mercredi 2 avril 2014

Saga Bush - Chapitre 01/ Née dans 1 banque


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Saga Bush - Chapitre 01/ Née dans 1 banque

 Chapitre I - La dynastie des Bush : Née dans une banque

Qui est George Bush ? Comment est-il devenu le 41e président des Etats-Unis ?
On dit de lui qu'il est un homme de l'« ancien establishment » qu'il « a choisi de chercher sa fortune comme entrepreneur indépendant du pétrole (.) ».(N.1) En fait, Bush n'a jamais été « indépendant ». Chaque étape de sa carrière et de son ascension s'est appuyée sur les puissantes relations de sa famille. Les membres de la famille Bush ont rallié l'establishment de l'Est assez récemment, et uniquement dans des positions de serviteurs. Leur fortune et leur influence résultèrent de leur loyauté à une autre famille, plus puissante encore, et à leur volonté de faire n'importe quoi pour aller de l' avant. Pour ce qu'ils ont fait, les ancêtres de Bush auraient dû devenir très fameux, ou infâmes. Ils demeurèrent des personnages obscurs, des directeurs de coulisses. Mais leurs actions - y compris le rôle du père en tant que banquier d'Adolf Hitler - eurent des effets tragique pour la planète tout entière. Ce furent ces services rendus aux bienfaiteurs de sa familles qui propulsèrent George Bush vers les sommets.
Prescott s'en va-t-en guerre.
Le président George Herbert Walker Bush est né en 1924, fils de Prescott S. Bush et de Dorothy Walker Bush. Nous aborderons l'histoire de George Bush environ une décennie avant sa naissance, à la veille de la Première Guerre mondiale. Nous suivrons la carrière de son père, Prescott Bush, au travers de son mariage avec Dorothy Walker, sur la route de la fortune, de l' élégance et du pouvoir.
Prescott Bush entra à l'Université de Yale en 1913. Né à Columbus, Ohio, Prescott avait passé ses cinq années d'avant le collège à l'école préparatoire épiscopale de St. George, à Newport, Rhode Island. La première année de collège de Prescott Bush, 1913, fut également la première année à Yale de E. Roland (« Bunny ») Harriman, dont le frère aîné (Wm.) Averell Harriman venait de terminer ses études à Yale. Il s'agit bien du fameux Averell Harriman qui allait connaître la renommée en tant qu' ambassadeur des Etats-Unis en Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, en tant que gouverneur de l' Etat de New York et en tant que conseiller présidentiel en grande partie responsable du déclenchement de la guerre du Viêt-nam. Les Harriman allaient devenir les protecteurs des Bush, pour les soulever à hauteur de la scène de l'histoire du monde. Au cours du printemps 1916, Prescott Bush et « Bunny » Harriman furent admis dans une société secrète d'élite groupant des étudiants de dernière année de Yale et connue sous le nom de  Skull and Bones (Crânes et Tibias). Ce groupe particulièrement morbide, adorateur de la mort, aidait les financiers de Wall Street à dénicher des jeunes hommes actifs, de « bonne famille » pour constituer une espèce d'imitation de l'aristocratie britannique en Amérique. La Première Guerre mondiale faisait alors rage en Europe. Dans la perspective que les Etats-Unis allaient bientôt entrer en guerre à leur tour, deux « patriarches » de la Skull and Bones, Averell Harriman (de la classe 1913) et Percy A. Rockefeller (de la classe 1900), s'intéressèrent particulièrement à la classe de Prescott, celle de 1917. Ils désiraient des cadres fiables pour les aider à jouer le Grand Jeu, dans la nouvelle ère impériale lucrative que la guerre ouvrait pour les magnats financiers de Londres et de New York. Prescott Bush, à l'époque proche ami de « Bunny » Harriman, et plusieurs autres Bonesiens de leur classe de 1917, allaient plus tard faire partie des partenaires de base de la Brown Brothers, Harriman, la plus importante banque privée d'investissement du monde. La Première Guerre mondiale rapporta un incalculable paquet d'argent au clan des spéculateurs boursiers et des banquiers britanniques qui venaient de reprendre l'industrie américaine. Les Harriman devinrent les stars de cette nouvelle élite anglo-américaine. Le père d'Averell, l'agent de change E. H. Harriman, avait acquis le contrôle de l'Union Pacific Railroad en 1898 avec des crédits arrangés par William Rockefeller, le père de Percy, et par les banquiers privés affiliés en Grande-Bretagne à la Kuhn Loeb & Co.'s, Otto Kahn, Jacob Schiff et Felix Warburg.
