre en contact avec le prince Alwaleed bin Talal, alors âgé de 35 ans, neveu du roi Fahd ayant fait ses études aux États-Unis. Devenu très riche d'une manière qui reste aujourd'hui inconnue, il souhaite à l'époque investir aux États-Unis. Le climat politique y est favorable, et la crise financière incite les banquiers à chercher de l'argent là où ils en trouvent. L'une des plus grandes banques du pays, la Citicorp, cherche ainsi 1,5 milliard de dollars pour rester à flot. Conscient de l'opportunité, le prince Alwaleed passe par un cabinet d'affaires de Washington pour intervenir. Ce cabinet lui conseille d'avoir recours aux services du groupe Carlyle, qui possède de nombreux atouts en matière de connexion politique qui peuvent se révéler utiles au prince. La manœuvre se heurte néanmoins à l'opposition de plusieurs membres du Congrès, hostiles à la prise de contrôle des banques états-uniennes par des investisseurs étrangers. L'entregent de Stephen Norris permet finalement d'obtenir l'agrément indispensable du Federal Reserve Board, à condition que le prince Alwaleed n'intervienne pas dans la gestion de la banque. Le 21 février 1991, le Carlyle Group peut donc se vanter d'avoir permis l'investissement de 590 millions de dollars du prince saoudien dans l'une des principales banques états-uniennes. La manœuvre permet au prince d'être potentiellement détenteur de 15 es actions de la banque, devenant ainsi l'un de ses principaux actionnaires.
Des déclarations à l'emporte-pièce de Stephen Norris, revendiquant pour Carlyle le sauvetage de la banque et sous-entendant que le prince chercherait certainement à influer sur les décisions du conseil d'administration, amènent finalement le Federal Reserve Board à revenir partiellement sur son autorisation. Il n'empêche, le Carlyle Group a réussi son entrée sur la scène internationale.

La société va profiter de son avantage pour acquérir, en 1992, une entreprise peu connue, Vinnell, qui doit servir de relais au Proche-Orient pour l'expertise militaire détenue par Carlyle. Vinell est une société privée dont l'activité consiste à entraîner des armées étrangères lorsque celles-ci en ont besoin. Elle forme depuis 1975 les forces armées saoudiennes, et ses mercenaires, composés des éléments les plus aguerris des Special Forces, ont combattu aux côtés des troupes régulières lors de la Guerre du Golfe, en 1991. A l'époque, une commission d'enquête parlementaire diligentée par le sénateur Henry Jackson avait révélé que les critères de recrutement exluaient que soit embauché toute personne de religion juive. On retrouve ensuite la société lors du scandale de l'Irangate, puisque Richard Secord, général à la retraite de l'Air Force travaillant pour Vinnell fût impliqué en tant que complice d'Oliver North. En 1987, un article de Time Magazine met à nouveau en cause la société de mercenaires en révélant que deux de ses employés auraient été impliqués dans la tentative avortée de renversement du Premier ministre de Grenade, l'homme de gauche Maurice Bishop.

La reprise par Carlyle ne va rien changer aux activités de Vinnell. Au contraire, elle va s'accompagner d'un renforcement de la présence militaire états-unienne dans la région, de 1992 à 1995. En 1995, les bureaux à Riyad de Vinnell et de BDM, deux sociétés détenues par Carlyle, sont soufflés par un attentat meurtrier qui fait sept morts, dont cinq États-uniens. Les bureaux visés sont ceux soutenant le contrat de Vinnell auprès de la Garde nationale, à une époque où de nombreux Saoudiens souhaitent voir l'armée états-unienne quitter le pays. L'affaire fait grand bruit aux États-Unis et de nombreux témoignages anonymes font alors ressortir que Vinnell est, en réalité, une façade pour les interventions de la CIA, chargée, en Arabie saoudite, d'infiltrer l'armée nationale. D'après un ancien employé, même après le rachat par BDM (donc Carlyle) de la société, celle-ci aurait conservé toute son autonomie. Voilà qui lève une part du voile sur la couleur politique et les intentions des dirigeants du Carlyle Group. Ceux-ci ont néanmoins revendu Vinnell en 1997 [7], ce qui n'empêche pas celle-ci de continuer son œuvre en Arabie saoudite. Un rôle qui lui valut d'être au cœur d'importantes polémiques après les attentats du 11 septembre et l'apparition, au sein de l'administration Bush, d'un violent courant anti-saoudien.

Un renfort de choix : James Baker III

En 1993, le Carlyle Group poursuit son parcours du combattant pour parvenir au sommet du monde de la finance. Pour cela, il a besoin d'un nouvel atout pour ses relations publiques et politiques, une figure reconnue plus disponible que Frank Carlucci, devenu entre-temps membre du conseil d'administration de 32 sociétés, dont certaines n'appartiennent pas à Carlyle. À la fin de l'ère Bush, en 1992, David Rubenstein, Frank Norris et William Conway se rendent donc à la Maison-Blanche pour y débusquer l'oiseau rare : ce sera James A. Baker III [8]. Ce dernier dispose d'impressionnants états de service au profit des républicains : sous-secrétaire d'État au Commerce sous Ford en 1975, il fût directeur des campagnes de Ford, Reagan et Bush, directeur de cabinet de Ronald Reagan de 1981 à 1985, secrétaire au Trésor de 1985 à 1988, puis secrétaire d'État sous George Bush père de 1989 à 1992. Après la défaite de ce-dernier face à William Jefferson Clinton, il retourne vers le monde des affaires d'où il est issu, en acceptant des responsabilités à la fois pour Enron et pour le Carlyle Group. L'annonce de son recrutement par la société basée à Washington déclenche une effervescence médiatique autour de Carlyle, et on annonce même l'arrivée prochaine au sein du groupe de Colin Powell. En tout état de cause, l'arrivée de Baker renforce considérablement la position de Carlyle.

Le nom de James Baker va permettre au groupe de lever des fonds importants, ce qui avait été impossible jusque-là. Le premier objectif, fixé par David Rubinstein à 500 millions de dollars, sera rapidement dépassé, grâce à l'arrivée du financier George Soros, qui vient, en 1992, de mettre la livre anglaise à genoux [9]. Celui-ci accepte d'investir 100 millions de dollars dans la société, mais aussi évidemment de lui apporter sa propre notoriété de financier hors-pair. Ce qui permet à Carlyle de lever, en 4 ans, plus de 1,3 milliard de dollars, soit plus de deux fois la somme initialement recherchée. Les rachats sont alors couronnés de succès, le groupe se focalisant sur les domaines liés à la Défense et aux ventes d'armes, deux terrains qui nécessitent des contrats avec le gouvernement. Or la proximité avec les décideurs politiques est désormais la spécialité de Carlyle. Le groupe va ainsi fleurir, faisant gagner près de 30 % annuels à ses actionnaires.
La liste des membres du Carlyle continue elle aussi à s'allonger, avec l'arrivée de George Bush Sr au rang de « conseiller supérieur », celui-ci étant devenu un ami proche de David Rubinstein, mais aussi de l'ancien Premier ministre conservateur britannique, John Major, qui est chargé des investissements en Europe, fin 1997. Le Carlyle Group bénéficie également du soutien du fonds de pension de la Banque mondiale, dont il a recruté l'ancienne trésorière en charge des investissements, Afsaneh Mashayekhi Beshloss. Celle-ci avait confié une bonne partie des fonds à sa disposition à Carlyle.
Carlyle multiplie ses investissements à l'étranger, notamment en Amérique latine, en Russie (avec l'oligarque Mikhail Khodorkovsky [10]) et en Europe, ainsi que le recrutement de responsables politiques tels que le Premier ministre de Corée du sud, Park Tae-joon et l'ancien Président des Philippines, Fidel Ramos. Et ceux qui ne peuvent y travailler, y envoient leurs proches, comme Madeleine Albright qui fait engager sa fille Alice.

L'arrivée de George W. Bush à la présidence des États-Unis est une consécration pour le Carlyle Group. Le nouveau résident de la Maison-Blanche doit en effet sa nomination au travail de sape juridique fourni par James Baker III, membre du Carlyle Group, et aux amitiés politiques de son père, George H.W. Bush, également lié au fonds d'investissement de Washington. Carlyle a même financé la campagne politique des républicains à hauteur de 359 000 dollars, contre 68 000 seulement pour les démocrates. Le désavantage de cette politique est qu'elle attire vers la société l'attention de l'ensemble des médias états-uniens.

Bush père et fils : la diplomatie Carlyle

Le premier véritable scandale éclate en mars 2001, lors d'une visite de Bush senior en Arabie saoudite, en tant que responable du Carlyle Group. Sa rencontre avec le roi Fahd suscite de nombreuses interrogations dans la presse états-unienne : s'agit-il d'une rencontre diplomatique ? d'un voyage d'affaires privées ? des deux à la fois ? Des questions d'autant plus légitimes que l'ancien président des États-Unis, accompagné de John Major, profite de l'occasion pour rencontrer d'anciens partenaires en affaires, la famille Ben Laden, alors même que l'un des frères, Oussama ben Laden, est déjà considéré comme une menace terroriste par les services de renseignement états-uniens.

Le deuxième dossier majeur concerne la Corée du Sud. L'arrivée au pouvoir de George W. Bush a été caractérisée par une politique extrêmement agressive à l'égard de la Corée du Nord, qualifiée d'« État voyou ». Les pays de la région, tels que la Corée du Sud ou la Thaïlande, voient d'un mauvais œil cette escalade diplomatique, et remettent alors gravement en cause leurs accords signés avec Carlyle en mai 1999, lors d'une visite de George Bush Sr. Des contacts privilégiés existent entre la société et de nombreux dirigeants locaux, puisque Carlyle compte dans ses rangs le Premier ministre sud-coréen élu en 2000, Park Tae-joon, mais aussi son gendre, Michael Kim, chargé de gérer les intérêts coréens aux États-Unis, et l'ancien Premier ministre thaïlandais, Anan Panyarachum.
Cet édifice patiemment construit est subitement mis à mal par les déclarations du nouveau président états-unien, lui-même influencé par les faucons de son administration. George W. Bush semble jouer contre son propre camp. Il est vite ramené à la raison.
Le 6 juin 2001, George W. Bush opère un revirement subit et annonce la reprise du dialogue avec Pyongang. Quatre jours plus tard, le New York Times évoque des discussions entre le père et le fils Bush ayant provoqué cette décision : selon le journal, Bush père, convaincu que son fils était indûment influencé par le Pentagone, lui aurait conseillé d'adopter une position plus modérée sur ce dossier. Il aurait argué du fait qu'une position dure à l'encontre de la Corée du Nord mettrait à mal le gouvernement sud-coréen, et nuirait en conséquence aux intérêts états-uniens dans la région. Une ingérence bien inhabituelle à la tête d'une démocratie aussi solidement enracinée que celle des États-Unis.

Il ne s'agit pas là d'un acte isolé : le 18 juillet 2001, le New York Times rend compte d'une nouvelle intervention de l'ancien directeur de la CIA dans la diplomatie états-unienne. George Bush père aurait en effet appelé le prince héritier de l'Arabie saoudite Abdullah, de la part de son fils, afin d'assurer le gouvernement saoudien que « le cœur [de son fils] est du bon côté », par rapport au Proche-Orient. Un appel rendu nécessaire par la politique uniquement pro-israélienne menée par l'actuel président. D'après le journal, ce dernier était présent lors du coup de téléphone. Ces révélations suscitent de violentes réactions de la part des organisations civiques tournées vers la moralisation de la vie politique. Nombreuses sont celles qui demandent alors que Bush père démissionne du Carlyle Group, s'il souhaite jouer un rôle dans la diplomatie du pays.

Le 11 Septembre : la Divine providence pour le Carlyle Group

La polémique est certes vivace, mais reste minime par rapport à celle qui attend les actionnaires de Carlyle à la fin de l'été 2001. La société est en effet au cœur de l'événement le plus traumatique qu'aient connu les États-Unis depuis Pearl Harbour : les attentats du 11 septembre 2001.

Ce jour là, le Carlyle Group tient sa conférence internationale annuelle pour les investisseurs à l'hôtel Ritz Carlton de Washington DC. Frank Carlucci, James Baker III, David Rubenstin, William Conway et Dan D'Aniello ont convié une galerie d'anciens dirigeants venus des quatre coins de la planète, d'anciens experts en question militaires, de riches Arabes venus du Proche-Orient et plusieurs investisseurs internationaux majeurs, qui peuvent ainsi assister aux attaques terroristes sur écran géant. Parmi les personnalités, on trouve notamment Shafiq Ben Laden, officiellement « brouillé » avec son frère Oussama, et George Bush père. Ce dernier aurait, d'après le porte-parole de Carlyle, quitté la convention peu avant les attentats, et se serait trouvé dans un avion au-dessus du Midwest lorsque fût ordonnée l'interdiction de décoller à tout appareil sur le sol états-unien.

La première conséquence de ces attaques est un cadeau du ciel pour le Carlyle Group : le Congrès approuve immédiatement le déblocage de 40 milliards de dollars pour la Défense tandis que, dans l'ombre, les membres de l'administration Bush commencent à plancher sur le budget 2002 du Pentagone qui prévoit une hausse de 33 milliards de dollars. Des décisions qui ont pour conséquence de rendre les partenaires de Carlyle extrêmement riches. Le projet jusque là vivement controversé du Crusader, la super-arme états-unienne, est adopté sans opposition. Un projet vivement défendu par Carlyle, puisque réalisé par United Defense, une société détenue par le fonds états-unien. Ses dirigeants profitent d'ailleurs de ces décisions pour nationaliser United Defense, en décembre 2001, empochant au passage 237 millions de dollars.

Moins glorieux, la presse états-unienne, et notamment le Wall Street Journal met à jour les liens du Carlyle Group avec la famille Ben Laden. Celle-ci a commencé au début des années 1990, lorsque le groupe tentait de prendre le contrôle de la société italienne Italian Petroleum. À cette occasion, son émisaire au Proche-Orient, Basil Al Rahim, s'était rendu en Arabie saoudite, en Jordanie, au Bahreïn et aux Émirats arabes unis pour y trouver des investisseurs. Il avait alors fait la connaissance de la famille Ben Laden, à la tête d'une entreprise de travaux publics évaluée à 5 milliards de dollars, le Saudi Binladin Group. La famille a certes rompu avec le plus connu de ses cinquante membres, Oussama, qui s'est vu retirer la nationalité saoudienne en 1991, mais l'article du Wall Street Journal met néanmoins l'accent sur l'affreux paradoxe que représente la possibilité pour la famille du terroriste de s'enrichir à la faveur des attentats, par le biais du Carlyle Group. Une information qui oblige les dirigants à minimiser les investissements de la famille Ben Laden (estimée selon eux à 2 millions de dollars, elle concerne en réalité plusieurs fois cette somme d'après Basil Al Rahim, qui a quitté le groupe en 1997) et à liquider rapidement leurs avoirs.

Lorsque survient la psychose liée à l'anthrax, en octobre 2001, le Carlyle Group est à nouveau là pour offrir - ou plutôt vendre - la solution : il détient en effet 25 % d'une société appelée IT Group, spécialisée dans le nettoyage de déchets environnementaux et toxiques. En situation délicate avant l'épisode de l'anthrax, IT Group signe, au cours de la période, plusieurs contrats de désinfection dans des bâtiments « contaminés » tels que le Hart Senate Office Building et le centre de tri postal de Trenton [11]. Des chantiers qui emploient 400 travailleurs à plein temps pendant plusieurs jours, et permettent d'envisager un sauvetage miraculeux de l'entreprise. Il n'en sera rien, finalement, puisque la compagnie déposera tout de même le bilan, non sans avoir au préalable considérablement réduit ses dettes. On retrouve également Carlyle dans le sillage de Bioport, une société détenant le seul contrat gouvernemental pour la réalisation d'un vaccin expérimental et controversé contre l'anthrax. Travaille en effet dans cette société l'amiral à la retraite William Crowe, président du bureau des directeurs de cabinet au secrétariat à la Défense, du temps de Frank Carlucci. Si les deux hommes se connaissent bien, aucun liencommercialentrelesdeuxsociétésn'a cependant été établi.

En France, le Carlyle Group a acheté la principale entreprise de Vitrolles, le Groupe Genoyer qui fabrique des pièces détachées pour l'équipementier pétrolier Halliburton. Puis, il s'est emparé du papetier Otor, avant d'investir dans la presse. De 1999 à 2002, il a détenu 30 % du Figaro, qui a imposé Dominique Baudis à la présidence du Comité éditorial [12]. Il détient aujourd'hui 28% d'Aprovia (le pôle professionnel et santé de l'ex groupe Vivendi Universal Publishing), avec des titres comme Test, Le Moniteur ou L'Usine nouvelle. Et des participations dans Médimédia, qui édite par exemple Le Quotidien du Médecin et contrôle les Éditions Masson. Par ce biais, il bénéficie d'une expertise et d'une veille permanente sur la recherche et le développement industriels français. De plus, Carlyle s'est porté acquéreur de Vivendi Universal Entertainement.
En outre, Carlyle a investi dans l'immobilier de bureaux à Boulogne, Ivry, La Défense, Malakoff, Montrouge et Paris, avec une nette préférence pour les immeuble hébergeant des sociétés liées à l'armement.

L'étude détaillée du fonctionnement du Carlyle Group surprend et inquiète. Jamais l'influence d'une société privée n'a menacé à ce point d'engloutir une démocratie aussi ancienne que celle des États-Unis. Ce subtil dosage de collusion, de corruption et de népotisme, à un tel niveau de responsabilités, fait résonner d'une manière particulière les mots prononcés par le président Dwight Eisenhower lorsqu'il quitta les commandes du pays, en janvier 1961 : « Au sein des différents conseils du gouvernement, nous devons nous protéger contre l'apport d'une influence injustifiée, qu'elle soit recherchée ou non, de la part du complexe militaro-industriel. Le potentiel pour une montée désastreuse d'un pouvoir hors de propos existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser cette agrégation mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. »

[1] Cette enquête s'appuie sur l'excellent livre de Dan Briody sur le fonctionnement du Carlyle Group : The Iron Triangle - Inside the secret world of the Carlyle Group, par Dan Briody, Wiley, 2003.

[2] David Rubenstein était l'un des assistants en politique intérieure du président Jimmy Carter, à l'âge de 27 ans. Il est décrit par ses collaborateurs de l'époque comme un serviteur modèle de l'État, « le premier à arriver au travail, le dernier à en partir ».

[3] C'est ce qu'on appelle le Leveraged Buy Out ou LBO, qui consiste à constituer un holding qui s'endette pour racheter la cible. Le holding paiera les intérêts de sa dette et remboursera celle-ci grâce aux dividendes réguliers ou exceptionnels provenant de la société rachetée.

[4] « The fancy financial footwork of George W. Bush - The president as businessman », par David Ignatius, International Herald Tribune, 7 août 2002.

[5] Voir « L'honorable Frank Carlucci » par Thierry Meyssan, Voltaire, 11 février 2004.

[6] Filiale du géant de la distribution Sears Roebuck fondé par le général Robert E. Wood. Dans les années 50, la holding finança la création de l'American Security Council, embryon de ce qui est devenu le lobby militaro-industriel états-unien.

[7] Carlyle n'a pas tardé à réinvestir dans le mercenariat en achetant USIS (US Investigations Services), qui assure par exemple la sécurité du président Karzaï en Afghanistan.

[8] Voir « James A. Baker III, un ami fidèle », Voltaire, 16 décembre 2003.

[9] Voir « George Soros, spéculateur et philanthrope », Voltaire, 15 janvier 2004.

[10] Voir « Bush, Khodorkovsky & Associates », Voltaire du 13 novembre 2003.

