mercredi 2 avril 2014

Saga Bush - Chapitre 06/ Seconde guerre Mondiale


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Saga Bush - Chapitre 06/ Seconde guerre Mondiale

 Chapitre VI
Bush dans la Seconde Guerre mondiale
Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes !
--Racine, Britannicus
George Bush a toujours tiré parti de façon éhontée de ses prétendus états de service en tant que pilote naval durant la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre d’opération du Pacifique. Durant la campagne sénatoriale de 1964, au Texas, contre le sénateur Ralph Yarborough, Bush fit passer à la TV un vieux film moucheté qui dépeignait le jeune George sauvé en mer par l’équipage du sous-marin USS Finnback après que son avion torpilleur Avenger eut été frappé par la DCA japonaise au cours d’un raid de bombardement contre l’île de Chichi Jima, le 2 septembre 1944. Ce film, retrouvé dans les archives de la Navy, eut un retour de flamme lorsqu’il fut présenté trop souvent sur antenne, se muant finalement en un cliché plutôt maladroit.
La littérature de campagne de Bush a toujours célébré ses exploits supposés en tant qu’aviateur naval ainsi que la Distinguished Flying Cross qu’il avait reçue. Comme nous allons nous familiariser de plus en plus avec le pouvoir du réseau Brown Brothers, Harriman/Skull and Bones travaillant pour le sénateur Prescott Bush, nous apprendrons à être de plus en plus sceptiques vis-à-vis de ce genre d’accolades officielles et de comptes rendus officiels qui nous les présentent.
Mais George Bush a toujours tiré parti de façon éhontée de ses prétendus états de service durant la guerre. Durant l’aventure de la guerre du Golfe de Bush, en 1990-91, l’adulation des prouesses guerrières tonitruantes de Bush atteignit des sommets précédemment considérés comme étant caractéristiques des régimes ouvertement totalitaires et militaristes. A la fin de 1990, après que Bush se fut impliqué irrémédiablement dans sa campagne de bombardements et d’atrocités contre l’Irak, le pisse-copie de service Jack Hyams acheva un compte rendu autorisé sur George Bush durant la Seconde Guerre mondiale. Le bouquin fut intitulé Flight of the Avenger (Le vol de l’Avenger – le vengeur) et fut publié en 1991 chez Harcourt Brace Jovanovitch, à New York. Il parut donc à l’époque de la conflagration du Moyen-Orient, produit des obsessions de Bush. Le bouquin de Hyams avait bénéficié de l’imprimatur reconnaissable du régime : non seulement Bush, mais également Barbara avaient été interviewés durant la préparation du livre et le ton adulateur de celui-ci plaçait le texte méprisable sur le même pied que l’école de la « Studebaker rouge » des hagiographies politiques.
La parution d’un tel livre à une telle époque rappelle la pratique des plus infâmes des dictatures du 20e siècle, dans lesquelles le personnage de l’homme fort, le führer, le duce ou le vozhd, selon le pouvoir qu’il exerce, a été utilisée pour la transmission des directives symbolico-allégoriques à la population qui lui est soumise. L’Italie fasciste cherchai-elle à affirmer son autarcie économique sur le plan de la production alimentaire face aux sanctions économiques prises par la Société des Nations ? Dans ce cas, un film était produit par le MINCULPOP (ministère de la Culture populaire, c’est-à-dire la propagande) et dépeignait infatigablement Mussolini en train de moissonner du blé. L’Allemagne nazie était-elle dans ses derniers stades de préparation d’une campagne militaire contre un Etat voisin ? Dans ce cas, Goebbels orchestrait toute une cascade d’articles pour magazines et torchons à gros tirage évoquant les gloires de Hitler dans les tranchées de 1914-18. Plus près de nous, Leonid Brejnev chercha à nourrir son propre culte de la personnalité par un petit ouvrage appelé Malaya Zemlya, compte rendu de ses expériences de guerre utilisé par les propagandistes pour justifier sa promotion au rang de maréchal de l’URSS et l’érection d’une statue en son honneur et ce, de son propre vivant. Telle est la tradition à laquelle appartient Flight of the Avenger.
Dans son autobiographie de campagne, Bush nous raconte qu’il avait décidé de s’enrôler dans les forces armées et, plus particulièrement, dans l’aviation navale, peu de temps après avoir appris l’attaque japonaise contre Pearl Harbor. Quelque six mois plus tard, Bush décrochait son diplôme de la Phillips Academy et l’orateur de service n’était autre que le secrétaire à la Guerre, Henry Stimson, éminence grise de l’élite dirigeante des Etats-Unis. Stimson avait peut-être à l’esprit l’hécatombe de jeunes membres des classes dirigeantes britanniques qui s’était produite dans les tranchées de la Première Guerre mondiale sur le front occidental. Quoi qu’il en soit, le conseil de Stimson aux diplômés d’Andover fut que la guerre allait durer très longtemps et que la meilleure façon de servir le pays était de poursuivre son éducation au collège. On présume que Prescott Bush demanda à son fils si les recommandations de Stimson avaient modifié ses projets d’enrôlement. Le jeune homme répondit qu’il avait toujours l’intention de rallier la Navy.
Henry L. Stimson faisait certainement autorité comme porte-parole de l’establishment libéral de la côte Est et la propagande du pisse-copie de Bush l’avait certainement exalté sur le tard comme l’une des influences de base du profil politique de Bush. Stimson avait fait ses études à la fois à Yale (où il avait fait partie des Skull & Bones) et à l’école de droit de Harvard. Il devint le partenaire juridique de Elihu Root, qui fut secrétaire d’Etat de Theodore Roosevelt. A New York, Stimson lui-même avait été l’attorney américain anti-corruption et traqueur de trusts de Theodore Roosevelt, durant les premières années du FBI, ensuite il avait été secrétaire d’Etat à la Guerre de Taft, colonel d’artillerie durant la Première Guerre mondiale, gouverneur général des Philippines sous Coolidge, secrétaire d’Etat sous Hoover et père de la « doctrine Stimson ». Cette dernière consistait en un écrit à l’affectation hypocrite dirigée contre le Japon, affirmant que les changements dans l’ordre international amenés par la force des armes (et donc en contradiction avec le pacte Briand-Kellogg de 1928) ne se verraient pas gratifier de la reconnaissance diplomatique. Ceci revenait à une implication américaine à vouloir maintenir le système de Versailles, la même politique défendue par Baker, Eagleburger et Kissinger dans la guerre de la Serbie contre la Slovénie et la Croatie en 1991. Bien qu’il fût républicain, Stimson avait été amené dans la cabinet de guerre de Roosevelt en 1940, en signe d’intention bi-partisanes.