William Rockefeller, trésorier de la Standard Oil et frère du fondateur de la Standard, John D. Rockefeller, possédait la National City Bank (plus tard « Citibank ») en compagnie de James Stillman, basé au Texas. En retour de leur soutien, E. H. Harriman déposait à la City Bank les grosses recettes de ses lignes de chemin de fer. Quand il sortit pour des dizaines de millions de dollars d'actions « diluées » (frauduleuses) du chemin de fer, Harriman vendit la plupart des parts via la compagnie Kuhn Loeb. La Première Guerre mondiale éleva Prescott Bush et son père, Samuel P. Bush, aux rangs inférieurs de l'establishment de l'Est. Comme la guerre menaçait en 1914, la National City Bank commença à réorganiser l'industrie américaine de l'armement. Percy A. Rockefeller prit le contrôle direct de la firme d'armement Remington, désignant un homme à lui, Samuel F. Pryor, comme nouveau PDG de la Remington. Les Etats-Unis entrèrent dans le Première Guerre mondiale en 1917. Au cours
du printemps 1918, le père de Prescott, Samuel P. Bush, devint chef de la Section Matériel, Armes légères et Munitions du Conseil des Industries de Guerre. (n.2) Le père Bush assuma la responsabilité nationale de l'aide gouvernementale à la Remington et aux autres compagnies d'armes, ainsi que la reponsabilité des relations gouvernementales avec ces mêmes firmes. Il s'agissait d'une désignation inhabituelle, puisque le père de Prescott semblait n'avoir jamais eu le moindre rapport antérieur avec les munitions. Samuel Bush avait été président de la Buckeye Steel Castings Co. à Columbus, Ohio, des fabricants de pièces pour wagons et voitures de chemin de fer. Toute sa carrière s'était déroulée dans le monde du rail - il fournissait de l'équipement aux systèmes ferroviaires possédés par Wall Street. Le Conseil des Industries de Guerre était dirigé par Bernard Baruch, un spéculateur de Wall Street très lié, tant sur le plan privé que sur celui des affaires, avec le vieil E. H  Harriman. La firme de courtage de Baruch s' était chargée de traiter toutes les formes de spéculation de Harriman.(n.3). En 1918, Samuel Bush devenait le directeur de la Division des Installations du Conseil des Industries  de Guerre. Le père de Prescott adressait ses rapports au président du Conseil, Bernard Baruch, et à l'assistant de Baruch, un banquier privé de Wall Street, Clarence Dillon. Robert S. Lovett, président de l'Union Pacific Railroad, principal conseiller de E.H. Harriman et son exécuteur testamentaire, était chargé de la production nationale et de l'acquisition des « priorités » pour le Conseil de Baruch. Avec la mobilisation en vue de la guerre, sous le contrôle du Conseil des Industries de Guerre, les consommateurs et contribuables américains submergèrent des fortunes sans précédent les producteurs de guerre et certains détenteurs de matières premières et de brevets. Des auditions, en 1934, réalisées par la commission du sénateur américain Gerald Nye, attaquèrent les « marchands de mort » - des profiteurs de guerre comme la Remington Arms et la firme britannique Vickers - dont les représentants avaient manipulé de nombreuses nations pour qu'elles entrent en guerre et qui, ensuite, avaient fourni des armes à tous les belligérants sans distinction. Percy Rockefeller et la Remington Arms de Samuel Pryor fournirent des mitrailleuses et des pistolets automatiques Colt, des millions de fusils à la Russie tsariste et plus de la moitié des munitions des armes légères utilisées par les alliés anglo-américains au cours de la Première Guerre mondiale, ainsi que 69% des fusils utilisés par les Etat-Unis au cours de ce conflit.(N.4). Les relations de temps de guerre de Samuel Bush avec ces hommes d'affaires allaient se poursuivre après la guerre et allaient particulièrement aider la carrière de son fils Prescott au service des Harriman. La plupart des archives et de la correspondance de la section gouvernementale ayant trait aux armes de Samuel Bush et figurant aux Archives nationales ont été brûlées, pour « gagner de la place ». Ce problème de destruction ou de mauvais rangement d'archives devrait inquiéter davantage les citoyens d'une république constitutionnelle. Malheureusement, il y a constamment des entraves en ce qui concerne la recherche du passé de George Bush : il est certainement le chef de l'exécutif américain le plus occulté » qui soit. Maintenant, la production d'armes en temps de guerre s'accompagne