[11] Pour une raison inconnue, IT avait également été chargé de vitrifier les décombres du Pentagone au lendemain du 11 septembre.

[12] Les parts ont été revendues depuis au groupe Dassault et M. Baudis est devenu président du CSA.

Sources : Lien vers http://www.reseauvoltaire.net/article12418.html> 
 

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Carlyle Group : entre paradis fiscaux et opacité...

  http://veritance.populus.org/rub/78

FAMILLE BEN LADEN EN AFFAIRE AVEC BUSH
"ECHAPPER À L'IMPÔT, C'EST SE TOURNER CONTRE L'INTÉRÊT GÉNÉRAL"

The Carlyle Group : entre paradis fiscaux et opacité...

"LE GROUPE TESTS A VU LE LICENCIEMENT DE PLUS D'UN QUART DES SES SALARIÉS, LA SOCIÉTÉ BELGE REEF A ÉTÉ MISE EN LIQUIDATION, DIGIPLEX A ÉTÉ MISE EN FAILLITE..."

Une entreprise cherche toujours à réduire ses coûts. Pour cela il existe différentes méthodes : atteindre une taille critique, être innovant et dynamique, optimiser sa rentabilité… Avec le groupe Carlyle, la réduction des coûts passe par méthodes : licenciements massifs, domiciliation dans des paradis fiscaux, rachat d'entreprises sous la « contrainte économique »…

Nous avons déjà abordé dans un précédent article les licenciements massifs qu'ont subi les sociétés tout juste rachetées par le groupe Carlyle. Citons juste pour mémoire quelques exemples : le groupe Tests a vu le licenciement de plus d'un quart des ses salariés, la société belge Reef a été mise en liquidation, Digiplex a été mise en faillite…

Les paradis fiscaux

Le Carlyle group domicilie de nombreuses holdings et filiales dans des paradis fiscaux. Rappelons que l'existence des paradis fiscaux est légale, mais constitue un aspect important de la criminalité financière. Rappelons également que l'impôt est le moyen de consacrer une partie de la richesse issue de l'activité économique à la vie de la « Cité ». Donc échapper à l'impôt, c'est se tourner contre l'intérêt général pour son seul profit.

La société Digiplex qui a été mise en liquidation était domiciliée au 3 Bd Prince Henri… au Luxembourg (paradis fiscal) [1], et exerçait son activité en Suisse (paradis fiscal). Prenons un autre exemple : Carlyle Luxembourg Participations II. Cette dernière est domiciliée au Luxembourg (paradis fiscal). Elle a été constituée en juillet 1999 par la société Carlyle Europe Partners LP, domiciliée à Guernsey (paradis fiscal), devant maître Elvinger (du cabinet Hoss, Prussen & Elvinger), lui-même notaire au Luxembourg.

L'opacité des filiales du groupe Carlyle

En mars 2000, la réunion d'une assemblée extraordinaire des actionnaires transforme la dénomination sociale de Carlyle Luxembourg Participations II en TPI Participations SARL (toujours domicilié au Luxembourg…paradis fiscal), et nomme trois gérants, dont Alice Albright (fille de Madeleine Albright, ancienne-secrétaire d'Etat sous l'administration Clinton). Pour la petite histoire, (outre le fait que l'on retrouve une fois de plus l'imbrication du monde politique et du monde économique autour du groupe Carlyle) le nom d'Alice Albright apparaît dans le scandale du financement de l'Université publique du Texas par le Carlyle Group…

De plus, les fondateurs du groupe Otor, un des leaders européens de la cartonnerie, ont déposé une plainte au Tribunal de grande instance de Paris pour détournement de fonds. En 2000, quand le groupe Carlyle a pris des participations dans le groupe Otor, 20 millions de francs (soit 3 millions d'euros) auraient disparu en transitant par le Carlyle Luxembourg Participations II…[2] Les tribunaux n'ont toujours pas rendu leur jugement.

Des investigations plus poussées permettent de découvrir que TPI Participations SARL détient plus de 2/3 du capital social de Carlyle Europe Holding II. Cette société est domiciliée au 7 rue Bridaine à Paris, au nom d'Antoine Cocquebert [3], qui est expert comptable et commissaire aux comptes dans sa propre société WIRED. Pour résumer, un simple particulier domicilie une holding en plein Paris dans un appartement…

Les citoyens sont en droit de se demander pourquoi le groupe Carlyle entoure ses opérations et ses domiciliations d'autant d'opacité, et qu'il refuse de contribuer au bien-être de la communauté aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe…

Sources :

[1] Registre du commerce du canton de Zurich, N° de registre : CH.020.4.021.256.2/

[2] « Otor-Velin à Eloyes appelle au secours », L'Est Republicain, 18/12/2002.

[3] www.societe.com

Mirmillon

Sources : Lien vers http://www.infocrise.org/article.php3?id_article=59>


Le groupe Carlyle : entre Bush et ben Laden

POLITIQUE D'INFLUENCE US ET MAGOUILLES FINANCIÈRES : THE CARLYLE GROUP

Qu'y a-t-il de commun entre la famille Ben Laden, la famille Bush, Casema (télécommunications), QinetiQ (défense), Vinnell (conseillers militaires), la BCCI (banque), Bofors (défense) et le Pentagone ?

Le Carlyle Group.

Un réseau de conseillers prestigieux

Fonds d'investissement étasunien, le groupe Carlyle est dirigé depuis janvier 2003 par Louis Gerstner, ancien patron d'IBM. Jusqu’à cette date, Franck Carlucci, ancien Secrétaire d’État à la Défense sous Ronald Reagan entre 1987 et 1989, et ancien patron de la CIA, était aux commandes. Les liens noués avec le monde politique et économique international sont très forts. On retrouve notamment comme conseillers permanents ou occasionnels Georges Bush (ancien président des USA), Otto Pohl (ex-président de la Bundesbank), John Major (ex-premier ministre de Grande-Bretagne), Arthur Levitt (ex-président de la Security Exchange Commission), James Baker (ancien secrétaire d'état de Bush senior), Karl Fidel Ramos (ex-président des Philippines), Henri Martre (transfuge de Matra Aérospatiale)…. Même G. W. Bush, actuel président des États-Unis, a travaillé un temps pour Caterair, une des filiales du groupe et, jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, des membres de la famille Ben Laden faisait même partie du conseil d’administration [1].

Offensive sur « Le Figaro »

Carlyle gère près de 13 milliards d’euros dans différents secteurs : industries d’armement, télécommunications, hautes technologies, industries pharmaceutiques, presse et papeterie... Le groupe contrôle à présent plus de 160 sociétés réparties dans 55 pays, dont la France. C’est le bureau français qui en juillet 1999 s'était fait remarquer en contrôlant 40 e la holding financière du Figaro, via des opérations de conversion d’actions et d’obligations. Suite aux craintes de voir le quotidien national passer sous contrôle du fond étasuniens, les pressions médiatiques et politiques ont permis que Dassault entre dans le capital et que Carlyle s’en retire en cédant la totalité de ses parts de la Socpresse. Malgré cet échec, Carlyle a réussi à pénétrer la presse française en prenant d’importantes parts d’Aprovia, qui regroupe une grande partie de la presse professionnelle dont les groupes Tests et Moniteur.

La Défense et l’Armement

Les activités liées à l'Armement et à la Défense ont fait du groupe Carlyle un des plus importants fournisseurs du Pentagone. Le gouvernement US représente 80 es ventes de United Defense Industries dont le groupe Carlyle contrôle 54 u capital, soit une valeur de 560 millions de dollars [2]. Une grande partie de ses commandes dépend donc de l'administration en place. Or, la conjoncture actuelle semble très favorable au groupe étant donné les liens étroits qu’il entretient avec la famille Bush. Suite aux nouvelles menaces du terrorisme, l’armée US a commandé au Congrès, pour quelques 500 millions de dollars, un nouveau char dont elle aurait besoin pour de futures opérations terrestres : le Crusader. Or c’est la United Defense Industries (filiale du groupe Carlyle) qui construit le char Crusader.

La famille Ben Laden a investit 2 millions de dollars dans le fonds de participation « Carlyle Partners II fund », dans lequel se trouve United Defense Industries. Les liens entre le groupe Carlyle et des Séoudiens ne sont pas nouveaux. En 1991, la compagnie avait réalisé une opération de 590 millions de dollars pour le prince Alwaleed ben Talal qui souhaitait investir dans Citicorp.

De plus, le groupe Carlyle a servi de conseiller à la monarchie séoudienne sur l'Economic Offset Program. Ce programme permettait la vente d’armes étasuniennes à l’Arabie Séoudite. En retour, les États-Unis s’engageaient à acheter certains produits séoudiens. Par ailleurs, Carlyle a longtemps été un des actionnaires principaux de BDM International, chargé d’entraîner et de structurer la garde nationale séoudienne et les forces aériennes séoudiennes par le biais de Vinnell Corp. Franck Carlucci a été membre du conseil d’administration de BDM International pendant la majeure partie des années 1990). BDM International est passé sous le contrôle de TRW International en 1997.

Au conseil d’administration du groupe Carlyle, on retrouvait récemment Sami Baarma, directeur de la Prime Commercial Bank du Pakistan, dont Khalid Ben Mafhouz est le patron. Or, ce dernier est associé au scandale de la BCCI (12 milliards de dollars disparus en fumée lors de la banqueroute) dont il détenait 20 Reconnu coupable de dissimulation fiscale, il a dû s’acquitter d’une amende de 225 millions de dollars et est désormais interdit d’exercer un métier bancaire aux États-Unis. Khalid Ben Mahfouz a acquis 11,5 e Harken, société que présidait G. W. Bush, via son homme d'affaires aux États-Unis, Abdullah Taha Bakksh [3]. Harken, avait obtenu l'exploitation exclusive du gaz et du pétrole de l'émirat du Bahreïn pour 35 ans, alors qu'elle n'avait aucune expérience des forages off-shore... En juin 1990, quelques semaines avant le déclenchement de l’opération Desert Storm, Bush liquidait sa participation dans Harken, 850 000 $, et une semaine après, Harken annonçait des pertes records de 23 millions de dollars [4]. Quant à Khalid Ben Mafhouz, il a été arrêté en août 2000 sous l'administration de Clinton et placé sous mandat d'arrêt dans un hôpital militaire d’Arabie Séoudite. Ben Mahfouz fait partie des personnes activement recherchées pour soutien à l'organisation El Quaïda via des organisations humanitaires islamiques.

Désormais, la branche « Armement » de Carlyle cherche à prendre position en Europe. En 2001, United Defense Industries a pris le contrôle de la compagnie suédoise Bofors Defense, spécialisée dans le développement d’armes dites « intelligentes ». Plus récemment, la Commission européenne a autorisé l’acquisition de QinetiQ, un laboratoire de recherche britannique de défense, par le groupe étasunien voir communiqué.

Pas coté en Bourse...

Autre détail intéressant, le groupe Carlyle n’est pas coté en bourse, et cela présente plusieurs avantages. Hors du circuit boursier, Carlyle n’est pas obligé de divulguer à la Security Exchange Commission (la commission américaine chargée de veiller à la régularité des opérations boursières ; l’équivalent de la COB en France) le nom des associés, des actionnaires, pas plus que leurs parts respectives. Cela permet également de dissimuler les détails des opérations gênantes : quand le président Bush achète de l’armement à Carlyle, c’est notamment son père qui se frotte les mains !

La discrétion du groupe a été mise à mal par les révélations de deux organismes non gouvernementaux, Judicial Watch et Center for Public Integrity, qui épluchent chaque année les textes du Congrès et les documents déclassifiés de la CIA et du FBI. Ces organismes ont dénoncé cet état de fait sur leurs sites respectifs, informations par la suite reprises par le Wall Street Journal et la BBC. En pleine préparation de conflit en Irak, sûr que le groupe fera reparler lui...

[1] « Carlyle, la pieuvre », Politis n°722 et « Carlyle a-t-il réellement abandonné Yeslam ? », Intelligence Online, 25/04/2002.

[2] truthout.org et corpwatch.org

[3] Intelligence News Letter, 2 mars 2000 et Les sulfureux réseaux de George W. Bush, Intelligence Online, 09/11/2001.

[4] US News and World Report, 1992.

Par MIRMILLON

Sources : Lien vers http://www.infocrise.org/article.php3?id_article=43>


Manifestations contre la guerre et le groupe Carlyle à New York

PLUS DE 70 PERSONNES ARRÊTÉES ALORS QU'ELLES PROTESTAIENT CONTRE LA GUERRE EN IRAK DEVANT LE SIÈGE DU GROUPE CARLYLE

Plus de 70 personnes ont été arrêtées lundi 7 avril 2003 par la police de New York alors qu'elles protestaient contre la guerre en Irak devant le siège du groupe Carlyle à Manhattan [1]. Des manifestants de la M-27 Coalition (www.m27coalition.org) s'étaient allongés sur les trottoirs de la 56ème rue, près de 5ème avenue devant l'entrée des bureaux new-yorkais du groupe Carlyle [2]. Cette manifestation faisait partie du « National Day of Direct Action » mené de concert avec les manifestations d'Oakland (Californie) contre les groupes étasuniens et britanniques qui soutiennent la guerre. C'est le même collectif antiguerre qui avait organisé le matin du 27 mars dernier un sit-in en plein cœur de Manhattan à l'heure de pointe.

Les manifestants accusent le Carlyle group de directement bénéficier de la guerre en Irak, et d'avoir encouragé cette dernière grâce à ses relations étroites avec l'administration Bush (George H. Bush, père de l'actuel président, est toujours conseiller pour Carlyle). Plus de 300 manifestants se seraient rassemblés devant le groupe Carlyle pour scander : « Carlyle gets fat on war » (Carlyle s'engraisse avec la guerre) [3]. Ce fonds d'investissement privé pèse plus de 14 milliards de dollars, dont 5 st dédiés au secteur de la Défense.

Ces manifestants antiguerre ont vivement critiqué la police qui a procédé à plus de 70 interpellations d'individus qui se contentaient d'observer de l'autre côté de la rue ceux qui bloquaient l'accès aux bureaux. Bien qu'ils se soient pliés aux injections de la police et ne provoquaient pas de troubles à l'ordre public [4], ils ont été arrêtés pour désobéissance civil, obstruction à l'administration gouvernementale et…obstruction à la circulation des piétons !


Face aux manifestants, nous retrouvons une fois de plus Chris Ullman (déjà présent lors des manifestations contre le groupe Carlyle à San Francisco) qui a juste répondu que « Carlyle était fier de contrôler des sociétés qui fabriquent des produits permettant de protéger les Etats-Unis. » [5]. Il s'est dit prêt à « expliquer » les liens du groupe Carlyle et ses profits dûs à la guerre : media@thecarlylegroup.com.

Les manifestations semblant se déplacer vers l'Est : San Francisco, New York…la prochaine étape serait-elle l'Europe ? Rappelons que le groupe Carlyle possède des bureaux à Paris au 112, av. Kléber 75116 Paris !

[1] www.guardian.co.uk/Iraq/Story/0,2763,932151,00.html

[2] www.nytimes.com/2003/04/08/nyregion/08PROT.html ?ex=1050379200&en=4d2527761b369aa5&ei=5062&partner=GOOGLE

[3] www.iol.co.za/index.php ?click_id=3&art_id=qw1049734262124B262&set_id=1

[4] www.newsday.com/news/local/wire/ny-bc-ny--fifthavenueprotes0408apr08,0,1780102.story ?coll=ny-ap-regional-wire

[5] www.cnn.com/2003/US/Northeast/04/07/ny.protest



Sources : Lien vers http://www.infocrise.org/article.php3?id_article=57> 

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Collusion au sommet du pouvoir

http://www.reopen911.info/News/2012/07/24/la-parenthese-enchantee-411-collusion-au-sommet-du-pouvoir/

La Parenthèse Enchantée (4/11) : Collusion au sommet du pouvoir



Une fois refermée la parenthèse enchantée du 11-Septembre durant laquelle l’action vertueuse et la sincérité de l’exécutif américain sont incontestables du point de vue des auteurs et des partisans de la version officielle sur cet événement, il est unanimement reconnu que l’invasion de l’Irak a été échafaudée sur une salve de mensonges rabâchés entre le printemps 2002 et l’été 2003 par ce même exécutif.
Mais si la duplicité de cette manœuvre guerrière a finalement éclaté au grand jour, elle est loin de représenter le seul effondrement démocratique lié à ce conflit pour le moins illégitime. En effet, il est tout aussi avéré que plusieurs sociétés en lien direct avec le gouvernement des États-Unis ont engrangé de gigantesques profits par le biais de la guerre en Irak. Parmi ces sociétés, Carlyle et Halliburton ont la particularité d’impliquer le sommet de l’exécutif étasunien, à savoir le Président George W. Bush et le Vice-président Dick Cheney. Et à ce titre, elles sont représentatives d’une collusion ostensible qui s’est banalisée à partir du 11-Septembre, devenant une "seconde nature" du fonctionnement étatique américain et qui, à force de récidives, ne semble plus choquer outre mesure au sein des institutions de ce pays. Et pourtant, d’un point de vue démocratique et citoyen, en quoi cela peut-il être salutaire que le pouvoir exécutif de la première puissance mondiale se subordonne ainsi – et de si bonne grâce – à l’économie de marché, et plus spécifiquement à une économie de guerre ?

 
 Le Président George W. Bush et le Vice-président Dick Cheney


Collusion au sommet du pouvoir
Chaque semaine cet été, jusqu’au mardi 11 septembre 2012, ReOpen911 publie un extrait du livre de Lalo Vespera, La parenthèse enchantée (à paraitre en septembre 2012).
Article précédent : False Flag Civilization

« Dans les services du gouvernement, nous devons nous prémunir contre l’influence non justifiée, qu’elle soit voulue ou non, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque d’un accroissement désastreux des abus de pouvoir existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de ce complexe mettre en danger nos libertés ou nos processus démocratiques. »
Dwight Eisenhower, Président des États-Unis. Extrait de son discours d’adieu, janvier 1961.

