USA : une diplomatie sans compromis
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- Personne n’est encore parvenu à s’entendre sur la transition pacifique du pouvoir si les Etats-Unis étaient partie prenante.
« L’Amérique possède l’armée la plus puissante du monde, mais nous ne cherchons pas des conflits, nous nous attachons à maintenir la paix », a déclaré le président des Etats-Unis Barack Obama intervenant le 27 avril à l’Université de Malaya.
Pourquoi ces aspirations ne se sont-elles pas matérialisées en Afghanistan, en Irak ou en Libye ? Là aussi les talibans, aussi bien que Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi faisaient feu de tout bois pour éviter la guerre.
Le 14 octobre 2001 le quotidien Guardian a écrit que les talibans avaient proposé d’extrader Oussama ben Laden vers un pays neutre si les Etats-Unis arrêtaient les bombardements de l’Afghanistan ou leur fournissaient des preuves de son implication dans les attentatsterroristes du 11 septembre. Quand ces conditions n’avaient pas été acceptées, un ministre taliban s’est rendu secrètement à Islamabad pour faire une proposition encore plus séduisante : il ne faut pas de preuves, arrêtez les bombardements et nous livrerons le chef d’Al-Qaïda dans n’importe quel pays à l’exception des Etats-Unis. Le quotidien a reçu cette information de la part d’une source proche du commandement militaire du Pakistan.
Toujours selon le Guardian, George Bush a alors déclaré que les bombardements ne seraient pas arrêtés même si les talibans « extradaient ben Laden, ses partisans et tous les otages… Inutile de discuter de la culpabilité ou de l’innocence. Nous savons qu’il est coupable ». Le 7 novembre 2003 le même Guardian a écrit que l’administration Bush avait rejeté toute une série de propositions de paix faites à Washington par Saddam Hussein et son entourage.
Les propositions ont été faites par l’intermédiaire du service de renseignement syrien et des diplomates russes, allemands et français. Tout juste avant la guerre les mêmes propositions ont été faites par le biais de responsables de la CIA à la retraite. Un homme d’affaires libanais a même rencontré le politique républicain connu Richard Perle à Londres. Dans une interview accordée au New York TimesRichard Perle a alors déclaré que la CIA lui avait recommandé d’interrompre des contacts avec les Irakiens. On a appris plus tard que les recommandations de la CIA coïncidaient avec les convictions personnelles du politique : M. Perle ne cessait de déclarer que les Etats-Unis avaient eu raison de commencer la guerre et que les armes d’extermination massive seraient trouvées en Irak tôt ou tard.
Le renseignement irakien a proposé à l’époque une chose incroyable : autoriser tacitement aux militaires américains l’entrée du pays pour effectuer les recherches de l’arme d’extermination massive. Bagdad a également proposé d’organiser dans l’espace de deux ans les élections démocratiques avec la participation des observateurs internationaux.
Qu’a-t-il reçu en réponse ? En septembre 2007 El Pais espagnol a publié des extraits du sténogramme des négociations entre George Bush et le premier ministre espagnol de l’époque José Maria Aznar qui avaient eu lieu en février 2003 dans le ranch texan de Bush. Conformément à ce sténogramme, ce dernier a déclaré à Aznar qu’indépendamment de savoir si Saddam restait en Irak ou non « nous serons à Bagdad à la fin de mars ». A l’époque la Maison Blanche a refusé de commenter l’authenticité du document. Il est vrai qu’une participante américaine à ces négociations a démenti en avril dernier un détail suspect, à savoir la volonté de Saddam Hussein de partir de l’Irak en échange d’un milliard de dollars. Elle a déclaré que Saddam Hussein n’a demandé que l’autorisation de bénéficier à vie de la garde en exil.
Les Etats-Unis ont-t-ils renoncé à leur intransigeance dans les négociations après l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration ? Le 22 avril dernier le Mail britannique a évoqué le rapport présenté récemment par la commission d’enquête sur l’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi. Un membre de cette commission composée de généraux retraités, d’employés de la CIA et d’analystes réputés, le contre-amiral à la retraite Chuck Kubic a communiqué aux journalistes : « Peu après le début de l’insurrection de 2011 Kadhafi a en effet proposé de renoncer au pouvoir. Mais les Etats-Unis ont fait fi de ses appels à la paix ». Selon Kubic, la Maison Blanche a interdit au Pentagone de mener des négociations « sérieuses » sur le transfert pacifique du pouvoir. Kadhafi ne posait que deux conditions de son départ : la poursuite de la lutte contre Al-Qaïda dans le Maghreb islamique (AQMI) et la levée des sanctions contre lui, sa famille et ses partisans.
Ce ne sont point les figures les plus positives de l’histoire moderne. Cependant il y avait quand même une chance d’éviter les guerres et plusieurs milliers de victimes, y compris entre les Américains et les Européens. Cette chance, existe-t-elle encore face aux méthodes aussi peu ordinaires des dirigeants américains de mettre en pratique leur volonté de maintenir la paix ?
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