nécessairement de précautions énormes en matière de sécurité. Le public n'a pas besoin de connaître les détails des vies privées des agents gouvernementaux ou des patrons d' industries impliqués, et de larges interrelations entre le gouvernement et le personnel du secteur privé sont normales et utiles. Mais, au cours de la période qui précéda la Première Guerre mondiale, ainsi que dans les années 1914-1917, lorsque les Etats-Unis étaient toujours neutres, des financiers interconnectés de Wall Street, subordonnés à la stratégie britannique, firent de lourdes pressions et altérèrent les fonctions du gouvernement américain ainsi que celles de la police intérieure. Dirigés par le groupe de J.P. Morgan, l' agent britannique des achats en tous genres en Amérique, ces financiers voulaient une guerre mondiale et ils voulaient que les Etats-Unis y participent en tant qu'alliés de la Grande - Bretagne. Les sociétés d'armement américaines et britanniques, aux mains de ces financiers internationaux, livrèrent des armes à l'étranger en établissant des transactions qui échappaient à la vigilance de l' électorat américain ou anglais. Plus tard, comme nous le verrons, ces mêmes messieurs allaient également fournir des armes et de l'argent aux nazis de Hitler. Si ce problème persiste aujourd'hui, c'est dû, à certains égards, au contrôle » exercé sur la documentation et l'histoire par les trafiquants d' armes. La Première Guerre mondiale fut un désastre pour le monde civilisé. Elle fit un nombre terrible et sans précédent de victimes et des effets bouleversants sur la philosophie morale des Européens et des Américains. Par contre, pendant une brève période, cette guerre fut plutôt bénéfique pour Prescott Bush. En juin 1918, au moment précis où son père reprenait les responsabilités des relations entre le gouvernement et les producteurs d'armes privés, Prescott se rendit en Europe avec l'armée américaine. Son unité n'approcha pas de la ligne de feu avant septembre 1918 mais, le 8 août 1918, le titre suivant parut en première page du journal local de la ville des Bush : Hautes distinctions militaires décernées au capitaine Bush. Pour acte de bravoure notoire, alors que les principaux commandants alliés étaient en danger, un homme de chez nous reçoit des croix française, anglaise et américaine. Les honneurs internationaux, une distinction peut-être sans précédent dans la vie d'un soldat américain, ont été conférés au capitaine Prescott Sheldon Bush, fils de Monsieur et Madame S.P. Bush, de Columbus. Au jeune Bush (.) ont été décernées : la Croix de la Légion d'Honneur, (.), la Victoria Cross, (.) la Distinguished Service Cross (DSC) (.). La remise de ces trois décorations à un seul homme en même temps implique la reconnaissance d'un acte d'une rare valeur et probablement aussi d'une grande importance militaire. Des messages qui sont parvenus à Columbus ces derniers jours, il semble bien que l'exploit du capitaine Bush satisfasse bien à ces conditions. L'incident s'est déroulé sur le front occidental, plus ou moins au moment où les Allemands lançaient leur grande offensive du 15 juillet. (.) L'histoire de la victoire remarquable enregistrée plus tard par les alliés pourrait avoir été écrite dans une tout autre veine s'il n'y avait eu l'action héroïque et rapide du capitaine Bush. Les (.) trois dirigeants alliés, le général [Ferdinand] Foch, Sir Douglas  Haig et le général [John J.] Pershing (...) procédaient à une inspections des positions américaines. Le général Pershing avait fait venir le capitaine Bush pour les guider dans un secteur. (.) Soudain, le capitaine Bush avait vu un obus venant directement sur eux. Il cria un avertissement, sortit brusquement son couteauwere making an inspection of American positions. Gen. Pershing had sent for Captain Bush to guide them about one sector.... Suddenly Captain Bush noticed a shell coming directly for them. He shouted, le brandit comme il l'aurait fait avec une batte de baseball et para le coup, obligeantg l'obus à dévier vers la droite. (.). Dans les 24 heures, le jeune Bush fut prévenu (.) [que] les trois commandants alliés l'avaient recommandé pour les honneurs les plus élevés en leur pouvoir. (.) Le capitaine Bush a 23 ans, il est diplômé de Yale, classe de 1917. Il était l'un des athlètes les plus réputés de Yale (.) dirigeait une chorale (.) et, dans sa dernière année, fut élu dans la célèbre Skull and Bones Society....(n.5). Le lendemain de la publication de cette étonnante histoire, il y eut un large dessin à la page de l'édito, montrant Prescott Bush en petit garçon, lisant un livre d'histoires sur l'héroïsme militaire et disant : « Ca alors ! Je me demande si un truc de ce genre pourrait vraiment arriver à un garçon. » Le texte d' accompagnement était un compte rendu de l'exploit de la déviation de l'obus, rédigé dans le même style que celui de ces livres d' histoires. (n.6)
L'enthousiasme local à propos du « Babe Ruth » de l'armée dura tout juste quatre semaines. Puis, ce sombre petit encadré parut à la une :
Au rédacteur en chef du journal :
« Un télégramme reçu de mon fils, Prescott S. Bush, mentionne qu'il n'a pas été décoré, comme on l'a écrit dans les journaux voici un mois. Il se sent terriblement ennuyé du fait qu'une lettre, écrite en matière de plaisanterie, aurait été mal interprétée. Il déclare qu'il n'est pas un héros et me demande de fournir des explications. J'apprécierai votre gentillesse si vous acceptez de publier la présente lettre. (.).