L’argent organisé : Carlyle et la famille Bush
Carlyle est un géant des fonds d’investissement, le premier aux États-Unis. Ce groupe gère le capital de ses clients en l’investissant dans des activités particulièrement rentables de secteurs ciblés (aérospatiale, défense, énergie, santé, immobilier, médias, etc.). Par ailleurs, Carlyle, dont le siège est à Washington D.C., est un groupe étroitement lié avec de nombreux responsables politiques de premier ordre, aux USA comme à l’étranger.
En 2001, le directeur de Carlyle est le puissant Frank Carlucci, alter ego et ami proche de Donald Rumsfeld. En effet, depuis ses études à Princeton, le parcours de Frank Carlucci est parallèle à celui du secrétaire à la Défense de George W. Bush. Carlucci fera de son côté une carrière édifiante à la CIA, jalonnée de coups tordus sur le continent africain, et deviendra finalement, sous Carter, le numéro deux de l’agence de renseignement. Comme son ami, il dirigera le Pentagone et comme lui, il saura tirer profit de ses connexions en politique pour accomplir de belles acrobaties lucratives dans le monde des affaires, entre autres en dirigeant le groupe Carlyle de 1989 à 2005 [1].
Frank Carlucci (à droite) ici en compagnie de
Henry Kissinger, Madeleine Albright et Condoleezza Rice (2008)
La société Carlyle est née dans les années 1980 durant lesquelles elle a connu des débuts chaotiques, mais c’est en travaillant ses soutiens politiques que le groupe est devenu très rentable, en particulier à l’arrivée de Carlucci. Carlyle se spécialise alors dans la prise de contrôle de sociétés d’armement. Et en 2001, l’industrie de la défense est au cœur des activités du fonds d’investissement. Carlyle est alors (en volume financier sur la période 1998-2003) au neuvième rang des sociétés sous contrat avec le Pentagone pour un total de plus de 9 milliards de dollars[2].
En 2001, le groupe va tirer d’importants profits des conséquences directes du 11-Septembre grâce à sa multitude de sociétés spécialisées, par exemple dans le nettoyage des sites menacés par l’anthrax ou dans la vérification des antécédents d’employés d’entreprises ou d’administrations pour s’assurer qu’ils ne présentent aucun lien avec de quelconques activités terroristes, ainsi que le détaille The Observer [3]. Et emporté dans une logique mercantile et arrogante, Carlyle n’hésite pas à faire valoir sa réussite commerciale en corrélation avec le nouvel enjeu militaire qui fait suite aux attaques de 2001. En effet, le fonds d’investissement, en 1997, avait fait l’acquisition deUnited Defense, une entreprise d’armement en sous-performance à l’époque et qui était restée très peu rentable jusqu’au 11-Septembre. A la suite des attentats, les budgets de la Défense américaine décollent et la valeur de United Defense monte en flèche. Le groupe revend alors ses parts, et Chris Ullman, le porte-parole de Carlyle, déclare à propos de cette opération : « C’était un des meilleurs investissements de Carlyle. Nous avons fait gagner plus d’un milliard de dollars sur cette affaire, et nous sommes très heureux de servir correctement nos investisseurs. » [4] 
Mais au-delà même de l’arrogance de ses communicants, il est pertinent de se demander si cette réussite commerciale de Carlyle est due au seul talent de ses dirigeants et à leur flair d’investisseur, et par quel prodige ce flair est la seule faculté qui a permis au fonds d’investissement de miser sur des entreprises qui se trouveront exactement au cœur des activités économiques relancées par le choc du 11-Septembre. Posons peut-être la question différemment : est-il légitime de supposer que ces dirigeants aient pu bénéficier de contacts décisifs et d’informations exclusives, voire préalables, favorisant leur commerce ?
Il s’avère que par une de ces coïncidences qui saturent cette journée originale dans les archives de l’Histoire, alors que le premier avion percutait le World Trade Center le matin du 11 septembre 2001Carlyle tenait à l’hôtel Ritz-Carlton de Washington sa conférence annuelle des investisseurs, réunissant d’anciens chefs d’État occidentaux, des experts de la défense et quelques fortunes du Moyen-Orient. Comme le relate le Times [5], parmi les invités de Frank Carlucci figuraient, entre autres, George H.W. Bush, le père du Président américain de l’époque, et Shafig Ben Laden, le frère d’Oussama Ben Laden, bientôt la figure terroriste la plus recherchée de l’histoire des États-Unis. Or huit jours plus tard, Shafig Ben Laden fera partie des treize membres de la famille Ben Laden bénéficiant, dans des conditions déconcertantes, d’un vol spécial pour quitter le sol américain sans même que le FBI ne les interroge auparavant, selon, entre autres, les informations du Washington Postinformations qui ne seront jamais démenties [6].
L’entrée de l’hôtel Ritz-Carlton Washington
Le 27 septembre 2001, le Wall Street Journal [7] révèle en détail comment Carlyle gère conjointement l’argent des familles Bush et Ben Laden depuis un bon nombre d’années : « Par le biais de cet investissement [dans Carlyle] et de ses liens avec la royauté saoudienne, la famille Ben Laden a fait connaissance avec certains des plus grands noms du parti républicain. Ces dernières années, l’ancien Président Bush, l’ex-secrétaire d’État James Baker et l’ex-secrétaire à la Défense Frank Carlucci, ont fait le pèlerinage au siège de la famille Ben Laden à Djeddah. » Et le journal rapporte des propos selon lesquels « il n’existe pas société plus étroitement liée aux États-Unis et à leur présence en Arabie Saoudite que le groupe Ben Laden. » Sur l’instant, ces informations stupéfiantes choquent les Américains et embarrassent l’exécutif. Mais la terreur de l’Anthrax a bien des vertus. La menace immédiate conditionne les esprits, et l’administration parvient à noyer le poisson.
Le 25 mars 2002, à la suite de nouvelles révélations du Los Angeles Times, la représentante démocrate du Congrès américain, Cynthia McKinney, déplore : « Des personnes proches du gouvernement sont en passe de faire d’énormes profits à partir de la nouvelle guerre que mène l’Amérique. L’ancien Président Bush est membre du conseil du groupe Carlyle. Le Los Angeles Times rapporte que sur un seul jour le mois dernier, Carlyle a obtenu 237 millions de dollars en vendant des actions United Defense Industries. » [8] Mais alors que se prépare la guerre en Irak, les républicains font bloc pour défendre Bush senior et accusent violemment Cynthia McKinney d’antipatriotisme. Ainsi, dans le concert des bruits de bottes, cette affaire sera elle aussi étouffée.

Profiteurs de guerre
  
Halliburton, KBR et Dick Cheney
Halliburton est une entreprise dite "parapétrolière", une multinationale qui fournit des services aux entreprises d’exploitation du pétrole. Le groupe emploie plus de 50 000 personnes à travers le monde et s’est notamment développé dans les secteurs des forages pétroliers profonds et de l’exploitation du gaz de schiste.
KBR (Kellogg, Brown and Root) était jusqu’en 2007, une filiale d’Halliburton, spécialisée dans la construction de raffineries, l’exploitation de champs pétroliers et les pipelines [9].
Dick Cheney a été président d’Halliburton de 1995 jusqu’à la campagne électorale avec Bush en 2000. Jouant à fond les atouts du positionnement exceptionnel de Dick Cheney, la compagnie est devenue la première mondiale de son secteur.
Très courant aux États-Unis, le “revolving door” (porte tournante) est le principe qui consiste, tout au long d’une carrière, à faire des allers-retours entre différents postes de responsable politique et des fonctions dirigeantes dans les milieux d’affaires.
 
 Dick Cheney, secrétaire à la Défense de 1989 à 1993,
accompagne George Bush senior en visite en Arabie Saoudite.
Tout comme Donald Rumsfeld ou Frank Carlucci, Dick Cheney est un as de cette gymnastique. De 1989 à début 1993, sous l’administration Bush père, il est à la tête du Pentagone et en première ligne durant la guerre du Koweït (1990-1991) qui déloge Saddam Hussein de ce petit État, grand producteur de pétrole. En 1995, il est engagé pour diriger le géant des services pétroliers Halliburton, jusqu’en août 2000. Il quitte alors l’entreprise et rejoint Bush fils en campagne électorale, empochant personnellement, lors de son départ, 35 millions de dollars [10]. En janvier 2001, Dick Cheney prend ses fonctions de Vice-président, pour deux mandats, à savoir huit ans au sommet de l’exécutif américain.
À partir de cette date, les perspectives commerciales d’Halliburton s’ouvrent en grand sur le marché des services pétroliers, et les contrats se multiplient à travers la planète pour l’entreprise et sa filiale KBR : Algérie, Egypte, Pérou, Arabie Saoudite, avec des montants de plusieurs milliards de dollars [9].
En 2003, avec l’invasion de l’Irak, l’activité commerciale d’Halliburton prend encore de l’essor grâce aux contrats signés avec le Pentagone. La même filiale KBR s’accorde avec le gouvernement pour éteindre les puits de pétrole incendiés sur le territoire irakien, et pour rétablir l’industrie pétrolière. Selon le magazine Forbesaucune autre société n’a été consultée pour ce contrat qui porte sur des dizaines de millions de dollars. Le Center for Public Integrity indique pour sa part que la valeur totale des contrats d’Halliburton avec le Département de la Défense s’élève sur l’année 2003 à 4,3 milliards de dollars, soit près de neuf fois le montant de l’année précédente :
 
Progression des contrats d’Halliburton
avec le Pentagone entre 1998 et 2003 [11]
En 2002, le Washington Post révèle que des années plus tôt, à l’époque où il était lui-même à la tête du Pentagone, Dick Cheney avait embauché cette même filiale d’Halliburton, KBR, pour mettre en œuvre un plan d’externalisation des opérations militaires vers des entrepreneurs privés. Quelques temps plus tard, en 1995, Cheney devenait PDG du groupe.
Par ailleurs, un rapport publié la même année par le Congressional Research Service démontre que, contrairement à ce qu’il a toujours affirmé, Cheney bénéficie encore d’un arrangement financier avec Halliburton. En effet, il continue à percevoir une rémunération de l’entreprise etconserve aussi des stock-options, en parallèle avec l’exercice de la vice-présidence [12]. En réponse à toutes ces révélations, la porte-parole de Dick Cheney, Cathie Martin, rétorque en toute simplicité que la question est de savoir si le Vice-président a un éventuel conflit d’intérêts avec Halliburton, et selon elle : « la réponse à cette question est non »Les faits ne soutiennent guère cette position de principe.
Le documentaire de Robert Greenwald "Irak à vendre, les profiteurs de guerre" détaille le quotidien des soldats présents en Irak, soumis aux exigences commerciales des puissantes sociétés prestataires sous contrat avec le Pentagone. Les témoignages sont éloquents, parfois terrifiants. Ils racontent comment les militaires sont incités au gaspillage, voire à la destruction des équipements (véhicules, installations, fournitures) afin de gonfler les carnets de commande d’Halliburton. Le film relate les tristes mensonges qui permettent à l’entreprise de faire du profit en compromettant la santé des soldats, et plus ordinairement, l’exploitation commerciale outrancière des moindres besoins logistiques, en toute impunité, sur cette zone de non droit qu’est l’Irak occupé, après 2003.

  
Le documentaire “Iraq for Sale” [13] 
En 2005, le Vice-président et son épouse Lynne Cheney déclareront un revenu brut de 8,82 millions de dollarsen grande partie le résultat de la levée d’options sur les actions Halliburton qui avaient été mises de côté en 2001 [14]. Nous noterons par ailleurs que Lynne Cheney a été, de 1994 à 2001, administratrice du premier fournisseur en armement du Pentagone, Lockheed Martin, dont elle a quitté la direction quelques jours seulement avant que son mari n’entre en fonction [15]. Elle restera cependant membre influent de l’American Enterprise Institute (AEI – Institut Américain de l’Entreprise), un think tank néoconservateur, porte-voix du patronat en faveur de l’impérialisme économique. L’AEI est aussi à l’initiative du PNAC, le groupuscule néoconservateur qui a rédigé le programme de la présidence Bush. Par le biais de l’AEI, Lynne Cheney sera en mesure de proposer de nouveaux collaborateurs au Pentagone dans le cadre de la restructuration des services du DoD visant à favoriser la préparation de la guerre en Irak [16].

Restructuration du Pentagone en vue de la guerre en Irak [16] 
  
Le cas Unocal en questions
Extrait de l’article "Le 11 Septembre en Questions" par Guillaume de Rouville [17] 
Les attentats du 11 Septembre n’ont-ils pas été une formidable aubaine pour la société pétrolière et gazière américaine Unocal qui négociait, sans succès, depuis de nombreuses années avec les Talibans la création d’un pipeline gazier devant traverser l’Afghanistan ? L’envoyé spécial, Zalmay Khalilzad, détaché par l’administration Bush auprès du gouvernement afghan pour représenter Washington, n’est-il pas un ancien cadre d’Unocal ? Le Président afghan, Hamid Karzaï, nommé par Washington à l’issue de la guerre, n’était-il pas lui aussi un ancien employé d’Unocal ? (l’Afghanistan, le Turkmenistan et le Pakistan ont signé en décembre 2002 un accord de coopération prévoyant la construction du pipeline tant espéré. La société Unocal prétend aujourd’hui ne plus être intéressée par le projet) [18].
Henry Kissinger, choisi par Bush pour présider la commission d’enquête du Congrès américain sur les attentats du 11 Septembre, n’était-il pas l’un des consultants choisis par la société Unocal pour lui permettre de faire avancer le projet de pipeline en Afghanistan ? (devant le tollé que suscita sa nomination, Henry Kissinger dû décliner l’offre de présider la commision d’enquête) [19].
Qui a commandité l’assassinat du Commandant Massoud, tué deux jours avant les attentats du 11 Septembre ? Le commandant Massoud n’était-il pas un opposant déclaré de la présence américaine dans son pays ?
Pourquoi l’administration américaine a-t-elle soutenu le régime Taliban, au moins jusqu’en 2000, en lui fournissant, à travers le canal des services secrets pakistanais (l’ISI), financement et armes pour lutter, notamment, contre l’Alliance du Nord du Commandant Massoud ? [20] N’était-ce pas parce que l’administration américaine voyait dans le régime Taliban, le seul mouvement politique structuré capable de stabiliser la région et de permettre la réalisation du projet pétrolier d’Unocal ?
La stratégie guerrière de Lockheed Martin
Lockheed Martin est en 2001 le premier industriel mondial de l’armement et le premier fournisseur du Pentagone [1]. Très tôt après le 11-Septembre, le groupe engage une importante campagne de lobbying en faveur d’une attaque de l’Irak, et se donne les moyens de prendre appui sur des acteurs majeurs de l’appareil d’État américain. Mais par quelle méthode ?
Au départ des années 1990, les entreprises du secteur de la défense sont contraintes dans leur développement par la stagnation des budgets militaires qui résulte de la fin de la guerre froide. Dès 1993, Lockheed Martin débauche des bureaux de la banque d’investissements Lehman Brothers un certainBruce Jackson [2], ancien conseiller au Pentagone et ex-officier du renseignement militaire. Le numéro un de l’armement promet à Bruce Jackson une place de choix au sein de sa direction et lui attribue pour mission de fournir à la firme de nouveaux débouchés pour remplir ses carnets de commande, en particulier en Europe centrale et orientale où, après l’effondrement du bloc soviétique, nombre d’États viennent grossir les rangs de l’OTAN [3].
Bruce Jackson créera tout d’abord, au cœur des mandats démocrates de Bill Clinton, une série de groupes d’influence néoconservateurs qui feront efficacement levier sur diverses instances publiques et militaires, américaines ou internationales, à commencer par l’OTAN et le Congrès des États-Unis.
Jackson est un membre très actif du Parti Républicain (en 1996, il est coresponsable des finances de la campagne présidentielle de Bob Dole). Et en lien étroit avec les intérêts politiques de son camp, il fonde pour commencer le "Comité Américain pour l’Elargissement de l’OTAN" (renommé ensuite USCN pour U.S. Committee on NATO). La devise en résume assez bien l’ambition : « Renforcer l’Amérique. Fixer l’Europe. Défendre les valeurs. Développer l’OTAN. ». Notons que l’on trouve d’ores et déjà dans ce comité les idéologues exaltés de la guerre d’Irak, Paul Wolfowitz et Richard Perle. Et pour encadrer encore davantage ces nations sorties du giron de Moscou, le lobbyiste de Lockheed Martin crée également le "Projet sur les Démocraties en Transition" (PTD) avec le prétexte de promouvoir les réformes démocratiques dans les pays issus de l’ancien bloc soviétique [4].
Les groupes d’influence initiés par Bruce Jackson jouent un rôle de premier plan en 1997 pour presser le Congrès des États-Unis d’avaliser la future intégration de la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque au sein de l’OTAN tout en fournissant des garanties de prêts à ces nouveaux arrivants sans ressource afin qu’ils soient en mesure d’acheter de nouveaux armements aux principaux fournisseurs américains. Puis, quelques temps plus tard, le comité œuvre à l’identique avec les "Dix de Vilnius" : Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Slovénie, Croatie, Albanie, la Macédoine et les trois États Baltes. Mais à l’occasion de la campagne des États-Unis pour gagner le soutien de l’Europe en vue de l’intervention programmée en Irak, les pressions stratégiques du comité sur les "Dix de Vilnius" sont mises en lumière et le chantage financier du comité, exposé au grand jour, provoque la colère de la "vieille Europe". Jackson confiera plus tard au Financial Times « L’idée était de briser le monopole franco-allemand sur l’élaboration de la politique étrangère européenne… Si la France et l’Allemagne pouvaient dire aux autres Européens ce qu’il est bon de faire, nous pouvions faire la même chose. » [5]. Du point de vue de Lockheed Martin, la révélation des pratiques dévoyées de ses émissaires relève de l’anecdote, et à la faveur de son palmarès, Bruce Jackson est promu, en 1999, vice-président du leader mondial de l’armement.

Date de l’intégration initiale de pays européens au sein de l’OTAN
Après le retour des républicains au pouvoir en 2001, puis à la suite du 11-Septembre, la Maison Blanche fait appel à Bruce Jackson : « Nous avons besoin que vous fassiez pour l’Irak ce que vous avez fait pour l’OTAN. » [5] En 2002, Jackson quitte officiellement ses fonctions chez Lockheed Martin et met en place un nouveau comité, cette fois centré sur la cible prioritaire des néoconservateurs, le "Committee for the Liberation of Iraq" (CLI) qui a très simplement pour objectif de vendre la guerre d’Irak à la sphère politique et à l’opinion américaine, mais qui concentre en fait toute sa communication, aux États-Unis comme à l’étranger, sur les vertus de la démocratie libérale qu’il conviendrait d’exporter dans la région du Golfe Persique afin de libérer les populations du régime jugé néfaste de Saddam Hussein et de la menace des armes de destruction massive qu’il est supposé détenir… [6]
Ainsi, il est aisé de comprendre par quel biais l’alliance entre les néoconservateurs et les marchands d’armes permet à ces derniers de servir très efficacement leurs intérêts exclusivement commerciaux, tout en laissant supposer aux instances démocratiques américaines et aux médias que l’intention fondamentale de la dynamique de guerre qu’ils soutiennent est de nature altruiste et vertueuse. Et ils parviennent à ce prodigieux retournement de la raison en usant d’une logique de marketing appliquée à la géopolitique, en fait une nouvelle forme de propagande emballée dans un artifice de rhétorique jouant sur les valeurs démocratiques et humanitaires auxquelles adhèrent massivement les populations occidentales.
Dans un article que lui consacre The American Prospect en 2003, le magazine politique surnommeBruce Jackson, le « ministre sans portefeuille », et raconte comment les gouvernements étrangers ont une propension à traiter avec Bruce Jackson comme avec un représentant de l’administration des États-Unis. Le mensuel remarque aussi que parmi les "simples" citoyens, hommes d’affaires du privé qui ont une influence déterminante sur les affaires publiques et la politique étrangère américaine, Jackson se distingue comme celui qui traduit à merveille le langage des industriels de l’armement pour le bénéfice des néoconservateurs, et vice versa [5]. 
  
L’avion de chasse F-22 Raptor de Lockheed Martin
Effectivement, dans la période cruciale qui précède l’invasion de l’Irak, il est indéniable quel’influence de l’ancien lobbyiste de Lockheed Martin sur l’appareil d’État américain est considérable. Outre les groupes d’influence qu’il a initiés, Bruce Jackson est à la fois conseiller auprès de l’American Enterprise Institute où siège Lynne Cheney, l’épouse du Vice-président, mais aussi conseiller du Centre pour la Politique de Sécurité (CSP pour Center for Security Policy), think tank très influent en partie financé par Lockheed Martin et dont plusieurs membres tels que Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Douglas Feith, Richard Perle ou John Bolton ont été nommés à des postes stratégiques de l’administration Bush [7]. Enfin, Jackson rejoint la direction du PNAC dont nous avons déjà observé l’impact décisif sur le destin des États-Unis en amont et en aval du 11-Septembre [8].
Pour finir, il est intéressant de remarquer dans quelles circonstances Bruce Jackson a débuté sa carrière. Affecté au Pentagone dans les années 1980 comme officier du renseignement militaire, il a travaillé sous les ordres de trois faucons notoires que nous retrouverons aux premières loges du pouvoir en 2001 : Richard Perle, Paul Wolfowitz et Dick Cheney alors secrétaire à la Défense sous l’administration Reagan. C’est aussi à cette époque qu’éclata incidemment le scandale de l’Iran-Contra, une opération secrète qui prévoyait la livraison d’armes au régime iranien en contrepartie d’un financement de la guérilla d’extrême droite au Nicaragua, le tout dans le dos du Congrès américain. Le grand déballage qui s’ensuivit mit en lumière une partie des mécanismes profondément corrompus à l’œuvre sous le vernis de la démocratie américaine, et il révéla l’existence du programme de la COG, la Continuité de Gouvernement instaurant une logique de pouvoir échappant à tout contrôle du citoyen américain, et dans lequel était impliqué un des responsables de l’Iran-Contra, Oliver North. Nous reviendrons dans le prochain article sur ce programme dont on apprit ensuite qu’il était en partie orchestré par un groupe extra-gouvernemental parallèle qui incluait deux personnages qui seront aussi au sommet de l’exécutif américain le 11-Septembre : Dick Cheney et Donald Rumsfeld ! 