Mais, en 1942, Bush ne fut pas preneur du conseil de Stimson. Il est sans nul doute significatif que, dans l’esprit du jeune George Bush, la Seconde Guerre mondiale signifiait exclusivement la guerre dans le Pacifique contre les Japonais. Dans les comptes rendus approuvés par Bush à propos de cette époque de son existence, il est à peine fait mention du théâtre européen, en dépit du fait que Roosevelt et la totalité de l’establishment anglo-américain avait accordé la priorité stratégique au scénario « l’Allemagne d’abord ». Le jeune George, allait-il s’avérer, avait voué son cœur à devenir pilote dans la Navy.
Normalement, la Navy exigeait deux années universitaires de la part des volontaires désireux de devenirs pilotes navals. Mais, pour des raisons qui n’ont jamais été expliquées de façon satisfaisante, le jeune George fut exempté de cette exigence. Le copain du père Prescott, Artemus Gates, secrétaire adjoint à la Navy, avait-il été un instrument dans cette exception, qui était la clef permettant à George de devenir le plus jeune de tous les pilotes de la Navy ?
Le 12 juin 1942, jour de son 18e anniversaire, Bush rejoignit la Navy à Boston en tant que marin de 2e classe.(1) Il reçut l’ordre de se présenter au service actif en tant que cadet de l’aviation le 6 août 1942. Après un dernier rendez-vous avec Barbara, George fut conduit à Penn Station à New York City par son père Prescott afin de prendre le train militaire qui se rendait à Chapel Hill, en Caroline du Nord. A la base navale aérienne de Chapel Hill, l’un des compagnons cadets de Bush était le frappeur bien connu des Boston Red Sox, Ted Williams qui, plus tard, allait rallier Bush dans sa campagne pour son, combat désespéré dans les primaires du New Hampshire, en février 1988.
Après un entraînement de préparation au vol à Chapel Hill, Bush fut transféré au champ d’aviation naval de Wold-Chamberlain à Minneapolis, Minnesota, où il vola en solo pour la première fois en novembre 1942. En février 1943, Bush fut transféré à Corpus Christi, Texas, pour d’autres entraînements. Bush reçut sa nomination au grade d’enseigne à Corpus Christi, le 9 juin 1943.
Après cela, Bush passa par toute une série de bases navales aériennes durant une période de presque un an pour y subir diverses sortes d’entraînements poussés. A la mi-juin 1943, il apprit à voler sur le Grumman TBF Avenger, un bombardier torpilleur, à Fort Lauderdale, en Floride. En août, il fit des appontages sur l’USS Sable, un navire à aubes utilisé comme porte-avions à des fins d’entraînement. Au cours de l’été 1943, Bush passa quelques semaines de congés avec Barbara à Walker’s Point, à Kennebunkport. Leurs fiançailles furent annoncées dans le New York Times du 12 décembre 1943.
Plus tard, au cours du même été 1943, Bush fut transféré à la base navale aérienne de Norfolk, en Virginie. En septembre 1943, la nouvelle escadrille de Bush, la VT-51, déménagea pour la base navale aérienne de Chincoteague, Virginie, située dans la péninsule de Delmarva. Le 14 décembre 1943, Bush et son escadrille furent conduits à Philadelphie pour assister à l’armement de l’USS San Jacinto (CVL30), un transporteur d’attaque léger construit sur une coque de croiseur. Puisque le nom du navire rappelait la défaite, des œuvres de Sam Houston, du dirigeant mexicain Santa Anna en 1936, et du fait que le navire arborait un drapeau à une seule étoile (le drapeau du Texas), la propagande bushiste s’était beaucoup servie de ce genre d’artifices dans une tentative d’étayer les minces connexions du « carpetbagger » nordiste Bush avec l’Etat du Texas. L’escadrille VT-51 de Bush fut installée à bord de ce navire pour une croisière de repérage. Le 6 février 1944 et le 25 mars 1944, le San Jacinto appareilla pour San Diego en passant par le canal de Panama. Le San Jacinto atteignit Pearl Harbor le 20 avril 1944 et fut attribué à la Task-Force (Force opérationnelle) 58/38 de l’amiral Marc A. Mitscher, un groupe de transporteurs rapides, le 2 mai 1944.
 En juin, le navire de Bush rejoignit le théâtre de la bataille avec les forces japonaises dans l’archipel des Mariannes. Le 17 juin, une baisse de pression d’huile contraignit Bush à un amerrissage forcé. Bush, en compagnie de ses deux membres d’équipage, le mitrailleur Leo Nadeau et le radio et mitrailleur de queue John L. Delaney, furent récupérés par un destroyer après avoir passé plusieurs heures dans l’eau. Le premier Avenger de Bush, surnommé « Barbara » par lui-même, était perdu.
Au cours du mois de juillet 1944, Bush participa à 13 frappes aériennes, dont de nombreuses en connexion avec le débarquement des marines américains à Guam. En août, le navire de Bush se rendit dans le secteur d’Iwo Jima et de Chichi Jima, dans les îles Bonin, pour une nouvelle série de missions.
Le 2 septembre 1944, Bush et trois autres pilotes d’Avenger, escortés par des chasseurs Hellcat, reçurent l’ordre d’attaquer un émetteur de radio sur Chichi Jima. Des avions de l’USS Enterprise devaient également se joindre à l’attaque. Lors de cette mission, le mitrailleur arrière de Bush ne devait pas être l’habituel Leo Nadeau, mais le lieutenant (jg) William Gardner « Ted » White, l’officier d’ordonnance de l’escadrille VT-51, déjà diplômé de Yale et membre également des Skull & Bones. Le père de White avait été un copain de classe de Prescott Bush. White prit place dans la tourelle de mitrailleuse arrière du TBM Avenger de Bush, le « Barbara II ». Le radio et mitrailleur était John L. Delaney, membre habituel de l’équipage de Bush.
Ce qui se passa dans le ciel de Chichi Jima ce jour-là est le sujet d’une controverse vivace. Bush a présenté plusieurs versions différentes de sa propre histoire. dans son autobiographie de campagne publiée en 1987, Bush y va du compte rendu suivant :