Flora Sheldon Bush.
Columbus, 5 septembre. » ( n.7)
Prescott Bush prétendit plus tard qu'il avait passé « environ 10 ou 11 semaines » dans la zone des combats, en France. « Nous y étions sous le feu. (.) Ce fut très excitant et, bien sûr, ce fut une expérience merveilleuse. » ( n.8). Prescott Bush fut démobilisé à la mi-1919 et retourna pendant très peu de temps à Columbus, en Ohio. Mais son humiliation dans sa ville natale fut si intense qu'il ne pouvait plus y vivre. Dès lors, on ne parla plus de l' histoire du « héros de la guerre » en sa présence. Des dizaines d'années plus tard, lorsqu'il fut un riche et important sénateur américain, les membres du Congrès discutèrent encore de cette histoire, mais à mots couverts. Cherchant à être délivré de cette vilaine situation, le capitaine Bush se rendit à la réunion de 1919 de sa classe de Yale, à New Haven, dans le Connecticut. Wallace Simmons, le patriarche de la Skull and Bones, un homme étroitement lié aux fabricants d'armes, proposa à Prescott Bush un emploi dans sa compagnie d'équipements ferroviaires à Saint-Louis. Bush accepta l' offre et déménagea donc à Saint-Louis, en route vers sa destinée.
Un mariage de classe
Prescott Bush se rendit donc à Saint-Louis pour réparer les problèmes de son existence. Un jour de la même année, Averell Harriman fit un voyage dans cette ville en vue d'un projet qui allait avoir d'importantes conséquences pour Prescott. Harriman, 28 ans, qui avait jusqu'alors vécu plus ou moins en playboy, voulait faire fructifier l'argent qu'il avait hérité, ainsi que ses contacts, dans l'arène du business mondial. Le président Theodore Roosevelt avait dénoncé le père de Harriman pour son cynisme et sa corruption profondément enracinée » et avait dit de lui qu'il était un « citoyen indésirable ». ( n.9) Pour que le toujours fringant Averelle reprenne sa place parmi les faiseurs et défaiseurs de nations, il avait besoin d'une organisation de cerveaux bien à lui. L'homme à qui Harriman confia la tâche de créer ce genre d'institution fut Bert Walker, un  agent de change du Missouri et un magouilleur de sociétés. George Herbert (« Bert ») Walker, dont le président George H.W. Bush tire son nom, n'accepta pas tout de suite la proposition de Harriman. Walker allait-il quitter son petit empire de Saint-Louis pour essayer son influence sur New York et l'Europe ?
Bert était le fils d'un grossiste en tissus qui avait prospéré en important d'Angleterre.(n.10) La connexion britannique avait payé les maisons de vacances de Walker à Santa Barbara, en Californie et dans le Maine :
 Walker's Point », à Kennebunkport. Bert Walker avait été envoyé parfaire son éducation dans un collège privé, en Angleterre. En 1919, Bert Walker entretenait des liens solides avec la Guaranty Trust Company de New York et avec la société de banque américano-britannique J.P.Morgan and Co. Ces sociétés installées à Wall Street représentaient tous les gros propriétaires des chemins de fer américains : les partenaires de Morgan et leurs associés ou cousins au sein des familles Rockefeller, Whitney, Harriman et Vanderbilt, qui se mariaient entre elles. Bert Walker était connu comme le premier arrangeur d'affaires du Middlewest, allouant le capital d'investissement de ses contacts bancaires internationaux aux nombreux chemins de fer, services et autres industries du Middlewest dont lui et ses amis de Saint-Louis étaient les PDG ou les membres du conseil d'administration. Les opérations de Walker se faisaient toujours dans le plus grand calme, ou de façon mystérieuse, que ce soit pour les affaires locales ou au niveau mondial. Longtemps, il avait été le « pouvoir derrière le trône » dans le Parti démocrate de Saint-Louis, et ce, en compagnie de son complice, l' ancien gouverneur du Missouri, David R. Francis. Ensemble, Walker et Francis avaient suffisamment d'influence pour choisir les candidats du parti.  n.11)
En 1904, Bert Walker, David Francis, le président de l'Université de Washington, Robert Brookings et leur cercle de banquiers et de courtiers avaient organisé une foire mondiale à Saint-Louis, la Louisiana Purchase Exhibition. Conformément aux vieux contextes familiaux de bon nombre de ces sponsors, qui renvoyaient à la Confédération sudiste, la foire présentait un « Zoo humain » : des indigènes en chair et en os, provenant de régions arriérées de la jungle, étaient exhibés dans des cages spéciales sous la supervision de l'anthropologue William J. McGee. Ainsi, Averell Harriman fut un patron tout naturel, pour Bert Walker. Bert partageait la passion d'Averell pour l'élevage et les courses de chevaux et il