Dick Cheney et Donald Rumsfeld
Dans son ouvrage La route vers le nouveau désordre mondial, Peter Dale Scott cite Franklin D. Roosevelt, précisément en exergue de son chapitre sur le rôle joué par le duo Cheney-Rumsfeld durant la présidence de Gerald Ford. Roosevelt a été président des États-Unis de 1933 à 1945, et trois ans après son arrivée au pouvoir, alors qu’il œuvrait pour rétablir l’économie du pays, suite à la crise financière de 1929, Roosevelt déclara : « Nous avons dû lutter avec les vieux ennemis de la paix : le monopole commercial et financier, la spéculation, la pratique bancaire immorale, l’antagonisme des classes, la défense des intérêts particuliers, les profiteurs de guerre. Ils ont commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice de leurs propres affaires. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouvernés par l’argent organisé que par le crime organisé. » [9] En 1936, le président des États-Unis luttait contre l’emprise des profiteurs de guerre sur les instances du pouvoir américain. À partir de 2001, ces profiteurs se sont installés au sein même du pouvoir, au sommet de l’exécutif : la présidence et la vice-présidence.

À suivre, mardi prochain : Les bénéfices de la dissimulation

Lalo Vespera
La parenthèse enchantée
Parution du livre en septembre 2012


hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - ENRON : L'escroquerie

  http://www.reopen911.info/News/2012/08/15/la-parenthese-enchantee-711-les-reflets-du-modele-enron/

La Parenthèse Enchantée (7/11) : Les reflets du modèle Enron



Et pourtant, quel que soit le nombre des personnalités de la sphère politique et du business américain impliqué à des niveaux divers dans cette affaire… quelle que soit la position déterminante de ces mêmes personnalités au moment des événements du 11-Septembre… quelle que soit la similitude évidente entre les déviances propres à l’escroquerie des dirigeants d’Enron et les anomalies qui caractérisent les événements du 11-Septembre… et quels que soient les bénéfices qui seront engrangés par certaines de ces personnalités sur la base des attentats survenus en 2001… il s’avère tout à fait naturel d’admettre, d’un côté, la réalité de l’ensemble des crimes commis dans le cadre du scandale Enron, mais il s’avère tout aussi "naturel" de considérer, de l’autre, que les personnalités impliquées de près ou de loin dans ce scandale étaient nécessairement et impérativement vertueuses dans les circonstances du 11-Septembre. Et ce, quelle que soit par ailleurs l’ambigüité de leurs activités durant ces événements qui ont bouleversé le cours de l’Histoire… George Bush père, George Bush fils, Thomas White, Dick Cheney, Donald Rumsfeld, James Baker ou Frank Wisner, tout ces hauts responsables auront su, chacun à leur manière, tirer profit du modèle Enron, et pourtant, jamais aucun d’entre eux ne sera finalement incriminé pour cela, bénéficiant de l’immunité que leur délivre la magie de la parenthèse enchantée.
 
L’après-midi du 11-Septembre, Donald Rumsfeld tient une conférence de presse historique en
compagnie du chef d’état-major interarmées Hugh Shelton, des sénateurs républicain et démocrate
John Warner et Carl Levin, et de… Thomas White, ex haut dirigeant chez Enron
responsable de fraudes massives et nommé secrétaire de l’Armée en mai 2001 (à gauche).



Les reflets du modèle Enron
Chaque semaine cet été, jusqu’au mardi 11 septembre 2012, ReOpen911 publie un extrait du livre de Lalo Vespera, La parenthèse enchantée (à paraître en septembre 2012).

« Ask Why. »
Slogan phare du groupe Enron.

Analogie
L’affaire Enron présente plusieurs faits, aujourd’hui historiquement reconnus ou admis de tous, et qui se trouvent abondamment documentés, en partie par la justice américaine :
• Enron a bâti à la fin du XXe siècle une gigantesque escroquerie à plusieurs échelles : à l’échelle d’un État, la Californie, d’un pays, les États-Unis, et au niveau international, impliquant une grande part des marchés financiers.
• Kenneth Lay, devenu désormais une figure historique du capitalisme le plus corrompu, était dans les années 1990 un ami intime de la famille Bush, premier financier de la campagne de George W. Bush en 2000, et collaborateur de Dick Cheney pour son plan hégémonique de nouvelle politique américaine de l’énergie, corrélé à la guerre d’Irak.
• Thomas White a été durant onze ans l’un des hauts dirigeants d’Enron, un rouage fondamental de l’escroquerie massive opérée par ce groupe grâce auquel White a empoché des dizaines de millions de dollars alors que des dizaines de milliers d’américains ont été ruinés par cette fraude.
• Nommé en mai 2001 secrétaire de l’ArméeThomas White s’est trouvé également être, le 11-Septembre, une des autorités incontournables au cœur même de l’attaque du Pentagone. Il était le responsable direct du service qui verra disparaitre le plus grand nombre d’employés du Département de la Défense dont l’équipe comptable en charge de veiller à la bonne tenue des budgets du DoD.
L’ensemble des anomalies survenues dans le cadre des attentats du 11-Septembre et plus particulièrement au Pentagone présentent des similitudes frappantes avec les caractéristiques de la gigantesque fraude opérée par Enron : le dysfonctionnement des systèmes de contrôle, la collusion massive entre les acteurs du privé et les responsables politiques, l’instrumentalisation de l’appareil d’État, l’opacité des informations comptables et les détournements de fonds, les délits d’initié, la stratégie du choc tout aussi caractéristique du 11-Septembre que du black-out électrique en Californie, les méthodes d’intimidation pratiquées sur les observateurs critiques, l’aveuglement ou l’atonie des médias face à des anomalies pourtant spectaculaires, etc.
Au terme de cette affaire, les deux plus hauts dirigeants d’Enron, Kenneth Lay et Jeffrey Skilling, seront condamnés pour fraude et conspiration [1]. Conspiration ? Il s’agit très exactement du terme que la loi américaine emploie pour caractériser les agissements des responsables du groupe. Et cette réalité parfaitement tangible du droit regroupe un spectre très vaste de transgressions opérées dans le domaine commercial. Par exemple, l’entente illicite entre concurrents de l’industrie et du commerce, opérée par des groupes notoires pour s’accorder sur le maintient de prix de vente élevés au détriment des consommateurs, représente une part imposante des affaires traitées devant les tribunaux et aboutit à des condamnations très lourdes pour leurs auteurs [2].
Liste de personnalités, autres que Thomas White, ayant oeuvré à la fois pour Enron
et pour le gouvernement des États-Unis.
A l’inverse, dans le domaine politique, et plus particulièrement depuis le 11-Septembre, cette notion de "conspiration" a été rendue taboue par les gardiens de la version officielle sur cet événement et par les chantres du dogme de l’infaillibilité démocratique [3]. Par l’autorité spécieuse de ce dogme, et quels que soient la collusion, la corruption, les trafics d’influences ou les conflits d’intérêts observés par le citoyen, il est devenu presque dangereux pour ce dernier de remettre en cause certains représentants du pouvoir suspectés de nuire à ces institutions dont chaque citoyen est pourtant, au bout du compte, seul véritable garant. Il est devenu politiquement incorrect de s’autoriser, sur la base d’éventuelles anomalies du système démocratique ou des comportements équivoques de ses représentants, à envisager la possibilité d’une entente qui serait susceptible de privilégier un groupe restreint d’individus au détriment des intérêts du plus grand nombre,phénomène pourtant récurrent, reconnu et condamné, comme il se doit, dans le domaine commercial [2].
C’est précisément sous la pression de ce dogme que la Commission sur le 11-Septembre, tout comme la grande majorité des organes de presse des médias commerciaux, s’est refusée à envisager la possibilité d’une quelconque implication de membres de l’appareil d’État américain dans les attentats de 2001. Et pourtant, dans le cas de la fraude massive d’Enron, les liens multiples et puissants des dirigeants de ce groupe avec l’administration américaine et, pire encore, l’implication de certains de ces dirigeants dans la trame du 11-Septembre démontrent une fois de plus l’impérative nécessité d’une nouvelle enquête indépendante et objective pour faire toute la lumière sur cet événement fondateur de notre siècle.
 
Evolution de l’action Enron (en dollars)
de 1991 à 2001
  

Un modèle d’escroquerie à grande échelle
En 2001, Enron est un géant du secteur de l’énergie. Cette société fondée au Texas en 1985 par Kenneth Lay, sur une activité initiale d’opérateur de gazoduc, a su tirer profit des lois fédérales sur la déréglementation du marché de l’énergie. Ainsi Enron est devenue, au cours des années 1990, la septième entreprise américaine en terme de capitalisation boursière. La multinationale détient un monopole. Enron fait du "trading", du négoce : elle spécule sur le prix de l’énergie et s’impose comme un acteur incontournable sur les marchés aux États-Unis comme à travers le monde. Encensée par la presse et les analystes financiers comme le nouveau modèle économique vertueux, sa valeur boursière ne cesse de croître. La compagnie texane est tout simplement admirée par Wall Street et reçoit la Palme de l’innovation de Fortune Magazine, six années de suite, de 1996 à 2001 [4].
Mais en fait de modèle économique, il s’avère que le système comptable d’Enron n’est qu’un habile décor en trompe l’œil et la réussite du groupe une vaste illusion. Depuis des années, les cadres dirigeants d’Enron gonflent artificiellement les profits de la multinationale et masquent ses pertes en utilisant une multitude de sociétés écrans et en falsifiant ses comptes. Et ces manœuvres ont pour objectifs de tromper les investisseurs, de faire grimper la valeur boursière et de permettre ainsi aux dirigeants de gagner des millions de dollars avec la vente de leurs stock-options [5].
A l’automne 2001, la vérité éclate au grand jour, le château de carte s’effondre et Enron fait faillite. De la multinationale aux 100 milliards de dollars de chiffre d’affaire, il ne reste rien. Aux États-Unis, les milieux économiques, financiers et politiques sont sous le choc. L’entreprise tant admirée n’est que corruption, mensonges et fraude fiscale [6].
 
Le code de l’éthique par Enron,
publié en juillet 2000
Et pour les victimes de cette immense escroquerie, la surprise est d’autant plus grande qu’Enron a bâti toute sa communication sur l’idée récurrente d’intégrité : « Enron est une entreprise parfaitement intègre. Nous respectons les règles, nous respectons la parole donnée. Nous disons ce que nous faisons et nous faisons ce que nous disons. Nous voulons être la référence » vantait Kenneth Lay dans un des films promotionnels de la multinationale. Enron avait d’ailleurs publié en juillet 2000 un code de l’éthique, partie intégrante de la communication de l’entreprise visant à détourner l’attention des observateurs des pratiques frauduleuses constitutives de son fonctionnement réel [7].
Le patron d’Enron survivra quelques années à cette faillite en emportant tout de même plusieurs dizaines de millions de dollars, tout comme la poignée de cadres dirigeants qui l’ont entouré, dontThomas White devenu, peu de temps avant qu’Enron ne disparaisse, secrétaire de l’Armée sous l’administration Bush, se trouvant, par le plus grand des hasards, au cœur même des événements suspects qui marquent le 11-Septembre. De leur côté, la foule des investisseurs, petits et gros, ont tout perdu. Du jour au lendemain, un quart des vingt mille employés de la société est à la rue. Les caisses de retraite se sont évaporées, et les salariés, encouragés à investir dans leur propre société, sont ruinés [8].
A plus d’un titre, Enron présente un cas exemplaire d’une opération menée à une échelle internationale, impliquant souvent des autorités fiables et respectées des milieux industriel, financier, politique, médiatique, qui composent notre société, et constitue pourtant une opération frauduleuse d’une ampleur inouïe menée durant plus d’une décennie dans une forme de secret absolu qui a garanti sa pérennité. Cette spécificité mérite que nous observions plus en détail la nature même du système Enron.
 
• La flambée des années 1990
Lorsqu’en 1990, Ken Lay embauche Jeffrey Skilling, ce dernier fait basculer Enron dans une nouvelle dimension. La grande idée de Skilling consiste à s’appuyer sur la dérégulation du marché de l’énergie, chère à Ken Lay, et à mettre en place une toute nouvelle exploitation de ce marché. Plutôt que d’être contraint par des infrastructures en dur telles que les pipelines, Enron entreprend de tirer profit des échanges financiers sur le gaz naturel puis sur les autres sources d’énergie. Voilà la grande idée qui fera la fortune et la gloire d’Enron avant de lui être fatale : transformer l’énergie en un pur instrument de spéculation [9].
Parallèlement, Jeffrey Skilling et son directeur financier, Andrew Fastow, mettent en place un système comptable spécifique (à partir de la méthode dite de valorisation au prix du marché) qui leur permet de dissimuler les dettes de l’entreprise dans le bilan financier. En réalisant le tour de force de baser la comptabilité non pas sur la réalité des chiffres, mais sur les projections liés aux projets ambitieux de l’entreprise, les dirigeants d’Enron parviennent à faire croire aux actionnaires que le groupe engrange d’importants profits alors qu’il enregistre dans les faits des profits moindres puis des pertes de plus en plus lourdes. Toute l’attention de l’équipe dirigeante consiste donc à créer l’illusion d’un business florissant là où rien ne fonctionne véritablement, et c’est ainsi qu’Enron se lance dans un cycle sans fin d’investissements massifs pour assurer la pérennité de ce système frauduleux [9].
Un exemple spectaculaire de ces initiatives d’Enron est la construction, en 1993, de la plus grande centrale électrique au gaz du monde, en Inde, le Dabhol Power Project, à laquelle participe activement Frank Wisner, employé de longue date par le pouvoir américains pour sa diplomatie secrète. il s’agit d’un édifice démesuré qui, malgré l’avancement des travaux, ne sera jamais abouti et ne produira que très peu d’électricité, le prix de l’énergie produit ainsi se révélant finalement quatre fois plus élevé que le prix local. Cependant le projet permet à Enron d’afficher quatre milliards de dollars supplémentaires dans ses comptes grâce, entre autres, au financement de l’aide aux pays en voie d’industrialisation [10].
 
Dabhol Power Project, en Inde
En 1994, le négoce en électricité se généralise pour devenir l’activité principale d’Enron, même si le groupe ne manque pas d’investir opportunément dans d’autres secteurs sans rapport avec son activité d’origine. Supportée par la croissance due à l’essor des nouvelles technologies, et avec la flambée boursière de la fin des années 1990, le jeu fonctionne à merveille. Les dirigeants engrangent d’importantes masses d’argent par le biais des stock-options. Ils ont les yeux rivés sur le prix des actions, pendant que la société investit dans de vastes campagnes de communication et de relations publiques pour convaincre les investisseurs que la société incarne le nouveau modèle vertueux de l’économie [11].
Alors que la fraude se perpétue, tous les mensonges et artifices utilisés finissent par persuader nombre d’acteurs enfermés dans la bulle Enron qu’elle est une réalité à part entière (salariés, investisseurs, journalistes, analystes, contrôleurs…). En fait, la perception tronquée de la fraude leur permet à tous d’en tirer bénéfice ou de cultiver la croyance dans un modèle profitable, et aussi longtemps que tient cette perception, la fraude est, pour ces acteurs, difficilement tangible. Enron semble se porter pour le mieux. En 2000, la société voit son chiffre d’affaire dépasser les 100 milliards de dollars, et le cours de son action atteint 90 dollars. Enron est devenue une société de haut rang, une icône du monde des affaires qui jouit d’une réputation sans pareille. Cette même année, Kenneth Lay reçoit la distinction de meilleur dirigeant d’entreprise des États-Unis…
Bethany McLean, journaliste, lanceuse d’alerte et co-auteure du livre sur
l’affaire Enron : "The Smartest Guys in the Room", adapté en documentaire [12]
(pour visionner le documentaire – en anglais – cliquer sur l’image)

• Burn, baby, burn !
Et pourtant, les profits réels de l’année 2000 sont bien inférieurs, deux fois moindres que ceux déclarés, l’endettement de l’entreprise est supérieur de 40% à celui qui est présenté, et les dettes colossales sont enfouies dans une comptabilité fantôme. La filiale phare d’Enron, Enron Energy Services (EES) dirigée par un certain Lou Pai et son bras droit Thomas White, dissimule 500 millions de pertes et les deux affairistes doivent se montrer très créatifs pour faire apparaitre une situation de profit à la fin de chaque trimestre [13].
Anciennement chargé des relations publiques chez EES, Max Eberts raconte : « Une des choses étranges qui se répétait chez Enron est le fait qu’on avait toujours l’impression, durant les semaines précédant chaque rapport trimestriel, qu’on ne parviendrait pas à faire nos chiffres. Et puis d’une façon ou d’une autre, miraculeusement, on parvenait toujours à atteindre les chiffres. Mais en définitive, la question a été posée à Tom White : ‘comment se fait-il qu’on atteigne les chiffres ?’ Et sa réponse a tenu en un mot : ‘Californie’. » [12]
Effectivement, en 1997, le rachat par Enron de Portland General Electric (PGE) offre au groupe son ticket d’entrée dans le négoce de l’électricité et plus particulièrement sur le marché Californien qui vient d’adopter une loi permettant la déréglementation de l’électricité (sous la pression des compagnies énergétiques…). Enron choisit donc de lâcher sa meute de traders sur la Californie. Bientôt, l’État le plus puissant des USA, la sixième plus grande économie mondiale, se trouve régulièrement plongé dans le noir. Enron contrôlant une bonne part de la fourniture d’énergie aux États-Unis, ses traders peuvent s’enrichir en jouant avec les pénuries d’électricité. Le courant produit en Californie est d’abord exporté hors de l’État, puis quand le manque devient insupportable, les prix bondissent et l’électricité est ramenée vers la Californie contrainte de la payer au prix fort.
Dans son livre Pipe Dreams, le journaliste Robert Bryce détaille les ressorts du système Enron : « Les traders qui travaillaient dans la tour Enron ont étudié le marché de la distribution de l’électricité en Californie qui venait tout juste d’être libéralisé et ouvert à la compétition. Ils ont découvert qu’il était très facile de contourner la nouvelle législation de cet État. Cette nouvelle loi leur permettait de manipuler très facilement le marché de l’électricité. C’est donc ce qu’ils ont fait. Ils créaient une rétention factice de courant quelque part et l’envoyaient ailleurs. Ensuite, ils faisaient de l’arbitrage en jouant un marché contre l’autre. Ils faisaient ainsi monter les prix artificiellement. C’est pourquoi les prix sont rapidement passés de 30 ou 50 dollars pour un mégawatt par heure jusqu’à 1500 dollars pour la même quantité d’électricité. » [14,15]
Puis les traders découvrent qu’en encourageant la fermeture temporaire de certaines centrales électriques, ils peuvent provoquer des pénuries artificielles qui poussent encore davantage les prix à la hausse. Ainsi le marché de l’électricité autrefois stable est transformé en une activité de casino, et Enron engrange près de deux milliards de dollars.
L’électricité n’est pas un produit comme les autres. Son usage est bien entendu vital pour le fonctionnement de toute société moderne et, à l’inverse du pétrole et du gaz, cette forme d’énergie n’est pas stockable. L’inconséquence, le cynisme et le mépris des traders pour toute autre valeur que l’argent sont révélés par les bandes enregistrées de leurs conversations téléphoniques. Les incendies qui se déclarent durant l’été en Californie menacent d’endommager le réseau électrique californien, ce qui entraine l’euphorie des traders qu’ils manifestent sans retenue : « Burn, baby, burn… That’s a beautiful thing! » (Brûle, mon bébé, brûle… Voilà une chose magnifique !) [12]

• Et tout disparait en fumée
À l’automne 2001, plus ou moins conscient que la profondeur du gouffre financier est telle qu’aucune illusion ne sera plus en mesure de combler les attentes des marchés, les exécutifs d’Enron vendent leurs actions. Le journaliste et écrivain Robert Bryce précise : « Lay a vendu à la dernière minute pour plus de 185 millions de dollars de ses actions. C’est une histoire incroyable ce montant d’actions vendues. C’est du jamais vu dans les anales économiques des États-Unis. Il a vendu ses actions de la société juste avant la fin d’Enron, et le pire, c’est qu’il disait aux autres d’en acheter au même moment, notamment à ses propres employés. » [14]
 
Jeffrey Skilling
Le 31 octobre 2001, la SEC, gendarme de la bourse américaine, ouvre une enquête, et la découverte des malversations comptables provoque la chute d’Enron. Le 2 décembre 2001, la multinationale se déclare en faillite. Du jour au lendemain, des milliers d’actionnaires sont ruinés, 5600 employés perdent leur emploi, et plus de deux milliards de dollars investis dans des fonds de pension sont partis en fumée. Pour le petit univers de l’élite capitaliste, cette débâcle est une tragédie, le fleuron du système encore cité en exemple quelques mois auparavant est brutalement devenu le symbole de la corruption aux États-Unis et des pratiques criminelles dans le monde des affaires.
 