« La flak était la plus lourde dans laquelle j’aie jamais volé. Les Japonais étaient prêts et attendaient. Leurs canons antiaériens avaient été mis en place pour nous épingler dès que nous aurions entamé nos piqués. Au moment où la VT-51 fut prête à s’engager, le ciel fut constellé des vilains nuages noirs des obus antiaériens qui explosaient.
« Don Melvin ouvrait la voie, faisant plusieurs fois mouche sur une tour radio. je suivis, m’engageant dans un piqué à 35°, un angle d’attaque qui peut sembler anodin mais qui, dans un Avenger, donnait l’impression que vous étiez précipité tête première. La carte de la cible était collée sur mon genou et quand j’amorçai mon piqué, j’avais déjà repéré la zone de la cible. Comme j’y allais, je fus conscient des déflagrations noires des coups de canon tout autour de moi.
« Soudain, il y eut une secousse comme si un poing massif avait défoncé le ventre de l’appareil. La fumée se déversait dans le cockpit et je pouvais voir des flammes onduler sur le pli de l’aile et ramper en direction des réservoirs de carburant. Je poursuivis le piqué, arrivai en vue de la cible, larguai mes quatre bombes de 500 livres et redressai pour m’éloigner en direction de la mer. Une fois au-dessus de l’eau, je mis l’avion en palier et dis à Delaney et White de se dégager, tout en tournant l’appareil vers tribord afin d’enlever le remous d’air de la porte menant à la position de Delaney.
« A ce moment, hormis la puanteur de la fumée dense qui aveuglait ma vision, j’étais en bonne condition. mais quand je m’apprêtai à sauter, les ennuis commencèrent à se multiplier. »(2)

Dans ce compte rendu, il n’est pas fait mention de White et de Delaney jusqu’au moment où Bush touche l’eau et se met à chercher les deux hommes. Bush a dit que ce n’est qu’après avoir été récupéré par l’USS Finnback, un sous-marin, qu’il « apprit que ni Jack Delaney, ni Ted White n’avaient survécu. L’un s’écrasa dans les flots avec l’appareil, on vit l’autre sauter, mais son parachute ne s’ouvrit pas ». Le compte rendu de Hyams, en 1991, fut écrit après une interview, en août 1988, de Chester Mierzejewski, un autre membre de l’escadrille de Bush, qui avait soulevé des questions importantes à propos de la hâte avec laquelle Bush avait quitté son appareil, plutôt que de tenter un amerrissage. Le compte rendu de Mierzejewski, résumé plus bas, contredisait la propre version de Bush de ces événements et suggérait que Bush avait pu abandonner ses deux coéquipiers à une mort horrible et inutile. Le compte rendu de Hyams, qui tend partiellement à réfuter celui de Mierzejewski, présente les événements comme suit :