s'accommodait facilement de la philosophie sociale de la famille Harriman, proche de la sienne. Ils croyaient que les chevaux et les écuries de course qu'ils possédaient indiquaient la voie d'une forte revalorisation de la souche humaine - il suffisait de choisir et d'accoupler les purs-sangs et de rejeter et d'éliminer les animaux inférieurs. La Première Guerre mondiale avait amené la petite oligarchie de Saint-Louis dans l'administration à tendance esclavagiste confédérée du président Woodrow Wilson et de ses conseillers, le colonel Edward House et Bernard Baruch. L'ami de Walker, Robert Brookings entra dans le Conseil des Industries de Guerre de Bernard Baruch en tant que directeur de la Fixation nationale des Prix (national Price Fixing) (sic). David R. Francis devint ambassadeur des Etats-Unis en Russie en 1916. Quand la révolution bolchevique éclate, nous retrouvons Bert Walker occupé à désigner des gens pour l'équipe de Francis à Petrograd. (n.12)
Les premières activités de Walker en relation avec l' État soviétique sont d' un intérêt primordial pour les historiens, étant donné le rôle actif qu'il allait jouer là-bas en compagnie de Harriman. Mais l'existence de Walker est aussi secrète que celle du reste du clan Bush, et les archives publiques qui ont survécu sont extrêmement minces. En 1919, le traité de Versailles rassemblait les stratèges impériaux britanniques et leurs amis américains en vue d'établir les arrangements mondiaux d'après-guerre. Pour la carrière internationale qu'il se réservait, Harriman avait besoin de Bert Walker, l'intrigant chevronné, qui représentait tranquillement bon nombre des dirigeants, désignés par les Britanniques, de la politique et de la finance aux Etats-Unis. Après que Harriman eut fait dans l'Ouest deux voyages de persuasion (n.13), Walker finit enfin par s'installer à New York. Mais il garda la résidence d' été de son père à Kennebunkport, dans le Maine. Bert Walker organisa formellement la banque privée W.A. Harriman & Co. en novembre 1919. Walker devint le président de la banque et son PDG; Averell Harriman fut président et copropriétaire contrôleur en compagnie de son frère Roland (« Bunny »), l'ami proche de Prescott Bush depuis Yale; et Percy Rockefeller devenait directeur et sponsor financier fondateur. En automne 1919, Prescott Bush fit la connaissance de la fille de Bert Walker, Dorothy. Ils se fiancèrent l'année suivante et se marièrent en août 1921.(n.14) Parmi les garçons d'honneur et les suivants de ce mariage somptueux figuraient Ellery S. James, Knight Woolley et quatre autres membres des Skull and Bonesmen de la classe 1917 de Yale.(n.15) A l'issue de ce mariage des parents du président Bush et jusqu'à nos jours encore, la grande famille Bush-Walker allait se réunir chaque été à la « maison de campagne des Walker » à Kennebunkport. Lorsque Prescott épousa Dorothy, il n'était encore qu'un petit directeur de la Simmons Co., des fournisseurs d'équipements ferroviaires, alors que le père de son épouse était en train de monter l'une des plus gigantesques affaires au monde. L'année suivante, le couple essaya de retourner à Columbus, Ohio; là, Prescott travailla brièvement au sein d'une société de produits et caoutchouc que possédait son père. Mais ils redéménagèrent bientôt à Milton, Massachusetts, après que des étrangers à l'affaire eurent racheté la petite affaire familiale et l'eurent transplantée en cette ville. Par conséquent, Prescott Bush allait vite se retrouver nulle part, lorsque son fils George Herbert Walker Bush - le futur président des Etats-Unis - naquit à Milton, Massachusetts, le 12 juin 1924. Peut-être était-ce en guise de cadeau d'anniversaire pour George, que  Bunny Harriman » intervint pour sauver son père Prescott de l'oubli, le faisant entrer dans l'U.S. Rubber Co., contrôlée par les Harriman, à New Tork City. En 1925, la jeune famille emménagea dans la ville où George allait grandir : Greenwich, Connecticut, un faubourg à la fois de New York et de New Haven/Yale. Ensuite, le 1er mai 1926, Prescott Bush entra dans la W.A. Harriman & Co. en tant que vice-président du président même de la banque, Bert Walker, son beau-père et le grand-père maternel de George - le chef de la famille.(n.16)
Le grand jeu
Prescott Bush allait témoigner une grande loyauté envers la firme qu'il avait rejointe en 1926. Et la banque, qui avait la taille et la puissance de nombreuses nations ordinaires, pouvait amplement récompenser ses agents. Le grand-père de George Bush, Walker, avait monté l'entreprise, tranquillement, en secret, utilisant toutes les relations internationales à sa disposition.