Manifestation des employés, retraités et petits épargnants
ruinés par la débâcle d’Enron.
Etant donné les relations très haut placées de Kenneth Lay et le nombre de personnages politiques en lien avec le groupe, la chute d’Enron provoque également un séisme à Washington. Les parlementaires américains auditionnent les dirigeants impliqués et découvrent la manipulation opérée sur les comptes permettant d’augmenter artificiellement la valeur de l’action, ainsi que la complicité du cabinet Arthur Andersen et l’ampleur des sommes détournées. Jim Greenwood, de la Commission d’enquête du Congrès américain résume assez bien le sentiment qui domine à l’époque : « Enron a dévalisé la banque. » [14]
Le 25 mai 2006, au terme du procès de Kenneth Lay et Jeffrey Skilling, à Houston au Texas, le jury rend son verdict : Le fondateur d’Enron et de son ancien PDG sont reconnus coupables des chefs d’accusation de fraude et de conspiration qui pesaient contre eux. Kenneth Lay, qui encourt 45 ans de prison pour fraude et complot, décède d’un infarctus le 6 juillet avant de commencer à purger sa peine. L’ancien numéro deux d’Enron, Jeffrey Skilling, reconnu coupable pour fraude, complot, fausses déclarations et délit d’initié est condamné à 24 ans de prison. [1]

La famille Bush financée par Enron
Pour comprendre comment l’architecture Enron a pu se mettre en place, exister et perdurer plus d’une décennie, il est indispensable de revenir, comme toujours, aux relations entre le monde politique et le monde financier inhérentes au système économique américain. Dick Cheney, Donald Rumsfeld ou Frank Carlucci, en sont des exemples frappant que nous avons observésprécédemment. Le parcours du fondateur d’Enron s’inscrit dans une logique identique, à cheval entre trafic d’influence, financement électoral et renvois d’ascenseur.
Issu d’une famille modeste, Kenneth Lay obtient un doctorat en économie. Il commence sa carrière comme économiste au sein du géant pétrolier Exxon, puis délivre ses services d’analyste financier au Pentagone de 1968 à 1971 avant de devenir sous-secrétaire adjoint chargé de l’Energie sous la présidence de Richard Nixon. Ken Lay se révèle, très tôt, un apôtre de la déréglementation des marchés, et sur ce point, il est bien en avance sur les bouleversements qui interviendront plus tard avec l’accession de Ronald Reagan à la Maison Blanche. Or, cette croisade pour libérer l’industrie des entraves de la réglementation va lui permettre de se faire beaucoup d’amis dans le monde politique au Texas comme à Washington.
 
Les liens étroits entre Enron, la famille Bush et le Pentagone.
(cliquer sur l’image pour accéder à l’intégralité de l’organigramme)
C’est ainsi que Kenneth Lay entre dans le cercle de la famille Bush dont il devient un ami proche. La conjonction d’intérêts des Bush pour l’industrie de l’énergie et pour le pouvoir rejoint la logique de dérèglementation qui conditionne la fortune d’Enron. Lors de son mandat présidentiel de 1988 à 1991, George Bush Senior contribue à libérer la politique énergétique du pays des contraintes réglementaires et favorise l’obtention de subventions gouvernementales pour Enron. En retour, "Kenny Boy", tel qu’il est surnommé par les Bush, se montre très généreux avec sa nouvelle famille d’adoption, et en particulier George W. Bush dont il sera, pour la campagne présidentielle de 2000, le premier contributeur financier et un de ses plus fervent supporter : « Je crois très fort à sa candidature. J’ai soutenu [George W. Bush] lors de sa candidature au poste de gouverneur du Texas. J’avais déjà soutenu son père avant. C’est vrai que je crois en sa personnalité et son intégrité, mais aussi dans les valeurs et le programme qu’il défend. » [1]
 
Kenneth Lay encadré par
George Bush père et son épouse Barbara
George Strong, qui a été responsable du lobbying pour Enron durant 25 ans, témoigne dans le même sens : « C’était des amis intimes. Lorsque Bush était Gouverneur du Texas, il appelait souvent Ken Lay pour lui demander conseil au sujet des politiques qu’il devait mettre en place concernant le gaz naturel et tout ce qui était relatif à l’énergie. Je sais par exemple qu’à l’époque où nous tentions d’influencer les élus du Texas afin qu’ils restructurent le marché de l’électricité dans notre sens, j’ai fait appeler Bush plusieurs fois par Ken Lay, afin que le gouverneur nous aide à libéraliser le marché de l’électricité. Nous avions besoin de Bush qui nous a donné un sérieux coup de main. » [1]
Du point de vue de Kevin Phillips, ancien stratège du parti républicain et auteur du livre American Dynasty qui explore, entre autres, les relations d’affaires douteuses de la famille Bush : « Cela n’a absolument aucun précédent. Dans toute l’Histoire des États-Unis, c’est de loin la relation la plus importante entre une famille présidentielle et une société privée. » [2]


Thomas White, escroc utile
Pourquoi diable la presse, la justice et les parlementaires américains ont-ils laissé s’échapper ce personnage tout aussi stupéfiant que le lapin blanc de Lewis Carroll alors qu’ils l’ont pourtant suivi jusqu’au fond de son incroyable terrier ? Thomas White a été durant onze ans l’un des principaux dirigeants d’Enron, responsable de nombreuses initiatives caractéristiques des fraudes qui ont fait la fortune de quelques opportunistes, à commencer par lui même, et qui ont précipité dans la misère des dizaines de milliers de citoyens américains.
Et pourtant, en mai 2001, soit quelques mois avant la chute du géant de l’énergie, la Maison Blanche fait le choix de nommer White au poste très élevé de secrétaire de l’Armée, en faisant valoir sa volonté de faire bénéficier la bureaucratie du Pentagone des vertus de la culture d’entreprise. En avril, à l’annonce du remplacement surprise des trois secrétaires aux armées, dont Thomas White, le New York Times publie un billet qui reflète bien l’incapacité de la presse à percevoir, à l’époque, la moindre anomalie dans la trame des décisions gouvernementales qui précèdent le 11-Septembre : « Le Président Bush a signalé son intention d’imposer un type de gestion inspiré de l’entreprise à la bureaucratie actuelle du Pentagone avec la nomination de trois dirigeants du monde des affaires […] aux postes de secrétaires de l’Armée, de la Marine et de la Force aérienne. M. Bush et son secrétaire à la Défense, Donald H. Rumsfeld, ont fait valoir que l’armée doit être plus efficace dans l’achat des armements et dans les services fournis à son personnel, soins, logement et autres. Pour cette raison, l’annonce d’aujourd’hui a été largement perçue comme une première étape vers une nouvelle politique de gestion, intégrant la privatisation des services. » [3]

• Enron : la fortune du soldat
Thomas E. White officie durant 23 ans au sein de l’armée américaine, atteignant le grade de général de brigade et devenant adjoint exécutif de Colin Powell, alors chef d’état-major interarmées (en 2001, Powell sera secrétaire d’État) [4].
En 1990, White rejoint Enron où il accumule rapidement les postes de direction. Il est membre du Comité exécutif d’Enron, chef de direction des opérations pour Enron Corporation, et responsable de la Société d’ingénierie et construction d’Enron qui gère le portefeuille des vastes projets de construction à l’échelle nationale et internationale. Ainsi White supervise le réseau international des gazoducs que détient Enron et la construction de centrales électriques à l’étranger, telles que la centrale de Dabhol que nous avons évoquée [5].
En mars 1998, s’associant avec Lou Pai à la direction d’Enron Energy Services (EES), Thomas White en obtient la vice-présidence. EES est la filiale d’Enron spécialisée dans la privatisation de l’énergie et chargée de vendre aux clients et industriels des États-Unis les nouveaux services que suppose cette évolution [5].
Dans le cas de la fraude organisée par Enron pour détourner l’électricité en Californie, The Village Voice met clairement en lumière l’implication de Thomas White : « Durant les trois premiers mois de 2001, Enron Energy Services a échangé des millions de mégawatts d’électricité avec d’autres divisions d’Enron, faisant grimper artificiellement les prix jusqu’à 2500 dollars par mégawatt-heure (par rapport au prix moyen de 340 dollars à l’époque). L’organisation à but non lucratif Public Citizen note : ‘En tant que vice-président, White était en charge de la gestion au jour le jour des opérations, y compris la gestion et la signature de contrats d’énergie au détail.’ Pour la Californie, les effets ont consisté en pannes d’électricité et en flambée des prix. Pour White, le résultat a été bien meilleur : ‘Comme conséquence directe de la fraude de sa division, White est devenu multimillionnaire’ précise Public Citizen ». [5]
Le New York Times ajoute : « La manipulation du marché par les sociétés d’énergie - sans doute les mêmes entreprises que celles qui ont rédigé le plan énergétique de M. Cheney - bien qu’il ait bravé une ordonnance du tribunal réclamant la divulgation des dossiers du groupe de travail – a joué un rôle clé dans la crise de l’électricité de la Californie. Et de nouvelles preuves indiquent que le secrétaire de l’Armée [Thomas White], trié sur le volet par M. Cheney, était bien un malfaiteur de l’entreprise [Enron]. » [6]
Le réseau du "courant" américain selon Enron,
vu par le dessinateur Matt Wuerker
Au sein d’Enron Energy Services, Thomas White s’engage dans une croissance très agressive, propre à l’ensemble du groupe et, là encore, basée sur la dissimulation comptable des pertes financières. Ainsi signe-t-il des contrats que sa société n’a clairement pas la capacité de remplir. EES enregistre ainsi les profits à partir d’engagements portant sur plusieurs années, permettant aux cadres comme White, dont les bonus sont liés à la performance, de gagner des millions de dollars avant que la société ne réalise un quelconque bénéfice réel. C’est le cas du contrat de 15 ans pour la fourniture d’électricité et de gaz naturel à la compagnie pharmaceutiqueEli Lilly, pour lequel le rendement futur de l’affaire se révélera intenable [7].
Sherron Watkins, une ancienne responsable d’Enron qui a démissionné en constatant les irrégularités de l’entreprise, témoignera ensuite devant le Congrès, expliquant que la société dirigée par Thomas White en était arrivée à dissimuler jusqu’à 500 millions de dollars en pertes au sein de sa comptabilité. Pourtant, en 2001, White reçoit avant son départ plus de 31 millions de dollars de salaire, primes et stock-options. Selon Tyson Slocum, le directeur de recherche du groupe de surveillance Public Citizen : « White était payé principalement sur le principe des rémunérations incitatives. Par conséquent, son salaire était gonflé par les pratiques comptables frauduleuses qu’EES avait mises en place. » [8]
 
Thomas White au Pentagone, 
responsable d’un budget de
81 milliards de dollars 

• Le Pentagone : de l’expert à l’ingénu
A son arrivée au Pentagone en mai 2001, l’escroquerie à laquelle Thomas White a participé durant onze ans reste à cette époque un secret bien gardé, et il s’installe donc à son poste de secrétaire de l’Armée de terre tout auréolé de la réputation encore intacte d’Enron. White a d’ailleurs signé en 1999 un contrat liant Enron Energy Service et le Pentagone pour une valeur de 25 millions de dollars afin de fournir de l’énergie au Fort Hamilton à New York sur une durée de 10 ans, un contrat qui était précisément supposé être un exemple représentatif des vertus de la privatisation pour la gestion des structures militaires [9]. Mais cet état de grâce sera bref, et quelles que soient les informations que l’exécutif possède sur Thomas White au moment de sa nomination, il n’anticipe certainement pas l’ampleur du séisme que va déclencher l’effondrement d’Enron, et la Maison Blanche devra composer avec cette nouvelle donne.
Dans son article du New York Times, le journaliste Paul Krugman remarque à ce sujet : « M. Cheney a supposément choisi Thomas White pour son expertise du monde des affaires. Mais quand il est devenu évident que la filiale d’Enron qu’il dirigeait se trouvait au cœur de la fraude financière, l’histoire a changé. On nous a raconté que M. White était un type aimable qui n’avait aucune idée de ce qui se passait réellement, que ses collègues l’appelaient dans son dos ‘Mister Magoo’ : exactement l’homme qu’il faut pour mener l’Armée dans une guerre sur deux fronts au Moyen-Orient, n’est-ce pas ? Cependant, ce n’était pas Mister Magoo [NdT : héros de dessin animé caractérisé par sa myopie extrême]Jason Leopold, un journaliste qui écrit un livre sur la crise [de l’énergie] en Californie, a acquis les documents d’Enron qui montrent que M. White était pleinement conscient de ce qui se tramait dans son entreprise. » [7]
 
Email envoyé par Thomas White le 8 février 2001 :
« Boucler une opération plus vaste. Dissimuler
les pertes avant la fin du premier trimestre. » 
[10]
Après sa nomination comme secrétaire de l’Armée, et malgré la signature d’un accord éthique l’engageant à rompre tout lien financier avec les entreprises privées auxquelles il était attaché auparavant, Thomas White conserve une participation très importante dans Enron en ne suivant pas les règles concernant l’élimination des stock-options. A cette date, White connait parfaitement la situation d’Enron. La révélation en 2002 d’un bref courrier électronique envoyé en février 2001 par Thomas White démontre à la fois l’arnaque dont il était un des instigateurs et sa position d’initié, une seule phrase qui résume à elle seule toute la stratégie secrète d’Enron : « Boucler une opération plus vaste. Dissimuler les pertes avant la fin du premier trimestre. » Ce que leNew York Times commente : « Si de l’extérieur, la véritable situation financière d’Enron avait été connue lorsque M. White a envoyé cet e-mail, le prix des actions aurait chuté. En entretenant l’illusion du succès, les initiés comme M. White ont été en mesure de vendre leurs actions à bon prix aux victimes naïves – des gens comme leurs propres employés, ou les travailleurs de l’État de Floride dont le fonds de pension a investi 300 millions de dollars dans Enron au cours des derniers mois de l’entreprise. » [6]
En effet, entre sa nomination au Pentagone et la faillite d’Enron, Thomas White parvient à vendre pour 12 millions de dollars d’actions Enron, tout en prétendant ensuite qu’aucune information ne l’aura influencé dans ce sens au cours des 70 coups de fil passés qui seront finalement révélés, des appels couvrant la même période à destination de ses anciens collègues ou directement à Kenneth Lay dont le New York Times remarque incidemment qu’une des conversations téléphoniques avec le patron d’Enron a lieu précisément le 10 septembre 2001 [11].
Lorsqu’il sera auditionné par les membres du Comité sénatorial, le 18 juillet 2002, le haut dirigeant d’Enron, expert aguerri du monde des affaires, se sera définitivement transformé en martyr ingénu. [12,13]
Durant l’audition de Thomas White devant le Comité sénatorial, le 18 juillet 2002, est exposé
un ensemble d’éléments de preuve démontrant son implication dans la fraude d’Enron et les
délits d’initiés dont il s’est rendu coupable. Mais la logique d’impunité de l’administration
Cheney-Bush permettra à White de rester au Pentagone jusqu’en avril 2003.
(cliquer sur l’image pour visionner l’intégralité de l’audition C-SPAN [13])

• 11-Septembre : un escroc bien placé
Dans le cadre du 11-Septembre, de par le poste qu’il occupe, Thomas White se révèle soudain un personnage incontournable par rapport à toute forme d’investigation sur la secteur du Pentagone qui se trouve sous sa responsabilité directe. Et effectivement, la zone des dégâts – résultant selon le rapport officiel du crash d’un Boeing 757 sur le bâtiment - se situe en grande partie sur un secteur appartenant au département de l’Armée de Terre dont il est précisément le secrétaire.
C’est donc Thomas White qui est chargé de coordonner concrètement, avec les différents services de renseignement, les opérations postérieures à cet attentat au sujet duquel le rapport de la Commission sur le 11-Septembre indique des faits qui entrent en violente contradiction avec les observations que tout citoyen est en mesure de faire par lui-même en examinant les archives officielles. Et cette commission néglige aussi de mentionner, à un quelconque endroit du rapport qu’elle a publié, la destruction des données financières du Département de la Défense et l’anéantissement de l’équipe comptable qui travaillait sur les derniers budgets, précisément caractérisés par des pertes massives dans les méandres des écritures comptables effectuées durant les deux années fiscales précédentes.
Donald Rumsfeld, en introduction de la conférence de presse délivrée 
en fin d’après-midi, le 11-Septembre : « Le secrétaire de l’Armée,
Tom White, qui est responsable pour de tels incidentsen tant
qu’agent exécutif du Département de la Défense, m’a rejoint. »
Au regard de cette situation particulièrement dérangeante, il est légitime de se poser plusieurs questions :
- En 2001, l’administration Cheney-Bush peut-elle ne pas être consciente de la nature singulière des activités menées par les dirigeants d’Enron, si l’on en juge par la formidable proximité de longue date de Kenneth Lay avec la famille du nouveau président américain ?
- L’exécutif en place à la Maison Blanche défend-il les seuls intérêts du peuple américain – et non d’autres intérêts plus inavouables – lorsqu’il vante les vertus de la privatisation et de la déréglementation à l’attention du Département de la Défense, en cohérence avec la communication opportuniste du géant de l’énergie dont les capacités économiques surnaturelles ont par ailleurs contribué à financer généreusement la campagne électorale du candidat Bush ?
- Enfin, Dick Cheney et Donald Rumsfeld, experts des opérations secrètes depuis trois décennies,peuvent-ils vraiment ignorer l’ensemble des nombreux agissements frauduleux de Thomas White à la tête de la filiale d’Enron lorsque, en mai 2001, ils lui attribuent le poste de secrétaire de l’Armée au Pentagone, sachant qu’à ce poste, White devient aussitôt responsable d’un budget de81 milliards de dollars ? [4] 
Il faut être terriblement ignorant ou très peu psychologue – ou à l’inverse parfaitement conscient et fin manoeuvrier – pour installer un individu tel que Thomas White à la tête d’un budget de 81 milliards de dollars !
  