« (...) Bush pilotait le troisième appareil sur la cible, avec Moore volant sur son aile. Il s’engagea dans une glissade à 30°, fonçant droit vers la tour radio. Déterminé à détruire la tour pour de bon, il ne choisit pas une tactique d’évitement et maintint l’appareil droit sur la cible. Sa vision vers l’avant était occasionnellement masquée par des éclats de fumée noire provenant des canons antiaériens japonais. L’appareil descendait à travers les nuages de plus en plus épais de la flak que perçait l’arc enflammé des traçants.
« Il y eut un soudain éclair lumineux suivi par une explosion. ‘L’appareil fut soulevé vers l’avant et nous fûmes enveloppés par les flammes’, se rappelle Bush. ‘Je vis les flammes courir sur les ailes où se trouvaient les réservoirs de carburant et où se situait le pli des ailes. Je pensai : c’est vraiment mauvais ! Il est difficile de se souvenir des détails, mais je consultai les instruments et ne pus les voir avec toute cette fumée.’
« Don Melvin, qui faisait des cercles au-dessus du lieu de l’action tout en attendant que ses pilotes larguent leurs bombes et dégagent, pensa qu’un obus japonais avait touché une conduite d’huile de l’Avenger de Bush. On aurait pu voir cette fumée à cent milles. »

C’est peut-être vrai, mais il est difficile de comprendre pourquoi la fumée de l’appareil de Bush était si distinctement visible dans un tel environnement chargé de fumée. Hyams poursuit sa description de la poursuite par Bush de son largage de bombes. son compte rendu continue :

« Mais alors, les ailes furent couvertes de flammes et de fumée, et le moteur s’enflamma. Il envisagea de tenter un amerrissage mais comprit que ce ne serait pas possible. Quitter l’appareil était le tout dernier recours, absolument, et il n’avait pas d’autre choix. Il prit la radio et fit part au chef d’escadrille Melvin de sa décision. Melvin répondit : ‘Reçu ton message. Je te vois. On suivra !’
« [...] Milt Moore, qui volait directement derrière Bush, vit l’Avenger descendre tout en dégageant de la fumée. ‘Je mis les gaz pour me rapprocher de lui, ensuite, il perdit de la puissance et je continuai de voler près de lui.’
« Dès qu’il fut revenu au-dessus de l’eau, Bush cria dans l’intercom à l’adresse de White et Delaney de ‘dérouler la soie’ (sauter en parachute). Dick Gorman, le radio-mitrailleur de Moore, se rappella avoir entendu quelqu’un crier dans l’intercom : ‘Déroulez la soie !’ et avoir demandé à Moore : ‘C’est toi, Red ?’
« ‘Non !’ répliqua Moore. ‘C’est Bush, il est touché !’
« D’autres membres de l’escadrille entendirent Bush répéter son ordre de sauter, plusieurs fois, à la radio.
« Il n’y eut pas de réponse, ni des hommes d’équipage de Bush, et il n’y avait pas moyen de les voir ; un écran d’acier blindé entre lui et le lieutenant White masquait sa vue à l’arrière. Il avait la certitude que White et Delaney avaient sauté dès le moment où ils en avaient reçu l’ordre. »(3)

Hyams cite une remarque ultérieure notée par Melvin dans le log-book de l’escadrille à propos du sort des deux équipiers de Bush : « A un point situé à environ 9 milles et à 45’T (degrés) de Minami Jima, Bush et un autre furent aperçus en train de sauter d’environ 3000 pieds. le parachute de Bush s’ouvrit et il se posa en douceur sur l’eau, gonfla son radeau et se mit à pagayer pour s’éloigner de Chichi Jima. Le parachute de l’autre homme qui avait sauté ne s’ouvrit pas. Bush n’est toujours pas rentré à l’escadrille, de sorte que l’information est incomplète. Alors que l’aspirant lieutenant White et J.L. Delaney sont portés manquants en cours d’action, on croit que tous deux ont été tués suite à l’action décrite plus haut. »(4) Mais il est intéressant de noter que ce rapport, contrairement au modèle standard en usage à la Navy, n’est pas daté. Ceci devrait nous mettre en garde contre cette façon de farfouiller dans les archives publiques, telles que les rapports de Bush devant la Commission des Sécurités et Echange au cours des années 60, et qui sont, en fin de compte, une spécialité du réseau Brown Brothers, Harriman/Skull & Bones.
En guise de comparaison, citons maintenant le compte rendu écrit du même incident, fourni par le biographe autorisé de Bush dans la biographie de la campagne présidentielle de 1980 de son candidat :

« Durant son tour en direction de l’île, l’appareil de Bush fut frappé par des obus antiaériens japonais. L’un de ses deux hommes d’équipage fut tué sur-le-champ et l’appareil prit feu. Bush put toutefois frapper ses coups sur les installations ennemies avec quelques bombes de 500 livres, avant de se dégager du cockpit enfumé et de sauter en parachute dans la mer. L’autre homme d’équipage se dégagea lui aussi mais mourut presque aussitôt, du fait que, comme allait le mentionner le pilote qui suivait l’appareil de Bush, son parachute ne s’ouvrit pas correctement. Le propre parachute de Bush fut momentanément emmêlé avec la queue de l’avion lorsqu’il toucha l’eau. »(5)