Revenons brièvement en arrière, aux débuts de la société de Harriman - l' entreprise familiale des Bush - et suivons son parcours dans l'un des projets les plus sombres de l'histoire.
Le premier levier mondial de la firme, ce fut son arrangement couronné de succès en vue de pouvoir entrer en Allemagne en s'emparant de la flotte maritime de ce pays. En 1920, Averell Harriman annonça qu'il allait relancer la Hamburg-Amerika Line de l'Allemagne, après de nombreux mois de plans et de discussions tortueuses. Les navires commerciaux de la Hamburg-Amerika Line avaient été confisqués par les Etats-Unis à la fin de la Première Guerre mondiale. Ces navires étaient alors devenus la propriété de l' entreprise Harriman, suite à certains arrangements avec les autorités américaines qui ne furent jamais rendus publics. La transaction était incroyable, elle allait créer la plus grande compagnie
maritime privée du monde. La Ligne Hamburg - Amerika récupéra ses navires confisqués pour un prix très lourd. L'entreprise Harriman s'arrogea « le droit de participer à 50 pour - cent dans toutes les affaires lancées au départ de Hambourg »; et, au cours des vingt années qui allaient suivre (1920-1940), l'entreprise Harriman eut « le contrôle complet de toutes les activités de la compagnie de Hambourg aux Etats-Unis ».(n.17). Harriman devint copropriétaire de la Hamburg - Amerika. La firme Harriman - Walker acquit une emprise ferme sur sa gestion, avec l'appui pas très subtil de l' occupation de l' après - Première Guerre mondiale par les armées de l' Angleterre et des Etats - Unis. Tout de suite après la déclaration publique de Harriman, la presse de Saint - Louis célébra le rôle de Bert Walker dans la collecte de l' argent servant à sceller le marché :
« Un ancien habitant de Saint - Louis constitue une fusion maritime géante »
« G. H. Wa apporte de la puissance au groupe de transport maritime Harriman - Morton (.) ». Le compte rendu célébrait une « fusion des deux principales sociétés financières de New York qui mettront un capital pratiquement illimité à la disposition du nouveau groupe de transport maritime américano - allemand. (.) » (n.18)
Bert Walker avait arrangé un « mariage » entre le crédit de J.P. Morgan et la richesse héritée de la famille Harriman. W.A. Harriman & Co., dont Walker était le président - fondateur, fusionnait avec la banque privée Morton & Co. - et Walker était « un homme de pointe dans les affaires de la Morton & Co., » qui avait des interconnexions très étroites avec la Guaranty Trust Co, contrôlée par Morgan. La reprise de la Hamburg - Amerika créa un instrument efficace pour la manipulation et la subversion fatale de l' Allemagne. L' un des grands marchands de mort », Samuel Pryor, en faisait partie dès le début. Pryor, à l' époque président du comité exécutif de la Remington Arms, aida à mettre sur pied la transaction et servit Walker au comité de l' organisation de front de l' entreprise maritime de Harriman, l' American Ship and Commerce Co. Walker et Harriman entreprirent le prochain pas de géant en 1922, installant leurs quartiers généraux en Europe à Berlin. Avec l' aide de la banque Warburg, dont le siège était à Hambourg, la W.A. Harriman & Co. commença à étendre un filet d'investissements sur l' industrie et les matières premières allemandes. Depuis leur base de Berlin, Walker et Harriman plongèrent alors dans des marchés avec la nouvelle dictature (???) de l' Union soviétique. Ils dirigeaient un groupe choisi de spéculateurs de Wall Street et de l' Empire britannique qui relancèrent l' industrie pétrolière russe, laquelle avait été dévastée par la révolution bolchevique. Ils établirent des contrats miniers pour exploiter le manganèse soviétique, un élément essentiel dans la fabrication moderne de l' acier. Ces concessions furent conclues directement avec Léon Trotski, ensuite avec Félix Dzerjinski, fondateur des services de renseignements secrets (le KGB) de la dictature (???) soviétique, dont l' énorme statue fut finalement jetée à terre par des manifestants pro - démocratiques (???) en 1991. Ces spéculations créèrent à la fois des canaux de communications et un style d' arrangement avec la dictature (???) communiste, qui s' est perpétué dans la famille jusqu' avec le président Bush. Avec le lancement de la banque, Bert Walker estima que New York était le lieu idéal pour satisfaire sa passion des sports, des affaires et du jeu. Walker fut élu président de la U.S. Golf Association en 1920. Il négocia de nouvelles réglementations internationales sportives en compagnie du Royal and Ancient Golf Club de St. Andrews, en Ecosse. Après ces discussions, il finança la Walker Cup en argent, de trois pieds de haut, pour laquelle les équipes britanniques et américaines concourent tous les deux ans.