Pour quelle raison George W. Bush, Dick Cheney et Donald Rumsfeld
ont-ils donc confié à Thomas White le poste de secrétaire de l’Armée ?
À la suite de l’attentat du 11-Septembre, le Département de l’Armée de Terre comptera 74 personnes tuées parmi les 125 victimes travaillant au Pentagone. Et précisément, la divisionRessource Services Washington (RSW), qui emploie 34 des 46 comptables et analystes budgétaires tués, se trouve administrativement intégrée à ce même département dont Thomas White est le patron. Enfin, les données financières détruites ce jour-là se trouvent également installée sur la zone appartenant au département de l’Armée.
En fait, lorsqu’en mai 2001 Thomas White a été nommé au Pentagone, il apparait tout simplement que sa position vulnérable, du fait des activités frauduleuses qu’il a accumulées depuis tant d’années, en faisait un candidat aisément manipulable et – dans le cas d’une nécessité de première importance… – un complice idéal pour assurer la couverture d’une action illicite au sein de l’appareil d’État américain.
 
Malgré l’ampleur et le retentissement de la faillite d’Enron, malgré l’ensemble des faits, des éléments de preuves, des témoignages qui s’accumulaient et accablaient Thomas White, malgré son audition devant le Comité sénatorial et malgré les articles virulents de la presse tout au long de l’année 2002, en particulier le New York Times, réclamant la tête de White, ce dernier reste tout de même à son poste jusqu’en avril 2003. Politiquement parlant, il est possible qu’il ait ainsi permis de protéger d’autres têtes plus haut placées que la sienne. C’est en tout cas ce que suggère l’anecdote rapportée par le journaliste Joshua Green qui s’interroge sur l’incroyable longévité de White si l’on tient compte du concert de casseroles qui le suit inexorablement : « J’ai posé cette question à l’un de ses plus proches collaborateurs, qui m’a raconté une histoire étonnante : au cours du voyage à West Point le 1er juin [2002], Bush a pris White à part pour une conversation privée. ‘Tant qu’ils vous tapent dessus avec Enron, ils ne tapent pas sur moi’, a déclaré Bush, selon cet officiel de l’Armée. ‘C’est votre boulot. Vous êtes le paratonnerre de cette administration.’ » [8].
Cependant, au printemps 2003, cette précaution deviendra superflue : une fois lancée l’invasion de l’Irak, le champ des polémiques qui occupent les médias s’en trouvera bouleversé. En avril, un nouveau secrétaire de l’Armée s’installera discrètement au Pentagone, et Thomas White pourra se retirer en toute tranquillité après les bons et loyaux services rendus à l’administration Bushpour enfin profiter de sa fortune amassée chez Enron.
 

À suivre, mardi prochain : Révélations sur le lieu du crime

Lalo Vespera
La parenthèse enchantée
Parution du livre en septembre 2012
insolente.net

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Exxon-Mobil _ ROCKFELLER


http://veritance.populus.org/rub/79 

UNE CREATION DE ROCKFELLER

Parrain de guerre

Exxon-Mobil, fournisseur officiel de l'Empire


John D. Rockfeller constitua le premier trust pétrolier vertical, la Standard Oil. Utilisant des méthodes peu orthodoxes, il ruina ses concurrents états-uniens et organisa l'évasion fiscale de ses revenus. Puis, s'alliant avec ses rivaux BP et Shell, il constitua un cartel pour dominer le marché mondial. Il finança comme nul autre l'aventure militaire nazie en espérant s'emparer des ressources de l'URSS. Devenue Exxon-Mobil, sa société est désormais n°1 mondial et peut subventionner les think tanks néo-libéraux et les campagnes électorales des Bush.

Exxon-Mobil, également connue sous la marque « Esso » en dehors des États-Unis, est la première compagnie pétrolière mondiale (devant British Petroleum et Shell) avec des activités d'exploration, de production, d'approvisionnement, de transport et de vente de pétrole et de gaz naturel ainsi que de leurs produits dérivés dans près de 200 pays et territoires. Elle affiche des réserves de 22 milliards de barils en équivalent pétrole (ce qui inclut les sables bitumeux) et un résultat net de 14,5 milliards de dollars pour l'année 2003. À titre de comparaison, le PIB d'un pays comme le Mali la même année était d'environ 10 milliards de dollars [1].

L'histoire d'Exxon, qui est également la doyenne des grandes compagnies mondiales, est étroitement liée à l'évolution du libéralisme économique depuis la fin du XIXe siècle car son fondateur, John D. Rockefeller I, fut le premier à en exploiter tout le potentiel en développant le principe du trust [2]. En contrôlant toutes les étapes, de l'extraction à la commercialisation en passant par le transport, via une participation majoritaire secrète dans une multitude de sociétés intermédiaires, il parvint d'abord à dominer le marché du pétrole nord-américain, avant de s'attaquer à ses rivaux au plan mondial. John D. Rockefeller et le géant qu'il a créé sont devenus les symboles du pouvoir économique que des multinationales peuvent exercer au-dessus des États.

La saga des Rockefeller

John D. Rockefeller naquit dans une ferme de l'État de New York en 1839, d'un père aventurier, médecin sans diplôme qui vendait des préparations médicinales « miracles » à base d'opium et arnaquait ses propres fils pour leur inculquer le sens des affaires, et d'une mère baptiste très pieuse qui éleva ses enfants dans la rigueur et l'austérité, les attachant à un poteau pour les corriger lorsqu'ils désobéissaient. John débuta sa carrière comme comptable à Cleveland, dans l'Ohio. Fasciné par les exploits des premiers pionniers du pétrole, il acheta à l'âge de 26 ans une raffinerie en partenariat avec deux frères anglais, dont il se débarrassa rapidement en leur rachetant leurs parts.

Il comprit que le seul moyen de dominer le marché passait par le raffinage et la distribution plutôt que par l'extraction. Il centra particulièrement sa stratégie sur le rail, alors que le réseau ferré destiné à acheminer le pétrole depuis les gisements jusqu'à Cleveland préfigurait la dépendance des petits producteurs vis-à-vis des transporteurs. Il tira ainsi un maximum de profit des systèmes de rabais et n'hésita pas à utiliser des anciens concurrents récemment achetés comme espions parmi ceux qui l'étaient restés. Cela lui permit de constituer en 1870 la société par actions Standard Oil Company, au capital d'un million de dollars, dont il détenait 27 % [3]. Une bataille s'engagea bientôt entre le cartel des producteurs et celui des transporteurs avec la Standard Oil en tête de file.

À l'époque, le pétrole brut était transporté sur des plates-formes dans des barils en bois ouverts, laissant s'évaporer la partie la plus volatile et la plus précieuse de la cargaison. Il ne restait à l'arrivée qu'un résidu épais qui avait perdu l'essentiel de sa valeur. Propriétaire en secret de la société de transport ferroviaire Union Tanker Car Company et du brevet sur les wagons-réservoirs métalliques et hermétiques toujours utilisés de nos jours, John D. Rockefeller les louait à ses concurrents pour qu'ils puissent transporter leur production jusqu'aux raffineries. Lorsque ces nouveaux producteurs développaient leurs infrastructures pour augmenter leur production, Union Tanker rompait unilatéralement les contrats de location de plate-forme de transport, engendrant ainsi d'énormes pertes consécutives à des investissements importants et acculant les producteurs à la faillite. La Standard Oil de Rockefeller venait alors les acheter à des prix dérisoires, obtenant généralement les chemins de fer avoisinants par la même occasion. Il appliqua ce stratagème pendant des années sans susciter de réactions tant qu'on ignora qu'il était le propriétaire de l'Union Tanker. Si les méthodes agressives ayant permis à Rockefeller de contrôler 90 % du marché états-unien de l'énergie en 1910 furent largement documentées, inspirant même les lois anti-trust modernes, elles ne figurent toujours pas dans les manuels d'histoire.

En 1911, le gouvernement états-unien s'en prend au monopole de la Standard Oil et exige qu'elle soit démembrée. Elle se scinde alors en plusieurs petites compagnies arborant toujours les initiales « S.O. » telles que SOHIO en Ohio, SOCONY à New York et, bien entendu, Esso qui deviendrait plus tard Exxon, ce qui ne porta pas réellement atteinte au monopole de fait de Rockefeller. Il se jura pourtant de prendre sa revanche sur cet État tout puissant qu'il exécrait. Pour cela, il investit une part importante de sa fortune dans la création de 12 banques géantes qui devinrent la Réserve fédérale lorsque le Congrès décida en 1913 d'y avoir recours pour collecter les impôts. Dorénavant, les intérêts accumulés par la Réserve fédérale chaque année, avant qu'elle ne reverse le montant des impôts collectés au gouvernement, venaient garnir les coffres de la dynastie Rockefeller.

Deux autres compagnies jouaient alors un rôle à l'échelle mondiale : la British-Persian Petroleum Company qui exploitait principalement les gisements de l'Iran actuel, et la Shell, basée dans les anciennes colonies hollandaises d'Indonésie et d'Asie du Sud-Est [4]. Plutôt que de s'épuiser dans des luttes mutuelles qui occasionneraient une instabilité des prix, les trois rivales s'accordèrent sur le prix mondial et le partage des grandes zones pétrolifères. Elles devaient pour cela éliminer ou prendre le contrôle de tous les petits producteurs locaux et nationaux. La Première Guerre mondiale leur offrit cette occasion.

Le rôle incitatif joué par la Standard Oil dans l'entrée en guerre des États-Unis, qui leur permettrait d'avoir voix au chapitre dans le redécoupage des anciennes colonies lors du Traité de Versailles, reste encore très peu documenté même s'il est indéniable. Une chose est certaine : en se retirant de la guerre, en 1917, et en construisant un autre modèle économique, l'Empire russe devenu Union soviétique échappa à la convoitise du cartel. Ceci, au moment même où l'utilisation du pétrole se généralisait avec l'avènement du moteur à explosion provoquant un accroissement démesuré de la demande. Les trois sœurs décidèrent donc, sous l'impulsion de John D. Rockefeller, de financer les partis fasciste d'Italie et nazi d'Allemagne pour qu'ils fassent la guerre à l'URSS, renversent les Bolcheviques et rouvrent l'accès au pétrole.

En 1934, environ 85 % des produits pétroliers transformés en Allemagne étaient importés. Le seul moyen qui permit à Hitler de mettre au point son impressionnante machine de guerre fut de produire du carburant synthétique à partir des ressources abondantes de charbon sur lesquelles l'Allemagne pouvait compter. Le procédé d'hydrogénation nécessaire fut développé et financé par la Standard Oil en partenariat avec I.G. Farben, qui produisait également les armes chimiques utilisées au combat et produirait ultérieurement les gaz utilisés dans les camps d'extermination. Un rapport de l'attaché commercial de l'ambassade états-unienne à Berlin adressé au Département d'État, en janvier 1933, s'alarmait de ce que « Dans deux ans l'Allemagne produira suffisamment d'huile et d'essence à partir du charbon pour une longue guerre. La Standard Oil de New York fournit plusieurs millions de dollars pour l'y aider. ». Parallèlement, l'accord conclu entre Standard Oil et I.G. Farben, qui assurait à la partie allemande le contrôle absolu du caoutchouc synthétique, ralentit significativement l'effort de guerre états-unien. D'autre part, les directeurs de Standard Oil of New Jersey, notamment William Farish [5], contribuaient au travers de leurs filiales allemandes à la fortune personnelle d'Heinrich Himmler et figuraient dans son cercle d'amis jusqu'en 1944. Ces faits de Collaboration restèrent inconnus du public tout au long de la guerre alors même que cette branche de la Standard Oil était accusée de trahison pour son partenariat d'avant-guerre avec I.G. Farben [6]. L'ensemble des transactions financières entre les filiales de la Standard Oil et I.G. Farben passa par un système bancaire mis en place par Prescott Bush [7]
Bien que les nazis aient échoué à ouvrir les gisements russes, la guerre du Pacifique permit à Standard Oil de prendre le contrôle de nombreux gisements de cette région qui était auparavant la chasse gardée de Shell.

Aux États-Unis, les stratégies déloyales de la Standard Oil et les conflits répétés avec l'appareil d'État qui légiférait contre les trusts avaient fait de John D. Rockefeller un personnage particulièrement impopulaire. Il réussit cependant à sauver son honneur -et, accessoirement, à payer moins d'impôts- en léguant 550 millions de dollars (selon son petit-fils Nelson qui fut le vice-président de Gérald Ford, en 1974) à diverses fondations et œuvres philanthropiques. La plus connue reste la Rockefeller Foundation. John D. Rockefeller mourut tardivement à l'âge de 98 ans, son unique fils John D. II reprit donc les commandes à 64 ans, alors qu'il approchait de la retraite. Il distribua quant à lui 552 millions de dollars, paya 317 millions de dollars d'impôts et laissa à sa famille un total de 240 millions de dollars. Son fils, David Rockefeller, s'illustra dans la haute finance en tant que président, puis directeur, de la banque Chase Manhattan jusqu'en 1981. Il fut également président du Council on Foreign Relations de 1970 à 1985. La valeur globale des actifs détenus par tous les descendants vivants de John D. Rockefeller I était estimée, en 1974, à 2 milliards de dollars. Aujourd'hui, les héritiers détiennent toujours 2 % du capital d'Exxon-Mobil.

À la conquête du monde
Avec la montée en puissance de Standard Oil, de nouvelles pratiques visant à échapper aux taxes virent le jour et engendrèrent progressivement des « pavillons de complaisance ». Dans les multiples étapes de la chaîne de production, de transport et de commercialisation du pétrole, il s'agissait de transférer un maximum de coûts là où l'État n'avait que peu de prise. Michael Hudson, professeur d'économie à l'université du Missouri et spécialiste de la domination économique états-unienne, raconte ainsi que David Rockefeller lui avait arrangé un rendez-vous avec Jack Bennett, trésorier de la Standard Oil of New Jersey. Quand Hudson lui demanda où la société générait ses profits, Bennett lui déroula une liste verticale de filiales réparties sur toute la chaîne. Les taxes étant inexistantes au Panama et au Liberia, c'est là-bas qu'on créait les filiales où étaient enregistrés les pétroliers, puis on leur cédait le brut à des prix dérisoires avant de le facturer de nouveau, au tarif maximum cette fois, aux pays occidentaux consommateurs [8].

Depuis le milieu des années 70 et la découverte de gisements importants dans le bassin de la mer Caspienne, Exxon et quelques autres compagnies plus modestes comme Unocal n'ont cessé d'influencer la politique de Washington dans la région. Depuis le financement des moudjahidins de Ben Laden contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan, de manière à faire obstacle à l'exportation du pétrole russe vers le sud, jusqu'au méga-projet de pipeline Bakou-Tblissi-Ceyhan qui implique l'installation de bases militaires de projection rapide pour la protection des infrastructures [9], Exxon-Mobil et le Pentagone marchent main dans la main pour tenter d'affranchir les États-Unis de leur dépendance vis-à-vis du Moyen-Orient. Aujourd'hui, Exxon-Mobil est particulièrement active au Kazakhstan, où elle partage avec ENI (Italie), Shell (Pays-Bas) et Total (France), un contrat signé avec le gouvernement pour l'exploitation du plus gros gisement découvert depuis celui de Prudhoe Bay en Alaska, il y a 30 ans, celui de Kashagan. Les réserves annoncées initialement font cependant l'objet de vives controverses et de disputes territoriales entre le Kazakhstan et l'Iran notamment [10].

En Indonésie, Exxon-Mobil possède 35 % de la société Pertamina, une importante structure de production de gaz naturel, et avait passé un accord avec le général Suharto pour assurer la protection du site par l'armée aux frais de la multinationale. Des ONG ont rapporté que, durant les années 90, plus de 1000 personnes furent tuées, torturées ou disparurent aux mains de l'armée, qui les détenait souvent dans les locaux appartenant à Mobil. Une action en justice a été intentée par l'International Labor Rights Fund basé à Washington, mais la procédure, déjà lente auparavant, a été ralentie davantage depuis le début de la « guerre au terrorisme » : la défense d'Exxon-Mobil invoque le fait qu'une action contre la compagnie et le gouvernement indonésien saperait leurs efforts dans la lutte contre les « terroristes islamistes » [11].

Concernant l'Irak, Exxon-Mobil a usé de son statut de plus grande compagnie pétrolière états-unienne pour jouer un rôle prépondérant dans l'escalade qui a abouti à l'invasion et au chaos actuel, au point que l'une des bases avancées de l'US Army s'est vue baptisée du nom de cette société. Grant Aldonas, sous-secrétaire états-unien au commerce, déclarait lors d'un forum économique en octobre 2002 : « [La guerre] ouvrirait la vanne du pétrole irakien, qui aurait certainement des conséquences profondes en termes de performance de l'économie mondiale pour les pays qui produisent des biens et consomment du pétrole » [12]. Mais jusqu'à présent, les attentes ont été déçues par les sabotages et l'enlisement des troupes étasuniennes face à la résistance acharnée du peuple irakien.

En vérité Exxon ne s'active pas plus que l'administration Bush pour mettre fin à la dépendance vis-à-vis du pétrole arabe. Toutes les deux savent que, selon les lois de la thermodynamique, le Moyen-Orient sera l'enjeu central pour les décennies à venir, car il renferme l'essentiel des réserves de pétrole et que rien ne pourra rapidement les remplacer. Ils savent pertinemment que cela reviendrait à refuser à leurs actionnaires les dividendes qu'ils ont récoltés sans interruption depuis plus de cent ans, et remettrait en cause les fondements mêmes du capitalisme. Dans la même logique, alors que les conséquences humaines du changement climatique se font déjà ressentir à plusieurs endroits dans le monde, Exxon-Mobil dépense sans compter pour financer les « sceptiques du changement climatique » (12 millions de dollars depuis 1998) ainsi que le lobbying à Washington. Ces investissements ont notamment provoqué le retrait des engagements états-uniens sur le Protocole de Kyoto à l'arrivée de l'administration Bush II [13].

Un engagement politique déterminé

Contrairement à de nombreuses multinationales qui répartissent leurs dons de manière équivalente entre tous les groupes susceptibles d'exercer le pouvoir politique, les Rockefeller, la Standard Oil, puis Exxon-Mobil, ont toujours opté pour un engagement politique déterminé : contre le pouvoir des États, pour la dérégulation globale.

Depuis 1998, Exxon a contribué aux campagnes électorales états-uniennes à hauteur de 3 900 000 dollars, dont 86 % ont été versés au Parti républicain, essentiellement directement au candidat George W. Bush [14].

La firme est actuellement dirigée par le très discret Lee R. Raymond, par ailleurs administrateur de J.P. Morgan Chase & Co. Si, compte tenu de son influence, il est devenu membre du Conseil des relations étrangères [15], de la Commission trilatérale et du Groupe de Bilderberg, c'est par son activisme et non en raison de statut social qu'il est devenu vice-président de l'American Entreprise Institute [16], le think tank qui porta George W. Bush à la Maison-Blanche [17]

[1] CIA World Factbook.

[2] Au XIXe siècle, le capitalisme de trust prétend être un libéralisme. C'est évidemment un artifice de communication, le mot « libéralisme » étant connoté positivement à l'époque. En réalité, le libéralisme est la doctrine de la liberté. En matière économique, il suppose des règles strictes de concurrence, donc l'interdiction des trusts et plus encore des cartels.