Le compte rendu de King est intéressant pour ses omissions de toute mention de la blessure de Bush lorsqu’il se dégagea, une estafilade qu’il se fit au front lorsqu’il toucha l’assemblage de queue de l’avion. Ceci aurait dû se produire longtemps avant que Bush ne touche l’eau, de sorte qu’il ne fait aucun doute que ce compte rendu ait été arrangé.
Citons également des parties du compte rendu fourni par Fitzhugh Green dan sa biographie autorisée de 1989. Green dit que Bush a effectué son attaque « selon un angle de 60 degrés ». « Pour ses deux membres d’équipage », note Green, « la vie était sur le point de se terminer ». Il poursuit :

« A mi-chemin du piqué de Bush, l’ennemi toucha sa cible à l’aide d’un ou de plusieurs obus. La fumée envahit son cockpit. le contrôle sur l’appareil faiblit, le moteur commença à tousser et il n’était toujours pas assez près de la cible. Bush estima que le TBM était endommagé pour de bon. Luttant pour maintenir son cap, les yeux douloureux, Bush parvint à lancer ses bombes au tout dernier moment possible. Il ne put se rendre compte du résultat à travers les fumeroles noires. Mais un collègue pilote affirma plus tard que l’installation avait sauté, en même temps que deux autres bâtiments. La Navy allait décorer Bush pour avoir littéralement fait corps avec ses canons pendant qu’il achevait sa mission sous un effroyable tir ennemi.
« Bien ! Maintenant, le problème était de garder l’appareil en vol assez longtemps pour réaliser deux objectifs : d’abord, s’éloigner suffisamment de l’île pour permettre le sauvetage en mer avant la capture ou la mort des œuvres de l’ennemi; ensuite, donner à ses compagnons le temps de sauter de l’appareil en feu.
« Le TBM crachota durant ses dernières de mètres. A l’insu de Bush, l’un des hommes se libéra lui-même. Ni les collègues pilotes de Bush ni Bush lui-même ne furent jamais sûrs de quel membre de l’équipage il s’agissait. Quand il sauta, toutefois, son parachute se mit en torche et ne s’ouvrit pas. »(6)

Green écrit que lorsque Bush surnageait dans l’eau, il comprit que « son équipage avait disparu » et que « la perte des deux hommes mit Bush en état de choc ».
Pour la campagne présidentielle de 1992, les hommes de Bush avaient déjà apprêté une autre mouture du scénario flatteur du style « Studebaker rouge », sous forme d’une nouvelle biographie rédigée par Richard Ben Cramer. Celle-ci se distingue par ses efforts littéraires, surtout au vu des artifices verbaux ampoulés avec lesquels l’auteur tente d’insuffler une nouvelle vie au compte rendu tout écorné de la biographie canonique de Bush. Pour ce travail, Cramer s’appuie sur un style hyper-cinétique affligé d’une syntaxe à ellipses qui, jusqu’à certain point, rend bien le style décousu du discours de Bush. Le texte qui en a résulté peut avoir trouvé le consentement de Bush lorsqu’il fut saisi de ses crises hyper-thyroïdiennes durant la préparation de la guerre du Golfe. Une partie de ce texte avait paru dans le magazine Esquire. Voici la description par Cramer de la phase critique de l’incident :

« Il sentit une embardée discordante et son appareil bascula vers l’avant, comme si un géant l’avait frappé par en dessous d’un coup de poing. La fumée se mit à envahir le cockpit. Il vit une langue de fumée s’écouler le long du bord d’attaque de l’aile droite. Seigneur ! Les réservoirs !
« Il appela Delaney et White : ‘Nous avons été touchés !’ Il plongeait. Melvin frappa la tour à mort – quatre bombes de cinq cent livres. West fit de même. Bush aurait pu décrocher. Il fallait toutefois se débarrasser de ces bombes. Maintenir le piqué… Quelques secondes encore…
« Il largua ses bombes sur la cible et les laissa descendre. Les bombes se précipitèrent, l’avion fit un soubresaut de délivrance et Bush s’écarta rapidement vers l’est. Impossible de rejoindre le point de ralliement avec Melvin. La fumée était si épaisse qu’il ne pouvait plus voir ses instruments. Est-ce qu’il grimpait ? Il fallait qu’il prenne la direction de l’eau. Ils étaient morts s’ils sautaient au-dessus du sol. Les Japs tuaient les pilotes. Il va falloir sauter. Bush contacta le navigateur par radio, il appela son équipage. Pas de réponse. White sait-il comment atteindre son parachute ? Bush se retourna un instant. Seigneur, White aurait-il été touché ? Il hurla l’ordre de sauter, virant à droite, sèchement, afin de libérer leur écoutille des remous de l’air… Il fallait qu’il saute lui-même. Il se mit à l’horizontale au-dessus de l’eau, il n’était qu’à quelques milles de l’île…il fallait qu’il s’éloigne encore… Voilà, c’est maintenant… Il tira l’interrupteur rouge à bascule du tableau, l’IFF (Identification Friend or Fox – Identification Ami ou Ennemi), censé prévenir tout navire américain, en renvoyant une fréquence spéciale à son propre transporteur… Pas d’autre façon de communiquer, il fallait qu’il saute, maintenant… Il le fallait… MAINTENANT ! »