Le beau - fils de Bert, Prescott Bush, fut plus tard secrétaire de l' U.S. Golf Association, au cours des graves crises politiques et économiques du début des années 30. Prescott devint le président de l' USGA en 1935, alors qu' il était par ailleurs impliqué dans le travail de la firme familiale avec l' Allemagne nazie. Quand George avait un an, en 1925, Bert Walker et Averell Harriman dirigèrent un syndicat qui reconstruisit le Madison Square Garden en tant que moderne Palais des Sports. Walker était au centre de la scène des jeux d' argent de New York, alors à son apogée, en cette époque de prohibition et de gangsters tout aussi sanglants que pittoresques. Le Garden s' épanouit avec des combats professionnels à un demi - million de dollars; les bookmakers et leurs clients groupaient plus de millions encore, tentant de suivre le pas des boursiers et banquiers en cette époque de spéculation effrénée. C' était l' époque du crime « organisé » - le syndicat national des jeux et de la contrebande d' alcool se structura sur le modèle des sociétés new - yorkaises. En 1930, lorsque George était un garçonnet de six ans, son grand - père Walker était le responsables des courses de l' Etat de New York. Les couleurs vives et les bruits de la scène des courses doivent avoir impressionné le petit George autant que son grand - père. Bert Walker élevait des chevaux de course dans sa propre écurie, le Log Cabin Stud. Il était président du champ de courses de Belmont Park. Bert, en outre, gérait personnellement la plupart des aspects des intérêts d'Averell dans les courses - au point de choisir les couleurs et les tissus des harnais de l' écurie de course d' Averell. (n.19).
A partir de 1926, le père de George, Prescott Bush témoigna une loyauté à toute épreuve envers les Harriman et une détermination opiniâtre à progresser lui-même; progressivement, il en vint à gérer les opérations journalières de la W.A. Harriman & Co. Après la fusion, en 1931, de la firme avec la société de banque anglo - américaine Brown Brothers, Prescott Bush devint directeur associé de la nouvelle compagnie ainsi formée, la Brown Brothers Harriman. Celle-ci, en fin de compte, devint la banque privée la plus puissance et, politiquement, la plus importante, de l'Amérique. L' effondrement financier, la dépression mondiale et les bouleversements sociaux succédèrent à la fièvre spéculatrice des années 20. Le krach de 1929 - 1931 des valeurs boursières balaya la petite fortune que Prescott Bush avait gagnée depuis 1926. Mais, en raison de sa dévotion pour les Harriman, ceux - ci « firent une chose très généreuse », comme Bush allait l' expliquer
plus tard. Ils le renflouèrent de l' équivalent de ce qu' il avait perdu et le remirent ainsi en selle. Prescott Bush a décrit son propre rôle, depuis 1931 jusque dans les années 1940, dans une interview confidentielle : « J'insiste (.) sur le fait que les Harriman ont fait preuve de beaucoup de courage, de loyauté et de confiance en nous, parce que trois ou quatre d' entre nous faisaient réellement marcher l'affaire, les affaires quotidiennes. Averall était partout sur la place, à cette époque (.) et Roland était impliqué dans un tas de dictatures, et ils ne descendait pas dans les hauts et les bas des activités bancaires, vous comprenez - les décisions au jour le jour - (.), nous gérions réellement toute l' affaire, les affaires quotidiennes, toutes les décisions administratives et les décisions exécutives. C' était nous qui faisions cela. Nous étions les partenaires de direction, en quelque sorte. »(n.20). Mais, des « trois ou quatre » partenaires en poste, c' était Prescott qui était effectivement à la tête de la firme, parce qu' il avait repris la direction des gigantesques fonds personnels d 'investissement d' Averell et d' E. Roland « Bunny » Harriman.
Dans cette période de l'entre - deux-guerres, Prescott Bush constitua la fortune familiale que George Bush allait hériter. Il entassa l' argent à partir d'un projet international qui se poursuivit jusqu'à l' éclatement d' une nouvelle guerre mondiale, et ce fut l' action du gouvernement américain qui intervint pour l' arrêter.