[3] Les sept sœurs, par Anthony Sampson, 1976.

[4] Voir les articles « Shell, un pétrolier apatride », par Arthur Lepic, Voltaire du 18 mars 2004, et « BP-Amoco, coalition pétrolière anglo-saxonne », par Arthur Lepic, Voltaire du 10 juin 2004.

[5] William Farish est le grand-père de William Farish III, gestionnaire des héritages reçus par George W. Bush et actuel ambassadeur des États-Unis à Londres.

[6] « Wall Street and the rise of Hitler », par Antony C. Sutton.

[7] Prescott Bush est le grand-père de l'actuel président George W. Bush.

[8] « An insider spills the beans on offshore banking centers », interview de Michael Hudson par Standard Schaefer, Counterpunch, 25 mars 2004.

[9] Voir l'article « Le despote ouzbek s'achète une respectabilité », par Arthur Lepic, Voltaire, 2 avril 2004.

[10] « Kazakhstan : Oil majors agree to develop field », par Heather Timmons, The New York Times, 26 février 2004.

[11] « Exxon-Mobil-sponsored terrorism ? », par David Corn, The Nation, 14 juin 2002.

[12] The tiger in the tanks, rapport de Greenpeace, février 2003.

[13] Les sites stopesso et exxonsecrets constituent à cet égard une mine d'informations qui va bien au-delà des simples activités de la multinationale.

[14] D'après les données du Center for Public Integrity, août 2004

[15] « Comment le Conseil des relations étrangères détermine la diplomatie US », Voltaire, 25 juin 2004.

[16] « L'Institut américain de l'entreprise à la Maison-Blanche », Voltaire du 21 juin 2004.

[17] L'Américain Entreprise Institute a créé pour cela, dans ses locaux, une association ad hoc, le Projet pour un nouveau siècle américain.

Sources : Lien vers http://www.reseauvoltaire.net/article14693.html> 

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Le rapport qui embarrasse Bush

http://veritance.populus.org/rub/83

UNE ARNAQUE DE PLUS...



REBONDISSEMENT DANS L'AFFAIRE ENRON

Le rapport qui embarrasse Bush

Un texte rédigé par le bureau du député Henry Waxman parle, avec dix-sept exemples à l'appui, d'une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité. La Maison-Blanche dément toute collusion d'intérêts.

JEAN-COSME DELALOYE

Henry Waxman défie une fois de plus l'administration Bush. Dans un rapport qu'il a fait parvenir mercredi soir à 24 heures (lire le format pdf, 67ko), le député démocrate de Santa Monica (Californie) fait de nouvelles révélations dans l'affaire Enron. Il y décrit ce qu'il considère être une politique énergétique taillée sur mesure pour le géant de l'électricité mis en faillite le 2 décembre 2001. Conclusions d'un texte qui n'a pas de valeur légale mais qui, selon l'assistante de M. Waxman, hier à Washington, «doit permettre de soulever de nouvelles questions»: dix-sept points de convergence entre les demandes émises par Enron et les recommandations de la task force sur l'énergie, de Dick Cheney.

Parmi les mesures préconisées: la privatisation de l'électricité. Henry Waxman rappelle avoir reçu une lettre du directoire d'Enron le 20 septembre 1999. Extrait: «Enron demande instamment au Congrès de passer une loi sur la dérégulation des marchés de l'électricité.» Waxman rappelle également que Kenneth Lay, président d'Enron et ami de Bush, s'est prononcé le 15 mai 1996 devant le Congrès en faveur d'une telle mesure. Le 17 mai 2001, la task force rend son verdict: il faut privatiser l'électricité. Projet indien Autre exemple de collusion selon Henry Waxman: le soutien du gouvernement pour les projets énergétiques en Inde. Le député rappelle qu'Enron possède 65es actions dans une installation de gaz naturel estimée à 3 milliards de dollars là-bas. A fin 2000, l'Etat indien du Maharashtra, seul client de l'installation, refuse, à la suite d'une dispute contractuelle, de payer l'énergie qu'il consomme. Enron demande un arbitrage le 12 avril 2001. Un mois plus tard, comme l'écrit Waxman, la task force préconise une collaboration avec l'Inde pour développer sa production de gaz et de pétrole.

Constatant les liens étroits entre Enron et l'administration Bush (le conglomérat a donné plus de 3,3 millions de francs au président deuis 1993 (lire 24 heures des 13 décembre 2001 et 10 janvier 2002), Henry Waxman demande, dès avril 2001, des explications à Dick Cheney. Quel rapport entre le géant de l'électricité et la task force sur l'énergie? Pas de réponse. Mutisme de Cheney L'Organe d'information du Congrès (GAO, voir calepin) décide alors de s'en mêler. Il souhaite obtenir des renseignements sur la composition de la task force ainsi que sur les listes de présence aux réunions de celle-ci. Nouveau refus vice-présidentiel. Face à l'insistance d'Henry Waxman, le bureau de Dick Cheney finit, le 3 janvier dernier, par admettre six meetings informels entre officiels de la Maison-Blanche et représentants d'Enron. Mais Waxman n'en démord pas et renvoie deux lettres (les 8 et 16 janvier) demandant plus de précisions à Dick Cheney sur ses rapports avec Enron. Hier, lors du point presse de la Maison-Blanche à Washington, Ari Fleischer, porte-parole du président Bush, a rejeté à maintes reprises les conclusion du rapport d'Henry Waxman: «Il y a plusieurs choses qu'Enron souhaitait obtenir qui ne sont pas inclues dans les recommandations de la task force. Les points retenus le sont parce qu'ils représentaient la meilleure politique énergétique pour le pays.» Et d'ajouter: «L'enquête qu'a suggérée M.Waxman (...) est un gaspillage d'argent public.»

Quant au refus du bureau du vice-président de dévoiler des informations sur la task force à l'organe du Congrès qui envisage aujourd'hui une action en justice pour les obtenir ? Ari Fleischer l'explique par le besoin de garder une certaine confidentialité sur les débats

Sources : Lien vers http://www.entrefilets.com/Rapp_Bush_enron.htm#wax>
 


hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Liens troublants groupe Carlyle et McKenna

  http://veritance.populus.org/rub/76
METHODES PEU SCRUPULEUSES

11 janvier 2005

Un rapport de l'Institut Polaris établit des liens troublants entre Frank McKenna et le groupe Carlyle

OTTAWA, le 11 janv. /CNW Telbec/ - L'Institut Polaris demande au premier
ministre Paul Martin de permettre au Parlement de reconsidérer la nomination
de Frank McKenna au poste d'ambassadeur du Canada aux Etats-Unis, à la lumière
des liens unissant l'ancien premier ministre provincial au groupe Carlyle,
société d'investissement de Washington (DC) qui suscite la controverse.
Le groupe de recherche voué à la défense de l'intérêt public a dévoilé
aujourd'hui son rapport intitulé : "The McKenna File: A Preliminary Assessment
of Prime Minister Paul Martin's choice of Frank McKenna as Canada's next
Ambassador to the United States".
"La présence de Frank McKenna au sein d'une société américaine
d'investissement dirigée par de puissants membres du Parti républicain, qui
ont occupé des postes de haut pouvoir à la Maison-Blanche, au Pentagone et à
la CIA, devrait préoccuper les Canadiens", a déclaré Steven Staples, de
l'Institut Polaris et auteur du rapport.
Le groupe Carlyle gère un actif qui représente des investissements de
plus de 18,9 milliards de dollars. Ces investissements proviennent notamment
de sociétés des secteurs de l'aérospatiale, des télécommunications, de la
défense et de la sécurité intérieure. Nombre de ces entreprises ont grandement
bénéficié de la hausse spectaculaire des dépenses militaires américaines
survenue après les événements du 11 septembre 2001.
"Beaucoup de questions demeurent sans réponses en ce qui concerne les
opinions de Frank McKenna sur les relations entre le Canada et les Etats-
Unis", a déclaré Tony Clarke, directeur de l'Institut Polaris. "Le premier
ministre devrait donner l'occasion à un comité parlementaire de reconsidérer
cette nomination et de poser des questions à M. McKenna ainsi qu'à d'autres
personnes, si nécessaire, avant de confirmer de manière définitive M. McKenna
dans ses nouvelles fonctions."


Sources : 
Lien vers http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/January2005/11/c1800.html>

17 décembre 2004

L'ancienne filiale de Vivendi a été l'objet de curieuses tractations. La justice a ouvert une enquête

Manoeuvres en eaux troubles autour de Veolia

En fin de semaine dernière, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur des manoeuvres qui auraient eu lieu ces derniers mois autour de Veolia Environnement. Ces investigations confiées à la brigade financière font suite à la plainte déposée par cette ancienne filiale de Vivendi.

Jeudi 9 décembre. De façon surprenante, Vivendi Universal (VU) cède 15es 20,4'actions qu'elle détient dans Veolia Environnement (VE) pour une somme estimée à 1,5 milliard d'euros (voir Le Figaro Economie du 10 décembre). Le «coup» est doublement inattendu. Non seulement la cession était fixée depuis longtemps au 26 décembre, mais surtout Jean-René Fourtou, PDG de VU, déclarait quelques jours plus tôt à la presse : «Je ne suis pas pressé de vendre et je n'ai pas besoin d'argent tout de suite.»

Pourquoi cette soudaine accélération ? L'entourage de Jean-René Fourtou explique cette décision comme «le simple résultat d'une analyse financière» et souligne que le montage «était préparé depuis deux semaines en collaboration étroite avec Henri Proglio (PDG de Veolia)». La réalité est moins simple. Un mystérieux homme d'affaires du nom d'Ayachi Ajroudi n'est probablement pas étranger à l'opération du 9 décembre.

Le premier épisode se déroule à la fin du mois de mai dernier. En marge d'un colloque à l'Institut du monde arabe, Emmanuel Petit, directeur délégué de Veolia pour le Moyen-Orient, interpelle Alain Marsaud. Ancien magistrat, directeur de l'analyse et de la prospective chez Vivendi à l'époque de Jean-Marie Messier, écarté par Jean-René Fourtou, Marsaud, outre sa fonction de député UMP, reste un homme d'influence. Ce jour-là,Emmanuel Petit s'adresse d'ailleurs à l'élu parce que ce dernier préside le groupe d'amitiés parlementaires France-Emirats arabes unis et qu'il est administrateur de la Sidem, filiale de Veolia spécialisée dans le dessalement d'eau de mer, très présente dans le Golfe. Il cherche à le convaincre d'arranger un rendez-vous entre Henri Proglio et le prince saoudien al-Walid en vue de créer une société de production d'eau composée à 51e capitaux français et à 49e capitaux arabes. Pour le convaincre de la solidité du projet, Petit propose à Marsaud de rencontrer un certain Ayachi Ajroudi. Ce Franco-Tunisien est présenté comme un mandataire du prince, mais aussi comme le gestionnaire de diverses fortunes royales de la région où il représenterait également le fonds de pension américain Carlyle.


Quelques jours plus tard, le 24 mai, les trois hommes se retrouvent à déjeuner à l'Assemblée nationale afin d'évoquer la création de la fameuse société – baptisée Veolia Middle West –, mais surtout d'évoquer le rendez-vous Proglio - al-Walid. Alain Marsaud, qui n'est pas proche du patron de Veolia, craint de ne pouvoir intercéder. A cette fin, il présente Alexandre Djouri à ses deux convives. Homme d'affaires franco-algérien riche, influent et discret, très bien implanté en Afrique, ce dernier fréquente Henri Proglio depuis le milieu des années 80. Les deux hommes entretiennent des relations de confiance.

Tous conviennent de se retrouver début juin à l'hôtel George-V à Paris, propriété du prince al-Walid, pour la rencontre avec Henri Proglio. Le jour venu, le patron de Veolia est présent au rendez-vous. Mais le prince n'y est pas, empêché, d'après Ajroudi, par une «crise de tics». Si les différents participants livrent des versions aussi différentes que savoureuses des discussions qui auraient suivi, il semble en réalité que la rencontre ait rapidement tourné court. Le projet semblait alors condamné.


Le deuxième épisode se déroule au cours de l'été. Il commence par une rumeur selon laquelle Ajroudi voudrait acquérir les 20ue Vivendi détient dans Veolia. L'affaire devient plus sérieuse lorsque celui-ci brandit une lettre du directeur financier de VU qui atteste d'une discussion avec Ayachi Ajroudi au sujet des 20Proglio soupçonne une opération destinée à le déstabiliser. Alors qu'Ayachi Ajroudi se prévaut de l'appui des plus hautes autorités de l'Etat, l'entourage du patron de Veolia n'écarte pas non plus une manoeuvre politique. Six mois plus tard, il semble cependant qu'Ajroudi ne disposait en fait d'aucun appui politique sérieux.

Chez Veolia, l'été est agité. Un courriel est diffusé aux cadres du groupe leur interdisant tout contact avec Ajroudi. Emmanuel Petit, qui a pris fait et cause pour l'homme d'affaires, est licencié. Mais on n'est pas encore au bout de la confusion. Au mois de juillet, Ajroudi réclame 96 000 euros à Veolia en remboursement des frais engagés pour créer la filiale Middle West. Les services de Proglio lui opposent une fin de non-recevoir : ils considèrent cette démarche comme une tentative d'escroquerie.


Pourtant, la somme sera versée malgré tout par un ordre de virement faxé à un responsable financier, un samedi matin, de la poste de la rue du Louvre à Paris... Pour avoir donné les consignes du paiement, un autre cadre sera licencié. Enfin, le climat va encore s'alourdir quand des accusations de menaces de mort seront lancées, notamment par Emmanuel Petit dont la maison aurait été souillée par des graffitis inquiétants.

La justice est désormais saisie de ces différents faits. Emmanuel Petit a également déposé plainte à Paris pour de supposées commissions occultes, choisissant au passage d'écrire au juge Philippe Courroye... Veolia, de son côté, a engagé des poursuites pour le paiement de 96 000 euros qu'elle considère indu.


Le troisième épisode a lieu le 6 octobre au soir, dans la suite 625 du George-V, où est installé Ayachi Ajroudi. Dans sa chambre d'hôtel, il a réuni Emmanuel Petit, un professeur de droit dont le fils conseille un haut dirigeant français et un avocat. Celui-ci s'éclipse discrètement quand Alexandre Djouri apparaît suivi de Laurent Obadia, un proche de Marsaud. Le ton monte et Obadia doit séparer Djouri et Ajroudi qui sont prêts à en venir aux mains. «Quel but poursuis-tu ?, demande le premier. Pour qui tu travailles ? – Calme-toi ! Le juge Courroye nous dira la vérité», répond le second.


La prise de bec n'aurait pas quitté le huis clos du palace si Ayachi Ajroudi n'avait alerté la police. Alexandre Djouri est alors placé en garde à vue, rejoint plus tard et à sa propre initiative par Laurent Obadia. Rien de concret ne sortira des interrogatoires et confrontations. Les policiers constateront le lendemain, malgré un certificat médical, qu'Ayachi Ajroudi ne porte aucune trace apparente de coups. Bien que cette altercation n'ait pas de suite judiciaire, elle a donné une publicité supplémentaire à l'affaire. Alain Marsaud, dont le rôle semble limité aux présentations initiales, doit néanmoins faire face à diverses accusations lancées par Ajroudi et Petit. Il a décidé lui aussi de saisir la justice.


Beaucoup mettent ces tumultueux épisodes sur le compte de l'inimitié entre Fourtou et Proglio. Mais des questions demeurent. Qui est Ayachi Ajroudi et pourquoi s'est-il retrouvé au coeur de l'affaire ? Cet été, il a bel et bien rencontré Jean-René Fourtou. A deux reprises, selon un conseiller du PDG de VU. Ajroudi se serait véritablement porté acquéreur des 20e Veolia qui, selon le même conseiller, lui avaient valu de détenir une «lettre type» de la direction financière expliquant que sa proposition serait prise en compte s'il avait une «garantie bancaire de premier rang». «Une garantie qu'il n'a jamais fournie», précise la même source.

D'après ce proche de Fourtou, Ajroudi aurait été utilisé comme un «aiguillon pour faire de la surenchère», jurant qu'à aucun moment le PDG de Vivendi n'a envisagé de céder à des «capitaux étrangers» cette héritière de la Compagnie générale des eaux.

Ayachi Ajroudi, lui, semble avoir collaboré avec diverses sociétés dans le golfe Persique. Mais ses relations et son influence dans les milieux économiques comme dans certains cercles politiques arabes semblent incertaines.

Dans ce contexte et malgré l'opération du 9 décembre, différentes sources affirment que les luttes d'influence continuent autour de Veolia. Un proche de Jean-René Fourtou expliquait d'ailleurs il y a quelques jours, sibyllin : «Ou cette histoire est une affaire de Pieds Nickelés ou il s'agit d'une affaire d'Etat mêlant politiques et services secrets.» Un imbroglio que la brigade financière va désormais tenter de démêler.

Sources : Lien vers http://www.lefigaro.fr/france/20041217.FIG0262.html>
9 décembre 2004

Le PDG et la directrice générale du cartonnier Otor mis en examen
Le président et la directrice générale du groupe cartonnier français Otor ont été mis en examen jeudi à Paris dans le cadre d'une enquête sur des malversations financières présumées au sein du groupe, a-t-on appris de source proche du dossier.

Jean-Yves Bacques et Michèle Bouvier sont poursuivis pour "abus de biens sociaux et usage de faux" par les juges d'instruction Jacques Gazeaux et Evelyne Picard, a-t-on précisé de source proche du dossier.

Ils sont tous deux ressortis libres du pôle financier du Palais de justice de Paris, sous contrôle judiciaire et avec l'obligation de payer une caution de 300.000 euros chacun.

Il leur est reproché le paiement de diverses factures à un des commissaires aux comptes de la société entre 2002 et 2003, factures qui ne seraient pas en lien direct avec le seul travail de contrôle de ce commissaire.

D'autres factures imputées sur les comptes sociaux d'Otor (émises notamment par une société de veille média et un cabinet d'audit) ont aussi été retenues par les juges comme charges, en ce qu'elles auraient dû être prises en charge par les dirigeants eux mêmes et non par leur société, car elles concernaient leur défense personnelle contre Carlyle Group, a-t-on ajouté de source proche du dossier.

"Cette mise en examen apparaît infondée de a à z. Elle nous donnera l'occasion de fournir toutes les explications qui permettront de réduire à néant ces charges et de mieux comprendre la raison obscure de l'origine de cette procédure", a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Bacques, Me Hervé Témime.

Les mises en examen des dirigeants d'Otor, qui sont également les principaux actionnaires du groupe, sont un nouvel épisode de la farouche bataille qui les oppose depuis 2001 au fonds d'investissement américain Carlyle Group pour le contrôle de la société spécialisée dans l'emballage.

Carlyle, qui était entré en 2000 dans le capital du groupe à hauteur de 20nviron, souhaite appliquer une clause lui permettant de devenir majoritaire en cas de non respect par Otor de certains seuils de rentabilité.

Otor accuse pour sa part Carlyle de vouloir "faire main basse sur le groupe pour mieux le dépecer afin de réaliser une plus-value gigantesque", selon un communiqué publié mercredi.