On verra que ces versions contiennent bon nombre de contradictions internes, mais c’est la marque de fabrique de l’orthodoxie du style « Studebaker rouge », spécialement après la parution du compte rendu de Mierzejewski, à savoir que l’appareil de Bush était en feu et que la fumée et les flammes étaient visibles. La machine de propagande de Bush a besoin de cet incendie à bord de l’Avenger pour justifier la décision précipitée de Bush de quitter son appareil, abandonnant à leur sort ses deux membres d’équipage plutôt que de tenter un amerrissage qui aurait pu les sauver.
La seule personne qui ait jamais prétendu avoir vu l’appareil de Bush touché et l’avoir vu frapper l’eau, c’est Chester Mierzejewksi, le mitrailleur de la tourelle arrière de l’appareil piloté par le commandant d’escadrille Douglas Melvin. Dans les années 1987-88, Mierzejewksi s’indigna de plus en plus lorsqu’il voyait Bush répéter son compte rendu canonique à propos de la manière dont il avait été abattu. Peu de temps avant la Convention nationale républicaine de 1988, Mierzekewski, 68 ans à l’époque et chef d’équipe retraité de l’avation, vivant à Cheshire, Connecticut, décida de raconter son histoire à Allan Wolper et Al Ellenberg du New York Post, lesquels la publièrent dans un article nanti de droits d’auteur.(8)
« Ce type ne dit pas la vérité », prétendait Mierzejewski à propos de Bush.
A la tourelle orientée vers l’arrière, le mitrailleur de queue de l’appareil du commandant Melvin, Mierzejewski, occupait la position, la plus avantageuse pour observer les faits reportés ici. Puisque l’appareil de Melvin précédait directement celui de Bush, il avait une vue directe, sans obstacle, sur ce qui se passait derrière son propre appareil. Lorsque les journalistes du New York Post demandèrent à l’ancien lieutenant Legare Hole, l’officier exécutif (commandant en second) de l’escadrille de Bush, quelle était la personne qui aurait pu observer le mieux les derniers instants du Barabara II, Hole répondit : « Le mitrailleur de tourelle arrière de l’appareil de Melvin devait avoir une bonne vision de la chose. Si l’avion était en feu, il y a beaucoup de chance pour qu’il l’ait vu. Le pilote ne peut voir tout ce que peut voir le mitrailleur, et il y a beaucoup de choses qu’il ne pourrait voir », dit Hole au New York Post.
Lorsqu’on demanda au mitrailleur Lawrence Mueller, de Milwaukee, un autre ancien membre de l’escadrille de Bush qui participa à la mission contre Chichi Jima, qui devait avoir la meilleure vision, il répondit : « Le mitrailleur de tourelle de l’appareil de Melvin. » Pour sa part, Mierzejewksi déclara que son appareil volait à une centaine de pieds devant l’avion de Bush, durant cet incident – si près qu’il pouvait voir à l’intérieur du cockpit de Bush.
Mierzejewki, qui a également reçu la Dstinguished Flying Cross, raconta au New York Post qu’il avait vu « un dégagement de fumée » sortir de l’appareil de Bush et qu’il se dissipa rapidement. Il affirma qu’après cela, il n’y eut plus de fumée visible, que « l’appareil de Bush ne fut jamais en flammes » et qu’« aucune fumée ne sortait de son cockpit au moment où il ouvrit sa canopée pour sauter ». Mierzejewski déclara qu’un seul homme était sorti du Barbara II et que c’était Bush en personne. « J’espérais pouvoir voir d’autres parachutes. Pas du tout. J’ai vu l’appareil perdre de la hauteur. Je savais que les gars étaient encore dedans. C’était un sentiment d’impuissance. »
Mierzejewski a longtemps été ennuyé par le fait de savoir que la décision de Bush de sauter de son appareil endommagé pouvait avoir coûté la vie du radio 2e classe John Delaney, un proche ami de Mierzejewksy, de même que le mitrailleur, l’aspirant lieutenant William White.« Je pense qu’il (Bush) aurait pu sauver leurs vies, pour autant qu’ils aient encore été vivants. Je ne sais pas s’ils l’étaient encore mais, au moins, ils auraient eu une chance de pouvoir s’en tirer s’il avait tenté un  amerrissage », déclara  Mierzejewski au New York Post.
L’ancien officier exécutif (commandant en second) Legare Hole reprit comme suit la question pour le compte des journalistes du New York Post « Si l’appareil est en feu, cela hâte votre décision de sauter. S’il n’est pas en feu, vous tentez l’amerrissage. » La question est de savoir qu’un amerrissage présentait de meilleures chances pour que tout l’équipage s’en tire. L’Avenger avait été conçu pour flotter durant approximativement deux minutes, donnant au mitrailleur de queue suffisamment de temps pour gonfler un dinghy et réservant en outre à chacun une marge de temps suffisante pour se libérer de l’avion avant qu’il ne s’enfonce dans les flots. Bush avait effectué un amerrissage au mois de juin lorsque son appareil avait perdu sa pression d’huile.