Notes
1. Washington Post, 16 août 1991, p.A1.
2. Du général Hugh S. Johnson au major J.H.K. Davis, 6 juin 1918, dossier n° 334.8/168 ou 334.8/451 dans U.S. National Archives, Suitland, Maryland.
3. Bernard M. Baruch, My Own Story (New York: Henry Holt and Co., 1957), pp.138-39. Baruch racontait que « notre firme fit de grosses affaires pour Monsieur Harriman (.) En 1906, Harriman nous fit placer de lourdes sommes sur Charles Evans Hughes dans sa course au poste de gouverneur de l'Etat de New York contre William Randolph Hearst. Après avoir engagé plusieurs centaines de milliers de dollars, notre firme cessa ses versements. Harriman appela. « Je ne vous avais pas dit de parier ? » demanda-t-il. « Eh bien, continuez donc ! »
4. Alden Hatch, Remington Arms: An American History, 1956, copyright by the Remington Arms Co., pp. 224-25.                                                                                                      5. The Ohio State Journal, Columbus, Ohio, jeudi 8 août 1918.
6. The Ohio State Journal, vendredi 9 août 1918.
7. The Ohio State Journal, vendredi 6 septembre 1918.
8. Interview de Prescott Bush dans l'Oral History Research Project organisé par la Columbia University en 1966, Eisenhower Administration Part II; pp.5-6. L'interview était censée devoir être tenue confidentielle et ne fut jamais publiée mais, plus tard, Columbia vendit les microfilms de la transcription à certaines bibliothèques, y compris celle de l'Arizona State University.
9. Theodore Roosevelt à James S. Sherman, 6 octobre 1906, déclaration rendue
publique par Roosevelt lors d'une conférence de presse, le 2 avril 1907. Cité dans Henry F. Pringle, Theodore Roosevelt (New York: Harcourt, Brace and Company, 1931), p. 452. Plus tard, Roosevelt confia à l'avocat de Harriman, Robert S. Lovett que ses opinions à propos de Harriman reposaient sur ce que J.P. Morgan lui avait raconté.
10. Voir The Industries of St. Louis, publié en 1885 par J.M. Elstner & Co., pp. 61-62 pour Crow, Hagardine & Co., la première entreprise de David Walker; et p. 86 pour Ely & Walker.
11. Voir Lettre de G.H. Walker à D.R. Francis, 20 mars 1905, dans la collection Francis de la Missouri Historical Society, St. Louis, Missouri, sur l'organisation des Républicains et des Démocrates afin de gérer l' élection du maire, un Démocrate acceptable aux personnes proéminentes sur le plan social. Le lendemain, Walker devint le trésorier et Francis le président de ce « Committee of 1000. » Voir également l'obituaire de George
H. Walker, St. Louis Globe-Democrat, 25 juin 1953.
12. Lettre de Perry Francis à son père, l'ambassadeur David R. Francis, 15 octobre 1917, collection Francis de la Missouri Historical Society. « (.) Joe Miller est parti pour San Francisco mardi dernier au soir, il y recevra des ordres pour poursuivre sa route vers Petrograd. Mildred Kotany [la belle-soeur de Walker] m'a dit que Bert Walker lui avait obtenu sa désignation par le biais de Breck Long. Je ne savais pas que c'était ce que
Joe cherchait, sinon j'aurais pu l'aider moi-même. Ce sera une bonne compagnie pour toi une fois qu'il sera là. (.) »
13. Entretien privé avec un membre de la famille Walker, cousin du président Bush.
14. Prescott Bush, Columbia University, op. cit., p. 7.
15. St. Louis Globe Democrat, 7 août 1921.
16. Telle est la suite chronologique des événements, depuis Simmons jusqu'à l' U.S. Rubber, que Prescott Bush donna dans son interview avec la Columbia University interview, op. cit.,) pp. 7-8.                                                                                                                         17. Déclaration en public d'Averell Harriman, New York Times, 6 octobre 1920, p. 1.
18. St. Louis Globe-Democrat, 12 octobre 1920, p. 1.
19. Les sports comme vecteurs d'affaires ont continué dans la famille tout au long de la vie d'adulte de George Bush. Le fils de Bert, George Walker, Jr. - l'oncle du président Bush et son ange gardien financier au Texas - fut le co - fondateut des Mets de New York et il fut également le vice-président du club de baseball ainsi que, durant 17 ans, son trésorier jusqu'à sa mort en 1977. Le fils du président, George Walker Bush, fut copropriétaire du club de baseball des Texas Rangers durant la présidence de son père.
20. Prescott Bush, Columbia University, op. cit., pp. 16-22.

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