© 2004 AFP

sources : Lien vers http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=74612>

hibou ecrit Bush/enfant

Bush/complexe militaro-industriel - Politique environnementale

  http://www.lagauche.com/lagauche/spip.php?article746


1 - Les liens unissants l’administration Bush et le lobby pétrolier
La Fortune de George W. Bush
Le lien très fort unissant fortune et pouvoir politique n’est point à démontrer, cela fait partie intégrante de la culture populaire, en particulier dans « The land of the Free ». L’actuel président américain, George W. Bush ne fait pas exception à cette règle et serait par ailleurs le président le plus fortuné depuis Lyndon B. Johnson (1963-1969). Sa grande richesse est notamment dû aux liens particuliers qu’il a entretenu avec de riches industriels pétroliers américains dans une multitude d’aventures où son nom de famille et les liens familiaux qui l’unissaient à la Maison Blanche ont très largement contribué à ne pas le faire sombrer dans de nombreux fiascos financiers. Les principales joutes financières de « W » comprennent des liens avec la Harken Energy Corporation à travers sa compagnie Arbusto Energy (qui sera plus tard connu sous le nom de Bush Exploration Oil co. lorsque son père deviendra vice-président des Etats-Unis) et des investissements douteux dans la franchise du base-ball majeur des Texas Rangers.

En 1978, Bush fils incorpore sa compagnie de forage pétrolier Arbusto Energy, mais ce n’est qu’en 1979 que les opérations commencent réellement. Toujours en demande d’argent frais, Arbusto reçoit de larges contributions de nombreux investisseurs dont James Bath, un bailleur de fonds pour de riches cheikhs d’Arabie Saoudite. En 1982, la compagnie est au bord de la ruine et décide de changer de nom pour la Bush Exploration Oil co. En 1986, la Harken achète la compagnie de Bush tout en lui donnant 600 000 $ d’actions et un salaire annuel de 120 000 $(1). Dans les faits, Bush ne participe pas réellement à l’administration de Harken, on ne fait qu’y utiliser son nom de fils de George Bush père, comme le dira plus tard Paul Rea, haut dirigeant d’une compagnie acquise par Harken : « les administrateurs de Harken croyaient qu’avoir le nom de Bush serait d’une aide précieuse »(2). Ces administrateurs semblent avoir vu juste, car en 1990, alors que George Bush père est président des Etats-Unis, la multinationale pétrolière Amoco est en négociation pour un juteux contrat de forage avec les Émirats du Bahreïn, mais ces négociations seront abruptement interrompues. En effet, les Émirs furent mis en contact avec Harken (qui obtint finalement le lucratif contrat) par un dénommé Michael Ameen, ancien membre de l’exécutif de Mobil Oil Co. et consultant à la Maison Blanche sous Bush père. Pourtant, Harken n’avait aucune expérience en terme de forages à l’étranger. Le nom de Bush y est-il pour quelque chose ?
Après l’obtention par le patronage de ce contrat, une bouffée d’air frais intervient pour Harken alors que son action grimpe de 4,50$ à 5,50$. Six mois plus tard, Bush fils vend les deux tiers de ses actions pour faire un profit de 848 560$. Quelques semaines plus tard, la guerre du Golfe est déclarée et comme les investisseurs s’y attendaient, cela a eu pour effet de faire chuter de façon vertigineuse les actions de toute entreprise pétrolière (24% pour Harken) faisant affaire dans le Golfe Persique. Il est difficile d’imaginer que la vente de feu des actions de Bush n’ait pas été motivée par des informations privilégiées quant à la guerre émanant directement du président. Il est vrai que pour les Bush, la formule guerre = profit s’est souvent avérée plus que lucrative. Suite à l’obtention de ce contrat et le dumping d’actions de Bush fils, laSecurities and Exchange Commission(3) ordonne l’ouverture d’une enquête qui n’aboutira jamais et sombrera dans l’oubli. Il est vrai qu’un des responsables de cette enquête était un avocat Texan ayant contribué à l’achat de la franchise des Texas Rangers par Bush fils en 1989(4)
Toutes ces allégations de patronage et de corporatisme pesant sur George W. Bush prouvent les liens indissociables qui l’unissent à l’industrie pétrolière américaine. Autre fait à noter, sous son règne en tant que gouverneur du Texas (1994-2001), Bush fils a sans cesse récompensé ses alliés ayant contribué à l’enrichir, notamment par la privatisation d’une partie importante de la plus importante université de l’état où les deniers publics rimaient avec les profits privés. Par ailleurs, en 1997, les écologistes texans firent pression sur le gouverneur Bush afin qu’il modifie une loi datant de 1971 permettant aux usines productrices d’énergie par voie thermique (responsables de 30% de la pollution de l’état(5)) de ne pas moderniser leurs installations afin qu’elles soient plus
« vertes ». La solution proposée par Bush fils ? Un plan rédigé par V.G. Baghini de la Marathon Oil Company et Ansel Condray de Exxon USA qui obtint force de loi en 1999. Cette loi, entièrement basée sur le volontariat des compagnies polluantes concernées, eu pour effet que « à la fin de l’année, seulement trois compagnies avaient réduit leurs émissions et ce, de seulement un sixième de ce qu’elles avaient promis »(6). Ce métissage entre « W » et Exxon (qui deviendra plus tard ExxonMobil suite à une fusion avec Mobil) ne s’arrêtera toutefois pas là. En effet, lors des présidentielles de 2001 où il devint président, Bush reçut plus de 1 millions de dollars en financement de ExxonMobil. Ce parti pris de ExxonMobil pour le camp républicain semble évident alors que 89% de ses contributions lui ont été allouées(7).
Le pouvoir des lobbies énergétiques au sein de l’administration Bush
Si tous ces faits expliquent cette cohésion entre l’industrie du pétrole et George W. Bush, qu’en est-il à présent du pouvoir que ces lobbies pétroliers exercent sur la présente administration américaine ? Bien entendu, plusieurs membres influents de l’administration Bush sont issus de la puissante industrie pétrolière américaine, ce qui explique probablement le fait qu’elle soit si réceptive aux messages des lobbies énergétiques.
Voyons tout d’abord quelques-unes des figures les plus connues de cette administration bénéficiants de liens étroits avec l’industrie pétrolière.
Richard Cheney (vice-président)
Après la fin du mandat de George Bush père où il siégea en tant que secrétaire à la défense, Cheney retourne au pouvoir privé avec un poste de président de la compagnie Halliburton, spécialisée dans les produits et services pour champs pétrolifères. Cette corporation est présentement la principale impliquée dans la « reconstruction » de l’Irak. Il a aussi siégé en tant que directeur de l’API (American Petroleum Institute), membre du GCC (Global Climate Coalition), deux organismes regroupants des membres influents du milieu pétrolier visant entre autres à discréditer les études scientifiques prouvant que les combustibles fossiles sont responsables du réchauffement global.
Larry Lindsey (conseiller économique du président)
Dans The Observer du 3 novembre 2002, il est cité avoir dit : « Lorsqu’il y aura un changement de régime en Irak, on pourra ajouter de 3 à 5 millions de barils [de pétrole par jour] à la production pour le marché mondial. Aller de l’avant avec la guerre serait bon pour l’économie ».
Grant Aldonas (sous-secrétaire au commerce)
Sur le site de MSNBC Online, il est cité avoir dit : « La guerre ouvrirait cette serrure sur le pétrole irakien, ce qui aurait certainement un effet profond en terme de performance sur l’économie mondiale, surtout pour les pays producteurs et consommateurs de pétrole ».
Richard Perle (président du bureau de la politique de défense)
Il est un des membres les plus influents du « think thank » American Enterprise Institute, financé par centaines des milliers de dollars par ExxonMobil(8), la plus grosse compagnie pétrolière de la planète. L’AEI a agit en tant que lobby pro-guerre dans la campagne contre l’Irak de Saddam Hussein.
Kathleen Cooper (sous-secrétaire aux affaires économiques dans le département du commerce)
Avant sa nomination par le président George W. Bush, elle fut économiste en chef chez Exxon USA.
Condoleezza Rice (conseillère sur la sécurité nationale)
Elle a siégé sur le conseil d’administration de ChevronTexaco.
Après avoir constaté le nombre inquiétant de membres importants de l’administration Bush ayant des liens avec l’univers du pétrole américain, il est relativement aisé de saisir l’ampleur de l’influence que les lobbies énergétiques peuvent avoir sur celle-ci. Un des exemples les plus révoltants de cette collusion entre intérêts privés et politiques gouvernementales sous le règne de « W » est la façon dont toute la politique énergétique de cette administration a été dictée.
En effet, seulement quelques jours après ses débuts au bureau ovale, George W. Bush annonce une des premières mesures de son gouvernement : l’ancien département de l’énergie est rebaptisé Energy Task Force, un nom digne d’une brigade d’infanterie. Cependant, cette mesure n’implique pas qu’un changement de dénomination. Ce sera donc le vice-président Dick Cheney qui sera chargé de rédiger la politique énergétique de l’administration Bush. À cette fin, absolument aucune audience publique ne sera tenue et Cheney fera appel, bien entendu, à tous ses petits amis du monde pétrolier afin de venir « l’aider » à s’acquitter cette tâche. Si bien que même au Washington Post, journal de droite, cette situation inquiète : « La Energy Task Force, menée par le vice-président Cheney s’est fiée en premier lieu aux conseils de représentants et des lobbyistes des industries du pétrole, du charbon, du nucléaire, du gaz naturel et de l’électricité, tout en recherchant un apport limité d’avis d’experts scientifiques et de groupes de pression environnementalistes. »(9) Avec de telles façons de procéder, les orientations de la nouvelle Energy Task Force sont assez peu surprenantes : « la construction de nouvelles centrales thermiques, de nouveaux droits d’exploration dans des réserves naturelles pour les compagnies pétrolières et un support renouvelé aux industries du charbon et du nucléaire. »(10) Voilà donc un triste exemple de l’influence exercée par l’industrie pétrolière américaine sur la présente administration…
2 - La politique environnementale de l’administration Bush
Le refus de ratifier le protocole de Kyoto
Une des principales raisons ayant menée à la levée de bouclier de la part des milieux écologistes contre le gouvernement Bush est son refus de ratifier le protocole de Kyoto. Cependant, ce refus était largement prévisible ; on n’a qu’à prendre compte des faits énoncés dans la première partie de cette recherche expliquant les liens plus qu’étroits unissants George W. Bush et le lobby pétrolier américain. Par ailleurs, bien que l’ancien Président Bill Clinton ait signé ce protocole, le Congrès ayant siégé lors de son règne n’avait toutefois nullement l’intention de le ratifier. La déception des environnementalistes était donc dans l’ordre des choses.
Toutefois, la venue d’un nouveau président républicain ayant pour réputation d’être très proche des milieux pétroliers avait tout pour réjouir ceux-ci. En effet, dans un élan d’enthousiasme suivant la déclaration de Bush fils en mars 2002 (juste avant la conférence de Johannesbourg) selon laquelle les États-Unis n’avaient aucune intention de ratifier le protocole de Kyoto, l’American Petroluem Institute (API)(11) a écrit une lettre de remerciements à la Maison Blanche. Cette lettre félicite vivement l’administration Bush dans son quasi-boycottage de la conférence de Johannesbourg et vilipende allègrement les groupes écologistes. On y retrouve des passages tels que : « Encore plus que le Sommet de la Terre de Rio en 1992, le Sommet de Johannesbourg donnera pour plusieurs des groupes les plus irresponsables en terme d’économie et d’environnement un accès aux médias mondiaux. Votre présence [en parlant de celle de George W. Bush] ne ferait que contribuer à promouvoir et rendre plus crédible leur propos anti-liberté, anti-peuple, anti-mondialisation et anti-occidentaux. »(12) Évidemment, lors de ce sommet, le Président américain brillait par son absence.
Mais le lobbying ayant mené au refus de ratifier le protocole de Kyoto n’a pas commencé en 2002. Déjà, en 1997, quelques mois avant la Conférence de Kyoto, le lobby pétrolier américain, mené de front par ExxonMobil, montait aux barricades et multipliait les apparitions publiques afin de dénoncer les multiples dangers du protocole. Il faut savoir que l’argumentation des détracteurs de Kyoto repose essentiellement sur deux points : les problèmes économiques que le protocole pourrait engendrer et le manque de participation, jugé injuste, des pays en voie de développement. Ces arguments ont été étayés à de nombreuses reprises dans les mois précédant la Conférence de Kyoto. Un exemple ? En octobre 1997, au World Petroleum Congress à Pékin, le P.D.G. d’ExxonMobil Lee Raymond fait pression sur les gouvernements asiatiques pour qu’ils résistent aux régulations d’émission pour au moins encore vingt ans. On parle ici du même Lee Raymond qui dénonce le fait que les pays en voie de développement ne soient pas au cœur du protocole de Kyoto. Un paradoxe ? En fait, Raymond et tous ses petits copains du monde du pétrole ont élaboré une stratégie de laquelle une seule chose pouvait ressortir : le statut quo.
Toutefois, le lobbying mené par le GCC et ExxonMobil ne s’arrête pas là. Il existe aussi des exemples tout aussi révoltants de la façon dont cette corporation contrôle la Maison Blanche et agit efficacement afin d’empêcher la ratification du protocole de Kyoto. En effet, quelques jours seulement après l’élection de George W. Bush, ExxonMobil lui a faxé une liste de scientifiques jugés trop près des environnementalistes qu’elle voulait voir retirer des congrès internationaux. En tête de liste se retrouvait le Dr Robert Watson, alors président de l’IPCC(13). Résultat ? Ce scientifique respectable perd son poste et ne peut plus prendre activement part au débat sur le réchauffement climatique. Une belle victoire pour ExxonMobil…
Évidemment, les cas ici présentés ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Il en existe une myriade, plus évocateurs les uns que les autres du lobbying de bas étage mené par l’industrie pétrolière américaine afin de mettre des bâtons dans les roues au protocole de Kyoto.
Les coupures au sein de la société américaine
Cependant, le refus de la ratification du protocole de Kyoto n’est pas le seul exemple du mépris qu’éprouve l’administration Bush pour l’environnement. En effet, depuis son ascension à la présidence américaine, George W. Bush a plus que sabré dans les programmes gouvernementaux encadrant la protection de l’environnement. Étant par ailleurs beaucoup plus idéologue et dogmatique que compétent, Bush fils a fait exécuté la majeure partie de son sale boulot par son vice-président Dick Cheney et sa nouvellement formée Energy Task Force. Les coupures sont nombreuses, mais nous en retiendrons que trois en particulier, illustrant par ailleurs très bien le climat général régnant dans cette Energy Task Force.
En premier lieu, conformément aux volontés des bonzes de l’industrie pétrolière américaine ayant contribué à la rédaction de la politique énergétique du gouvernement, l’administration Bush a réduit de 50% l’allocation de fonds servant à la recherche sur les énergies renouvelables. Bien entendu, ce programme ne constituait pas plus une priorité pour la précédente administration et il était donc déjà sous-financé. Il apparaissait en fait beaucoup plus prioritaire a George W. Bush d’augmenter le budget de la défense pour atteindre le cap des 700 milliards par année.
Deuxièmement, la Energy Task Force a recommandé et fait approuvé des réductions de 28% du budget sur la recherche pour des véhicules moins polluants et moins consommateurs d’énergie. Certains sénateurs démocrates, afin de faire contrepoids à ces coupures, ont tenté de faire adopter en chambre des mesures visant à inciter les utilisateurs de voitures à ne pas se procurer de véhicules utilitaires sports (VUS), réputés pour être très énergivores et polluants. Cette motion a été défaite par une majorité de voix au Congrès, dominé par les Républicains. Un des sénateurs républicains, meneur des détracteurs de ces mesures, a d’ailleurs affirmé que l’application de tels incitatifs serait anti-américain. L’American Dream en personne : grosse voiture, grosse consommation d’essence, grosse pollution.
Aussi, dans la foulée des mesures réactionnaires adoptées par laEnergy Task Force, certaines lois ont été abrogées. La première fut la législation voulant empêcher l’État fédéral et les états américains d’accepter tout contrat de sous-traitance allant à l’encontre de la protection de l’environnement. Pour faire rouler l’économie… Une autre loi ayant été reléguée aux oubliettes consistait à interdire le forage pétrolier, minier ou gazier dans les réserves naturelles. Grâce à cette loi, les compagnies faisant fortune dans l’exploitation de combustibles fossiles peuvent dorénavant s’en donner à cœur joie partout sur le territoire américain.
Conclusion
Nous nous interrogions donc à savoir ce que faisait la superpuissance américaine en terme de protection de l’environnement. En fait, non seulement ne fait-elle strictement rien pour le protéger, mais elle encourage l’accélération de sa destruction en accordant presque tous les droits à ses amis du milieu énergétique d’exploiter sans contraintes les ressources naturelles américaines. Et sur le plan international, l’arrogance de ce gouvernement demeurera certes légendaire comme en témoigne son refus de ratifier le protocole de Kyoto et les raisons farfelues qu’il invoque.
Même si le présent essai n’en traitait pas directement, il est important de rappeler l’importance du conflit irakien et sa place dans la politique énergétique américaine. En tentant à tout prix de rendre la planète de plus en plus dépendante à l’égard du pétrole tout en s’assurant le contrôle du deuxième plus grand producteur de cette ressource, l’administration Bush agit conformément à son idéologie et en toute logique avec ses intérêts pécuniaires. L’Amérique se prépare pour le 21ème siècle.
Donc, avec l’avènement de l’administration Bush, nous ne pouvons plus parler de conservateurs au pouvoir aux États-Unis. Il serait beaucoup plus juste de parler de néo-conservateurs. Tout comme le néo-libéralisme, le néo-conservatisme insuffle un souffle de retour aux sources de son idéologie de base. Le patronage et le lobbying industriel sont donc de mise. Le discours idéologique, souvent même religieux de l’administration Bush est fort, et sème la misère partout où il est entendu. Mais qui sème la misère récolte la colère…
Bibliographie
Périodiques

— CONCSON, Joe. « Notes on a native son », Harper’s magazine(Février 2000)

— ALLEN, Mike. « GAO cites corporate shaping of energy plan », The Washington Post (Mardi 26 août 2003), page A01

— BROWN, Paul. « Condemned to beating about the Bush », The Guardian (Samedi 24 août 2002)

— FRANCOEUR, Louis-Gilles. « Bush assouplit davantage les normes environnementales », Le Devoir (Samedi 13 septembre 2003), page B2
Sites Web

— Greenpeace. The Tiger in the Tanks : ExxonMobil, oil dependancy and war in Iraq, (page consultée le 2 octobre 3003), [En ligne], adresse URL : http://www.stopesso.com/pdf/tigerinthetanks.pdf

— Greenpeace. A decade of dirty tricks, (page consultée le 2 octobre 2003), [En ligne], adresse URL : http://www.stopesso.com/pdf/Dirty_Tricks.pdf
1. Concson, Joe. Harper’s Magazine, Notes on a Native Son, Février 2000
2. Ibid.
3. 3 Organisme gouvernemental américain ayant pour but de protéger les investisseurs et de s’assurer de l’intégrité des marchés (http://www.sec.gov)
4. 4 Concson, Joe. Harper’s Magazine, Notes on a Native Son, Février 2000
5. 5 Greenpeace. A decade of dirty tricks, http://www.stopesso.com/pdf/Dirty_Tricks.pdf
6. Ibid.
7. 7 http://www.opensecrets.org
8. http://www.exxonmobil.com/Corporate/files/corporate/public_policy1.pdf
9. ALLEN, Mike. The Washinton Post, GAO cites corporate shaping of energy plan, 26 août 2003, page A01
10. Greenpeace. A decade of dirty tricks, http://www.stopesso.com/pdf/Dirty_Tricks.pdf
11. L’API est un puissant lobby pétrolier où règne le géant ExxonMobil et où a déjà siégé l’actuel vice-président Dick Cheney. Cet organisme est par ailleurs membre du Global Climate Coalition (GCC).
12. BROWN, Paul. « Condemned to beating about the Bush », The Guardian (Samedi 24 août 2002)
13. Greenpeace. A decade of dirty tricks, (page consultée le 2 octobre 2003), [En ligne], adresse URL : http://www.stopesso.com/pdf/Dirty_Tricks.pdf

1 commentaire:

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