Le rapport officiel, mais non daté, de l’incident dans les archives de l’escadrille fut signé par le commandant Melvin et par un officier des renseignements, le lieutenant Martin E. Kilpatrick. Kilpatrick est mort et, en 1988, Melvin fut hospitalisé pour la maladie de Parkinson et il ne fut pas possible de l’interviewer. début août 1988, Mierzejewski n’avait jamais vu le fameux rapport non daté des services de renseignements. « Kilpatrick fut la première personne avec qui je parlai lorsque nous fûmes revenus à bord du navire », dit-il. « Je lui dis ce que j’avais vu. Je ne comprends pas pourquoi cela bne figure pas dans ce rapport. »
Le mitrailleur Lawrence Mueller eut tendance à corroborer le compte rendu de Mierzejewki. Mueller avait de lui-même tenu un log-book dans lequel il faisait des annotations quand l’escadrille était débriefée dans la pièce prévue à cet effet après chaque mission. Pour le 2 septembre 1944, le journal personnel de Mueller porte l’entrée suivante : « White et Delaney présumés avoir disparu avec l’avion. » Mueller raconta au New York Post qu’« aucun parachute ne fut visible excepté celui de Bush, lorsque l’appareil s’abattit ». Les journalistes du New York Post étaient formels : selon Mueller, personne dans la salle de débriefing du San Jacinto n’avait dit quoi que ce soit d’un incendie à bord de l’appareil de Bush. Muekller déclara : « Je l’aurais noté dans mon journal, si j’avais entendu quelque chose. »
Selon cet article du New York Post, le rapport de débriefing de Bush à bord du sous-marin USS Finnback après son sauvetage ne fait aucune mention d’un incendie à bord de l’avion. Lorsque les journalistes du New York Post interviewèrent Thomas R. Keene, un aviateur d’un autre porte-avions qui avait été recueilli par le Finback quelques jours après Bush et à qui on avait parlé d’un incendie supposé à bord de l’appareil de Bush, « Keene fut surpris d’apprendre » cela. « Il a dit ça ? » demanda Keene.
Leo Nadeau, l’habituel mitrailleur de la tourelle arrière, qui avait été en contact avec Bush durant les années 80, tenta de saper la bonne foi de Mierzejewski en déclarant que « Ski » (le surnom de Mierzejewski) devait être trop occupé à tirer pour avoir été à même de se concentrer sur les événements impliquant l’appareil de Bush. Mais même les comptes rendus en faveur de Bush sont d’accord pour dire que la raison pour laquelle White avait été autorisé à monter à bord était en premier lieu qu’on s’attendait à ce qu’il n’y ait aucun appareil japonais aux environs de la cible, ce qui rendait superflu la présence d’un mitrailleur bien entraîné et d’expérience. En effet, aucun compte rendu ne mentionne la présence du moindre appareil japonais au-dessus de Chichi Jima.
Bush et Mierzejewski se rencontrèrent à nouveau à bord du San Jacinto après que le pilote abattu eut quitté le Finnback environ un mois après la perte du Barbara II. Selon le compter rendu du New York Post, environ un mois après les faits, Bush, vêtu du pyjama de la Croix Rouge, retourna sur le San Jacinto« Il vint dans la salle de briefing et vint s’asseoir près de moi », raconta Mierzejewksi. « Il (Bush) savait que j’avais tout vu. Il dit : ‘Ski, je suis sûr que les deux hommes étaient morts. Je les ai appelés trois fois à la radio. Ils étaient morts.’ Lorsqu’il me dit qu’ils étaient morts, je ne pus prouver qu’ils ne l’étaient pas. Il semblait angoissé. Il essayait de m’assurer qu’il avait fait de son mieux. Je pense à ce que je vais lui dire », commenta Mierzejewski en 1988.
Mierzejewski commença à se préoccuper de la présentation par Bush de ses souvenirs de guerre en regardant l’interview, en décembre 1987, de Bush par David Frost, et qui fut l’une des apparitions les plus auréolées de piété du candidat. En mars 1988, Mierzejeweski écrivit à Bush et lui dit que ses souvenirs étaient très différents de l’histoire présentée par le vice-président. La lettre de Mierzejewski n’affichait pas un ton hostile, mais exprimait l’inquiétude de ce que des opposants politiques allassent se présenter pour contredire Bush. Il n’y eut pas de réponse à cette lettre et Chester Mierzejewski choisit en fin de compte de confier son témoignage oculaire unique des faits au New York Post. Il ne fait aucun doute que son compte rendu pertinent, de première main, installe un gros point d’interrogation sur les faits du 2 septembre 1944 que Bush a si souvent tenté d’exploiter à son profit politique.
Plusieurs jours après la publication de l’interview de Mierzejewski, le bureau de Bush obtint et refila à la presse une copie du rapport (non daté) du log-book de l’escadrille. Un certain Donald Rhodes, du bureau de Bush, appela Mierzejewksi pour lui offrir une copie de ce « document ».
Il est typique du travail de Joe Hyams comme nègre au service de Bush, dans Le vol de l’Avenger, qu’il ne fait jamais état du compte rendu critique de Mierzejewksi, bien qu’il soit particulièrement bien conscient de ce que les objections soulevées par Mierzejewski et qu’il veuille les discréditer. En effet, Hyams ignore totalement Mierzejewski en tant que source et il ignore tout aussi soigneusement l’autre témoin qui aurait pu soutenir Mierzejewski, c’est-à-dire Mueller. Hyams avait le soutien de l’équipe de la Maison-Blanche pour arranger des interviews pour son livre, mais, quoi qu’il en soit, il ne se soucia jamais d’aller parler à Mierzejewski ni à Mueller. Ceci doit accroître nos soupçons à propos du fait que Bush devait avoir des circonstances malencontreuses qu’il tenait absolument à dissimuler.
Bush lui-même admet qu’il était extrêmement pressé de vouloir quitter son cockpit : « Le vent me jouait des tours ou, plus vraisemblablement, j’ai tiré le câble trop tôt. » C’est ce qui provoqua son hématome au front et endommagea son parachute.
A propos de l’habilité de la Brown Brothers, Harriman pour dresser un rapport de combat de l’aviation navale, il est clair que cela pouvait être accompli aussi facilement que de rédiger un ticket de parking. Artemus Gates est quelqu’un qui, ici, pourrait avoir été d’une grande utilité. D’autres atouts de la Brown Brothers, Harriman à des postes importants comprenaient le secrétaire à la Guerre, Stimson, le secrétaire à la Guerre pour l’aviation, Robert Lowett, l’envoyé spécial W. Averell Harriman, et même le confident et alter ego du président Roosevelt, Harry Hopkins, un autre atout de la famille Harriman.
Bush fut très bouleversé de ce qui arriva à ses deux hommes d’équipage. Plus tard, au cours d’un de ses propres exposés sur « Histoire d’une vie », à la Skull & Bones, Bush fit allusion au lieutenant White, le membre des Skull & Bones qui avait trouvé la mort à bord du Barbara II : « J’aurais préféré ne pas l’autoriser à participer à la mission », dit Bush, selon l’ancien membre du Congrès Thomas W. L. (Lud) Ashley, un autre membre des Skull & Bones et, durant l’été 1991, l’un des administrateurs du fonds de défense juridique Neil Bush. Selon Ashley, « Bush avait le cœur brisé. Il avait ressassé cent mille fois l’affaire dans son esprit et  avait conclu qu’il n’aurait strictement rien pu faire. (…) Il ne se sentait en aucun cas coupable de ce qui s’était passé. (…) Mais l’incident fut une source de réel chagrin pour lui. Cela le déchira, l’angoissant réellement. Cela restait si frais à sa mémoire. Il éprouvait une réelle amitié pour cet homme. »(10)
 Plus tard, Bush adresse des lettres aux familles des hommes morts à bord de son appareil. Il reçut une réponse de la sœur de Delaney, Mary Jane Delaney. La lettre disait, entre autres :
« Vous dites dans votre lettre que vous aimeriez m’aider d’une façon ou d’une autre. Il y a une manière de m’aider, et c’est de cesser que croire que vous êtes de quelque façon que ce soit responsable de votre accident d’avion et ce qui est arrivé à vos hommes. J’aurais pu le penser si mon frère Jack n’avait pas toujours parlé de vous comme du meilleur pilote de l’escadrille. »(11)
Bush écrivit également une lettre à ses parents, lettre dans laquelle il parlait de White et de Delaney : « J’essaie d’y penser le moins possible et, pourtant, je ne puis chasser ces deux hommes de mon esprit. Oh ! en ce qui me concerne, je vais bien – je veux voler de nouveau et je n’en sera pas effrayé, mais je sais que je ne serai pas à même de chasser le souvenir de cet incident et je ne crois pas que j’en aie absolument l’intention. »(12)
Comme Bush lui-même revoyait tous ces événements au seuil de son agression génocidaire contre l’Irak, il conclut lui-même avec complaisance que les signes païens avaient préservé son existence en vue de quelques buts futurs. Il raconte à Hyams :
« Il n’y eut pas de révélation soudaine de ce que je voulais faire du reste de mon existence, mais il y eut une prise de conscience. Il ne fait pas de doute qu’en dessous de tout cela, il y ait eu mes propres croyances religieuses. A mon avis personnel, il doit y avoir une histoire oui l’autre de destin et si j’avais été épargné, c’était en vue de quelque chose sur cette terre. »(13)
Après avoir délibérément ignoré les avis divergents et pertinents sur l’héroïsme de son patron, Hyams choisit de conclure son bouquin sur la remarque suivante, très dérangeante :
« Lorsqu’il enleva son Avenger du pont du San Jacinto, Bush était responsable de son propre sort ainsi que de celui de ses hommes d’équipage. En tant que président, il est responsable du sort de tous les Américains aussi bien que de celui de toute une partie du monde. »
Et c’est précisément là que réside le problème.

NOTES:
1. Pour plus de détails sur la carrière de Bush à la Navy, voir Joe Hyams, Flight of the Avenger, New York, 1991, passim.
2. Bush et Gold, Looking Forward (Regardons vers l’avant), p. 36.
3. Hyams, Flight of the Avenger, pp.106-107.
4. Hyams, Flight of the Avenger, p. 111.
5. Nicholas King, George Bush: A Biography, New York, 1980, pp.30-31.
6. Fitzhugh Green, George Bush: An Intimate Portrait (Portrait intime), New York, 1989, pp.36-37.
7. Richard Ben Cramer, George Bush" How He Got Here (Comment il est arrivé jusqu’ici), Esquire, Juin 1991.
8. Allan Wolper et Al Ellenberg, « The Day Bush Bailed Out » (Le jour où Bush a empoigné son parachute), New York Post, 12 août 1988, p.1 ff.
10. Bush et Gold, p.36.
11. Washington Post, 7 août 1988
12. Hyams, p.143.
13. Bush et Gold, pp.40-41.
14. Hyams, p.134 

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